Texte intégral
Madame la Ministre, chère Catherine VAUTRIN,
Madame Anne-Marie RAFFARIN, chère Anne-Marie,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, chers collègues,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président de la Grande Cause Nationale Fraternité, cher Jean-Louis SANCHEZ,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C'est pour le Sénat de la République française et pour son Président un honneur et une joie d'accueillir ceux qui, chaque jour, oeuvrent pour le bien être des autres.
Mon emploi du temps me conduira malheureusement à vous quitter dans les toutes prochaines minutes, mais j'ai tenu à être à vos côtés cet après-midi.
Si les mots ont un sens, je veux d'emblée vous dire que je suis particulièrement heureux d'accueillir la remise des Prix de la Fraternité, ici, au Sénat, dans cette Maison de la République qui est la vôtre.
Comme vous le savez, les Prix de la Fraternité récompensent des associations qui on su traduire en actes et promouvoir une valeur essentielle, la troisième de la devise de notre République, et pourtant trop souvent mise à mal : la FRATERNITE.
Héritage du siècle des Lumières, la trilogie " Liberté, Égalité, Fraternité " est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française.
Souvent remise en cause, elle finira pourtant par s'imposer sous la troisième République. La devise est réinscrite sur le fronton de nos édifices publics à l'occasion de la célébration du 14 juillet 1880.
Elle fait aujourd'hui partie intégrante de notre patrimoine national.
Ainsi des trois vertus inscrites dans la devise de notre République, l'usage veut que la fraternité soit citée en dernier, mais elle n'est certes pas la moins importante et les Français lui sont particulièrement attachés.
La fraternité est toujours fondée sur une relation de personne à personne. C'est une solidarité à taille humaine, une solidarité qui s'incarne. Un humanisme qui prend le visage d'hommes et de femmes allant au-devant des difficultés et des peines d'autres hommes et d'autres femmes. Un altruisme qui vient du sentiment autant que de la générosité.
La fraternité c'est aussi la conscience d'appartenir à une même famille : l'humanité.
La fraternité, c'est l'enrichissement du don, la joie d'aller vers les autres et le plaisir d'être ensemble, la joie de vivre ensemble. Or un constat s'impose : notre société dite moderne est en mal de fraternité.
Il est donc urgent de réagir face aux risques d'une régression du lien social en redonnant tout son sens et sa consistance au troisième pilier de la République.
Ne laissons pas la République à laquelle nous sommes tous ici viscéralement attachés devenir un colosse aux pieds d'argile...
Vous qui nous faites l'honneur d'être présents au Sénat aujourd'hui, vous relevez chaque jour ce défi et refusez ostensiblement, pour ne pas dire de manière ostentatoire, de vous résigner et de laisser les valeurs républicaines se transformer en coquilles vides.
Mais face à cette volonté, cette soif de fraternité, l'ennemi à abattre est de taille : la solitude en est un des visages.
Sous la houlette de son président, Monsieur Jean-Louis SANCHEZ, la Grande Cause Fraternité a été l'initiatrice de nombreux projets.
Ainsi, le 26 août dernier, en commémoration de la signature de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen, le Sénat a souhaité convier près de 600 enfants et 300 personnes âgées à un moment de convivialité fraternelle en organisant dans le Jardin du Luxembourg, le Jardin du Sénat, le pique-nique de la Fraternité.
Ce fut un moment intense et riche en émotions. Je pense pouvoir dire sans trop me tromper que " les pique-niqueurs de la fraternité ", comme nous pourrions les appeler, en s'ont ressorti enrichis par les échanges qu'ils ont pu nouer alors.
Les Prix de la Fraternité viennent ainsi clôturer cette Grande Cause Nationale 2004 déclarée par Monsieur le Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, dont je tiens à assurer l'épouse de ma plus cordiale amitié, Grande Cause Nationale FRATERNITE.
Pourtant le chemin qui reste à parcourir donne encore le vertige. Le combat est loin d'être gagné. Ne baissons pas les bras. Faisons front.
Dans une société où l'individualisme égoïste et le matérialisme étouffant règnent en maîtres sans pour autant répondre à nos attentes humaines et à notre besoin de sens, les actions qui vont être saluées dans quelques instants sont autant de leçons d'optimisme et de sources d'inspiration.
