Texte intégral
LA PROVENCE le 5 juillet 2005
Q - La Cgt a appelé à un rassemblement le jour même où est examiné le projet de loi autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour le plan emploi. Qu'est-ce qui vous gêne le plus, le fond ou la forme ?
R - Les deux sont inacceptables. Le gouvernement a très mal débuté sa façon de concevoir ses réformes s'agissant de leur impact social. Si le Premier ministre a pris le soin de rencontrer les organisations syndicales avant son discours de politique générale, ce n'est qu'après que nous avons appris qu'au nom de la priorité pour l'emploi, il proposait de réformer des droits importants des salariés. Il a notamment introduit un nouveau type de contrat de travail, le chèque emploi et amplifié des mesures financières incitatives au nom des créations d'emplois. Pourtant, les 20 milliards d'euros déjà consacrés par le budget de l'Etat sous forme d'allègement aux dettes financières aux entreprises n'ont pas fait la démonstration de leur pertinence. Sur la forme, nous n'avons pas eu de véritables négociations sur ce qu'il convenait de mettre en place. La méthode des ordonnances prive même la représentation parlementaire de débat sur le bien-fondé des mesures susceptibles d'être prises durant l'été.
Q - Que vous inspire l'élection de Laurence Parisot à la tête du Medef ?
R - Si seulement l'élection d'une femme était susceptible de faire reculer la discrimination, dont les femmes sont les premières victimes, notamment au niveau des salaires, des responsabilités, de la précarité et de la retraite, l'accession de Laurence Parisot à la tête du Medef aurait au moins cette vertu positive. Mais, je doute que l'élection de Laurence Parisot suffise à elle seule à faire avancer nos revendications dans ce domaine. Laurence Parisot s'est faite connaître par une première déclaration, très représentative de la tendance actuelle au Medef, qui a beaucoup impressionné les syndicats et les salariés. Selon elle, il était regrettable que "la liberté de penser en France s'arrête là où commence le code du travail." Jusqu'à présent, la nouvelle présidente s'est plutôt faite l'avocate d'une remise en cause du code du travail au diapason d'autres dirigeants du Medef.
Q - Les autres confédérations vous ont reproché d'avoir fait cavalier seul le 21 juin, comment comptez-vous préparer la rentrée sociale ?
R - Aujourd'hui, mardi 5 juillet, je constate que Fo est partie prenante de notre rassemblement à Paris. De même, plusieurs organisations comme l'Unsa, la Cftc et la Cfdt, ont fait savoir qu'elles souhaitaient travailler unitairement aux conditions de la rentrée dans la continuité des revendications sur l'emploi, le pouvoir d'achat et le droit du travail. Nous avons eu raison de dire et de faire, même si nous étions seuls, ce que nous avons fait ces dernières semaines.
Propos recueillie par Emmanuelle Quémard
(Source http://www.cgt.fr, le 11 juillet 2005)
RTL Le 13 juillet 2005
Q- Le président de la République interviendra demain, comme il le fait tous les 14 juillet. Pour vous, c'est un rituel un peu obligatoire ou bien vous en attendez quelque chose ?
R- Il est assez normal que le président de la République se saisisse de quelques occasions pour s'exprimer publiquement. J'accorderai, pour ma part, beaucoup plus d'importance au contenu qu'au moment.
Q- Et quand N. Sarkozy dit : "Pourquoi perpétuer cette tradition, alors qu'il n'y a pas d'actualité et que les Français ont la tête en vacances.", vous êtes un peu d'accord avec lui ?
R- C'est peut-être parce que N. Sarkozy préférerait garder le monopole de la présence sur les 20 heures, le soir, en période de juillet... Je crois que cela rentre dans la compétition personnelle, maintenant officielle et connue dans l'ensemble du pays, qu'incarne N. Sarkozy vis-à-vis du Président actuellement en exercice.
Q- J. Chirac sera sans doute amené à commenter les premiers pas de D. de Villepin à Matignon. On dit généralement qu'il ne se débrouille pas trop mal à Matignon ; quelle est votre opinion ?
R- Tout dépend à quel point de vue on se place.
Q- Du vôtre.
R- S'agissant du point de vue, je dirais "des organisations syndicales", parce que je crois que les commentaires de mes homologues, ces dernières semaines, sont assez semblables aux reproches que nous avons faits nous-mêmes, on aurait pu penser une nouvelle fois qu'après un rendez-vous donné aux citoyens, en l'occurrence le 29 mai, et s'agissant de l'importance des questions sociales qui ont été présentes dans cette consultation - tout le monde l'a remarqué -, l'insatisfaction au plan social, la crainte sur l'avenir, sur son emploi, sur son pouvoir d'achat, crainte et désaccord, on aurait pu penser qu'après un renouvellement de l'équipe gouvernementale ou un réaménagement des postes ministériels, le Gouvernement prenne le soin d'avoir une autre approche du dialogue social avec les organisations syndicales. On a eu le contraire.
