Texte intégral
Amiral,
Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un plaisir tout particulier que j'inaugure ce soir cette exposition consacrée à " Napoléon et la mer, un rêve d'empire ".
Elue d'une cité maritime, je retrouve en ces lieux, l'espace d'une soirée, un parfum iodé de rêve et d'aventure.
Le double paradoxe que suggère le thème de cette nouvelle exposition - la légende napoléonienne s'étant avant tout construite sur une épopée guerrière terrestre, et les adversaires d'hier étant les amis d'aujourd'hui - suscite spontanément l'interrogation et la curiosité.
J'en suis convaincue, il suscitera aussi dans quelques instants un vif intérêt.
La mer est incontestablement la grande oubliée de l'histoire napoléonienne.
Des réalisations aussi prestigieuses qu'essentielles ont été bien injustement occultées.
Qui se souvient de l'énergie mobilisée entre 1803 et 1805 pour l'organisation du camp de Boulogne et la construction de plus de 2 000 bateaux ou de l'aménagement à Anvers, sous l'Empire, du premier arsenal maritime européen ?
Le Musée de la Marine nous donne aujourd'hui l'occasion de découvrir cet aspect méconnu et cependant capital du Premier Empire, la mer.
Nous y découvrons un Napoléon dans toute sa démesure, impatient, despotique, envieux de tout, génial organisateur, avec son goût absolu du détail et sa mémoire prodigieuse ;
un Napoléon animé par une véritable vision maritime, une vision, certes militaire, mais aussi économique et technique.
A ce titre, passionné de géographie et de cartographie, Napoléon soutient l'une des expéditions les plus importantes en la matière, l'expédition Baudin, et fait éditer les premiers grands atlas maritimes des voyages.
Au cur de cette cartographie de combats et de prestige, un homme exceptionnel, Beautemps-Beaupré, hydrographe de l'Empereur, dont le nom a été donné récemment à l'un des bâtiments scientifiques les plus modernes de la Marine nationale.
La mer permet également de retrouver Napoléon dans un rôle qu'il affectionne entre tous, celui de grand organisateur.
Il s'engage dans la construction navale, l'édification des arsenaux maritimes, la création d'un grand appareil administratif, industriel et militaire - les préfectures maritimes.
Il se préoccupe de l'émergence d'une nouvelle génération d'officiers et de la formation des équipages.
Bâtir une marine à l'échelle de l'Europe, tel est le défi.
Pour la France, la grande affaire, c'est bien entendu, déjà, encore, toujours, l'Angleterre.
Les enjeux sont multiples : économiques, idéologiques, scientifiques et territoriaux.
Et ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette exposition passionnante que d'évoquer ce temps de différence et d'affrontements dans une année où nous nous préparons à célébrer le centenaire de l'Entente cordiale.
Comme l'ont évoqué le Président de la République et le Premier ministre britannique au sommet du Touquet, il s'agit de réaffirmer l'essentiel, à savoir que " ce qui unit désormais nos deux pays est bien plus important que ce qui nous divise ".
En effet, la France et la Grande-Bretagne, aux côtés d'autres grands pays européens, sont désormais réunis par une vraie volonté reposant sur l'idée que l'Europe, qui est aujourd'hui une puissance économique, doit assumer ses responsabilités en tant que puissance politique.
C'est pour cela que nous nous engageons dans une défense commune, devenue aujourd'hui non seulement une réalité mais aussi un élément clé de la construction européenne, qui avance bien plus rapidement qu'en son temps l'union monétaire.
A ce titre, la décision du Président de la République concernant notre deuxième porte-avions avec une possible coopération avec la Grande-Bretagne, symbolise notre capacité commune à réfléchir ensemble et notre volonté partagée d'avancer dans la même direction.
Ainsi, deux cents ans après Trafalgar, cette magnifique exposition me donne l'occasion de réaffirmer le lien indéfectible et la profonde amitié entre la France et la Grande-Bretagne.