Par vos réalisations, par votre travail quotidien, vous apportez le témoignage d'une fraternité en action, de sa puissance de transformation, et de sa capacité à répondre concrètement aux espérances et aux besoins des temps à venir.
Votre engagement exprime la générosité, le dévouement et aussi la compétence et le professionnalisme. Un professionnalisme qui vaut en réalité pour les bénévoles autant que pour les personnels de vos associations et de vos établissements.
Le bénévolat d'aujourd'hui, ce n'est pas de l'amateurisme, c'est un engagement de citoyen au service d'autres citoyens. Il exige de plus en plus un véritable travail, de l'expérience, une compétence, de la constance.
Les solidarités financières ne suffisent pas, elles ne remplacent pas la fraternité humaine, le temps donné à ceux qui ont besoin d'être écoutés et reconnus, bref la proximité. C'est ainsi que se forgera une solidarité plus responsable, plus efficace, plus accueillante, et aussi plus respectueuse de la dignité des hommes, en un mot une solidarité plus fraternelle.
Permettez-moi, pour conclure ce propos liminaire, de vous citer quelques phrases tirées de l'uvre de l'écrivain libanais Khalil GIBRAN intitulé Le Prophète :
" Vous donnez bien peu lorsque vous donnez de vos biens. C'est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez vraiment. Car que sont vos biens sinon des choses que vous gardez et surveillez, de crainte de vous trouver demain dans la misère ?
Et qu'est-ce que la crainte de la misère sinon la misère elle-même ?
Il y a ceux qui ont beaucoup et qui donnent peu, et comme ils en attendent de la reconnaissance, ce désir caché dégrade leurs dons.
Et il y a ceux qui ont peu et qui donnent tout. Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité, de la vie, et leur coffre n'est jamais vide.
Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.
Et il y a ceux qui donnent avec peine, et cette peine est leur baptême.
Et il y a ceux qui donnent sans éprouver de peine à donner, sans y chercher non plus ni joie ni conscience de leur vertu ;
Ils donnent comme là-bas, dans la vallée le myrte exhale son parfum dans l'air... "
Je vous remercie de votre attention et laisse la parole à Jean-Louis SANCHEZ, Président de la Grande Cause FRATERNITE.
(Source http://www.senat.fr, le 7 avril 2005)
Madame Anne-Marie RAFFARIN, chère Anne-Marie,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, chers collègues,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président de la Grande Cause Nationale Fraternité, cher Jean-Louis SANCHEZ,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C'est pour le Sénat de la République française et pour son Président un honneur et une joie d'accueillir ceux qui, chaque jour, oeuvrent pour le bien être des autres.
Mon emploi du temps me conduira malheureusement à vous quitter dans les toutes prochaines minutes, mais j'ai tenu à être à vos côtés cet après-midi.
Si les mots ont un sens, je veux d'emblée vous dire que je suis particulièrement heureux d'accueillir la remise des Prix de la Fraternité, ici, au Sénat, dans cette Maison de la République qui est la vôtre.
Comme vous le savez, les Prix de la Fraternité récompensent des associations qui on su traduire en actes et promouvoir une valeur essentielle, la troisième de la devise de notre République, et pourtant trop souvent mise à mal : la FRATERNITE.
Héritage du siècle des Lumières, la trilogie " Liberté, Égalité, Fraternité " est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française.
Souvent remise en cause, elle finira pourtant par s'imposer sous la troisième République. La devise est réinscrite sur le fronton de nos édifices publics à l'occasion de la célébration du 14 juillet 1880.
Elle fait aujourd'hui partie intégrante de notre patrimoine national.
Ainsi des trois vertus inscrites dans la devise de notre République, l'usage veut que la fraternité soit citée en dernier, mais elle n'est certes pas la moins importante et les Français lui sont particulièrement attachés.
La fraternité est toujours fondée sur une relation de personne à personne. C'est une solidarité à taille humaine, une solidarité qui s'incarne. Un humanisme qui prend le visage d'hommes et de femmes allant au-devant des difficultés et des peines d'autres hommes et d'autres femmes. Un altruisme qui vient du sentiment autant que de la générosité.
La fraternité c'est aussi la conscience d'appartenir à une même famille : l'humanité.
La fraternité, c'est l'enrichissement du don, la joie d'aller vers les autres et le plaisir d'être ensemble, la joie de vivre ensemble. Or un constat s'impose : notre société dite moderne est en mal de fraternité.
