Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations franco-mauriciennes, Paris le 11 février 2004.

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Circonstance : Visite officielle en France du Premier ministre de la République de Maurice, M. Paul-Raymond Bérenger, du 11 au 14 février 2004 à Paris

Texte intégral

Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Distingués Invités,
C'est un honneur et une grande joie pour moi, Monsieur le Premier Ministre, de vous accueillir ce soir dans ce Palais des Affaires étrangères, au nom du gouvernement français et, plus particulièrement du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et du ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.
Je suis heureux également de saluer les nombreuses et éminentes personnalités, notamment mauriciennes, qui ont bien voulu répondre à mon invitation et à celle de mon épouse Marie-Pierre.
En vous accueillant, avec votre délégation, Monsieur le Premier Ministre, c'est la République de Maurice que nous recevons, l'Ile Maurice elle-même et les îles qui en dépendent.
Vous savez quelle place l'Ile Maurice occupe dans le coeur des Français. Une place très particulière, du fait de notre histoire bien sûr, mais aussi en raison de l'attachement sentimental et de la fascination que mes compatriotes ressentent depuis longtemps pour votre si beau pays et pour son peuple si accueillant.
Ce sont des Français qui, après que les Hollandais aient décidé de la quitter, ont assuré le peuplement et la mise en valeur de l'Ile. Pendant tout le 18ème siècle, Maurice, rebaptisée alors du nom symbolique d'Isle de France, a été française. Ce long épisode de notre histoire commune a laissé des traces profondes, de part et d'autre.
Ce n'est pas à vous qu'il faut rappeler à quel point le rôle des descendants des colons français de l'époque a été et demeure important dans la personnalité et la culture de Maurice, ni ce que nous leur devons quant à la présence très vivante de la langue française dans votre pays.
Mais l'histoire n'explique pas tout, surtout quand on sait que l'Ile Maurice a été séparée de la France en 1810, à la suite de fâcheuses batailles navales qui nous ont opposés, à l'époque, à nos amis anglais.
A côté de l'histoire, et transcendant ses contingences, il y a la littérature. C'est elle qui a nourri l'imaginaire des Français, depuis Bernardin de Saint-Pierre avec son "Voyage à l'Isle de France et à l'Isle de Bourbon", publié en 1773, et, bien sûr son célèbre roman "Paul et Virginie", paru en 1787, jusqu'aux grands auteurs mauriciens et français d'aujourd'hui, notamment Edouard Maunick, couronné en 2003 du Grand Prix de la Francophonie par l'Académie française - il est présent parmi nous ce soir et je le salue respectueusement - ou encore Jean-Marie Gustave Le Clezio, qui est à l'étranger et m'a prié d'excuser son absence.
En passant bien sûr par d'autres poètes, romanciers ou historiens qui n'ont cessé de nous faire rêver de cette île lointaine. Robert-Edward Hart, par exemple, pour qui - je le cite -
"Des dieux propices veillent sur cette île, un des derniers lieux au monde où l'homme puisse garder le sens de la nature et de la liberté intérieure, de la lumière, de la beauté, de l'évasion en soi-même".
En passant aussi par l'écrivain, poète et peintre surréaliste Malcom de Chazal qui décrivait son île natale en ces termes, si évocateurs et toujours actuels :
"Ile d'or solaire, d'azur et d'émeraude
Maurice, carrefour géographique de connaissances".
Sans oublier, bien sûr, mais c'est impossible, Charles Baudelaire et son sonnet en hommage à "la dame créole aux charmes ignorés..." qui continue d'enflammer l'imagination des lecteurs, génération après génération !
Comment s'étonner, avec tout cela, que les Français représentent le plus fort contingent de visiteurs qui viennent découvrir Maurice et qui en repartent éblouis, enchantés par la beauté de ses paysages et l'hospitalité de ses habitants ?
Ce qu'ils découvrent aussi, c'est que l'Ile Maurice ne se contente pas de faire admirer sa beauté.
C'est un pays qui a réussi en une vingtaine d'années à s'assurer un remarquable développement économique grâce à des politiques avisées et à la mobilisation de tous les Mauriciens.
C'est un pays qui s'est doté d'institutions démocratiques solides, capables de faire vivre les alternances politiques dans la paix civile.
C'est un pays qui pratique une diplomatie dynamique et qui joue un rôle important dans sa zone géographique, où nous collaborons au sein de la Commission de l'Océan indien, mais aussi sur le continent africain et sur le plan international en général. Il a siégé, il y a peu, au Conseil de sécurité des Nations unies et il s'est montré fort actif dans les récentes négociations concernant le commerce international.
Je saisis l'occasion de vous rendre hommage, Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu'à votre gouvernement, pour votre contribution à la solution de la crise politique aux Comores, il y a quelques semaines. Aux côtés du président de l'Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, du président Abdou Diouf, Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, du Premier ministre malgache, M. Jacques Sylla, nous étions ensemble à Moroni, le 20 décembre dernier, pour faire aboutir la négociation d'un accord entre les Comoriens. Et je peux témoigner du rôle personnel que vous avez joué dans la réussite de cette négociation.
Les relations entre la République de Maurice et la France sont sans nuage. Ce sont d'abord, ne l'oublions pas, des relations de bon voisinage grâce à la proximité de deux îles-soeurs : l'Ile française de La Réunion et l'Ile Maurice. Ensemble nous nous efforçons de résoudre les problèmes qui concernent la région de l'Océan indien, qu'il s'agisse de la sécurité, de la pêche, du tourisme, de la formation universitaire, du développement d'activités économiques nouvelles.
Nos relations économiques sont excellentes et ne demandent qu'à progresser encore : la France est le premier partenaire commercial de Maurice et aussi le premier investisseur. Nous nous réjouissons par ailleurs d'être la première destination étrangère des étudiants mauriciens.
Sur un plan plus général, nos points de vue convergent sur les grandes questions internationales : celle de la lutte contre la pauvreté et donc de la mobilisation en faveur du développement des pays du sud, celle de la prévention des conflits, celle aussi de la préservation de la diversité des cultures et des langues dans le monde.
A cet égard, nous nous félicitons de l'engagement de Maurice, comme de tous les pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, dans la démarche que nous conduisons pour que l'UNESCO adopte, avant la fin de l'année 2005, une convention internationale sur la diversité culturelle, permettant de soustraire les biens culturels et la création artistique aux seules lois du marché.
Monsieur le Premier Ministre,
Maurice a de tous temps été un pays cher à notre coeur, je l'ai dit. Il le reste, vous le savez.
Nous sommes heureux de voir son rôle s'affirmer sur la scène internationale et heureux de le savoir attaché, comme la France, à la construction d'un monde épris de liberté, régi par le droit et respectueux de l'identité des peuples.
Je vous souhaite un bon séjour dans notre pays, où vous êtes reçu en ami. Le président Jacques Chirac, que vous connaissez bien, vous le redira.
En formant des voeux personnels pour vous-même et pour les vôtres, qui vous accompagnent ce soir, je vous propose de lever maintenant nos verres au succès de la République de Maurice, au bonheur de tous les Mauriciens, et à l'amitié franco-mauricienne, ce trésor que nous devons préserver et faire vivre chaque jour plus fortement !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2004)