Texte intégral
Mesdames et Monsieur les Députés,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je suis heureuse d'être avec vous, ce soir, à Port-au-Prince, au terme de cette visite de deux jours en Haïti.
C'est toujours avec un réel plaisir que je retrouve nos communautés françaises établies à l'étranger. Mais plus encore qu'ailleurs, cette rencontre s'imposait ici, dans un environnement que je sais particulièrement difficile pour vous qui avez fait le choix courageux de résider en Haïti.
Au cours des deux dernières années, plusieurs de nos compatriotes ont en effet payé de leur vie leur présence dans ce pays, et d'autres y ont été enlevés. Je tiens donc à rendre ici publiquement hommage à la mémoire de Gérard Mortet, chef d'escale d'Air France, assassiné en juin 2004, et à la mémoire de Henri Mourral, consul honoraire de France au Cap Haïtien, assassiné le 31 mai 2005, et dont l'épouse est aujourd'hui parmi nous.
Dans ces circonstances pénibles, je souhaite évidemment vous adresser en toute sincérité, et du fond du coeur, mes sentiments de solidarité et de profonde sympathie.
Mais au-delà, je suis aussi ce soir parmi vous pour vous dire, avec conviction et détermination, tout ce que notre pays entreprend pour contribuer à faire sortir Haïti de la grave crise qu'elle traverse.
La France a en effet vis-à-vis d'Haïti une responsabilité particulière, qui s'explique tant par notre histoire commune que par sa situation actuelle : car si Haïti est le pays le plus pauvre de tout l'hémisphère américain, c'est aussi le seul pays francophone de ce même continent.
Vous connaissez donc les efforts entrepris par la France, d'abord en 2003 et 2004 pour hâter le dénouement de la crise politique dans laquelle se débattait Haïti, puis pour accompagner la mise en place de la transition, en aidant le pays à s'engager dans la voie de la réconciliation, de la reconstruction, et du développement.
Nous avons ainsi sollicité et obtenu du Conseil de sécurité de l'ONU le déploiement d'une Force intérimaire multinationale à laquelle un millier de nos soldats ont participé, entre mars et juin 2004, aux côtés des américains, des canadiens et des chiliens. Aujourd'hui encore, 80 policiers et gendarmes français sont mis à la disposition de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), pour contribuer à l'indispensable restructuration de la police nationale d'Haïti.
Pour autant, je sais l'appréciation parfois mitigée qui est portée sur l'action de la MINUSTAH, et je fais comme vous le constat d'un climat d'insécurité persistant, en dépit d'une amélioration perceptible au cours des derniers mois. Sachez donc que j'ai tenu à transmettre un message de fermeté au représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies : à l'approche d'échéances électorales capitales pour ce pays, il importe en effet que le processus ne soit pas menacé par l'insécurité, et la MINUSTAH doit pouvoir y prendre sa part. Il ne saurait être question de se contenter d'une simple présence, au moment où c'est d'une véritable protection dont on ressent le besoin. Pour cela, il faut probablement davantage de patrouilles, davantage d'assistance.
Mais si je suis aujourd'hui parmi vous, c'est d'abord à la demande du président de la République qui m'a chargé de marquer l'appui de la France au processus démocratique qui est en cours, et ce à quelques mois des élections qui doivent mettre un terme à la période de transition.
Cette visite, je l'effectue également avec trois députés de nos Départements français d'Amérique, que je tiens à saluer devant vous : Gabrielle Louis-Carabin, députée de Guadeloupe, Juliana Rimane, députée de Guyane, et Alfred Almont, député de Martinique. Je les remercie de leur présence à mes côtés, témoignant ainsi de leur volonté de renforcer la coopération régionale dans la Caraïbe. Je souhaite donc que les contacts qu'ils auront pu établir au cours de cette visite contribuent à intensifier les échanges entre Haïti et son environnement français le plus proche.
Pour ce qui me concerne, j'ai réaffirmé à mes interlocuteurs, et notamment au président Boniface et au Premier ministre Latortue, l'aide de la France au processus de reconstruction qui est en cours, avec le souci constant d'améliorer directement le sort des populations. J'ai souhaité mettre plus particulièrement en avant au cours de ma visite trois secteurs prioritaires de notre intervention :
- d'abord le soutien au maintien de l'ordre et au rétablissement de l'Etat de droit, par l'aide que nous apportons en matériel et en formation à la police nationale haïtienne, mais aussi à travers l'Institut médico-légal que j'ai visité hier et à la création duquel nous avons contribué ;
- soutien ensuite dans le domaine de la santé, et plus particulièrement dans la lutte contre le sida : j'étais à Londres en début de semaine pour y annoncer le montant de notre participation au Fonds mondial contre le sida, qui fait désormais de nous le premier contributeur devant les Etats-Unis, et je suis heureuse d'avoir pu annoncer hier pour Haïti une aide de la France à hauteur de 1,5 millions d'euros pour la construction du futur Institut des maladies infectieuses et sexuellement transmissibles (IMIS) ;
- soutien enfin dans le domaine de l'éducation, avec la signature hier d'une convention d'appui de 1 million d'euros pour le financement de la rentrée scolaire.