Il est donc urgent de réagir face aux risques d'une régression du lien social en redonnant tout son sens et sa consistance au troisième pilier de la République.
Ne laissons pas la République à laquelle nous sommes tous ici viscéralement attachés devenir un colosse aux pieds d'argile...
Vous qui nous faites l'honneur d'être présents au Sénat aujourd'hui, vous relevez chaque jour ce défi et refusez ostensiblement, pour ne pas dire de manière ostentatoire, de vous résigner et de laisser les valeurs républicaines se transformer en coquilles vides.
Mais face à cette volonté, cette soif de fraternité, l'ennemi à abattre est de taille : la solitude en est un des visages.
Sous la houlette de son président, Monsieur Jean-Louis SANCHEZ, la Grande Cause Fraternité a été l'initiatrice de nombreux projets.
Ainsi, le 26 août dernier, en commémoration de la signature de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen, le Sénat a souhaité convier près de 600 enfants et 300 personnes âgées à un moment de convivialité fraternelle en organisant dans le Jardin du Luxembourg, le Jardin du Sénat, le pique-nique de la Fraternité.
Ce fut un moment intense et riche en émotions. Je pense pouvoir dire sans trop me tromper que " les pique-niqueurs de la fraternité ", comme nous pourrions les appeler, en s'ont ressorti enrichis par les échanges qu'ils ont pu nouer alors.
Les Prix de la Fraternité viennent ainsi clôturer cette Grande Cause Nationale 2004 déclarée par Monsieur le Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, dont je tiens à assurer l'épouse de ma plus cordiale amitié, Grande Cause Nationale FRATERNITE.
Pourtant le chemin qui reste à parcourir donne encore le vertige. Le combat est loin d'être gagné. Ne baissons pas les bras. Faisons front.
Dans une société où l'individualisme égoïste et le matérialisme étouffant règnent en maîtres sans pour autant répondre à nos attentes humaines et à notre besoin de sens, les actions qui vont être saluées dans quelques instants sont autant de leçons d'optimisme et de sources d'inspiration.
Par vos réalisations, par votre travail quotidien, vous apportez le témoignage d'une fraternité en action, de sa puissance de transformation, et de sa capacité à répondre concrètement aux espérances et aux besoins des temps à venir.
Votre engagement exprime la générosité, le dévouement et aussi la compétence et le professionnalisme. Un professionnalisme qui vaut en réalité pour les bénévoles autant que pour les personnels de vos associations et de vos établissements.
Le bénévolat d'aujourd'hui, ce n'est pas de l'amateurisme, c'est un engagement de citoyen au service d'autres citoyens. Il exige de plus en plus un véritable travail, de l'expérience, une compétence, de la constance.
Les solidarités financières ne suffisent pas, elles ne remplacent pas la fraternité humaine, le temps donné à ceux qui ont besoin d'être écoutés et reconnus, bref la proximité. C'est ainsi que se forgera une solidarité plus responsable, plus efficace, plus accueillante, et aussi plus respectueuse de la dignité des hommes, en un mot une solidarité plus fraternelle.
Permettez-moi, pour conclure ce propos liminaire, de vous citer quelques phrases tirées de l'uvre de l'écrivain libanais Khalil GIBRAN intitulé Le Prophète :
" Vous donnez bien peu lorsque vous donnez de vos biens. C'est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez vraiment. Car que sont vos biens sinon des choses que vous gardez et surveillez, de crainte de vous trouver demain dans la misère ?
Et qu'est-ce que la crainte de la misère sinon la misère elle-même ?
Il y a ceux qui ont beaucoup et qui donnent peu, et comme ils en attendent de la reconnaissance, ce désir caché dégrade leurs dons.
Et il y a ceux qui ont peu et qui donnent tout. Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité, de la vie, et leur coffre n'est jamais vide.
Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.
Et il y a ceux qui donnent avec peine, et cette peine est leur baptême.
Et il y a ceux qui donnent sans éprouver de peine à donner, sans y chercher non plus ni joie ni conscience de leur vertu ;
Ils donnent comme là-bas, dans la vallée le myrte exhale son parfum dans l'air... "
Je vous remercie de votre attention et laisse la parole à Jean-Louis SANCHEZ, Président de la Grande Cause FRATERNITE.
(Source http://www.senat.fr, le 7 avril 2005)