C'est aussi l'occasion de montrer à tous les pays qui s'affrontent aujourd'hui militairement qu'une réconciliation est toujours possible.
Des pays qui, hier se sont combattus, peuvent devenir amis.
Que cette manifestation célèbre les valeurs communes qui animent désormais nos démocraties européennes et transcendent les rivalités d'hier.
C'est le signe d'espoir fort que je souhaite vous donner ce soir.
Je tiens également à vous féliciter, monsieur le directeur, ainsi que l'ensemble des personnels du Musée de la Marine, d'avoir organisé cette exposition, démontrant à nouveau vos talents dans la conjugaison de la rigueur scientifique et de l'émotion.
Soyez remerciés d'avoir conçu cette exposition avec tous et pour tous.
L'Angleterre ayant, en quelque sorte, motivé les ambitions maritimes de Napoléon, son point de vue se devait d'être ici représenté.
C'est chose faite grâce au partenariat noué avec le National Maritime Museum de Greenwich, et notamment aux prêts d'uvres d'art exceptionnelles.
L'exposition croise ainsi les visions françaises et anglaises de cette ambition maritime.
Vous avez également voulu cette exposition pour le plus grand nombre et en particulier pour un public familial avec notamment de nombreuses animations et visites de découverte pour les plus jeunes.
C'est une excellente initiative.
Le Musée national de la Marine est le musée maritime national français.
Il doit rappeler et entretenir le lien qui existe entre la Nation et la Marine, mais aussi la place que la France et les Français ont eue, et conservent, comme un de ces peuples de la mer qui ont uvré pour une meilleure connaissance du monde, pour le maintien de la liberté des mers et le respect du droit et de la paix sur tous les océans du globe.
Cette exposition insiste sur le caractère européen de l'uvre accomplie.
C'est ce qui en fait l'originalité et, en un certain sens, l'actualité.
C'est à nous de savoir apprécier cet héritage et de nous rappeler ce que Napoléon avait parfaitement compris : il n'est pas pour la France de grands desseins d'où puisse se tenir absente la Marine.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 mars 2004)
Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un plaisir tout particulier que j'inaugure ce soir cette exposition consacrée à " Napoléon et la mer, un rêve d'empire ".
Elue d'une cité maritime, je retrouve en ces lieux, l'espace d'une soirée, un parfum iodé de rêve et d'aventure.
Le double paradoxe que suggère le thème de cette nouvelle exposition - la légende napoléonienne s'étant avant tout construite sur une épopée guerrière terrestre, et les adversaires d'hier étant les amis d'aujourd'hui - suscite spontanément l'interrogation et la curiosité.
J'en suis convaincue, il suscitera aussi dans quelques instants un vif intérêt.
La mer est incontestablement la grande oubliée de l'histoire napoléonienne.
Des réalisations aussi prestigieuses qu'essentielles ont été bien injustement occultées.
Qui se souvient de l'énergie mobilisée entre 1803 et 1805 pour l'organisation du camp de Boulogne et la construction de plus de 2 000 bateaux ou de l'aménagement à Anvers, sous l'Empire, du premier arsenal maritime européen ?
Le Musée de la Marine nous donne aujourd'hui l'occasion de découvrir cet aspect méconnu et cependant capital du Premier Empire, la mer.
Nous y découvrons un Napoléon dans toute sa démesure, impatient, despotique, envieux de tout, génial organisateur, avec son goût absolu du détail et sa mémoire prodigieuse ;
un Napoléon animé par une véritable vision maritime, une vision, certes militaire, mais aussi économique et technique.
A ce titre, passionné de géographie et de cartographie, Napoléon soutient l'une des expéditions les plus importantes en la matière, l'expédition Baudin, et fait éditer les premiers grands atlas maritimes des voyages.
Au cur de cette cartographie de combats et de prestige, un homme exceptionnel, Beautemps-Beaupré, hydrographe de l'Empereur, dont le nom a été donné récemment à l'un des bâtiments scientifiques les plus modernes de la Marine nationale.
