Interview de M. Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement, à France 2 le 15 mars 2004, sur la campagne électorale pour les élections régionales notamment en Ile-de-France.

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Média : Emission Les Quatre Vérités - France 2 - Télévision

Texte intégral

Question (F. Laborde) : Avec J.-F. Copé, ce matin, nous allons évidemment revenir à l'actualité nationale et internationale. Actualité nationale d'abord : c'est au titre de porte-parole du Gouvernement évidemment que je vous pose la question. Le plan Vigipirate a été relevé, passé au niveau rouge. Est-ce que ça correspond à des informations particulières, que le Gouvernement aurait obtenu concernant la sécurité ou bien c'est une réaction à ce qui s'est passé en Espagne ?
Jean-François Copé (réponse) : C'est la présence de ces différentes menaces qui conduisent naturellement le Gouvernement, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, à prendre les décisions que vous avez vues, à savoir le renforcement d'un certain nombre de mesures de précaution, de prévention et de vigilance. Mais je crois que ça fait partie du combat déterminé qu'on mène contre le terrorisme.
Question : Mais il n'y a pas de menaces plus précises que ça ?
Jean-François Copé (réponse) : La menace, elle est globale. On est mobilisé, on est très présent et surtout très attentif à prendre les mesures proportionnées aux différents moments qui s'imposent maintenant.
Question : Et AZF s'est manifesté depuis ? Le groupe qui faisait du chantage aux bombes dans les trains ?
Jean-François Copé (réponse) : Là-dessus, vous le savez, l'enquête continue d'être menée avec la plus grande précision. Les services sont très mobilisés sous la conduite de N. Sarkozy et là-dessus, nous sommes évidemment très attentifs, je ne peux pas naturellement vous en dire plus à ce stade.
Question : On a vu en Espagne que le gouvernement de J.-M. Aznar, la majorité, a été sévèrement sanctionnée puisque les socialistes, contre toute attente, ont obtenu une majorité relative au Parlement espagnol. C'est la preuve qu'il y a eu une erreur absolue de communication ? C'est ça qui est sanctionné ? C'est le doute, c'est le mensonge qui ne plaît pas ?
Jean-François Copé (réponse) : Moi, je ne suis pas forcément le mieux placé pour faire les commentaires électoraux. La seule chose que je peux dire par rapport à cela, c'est que l'heure est venue de regarder vers l'avenir, tout en saluant naturellement le travail qui a été accompli, et de dire la chose suivante : c'est que maintenant, il faut poursuivre avec la nouvelle équipe, la coopération qui est la nôtre. Je pense aussi bien à ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Les moments de très grande intensité et de très grande émotion, que nous avons vécus en France en solidarité totale avec nos amis espagnols, ne doivent pas faire oublier que le combat continue contre le terrorisme et ses actes barbares, et puis aussi les perspectives européennes.
Question : Cela donne raison, a contrario, à la position adoptée par la France qui était une grande réserve pour ne pas dire plus, en tout cas une grande participation à l'opération américaine en Irak ?
Jean-François Copé (réponse) : Je n'ai pas, là-dessus, de jugement à apporter. Je crois que ce qui compte aujourd'hui, c'est de rester très mobilisé. Le chantage, la barbarie de ces actes terroristes doivent, de toute façon, nous mobiliser tous et avec la plus grande détermination. Et je crois que dans ces domaines-là, il faut y aller franchement.
Question : Revenons aux régionales. On a vu hier L. Jospin revenir et participer à la campagne, où en tout cas accompagner les candidats socialistes, dans le 18ème arrondissement de Paris. Et il paraît que certains de vos amis politiques, à son passage, criaient : "La retraite, la retraite !", ce qui n'est quand même pas très sympathique. Vous confirmez ?
Jean-François Copé (réponse) : Je ne sais pas. La seule chose que je peux vous dire, c'est que ce n'est pas moi qui ai souhaité ce retour, mais puisqu'il souhaite revenir sur la scène politique, c'est peut-être aussi une occasion de faire des études comparées, de rappeler que L. Jospin, Premier ministre, c'est celui qui a refusé de faire la réforme des retraites que nous, nous avons été amenés à faire, après beaucoup de retard du gouvernement précédent. Il refusait de prendre en compte les questions de sécurité ; nous sommes en plein dedans, archi mobilisés avec des mesures depuis 18 mois. Et puis c'est celui qui ne faisait pas trop de réforme et puis qui, surtout, quand il y avait une grève, payait les jours de grèves, apaisait tout et faisait oublier les moindres difficultés. C'est-à-dire le contraire du courage politique. Nous sommes dans la démarche inverse. Moi, je me suis inscrit exactement au sein du gouvernement dans l'idée qu'il faut faire ces réformes, que personne, et notamment M. Jospin, n'a voulu faire avant.