C'est ainsi, par des projets concrets, pas à pas, mais dans la durée, que nous pouvons efficacement contribuer au renouveau d'Haïti.
Mais si nous sommes capables de jouer ce rôle du fait de l'engagement ancien de la France dans le domaine de l'aide au développement, c'est aussi grâce à l'expérience acquise par vous-mêmes sur le terrain.
Je tenais donc à vous rencontrer pour rendre hommage à votre action dans ce pays, dans un environnement particulièrement contraignant. Avec vous, je veux croire au rôle utile que la France peut avoir pour y contribuer à un développement économique durable. Ce que j'ai vu et entendu ici témoigne d'un réel attachement à la France. Le mérite vous en revient en tout premier lieu, vous qui animez des entreprises, des institutions et des projets au service de nos deux pays.
Je voudrais saluer particulièrement les assistants techniques, qui incarnent la solidarité de nos deux pays dans la voie du développement. Leur activité professionnelle et les rapports humains qu'ils nouent à cette occasion constituent un terreau fécond et durable de nos relations.
Les membres du secteur privé ont aussi toute leur place dans les relations franco-haïtiennes. Je salue leurs efforts, le contact étroit qu'ils entretiennent avec la réalité économique et sociale, leur participation à la création de richesses et aux progrès du secteur formel indispensable à la modernisation du pays.
A vous tous qui me faites l'amitié d'avoir répondu ce soir à mon invitation, je souhaite donc exprimer ma reconnaissance, et mes encouragements : vous donnez corps à l'amitié franco-haïtienne.
Pour conclure, je veux vous adresser mes remerciements pour votre action, et vous assurer de mon soutien. Soyez convaincus de me trouver à vos côtés pour contribuer au renforcement de la coopération française en Haïti.
Vive la République, vive la France !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2005)
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je suis heureuse d'être avec vous, ce soir, à Port-au-Prince, au terme de cette visite de deux jours en Haïti.
C'est toujours avec un réel plaisir que je retrouve nos communautés françaises établies à l'étranger. Mais plus encore qu'ailleurs, cette rencontre s'imposait ici, dans un environnement que je sais particulièrement difficile pour vous qui avez fait le choix courageux de résider en Haïti.
Au cours des deux dernières années, plusieurs de nos compatriotes ont en effet payé de leur vie leur présence dans ce pays, et d'autres y ont été enlevés. Je tiens donc à rendre ici publiquement hommage à la mémoire de Gérard Mortet, chef d'escale d'Air France, assassiné en juin 2004, et à la mémoire de Henri Mourral, consul honoraire de France au Cap Haïtien, assassiné le 31 mai 2005, et dont l'épouse est aujourd'hui parmi nous.
Dans ces circonstances pénibles, je souhaite évidemment vous adresser en toute sincérité, et du fond du coeur, mes sentiments de solidarité et de profonde sympathie.
Mais au-delà, je suis aussi ce soir parmi vous pour vous dire, avec conviction et détermination, tout ce que notre pays entreprend pour contribuer à faire sortir Haïti de la grave crise qu'elle traverse.
La France a en effet vis-à-vis d'Haïti une responsabilité particulière, qui s'explique tant par notre histoire commune que par sa situation actuelle : car si Haïti est le pays le plus pauvre de tout l'hémisphère américain, c'est aussi le seul pays francophone de ce même continent.
Vous connaissez donc les efforts entrepris par la France, d'abord en 2003 et 2004 pour hâter le dénouement de la crise politique dans laquelle se débattait Haïti, puis pour accompagner la mise en place de la transition, en aidant le pays à s'engager dans la voie de la réconciliation, de la reconstruction, et du développement.
Nous avons ainsi sollicité et obtenu du Conseil de sécurité de l'ONU le déploiement d'une Force intérimaire multinationale à laquelle un millier de nos soldats ont participé, entre mars et juin 2004, aux côtés des américains, des canadiens et des chiliens. Aujourd'hui encore, 80 policiers et gendarmes français sont mis à la disposition de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), pour contribuer à l'indispensable restructuration de la police nationale d'Haïti.
