Interview de M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire, à France 2 le 4 mars 2004, sur les menaces terroristes proférées par le groupe AZF, la suppression de la collation en maternelle pour lutter contre l'obésité et sa candidature à la présidence de la région Aquitaine.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

Q- F. Laborde-. Avec X. Darcos, ce matin, nous parlerons de l'actualité gouvernementale entre autres, mais aussi évidemment de la région Aquitaine, puisque vous êtes tête de liste UMP aux élections régionales dans la région. Avant d'aborder cet aspect-là, deux questions d'actualité. D'abord, "AZF" : depuis deux mois maintenant, un mystérieux groupe fait un chantage à la bombe sur les rails SNCF. On sait que 10 000 agents SNCF sont en train d'inspecter les rails. Hier, en Conseil des ministres, vous en avez parlé, l'atmosphère est-elle pesante ? Comment cela se passe-t-il ?
R- "Je crois que cette affaire doit être traitée dans la discrétion. Vous voyez que cela fait plusieurs semaines qu'elle dure, le Gouvernement n'a pas cherché à affoler l'opinion. Simplement, il faut être très vigilant. Je salue d'ailleurs le travail que font aujourd'hui les agents de la SNCF qui vérifient la totalité du réseau ferré. On sait très bien comment ces choses finiront, nous retrouverons ces maîtres-chanteurs et j'ai toute confiance en N. Sarkozy pour trouver une solution à ce chantage odieux."
Q- Faut-il rester sur le chapitre de la discrétion ?
R- "Il est inutile de donner de la publicité à des maîtres-chanteurs. Je crois qu'il faut faire le travail qui est fait actuellement, à la fois par la police et, je le répète, grâce à la vigilance des agents de la SNCF, car notre réseau ferré est immense. Mais il ne faut surtout pas affoler la population. La police est au travail."
Q- Autre question dans votre actualité : la suppression de la collation à l'école. C'est une collation qui est distribuée aux petits, entre 3 et 5 ans, quand ils arrivent au milieu de la matinée. La question a un peu suscité d'émotion. Mais, en fait, elle se pose parce qu'il y a des problèmes d'obésité qui se manifestent assez vite chez les jeunes.
R- "C'est une Agence qui est chargée de vérifier la santé des jeunes qui nous a dits que la collation du milieu de la matinée pour les tout petits, qui était souvent une collation faite avec des barres chocolatées ou avec des boissons hyper caloriques, représentait un danger pour la santé des jeunes, que cela pouvait créer de l'obésité. Nous sommes depuis longtemps sur ces lignes-là, nous sommes en train d'installer des distributeurs d'eau dans des lycées et collèges..."
Q- Dans les lycées et collèges il y a quand même des distributeurs de boissons, de sodas, de barres hyper caloriques...
R- "Tout à fait. Et justement, nous essayons de remplacer cela par des fontaines à eau, comme il est bien normal, de remplacer les barres chocolatées par des fruits. Et de même, pour ce qui concerne les tout petits, nous étions déjà vigilants. Cependant, il ne faut pas non plus pousser le bouchon trop loin. Nous ne disons pas qu'il ne faille pas donner de quoi se nourrir aux tout petits, s'ils en ont besoin."
Q- Oui, parce que ce sont des enfants qui n'ont pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner avant de partir pour l'école.
R- "Bien évidemment rien de tout cela va s'arrêter pour autant. Il faut faire confiance aux professeurs, aux maîtres qui savent très bien évaluer cela. Mais il ne faut installer de manière systématique au milieu de la matinée, une distribution lourde de nourriture."
Q- Comment cela se passe dans vos terres, à Périgueux, dans les écoles ?
R- "Justement, je dois être un mauvais exemple puisque j'ai toujours encouragé, en tout cas pour les tout-petits à la maternelle, que, à leur arrivée, une distribution de lait en particulier, parce que souvent ils se lèvent très tôt, il faut très froid l'hiver, parfois ils prennent même le bus pour venir, et donc ils sont accueillis d'une manière qui les rassure et qui leur donne un peu de tonus pour commencer la matinée."
Q- Puisque l'on parle de Périgueux, l'Aquitaine, vous allez tenter de reprendre la région au président sortant...
R- "Je vais la reprendre."
Q- ... A. Rousset. Il y a sept listes quand même, et la compétition est plutôt serrée.
R- "C'est une compétition difficile, bien entendu. Mais les listes ont des couvertures politiques plus ou moins larges tout de même. Nous verrons donc au second tour comment tout ceci se recompose. Je pense que l'exécutif sortant pourra être remplacé par un nouvel exécutif."
Q- L'originalité, c'est que vous êtes face à F. Bayrou, dont vous avez été d'ailleurs un proche collaborateur. Et on a le sentiment qu'en Aquitaine, l'affrontement c'est un peu droite-droite quand même ?