Q- On vous a beaucoup consultés quand même.
R- Non, on nous a rencontrés, on ne nous a pas consultés. On a pris le temps de nous entendre pour en conclure des mesures tout à fait à l'opposé des attentes des uns et des autres. Nous avons été unanimes à critiquer la mise en place du contrat nouvelle embauche, dont vous avez vu qu'au fil des jours, d'ailleurs, ceux qui étaient réservés pour les très petites entreprises parce que, disait-on, elles souffraient d'une capacité d'embauche, c'est devenu une disposition, maintenant, pour les entreprises de moins de vingt salariés. On a doublé la donne en quelques jours...
Q- Mais vous avez été entendus sur plusieurs points, puisqu'au début c'était un CDD, c'est devenu un CDI. Au début, il y avait une période d'essai, il n'y en a plus. Et maintenant, il y a des indemnités en cas de licenciement. Les syndicats ont plutôt été entendus sur ce point, semble-t-il.
R- Il n'y a plus de période d'essai, ou en tout cas, on ne parle plus de période d'essai. Par contre, le fond n'a pas changé, à savoir - et nous l'avons vérifié encore cette semaine auprès des contacts que nous avons avec le Gouvernement, il n'est pas question de revenir sur une décision qui a été prise -, à savoir de permettre aux employeurs de licencier sans avoir aucune justification particulière à présenter. Et ça, pour nous, c'est inacceptable, pour l'ensemble des organisations syndicales. Malgré ce que nous avons répété les uns et les autres, je constate que le Gouvernement persiste, notamment en passant par la voie des ordonnances durant les mois d'été. Décidément, cette majorité est fidèle à son fonctionnement. On a eu une réforme des retraites durant l'été, on a eu une réforme de la Sécurité sociale durant l'été, on a des ordonnances sur le droit du travail pendant l'été, et ces jours-ci encore...
Q- C'est peut-être parce que vous allez partir en vacances, c'est peut-être pour ça...
R- Non, non. Si ça n'était que ça ! Je crois qu'il est légitime pour les salariés de pouvoir bénéficier de jours de vacances, pour ceux d'ailleurs qui ne sont pas parfois - ça existe - mis tout simplement au chômage technique. Je voulais évoquer le fait qu'en ce moment même, aujourd'hui par exemple, les commissions paritaires entre Sénat et l'Assemblée nationale profitent de ces jours de juillet pour modifier certains aspects du droit du travail, sans qu'aucune discussion avec les organisations syndicales n'existe. Il s'agit du travail de nuit pour les apprentis, travail de nuit et du dimanche, il s'agit du forfait - on parle de temps de travail - du forfait jour pour des salariés itinérants - c'est un peu technique. Bref, en ce moment même, les parlementaires décident de modifier des aspects importants du droit social, sans aucune négociation avec les organisations syndicales.
Q- Donc, mauvais climat social ? Vous pensez qu'en septembre tout cela peut donner quelque chose ? Remarquez, on dit chaque année que la rentrée sera chaude.
R- Oui, mais je suis convaincu d'une chose : la première, c'est qu'il y aura une mobilisation unitaire au plan syndical à la rentrée.
Q- Sur quel thème ?
R- Et la deuxième, c'est que, certes, nous n'avons pas les Jeux Olympiques, mais il va y avoir du sport dans notre pays dès le mois de septembre !
Q- Sur quel thème une mobilisation unitaire ?
R- Sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat, sur le droit du travail, c'est-à-dire sur les thèmes qui nous ont mobilisés dès cette année, sur des thèmes qui soucient justement les salariés. Je crois que nous allons devoir, les uns et les autres, dire aux salariés qu'il n'y a pas d'autre alternative que d'être mieux organisés et plus mobilisés. D'autant plus que, vous l'avez remarqué aussi, le renouvellement de la présidence du Medef ne s'est pas accompagné d'un discours en rupture avec l'approche qu'a l'organisation patronale de l'avenir des droits sociaux dans notre pays, au contraire ! Je crois même que la nouvelle présidente du Medef a annoncé la couleur ; elle a fait du code du travail un des chantiers qu'elle considérait comme prioritaire.
Q- Mais elle ne va pas faire votre politique.
R- Non, mais c'est la raison pour laquelle je profite de toutes les occasions, et vous m'en donnez une nouvelle, pour redire aux salariés qu'il ne faut pas qu'ils comptent sur d'autres qu'eux-mêmes pour défendre leurs intérêts.
Q- Au passage, les JO, c'est vous qui en avez parlés : on vous reproche la manifestation du 10 mars dernier, le jour où la commission d'évaluation du CIO était à Paris. Certains disent que cela n'a pas contribué à donner les Jeux à Paris.
R- Je n'avais vu une manifestation syndicale avec autant de drapeaux olympiques pour porter les revendications et la valeur des JO.