Pour autant, je sais l'appréciation parfois mitigée qui est portée sur l'action de la MINUSTAH, et je fais comme vous le constat d'un climat d'insécurité persistant, en dépit d'une amélioration perceptible au cours des derniers mois. Sachez donc que j'ai tenu à transmettre un message de fermeté au représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies : à l'approche d'échéances électorales capitales pour ce pays, il importe en effet que le processus ne soit pas menacé par l'insécurité, et la MINUSTAH doit pouvoir y prendre sa part. Il ne saurait être question de se contenter d'une simple présence, au moment où c'est d'une véritable protection dont on ressent le besoin. Pour cela, il faut probablement davantage de patrouilles, davantage d'assistance.
Mais si je suis aujourd'hui parmi vous, c'est d'abord à la demande du président de la République qui m'a chargé de marquer l'appui de la France au processus démocratique qui est en cours, et ce à quelques mois des élections qui doivent mettre un terme à la période de transition.
Cette visite, je l'effectue également avec trois députés de nos Départements français d'Amérique, que je tiens à saluer devant vous : Gabrielle Louis-Carabin, députée de Guadeloupe, Juliana Rimane, députée de Guyane, et Alfred Almont, député de Martinique. Je les remercie de leur présence à mes côtés, témoignant ainsi de leur volonté de renforcer la coopération régionale dans la Caraïbe. Je souhaite donc que les contacts qu'ils auront pu établir au cours de cette visite contribuent à intensifier les échanges entre Haïti et son environnement français le plus proche.
Pour ce qui me concerne, j'ai réaffirmé à mes interlocuteurs, et notamment au président Boniface et au Premier ministre Latortue, l'aide de la France au processus de reconstruction qui est en cours, avec le souci constant d'améliorer directement le sort des populations. J'ai souhaité mettre plus particulièrement en avant au cours de ma visite trois secteurs prioritaires de notre intervention :
- d'abord le soutien au maintien de l'ordre et au rétablissement de l'Etat de droit, par l'aide que nous apportons en matériel et en formation à la police nationale haïtienne, mais aussi à travers l'Institut médico-légal que j'ai visité hier et à la création duquel nous avons contribué ;
- soutien ensuite dans le domaine de la santé, et plus particulièrement dans la lutte contre le sida : j'étais à Londres en début de semaine pour y annoncer le montant de notre participation au Fonds mondial contre le sida, qui fait désormais de nous le premier contributeur devant les Etats-Unis, et je suis heureuse d'avoir pu annoncer hier pour Haïti une aide de la France à hauteur de 1,5 millions d'euros pour la construction du futur Institut des maladies infectieuses et sexuellement transmissibles (IMIS) ;
- soutien enfin dans le domaine de l'éducation, avec la signature hier d'une convention d'appui de 1 million d'euros pour le financement de la rentrée scolaire.
C'est ainsi, par des projets concrets, pas à pas, mais dans la durée, que nous pouvons efficacement contribuer au renouveau d'Haïti.
Mais si nous sommes capables de jouer ce rôle du fait de l'engagement ancien de la France dans le domaine de l'aide au développement, c'est aussi grâce à l'expérience acquise par vous-mêmes sur le terrain.
Je tenais donc à vous rencontrer pour rendre hommage à votre action dans ce pays, dans un environnement particulièrement contraignant. Avec vous, je veux croire au rôle utile que la France peut avoir pour y contribuer à un développement économique durable. Ce que j'ai vu et entendu ici témoigne d'un réel attachement à la France. Le mérite vous en revient en tout premier lieu, vous qui animez des entreprises, des institutions et des projets au service de nos deux pays.
Je voudrais saluer particulièrement les assistants techniques, qui incarnent la solidarité de nos deux pays dans la voie du développement. Leur activité professionnelle et les rapports humains qu'ils nouent à cette occasion constituent un terreau fécond et durable de nos relations.
Les membres du secteur privé ont aussi toute leur place dans les relations franco-haïtiennes. Je salue leurs efforts, le contact étroit qu'ils entretiennent avec la réalité économique et sociale, leur participation à la création de richesses et aux progrès du secteur formel indispensable à la modernisation du pays.
A vous tous qui me faites l'amitié d'avoir répondu ce soir à mon invitation, je souhaite donc exprimer ma reconnaissance, et mes encouragements : vous donnez corps à l'amitié franco-haïtienne.
Pour conclure, je veux vous adresser mes remerciements pour votre action, et vous assurer de mon soutien. Soyez convaincus de me trouver à vos côtés pour contribuer au renforcement de la coopération française en Haïti.
Vive la République, vive la France !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2005)