Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la réussite scolaire, la place de la recherche de l'excellence et l'enrichissement par la connaissance, Paris le 4 juillet 2005.

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Circonstance : Cérémonie de remise des prix du Concours Général des lycées et métiers à Paris le 4 juillet 2005

Texte intégral

Monsieur le Recteur de l'Académie de Paris,
Monsieur le Doyen de l'Inspection générale de l'Éducation nationale,
Monsieur le Président de la Cité des sciences et de l'industrie,
Monsieur le Directeur de l'Enseignement scolaire,
Mesdames et Messieurs,
Mesdemoiselles et Messieurs les lauréats,
C'est un très grand plaisir pour moi d'être aujourd'hui parmi vous.
Cette année est un peu particulière puisque nous innovons.
D'abord parce que nous changeons de lieu. Et permettez-moi d'exprimer toute ma gratitude à Jean-François Hébert, le Président de la Cité des Sciences et de l'Industrie, qui nous reçoit si magnifiquement.
Les travaux de rénovation en cours à la Sorbonne nous ont en effet conduit à chercher un lieu assez vaste pour accueillir les lauréats, leurs enseignants et leurs parents.
Lieu éminent dédié à la science, à la culture et à la diffusion des connaissances, La Cité des Sciences et de l'Industrie était donc pleinement légitime et symbolique pour notre cérémonie d'aujourd'hui.
En nous accueillant, elle manifeste aussi la nécessité pour l'ensemble des institutions dédiées au savoir, de travailler main dans la main.
L'autre grand changement de cette année concerne la présence parmi nous d'éminentes personnalités qui ont accepté de venir vous remettre les prix.
Nous avons ainsi la joie d'accueillir, et je vais les citer, comme on le fait au cinéma, dans l'ordre de leur apparition :
- le meilleur ouvrier de France, Bernard Hibert qui préside la Fédération française du bâtiment,
- l'astrophysicien André Brahic,
- le philosophe Jacques Le Guillebon,
- le professeur Martine Raphaël,
- l'explorateur Jean-Louis Etienne,
- Gérard Fabiani, Secrétaire général de la chaudronnerie, de la tôlerie et de la tuyauterie industrielle.
- l'ingénieur Michel Virlogeux,
- la championne Maud Fontenoy,
- le restaurateur Yann Le Divellec,
- Maurice Quenet, Recteur de l'Académie de Paris et Chancelier des Universités de Paris,
- Thierry Bossard, Chef du Service de l'Inspection générale de notre administration,
- Roland Debbasch, directeur de l'enseignement scolaire.
- et enfin Michel Field qui fut autrefois professeur de philosophie et qui animera cette après-midi avec le professionnalisme et l'enthousiasme que nous lui connaissons !
Permettez-moi de vous exprimer à tous, et au nom de tous, ma plus profonde gratitude.
Vous incarnez chacun dans votre spécialité, la réussite qui vient forcément couronner le talent et l'effort.
Dans le calendrier scolaire, la remise des prix du concours général représente un moment traditionnel autant que précieux.
Traditionnel, il l'est depuis longtemps car ce concours prestigieux date de 1747.
Il a donc traversé plus de deux siècles et demi pour parvenir jusqu'à nous.
On peut dire qu'il représente l'une des plus anciennes institutions éducatives de notre pays.
Je suis convaincu que cette extraordinaire longévité ne doit rien au hasard.
Le concours général incarne en effet fortement une conception très française de la relation au savoir et à la liberté individuelle.
Une conception selon laquelle l'accès au savoir est une condition essentielle de la liberté. Celui qui ne sait rien n'est pas vraiment libre.
Moment traditionnel donc, mais aussi moment précieux.
Il marque la fin de l'année scolaire de façon heureuse en faisant fête au mérite et aux efforts accomplis par ceux qui incarnent de façon exemplaire la réussite scolaire.
Et quelle meilleure façon de terminer l'année que de vous dire combien nous sommes fiers de vous !
De vous dire combien votre travail et votre talent représentent pour nous, les adultes, le meilleur des motifs de poursuivre nos propres efforts et notre engagement.
Cette fête me touche aussi parce qu'elle me donne l'occasion de réaffirmer la place de ce que l'on peut appeler l'excellence dans notre société.
On accuse souvent l'époque moderne de célébrer la médiocrité et de ne cultiver chez les jeunes que le conformisme et l'indifférence.
Je crois que ce concours apporte la démonstration du contraire.
Il montre combien la recherche de l'excellence est une disposition moderne et actuelle.
De quoi s'agit-il ? Comment définir le désir d'être le meilleur ou, plus précisément, le goût du meilleur aujourd'hui ?