R- "Non, non. Ne nous trompons pas d'adversaire. Notre adversaire, notre concurrent principal, c'est évidemment l'exécutif socialiste et communiste. Je suis chef de file UMP, et ce que je souhaite, c'est que l'Aquitaine soit remise en marche, que l'Aquitaine retrouve une place qui n'est pas la sienne aujourd'hui, dans les quatre dernières régions de France, voyez ce n'est pas très satisfaisant. Il faut donc changer complètement d'exécutif. Mais c'est vrai qu'il y a qu'une compétition, que je n'ai pas souhaitée. C'est une stratégie propre à une partie de l'UDF. Je l'assume sans plaisir d'ailleurs. Je l'assume, mais nous nous retrouverons au second tour, j'imagine."
Q- A-t-il fallu vous forcer au début pour aller porter le fer contre F. Bayrou que vous connaissez depuis longtemps ? Vous aviez des relations plutôt amicales. Ce ne doit pas être facile de se retrouver ainsi ?
R- "A l'origine nous pensions faire cause commune, cela n'a pas été finalement possible, ce n'est pas nous qui l'avons souhaité d'ailleurs. Mais enfin maintenant, je n'ai pas l'intention de baisser les bras. Je défends l'union, je suis un homme d'union, je suis un militant de l'union depuis très longtemps, et je fais aussi la guerre aux diviseurs, pour l'instant."
Q- Pour l'instant vous faites la guerre au premier tour au diviseur, c'est-à-dire, F. Bayrou. Mais alors au deuxième tour, vous allez préconiser la fusion des deux listes ?
R- "Bien évidemment il faudra se retrouver. Le premier tour, c'est le premier tour. Il faut que chacun essaie de tirer son épingle du jeu, chacun fait entendre sa voix. Mais au second tour, nous nous retrouverons. Ce que je veux dans cette affaire, c'est qu'il y ait un peu de loyauté. On ne peut pas, à la fois, taper sur le Gouvernement et voter pour lui, on ne peut pas être toujours dans un entre-deux. Il faut être clair."
Q- Bayrou a été très offensif lors du débat sur la motion de censure à l'Assemblée...
R- "Oui, oui. Donc, tout cela est très perturbant pour l'électorat de centre et de droite, les gens ne comprennent pas très bien ce qui se passe. Et du coup, je crois que cela les renvoie finalement vers ceux qui sont clairs, qui sont loyaux, qui sont dans leur camp, qui ne cherchent pas à tout prix à courir tous les lièvres à la fois. Et je crois que dans une certaine mesure, cela rend service à ma liste qui est une liste d'union depuis le début, qui n'a jamais souhaité autre chose que rassembler loyalement, dans l'union, en ayant un programme clair."
Q- Qu'est-ce qui différencie votre programme de celui de Bayrou et de Rousset, parce qu'au fond, les candidats disent tous : il faut faire porter l'effort sur l'emploi, le développement économique ?
R- "J'ai essayé de faire un programme extrêmement concret, avec des chapitres clairs, qui sont peu nombreux. Il y a trois grands volets. Tout simplement, parce que l'opinion connaît mal les compétences régionales, c'est un peu loin de la pensée des citoyens, ils ne sont pas encore très mobilisés. Je crois qu'il ne faut pas les emberlificoter dans des programmes avec une multitude d'entrées. J'en ai donnés trois : l'emploi et particulièrement l'emploi des jeunes, car en Aquitaine, le chômage des jeunes est supérieur à la moyenne nationale, et parce que les jeunes ont quand même de grandes difficultés à s'insérer aussi au plan professionnel. L'emploi, donc, avec toutes les déclinaisons. L'aménagement du territoire : l'Aquitaine, c'est le huitième du territoire national, c'est une région gigantesque, il y a 70 habitants au km2 par rapport à une moyenne nationale qui est au-delà de 100. Et puis un troisième grand volet qui consiste à défendre le développement économique de l'Aquitaine autour des hautes technologies, autour d'entreprises performantes, non polluantes, créatrices d'emplois, que sont les entreprises qui se fondent sur des hautes technologies. Je développe donc ces trois grands volets avec évidemment beaucoup de détails. Et je fais des réunions thématiques, j'en fais une ce soir même pour présenter mon programme sur la jeunesse. En sorte de rentrer dans le détail, donner des fiches très précises, chiffrées, et que les gens aient au moins le sentiment qu'en face d'eux, on leur fait une proposition qui n'est pas une proposition électorale, mais que l'on propose un véritable contrat de confiance avec des objectifs extrêmement clairs, dont ils pourront vérifier qu'ils seront réalisés."
Q- Puisque vous évoquez l'aménagement du territoire, le parti Chasse Pêche et Traditions de J. Saint-Josse est solidement implantée dans le Sud-Ouest. Allez-vous essayer de séduire ces électeurs-là ?
R- "Je n'aurai pas beaucoup de mal parce qu'ils savent que je suis un ami de la tradition et de la chasse, je suis moi-même un élu de la Dordogne. Pour l'instant, les chasseurs font cette liste propre. On verra ce que donne le second tour. De toute façon, ils se répartissent entre les divers partis. L'on sait bien que les chasseurs ont des nuances politiques même entre eux. Mais je crois, en effet, qu'ils savent que ce Gouvernement a fait plus que ne faisait le gouvernement précédent pour eux. En tous les cas, aucun d'entre eux ne regrette madame Voynet. Je crois donc qu'ils savent que le Gouvernement de J.-P. Raffarin a défendu les chasseurs."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 mars 2004)