La mer permet également de retrouver Napoléon dans un rôle qu'il affectionne entre tous, celui de grand organisateur.
Il s'engage dans la construction navale, l'édification des arsenaux maritimes, la création d'un grand appareil administratif, industriel et militaire - les préfectures maritimes.
Il se préoccupe de l'émergence d'une nouvelle génération d'officiers et de la formation des équipages.
Bâtir une marine à l'échelle de l'Europe, tel est le défi.
Pour la France, la grande affaire, c'est bien entendu, déjà, encore, toujours, l'Angleterre.
Les enjeux sont multiples : économiques, idéologiques, scientifiques et territoriaux.
Et ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette exposition passionnante que d'évoquer ce temps de différence et d'affrontements dans une année où nous nous préparons à célébrer le centenaire de l'Entente cordiale.
Comme l'ont évoqué le Président de la République et le Premier ministre britannique au sommet du Touquet, il s'agit de réaffirmer l'essentiel, à savoir que " ce qui unit désormais nos deux pays est bien plus important que ce qui nous divise ".
En effet, la France et la Grande-Bretagne, aux côtés d'autres grands pays européens, sont désormais réunis par une vraie volonté reposant sur l'idée que l'Europe, qui est aujourd'hui une puissance économique, doit assumer ses responsabilités en tant que puissance politique.
C'est pour cela que nous nous engageons dans une défense commune, devenue aujourd'hui non seulement une réalité mais aussi un élément clé de la construction européenne, qui avance bien plus rapidement qu'en son temps l'union monétaire.
A ce titre, la décision du Président de la République concernant notre deuxième porte-avions avec une possible coopération avec la Grande-Bretagne, symbolise notre capacité commune à réfléchir ensemble et notre volonté partagée d'avancer dans la même direction.
Ainsi, deux cents ans après Trafalgar, cette magnifique exposition me donne l'occasion de réaffirmer le lien indéfectible et la profonde amitié entre la France et la Grande-Bretagne.
C'est aussi l'occasion de montrer à tous les pays qui s'affrontent aujourd'hui militairement qu'une réconciliation est toujours possible.
Des pays qui, hier se sont combattus, peuvent devenir amis.
Que cette manifestation célèbre les valeurs communes qui animent désormais nos démocraties européennes et transcendent les rivalités d'hier.
C'est le signe d'espoir fort que je souhaite vous donner ce soir.
Je tiens également à vous féliciter, monsieur le directeur, ainsi que l'ensemble des personnels du Musée de la Marine, d'avoir organisé cette exposition, démontrant à nouveau vos talents dans la conjugaison de la rigueur scientifique et de l'émotion.
Soyez remerciés d'avoir conçu cette exposition avec tous et pour tous.
L'Angleterre ayant, en quelque sorte, motivé les ambitions maritimes de Napoléon, son point de vue se devait d'être ici représenté.
C'est chose faite grâce au partenariat noué avec le National Maritime Museum de Greenwich, et notamment aux prêts d'uvres d'art exceptionnelles.
L'exposition croise ainsi les visions françaises et anglaises de cette ambition maritime.
Vous avez également voulu cette exposition pour le plus grand nombre et en particulier pour un public familial avec notamment de nombreuses animations et visites de découverte pour les plus jeunes.
C'est une excellente initiative.
Le Musée national de la Marine est le musée maritime national français.
Il doit rappeler et entretenir le lien qui existe entre la Nation et la Marine, mais aussi la place que la France et les Français ont eue, et conservent, comme un de ces peuples de la mer qui ont uvré pour une meilleure connaissance du monde, pour le maintien de la liberté des mers et le respect du droit et de la paix sur tous les océans du globe.
Cette exposition insiste sur le caractère européen de l'uvre accomplie.
C'est ce qui en fait l'originalité et, en un certain sens, l'actualité.
C'est à nous de savoir apprécier cet héritage et de nous rappeler ce que Napoléon avait parfaitement compris : il n'est pas pour la France de grands desseins d'où puisse se tenir absente la Marine.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 mars 2004)