Question : Mais il dit, encore une fois, que la France est en régression, que ça va de mal en pis. Effectivement, il brosse les choses plutôt en noir en terme d'avancées sociales...
Jean-François Copé (réponse) : Oui, j'ai bien entendu tout ça, et vous avez bien entendu que c'est pour moi une nouvelle illustration de la négation du courage politique. Le retour de Jospin de la scène politique à gauche, c'est aussi l'échec de F. Hollande et de ses amis. Cela veut dire, quelque part, que depuis 18 mois, ils ont passé l'essentiel de leur temps à critiquer, à contester et parfois même à injurier, à en appeler à une à opposition frontale, à inciter toutes les agitations possibles et à ne jamais faire de propositions constructives. Cela donne le retour de Jospin qui se place finalement sur le même registre oubliant l'état qu'il a laissé et oubliant surtout toutes ces réformes qu'il n'a pas voulu faire et que nous faisons, nous, aujourd'hui, avec la détermination qui est la nôtre parce que ça n'est jamais facile de faire ce qui est nécessaire, et pourtant, il y a des moments où il faut remettre les choses dans le bon ordre.
Question : Vous êtes en train de dire : au fond, si Jospin revient, on sera là pour se rappeler à son bon souvenir. On ne peut pas être dedans et dehors ?
Jean-François Copé (réponse) : Et puis en même temps, c'est une bonne occasion de remettre les choses en perspective et de rappeler aux Français quels sont les grands enjeux pour notre pays demain, l'immobilisme complet, la couardise, ou de l'autre, la volonté de faire bouger les choses.
Question : Vous arrivez là maintenant dans la dernière ligne droite. Le premier tour, c'est donc à la fin de la semaine. Est-ce que vous avez tracé des lignes ? Si vous êtes élu président, comment ça va se passer ?
Jean-François Copé (réponse) : Absolument, je vais aujourd'hui présenter ce que seront les 100 premiers jours de mon action, si je suis élu président de la région. Parce que mon idée est d'être toujours très concret par rapport à cette campagne électorale et rappeler qu'on s'inscrit bien sûr dans l'avenir. Cela veut dire que premièrement, que si je suis élu, je démissionnerai immédiatement du Gouvernement pour me consacrer...
Question : Vous choisissez la région, ça c'est clair ?
Jean-François Copé (réponse) : Très clairement, pour me consacrer à mes fonctions de président de région et que ça sera tout de suite pour mettre en uvre, en tandem avec N. Sarkozy, une politique active en matière de sécurité, dans les transports, mais aussi dans les quartiers. Et puis ça veut dire aussi s'occuper des transports, le service minimum garanti.
Question : Le premier point, c'est sécurité, transports et quartiers ?
Jean-François Copé (réponse) : Exactement. Deuxièmement, il faut s'occuper du service minimum. On s'y est engagé, on va y travailler.
Question : C'est encadrer la grève dans les transports en commun ?
Jean-François Copé (réponse) : Cela veut dire laisser sa place au dialogue social jusqu'au moment où l'on dira : maintenant, il faut mettre en place un service minimum garanti. L'engagement est pris pour cette année et la région Ile-de-France est au premier chef concerné et je m'y impliquerai naturellement, avec les entreprises de transports bien sûr. Mais aussi, dans le même temps, la fameuse carte orange à tarif unique à 45 euros, qui est un élément majeur pour l'avenir, pour redonner du sens.
Question : Quel que soit l'endroit où on habite en Ile-de-France, on paiera le même prix ?
Jean-François Copé (réponse) : Voilà, exactement, et sans augmentation d'impôts. Et puis le troisième point, c'est que l'été arrive et que moi je veux m'engager aux côtés de l'Etat en tant que président de région pour financer, par exemple, les équipements de climatisation dans les maisons de retraite, faire en sorte que l'on retravaille la fraternité dans la région Ile-de-France. Bref, je m'inscris immédiatement dans le concret parce que je crois que les gens, ils ont besoin d'actions. Ce qu'ils voient tous les jours, ce qu'ils attendent tous les jours de leurs hommes politiques, c'est de l'action et donc on va se mettre au boulot.
Question : Une toute dernière question, un peu plus politicienne. Qu'est-ce qui se passe avec A. Santini au deuxième tour ? Vous vous réunissez, vous faites des fusions de listes ?
Jean-François Copé (réponse) : C'est ce qui est, bien entendu, convenu. Cela fait partie, je crois, du bon sens. J'aurais préféré que ça soit avant le premier tour, mais c'est ainsi. Ce que je veux simplement rappeler, c'est que moi, ma candidature, elle s'inscrit d'abord dans la clarté. Je suis très engagé pour soutenir l'action du Gouvernement et en particulier en tandem avec N. Sarkozy sur la sécurité parce que je veux vraiment, maintenant, qu'on soit capable de faire bouger les choses dans des attentes quotidiennes des gens et qu'il y a besoin, maintenant, d'un relais à la région, urgent, et on s'inscrit pour ça dans l'avenir.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mars 2004)