Est-ce pour écraser les autres de sa supériorité ? Acquérir du pouvoir sur eux ? Flatter son propre orgueil ? Je ne le pense pas.
Etre le meilleur dans une discipline, c'est se prouver que l'on a pu donner le meilleur de soi.
Bien davantage qu'une compétition contre les autres, c'est une compétition avec soi-même. Un des ces moments privilégiés de la vie où l'on doit se dépasser. Où l'on doit puiser au fond de soi le meilleur de ses talents et de son intelligence.
Faire une telle expérience à votre âge, c'est graver au plus profond de soi des valeurs qui vous accompagneront toute votre vie : le courage d'abord, la ténacité, la discipline, le goût du savoir, le goût du partage de ce savoir, et aussi le désir de reconnaissance.
Vouloir être reconnu, cela n'est pas vouloir satisfaire une quelconque vanité. Au contraire, c'est refuser l'indifférence vis-à-vis des autres en recherchant leur encouragement.
La recherche de l'excellence est aussi une notion profondément républicaine. Ignorant les différences sociales et géographiques, elle ne considère que la capacité de chacun à atteindre les objectifs qu'il s'est fixés.
Et c'est en cela que cette notion se distingue radicalement de l'élitisme.
L'excellence se partage, elle est une porte ouverte, quand l'élitisme prive et ferme les accès.
C'est sans doute l'une des plus belles missions de l'école que d'ouvrir à tous les voies de l'excellence. De donner à chacun la chance de pouvoir exprimer et développer ses talents.
En installant, voilà quelques jours, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, le Président de la République a dit tout le prix qu'il attachait à l'égalité des chances.
Fondement de notre République, cette égalité des chances est une exigence centrale de la démocratie.
Elle est aussi la condition de la richesse et de la diversité de notre société.
La France est d'autant plus forte et généreuse, dès lors que chaque femme et chaque homme peut y suivre une voie correspondant à ses souhaits et ses talents.
Il appartient à l'école de les découvrir et de les encourager le plus tôt possible afin de les porter vers l'excellence.
C'est réellement à l'école que se forgent les clés grâce auxquelles pourront s'ouvrir bien des portes dans la vie. C'est à ce moment que chaque enfant doit prendre conscience de ce qu'il a de meilleur. C'est certainement cette part là de lui-même qui le mènera le plus loin.
Je tiens à féliciter particulièrement cette année les jeunes filles qui se sont illustrées dans les disciplines scientifiques et technologiques.
Je suis persuadé que le souci républicain de la parité pourra progresser aussi grâce à de telles évolutions
Je salue également la plus jeune et le plus jeune lauréats qui, l'une et l'autre, ont seulement 15 ans.
J'adresse aussi tous mes encouragements aux candidats primés au concours général de mathématique et de physique-chimie.
Ils feront partie de la délégation française participant à l'Olympiade internationale de mathématique qui se déroulera à Mérida au Mexique du 8 au 19 juillet 2005.
Qu'il me soit permis de dire toute ma gratitude à vos enseignants. La récompense que vous recevez aujourd'hui est aussi la leur.
Grâce à leur travail, leur engagement et, j'ajouterai volontiers, leur ferveur, ils ont su susciter en vous le goût de l'effort, le goût du savoir.
Ils ont fait naître ou cultivé cette petite flamme si fragile qu'est le désir d'apprendre, de comprendre, de s'enrichir par la connaissance.
Cela n'a pas de prix car cette flamme si précoce, elle vous accompagnera tout au long de votre vie.
Vous saurez la reconnaître dans les moments de grande joie. Elle vous soutiendra aussi lorsque vous serez à la peine. Et c'est à ce feu jamais éteint que vous rallumerez constamment votre goût de progresser et de vivre pleinement votre vie, tout simplement.
Merci donc à vos maîtres pour ce cadeau qu'ils vous ont fait. Vous leur rendrez au centuple, croyez moi, lorsque, dans bien des années, vous songerez à eux, et que vous repenserez à l'enthousiasme et au plaisir qu'ils vous ont donnés.
Mon dernier mot ira pour vos parents. Ce sont vos meilleurs alliés. Au cours de cette année d'effort et de travail constants, ils vous ont soutenus matériellement autant que moralement.
Ils sont légitimement fiers de vous, et vous pouvez leur manifester votre reconnaissance.
Votre succès vient aussi récompenser leurs efforts, leurs sacrifices parfois, et tout l'amour qu'ils vous manifestent jour après jour.
Je les remercie donc aussi du fond du cur.
Encore bravo à vous toutes et à vous tous !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 5 juillet 2005)