Q- Mais à Londres, ils n'ont pas eu de manif comme celle-là, quand ils y sont allés. Peut-être qu'ils se sont dit qu'il valait mieux aller à Londres qu'à Paris...
R- Je crois que beaucoup de choses ont été dites et sans doute qu'un certain nombre de paramètres, bien au-delà des paramètres sociaux, ont compté pour cette prise de décision.
Q- Un autre débat va être sans doute soumis au président de la République, il concerne l'Impôt de solidarité sur la fortune. Avec le boom de l'immobilier, il y a des gens qui ne sont pas vraiment fortunés, et qui le paient quand même, voire qui sont obligés de vendre leur bien pour s'acquitter de ces impôts. Est-ce qu'il faut le réformer l'Impôt de solidarité sur
la fortune ?
R- Je trouve assez extraordinaire qu'un ministre de l'Économie se répande sur le niveau de vie du pays France, qui déborde largement de ses moyens, encore faudrait-il regarder comment les deniers publics sont dépensés, et lorsque je vois...
Q- "Trop de fonctionnaires", dit-on ; c'est ce que vous voulez dire ?
R- Je pense aussi à trop d'allégements et d'exonérations de cotisations sociales. 20 milliards d'euros du budget de l'Etat sont distribués aux entreprises sans aucune espèce de contrepartie en matière d'emploi, alors que ces exonérations se multiplient et continuent d'être présentées au nom des créations d'emplois. Donc, si on veut discuter - mais jusqu'à présent, ce n'est pas le cas - avec les organisations syndicales, sur le bien-fondé des dépenses de l'Etat dans tel et tel domaine, non seulement nous y sommes prêts, mais nous l'avons demandé. Nous avons redemandé une discussion avec le nouveau Gouvernement de C point de vue là, avant que ne se construise le budget.
Q- Et l'Impôt de solidarité sur la fortune, il faut y toucher un peu ?
R- Par contre, on instaure le débat sur la nécessité d'alléger l'impôt sur les plus fortunés, alors que les revenus du travail, eux, ne sont pas reconnus pour ce qu'ils devraient être. Donc, une réforme fiscale d'ampleur, oui, mais en privilégiant les revenus du travail sur les revenus des rentiers.
Q- On n'aura pas les JO, mais il y aura du sport à l'automne !
R- Tout à fait.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 juillet 2005)
Q - La Cgt a appelé à un rassemblement le jour même où est examiné le projet de loi autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour le plan emploi. Qu'est-ce qui vous gêne le plus, le fond ou la forme ?
R - Les deux sont inacceptables. Le gouvernement a très mal débuté sa façon de concevoir ses réformes s'agissant de leur impact social. Si le Premier ministre a pris le soin de rencontrer les organisations syndicales avant son discours de politique générale, ce n'est qu'après que nous avons appris qu'au nom de la priorité pour l'emploi, il proposait de réformer des droits importants des salariés. Il a notamment introduit un nouveau type de contrat de travail, le chèque emploi et amplifié des mesures financières incitatives au nom des créations d'emplois. Pourtant, les 20 milliards d'euros déjà consacrés par le budget de l'Etat sous forme d'allègement aux dettes financières aux entreprises n'ont pas fait la démonstration de leur pertinence. Sur la forme, nous n'avons pas eu de véritables négociations sur ce qu'il convenait de mettre en place. La méthode des ordonnances prive même la représentation parlementaire de débat sur le bien-fondé des mesures susceptibles d'être prises durant l'été.
Q - Que vous inspire l'élection de Laurence Parisot à la tête du Medef ?
R - Si seulement l'élection d'une femme était susceptible de faire reculer la discrimination, dont les femmes sont les premières victimes, notamment au niveau des salaires, des responsabilités, de la précarité et de la retraite, l'accession de Laurence Parisot à la tête du Medef aurait au moins cette vertu positive. Mais, je doute que l'élection de Laurence Parisot suffise à elle seule à faire avancer nos revendications dans ce domaine. Laurence Parisot s'est faite connaître par une première déclaration, très représentative de la tendance actuelle au Medef, qui a beaucoup impressionné les syndicats et les salariés. Selon elle, il était regrettable que "la liberté de penser en France s'arrête là où commence le code du travail." Jusqu'à présent, la nouvelle présidente s'est plutôt faite l'avocate d'une remise en cause du code du travail au diapason d'autres dirigeants du Medef.
Q - Les autres confédérations vous ont reproché d'avoir fait cavalier seul le 21 juin, comment comptez-vous préparer la rentrée sociale ?
R - Aujourd'hui, mardi 5 juillet, je constate que Fo est partie prenante de notre rassemblement à Paris. De même, plusieurs organisations comme l'Unsa, la Cftc et la Cfdt, ont fait savoir qu'elles souhaitaient travailler unitairement aux conditions de la rentrée dans la continuité des revendications sur l'emploi, le pouvoir d'achat et le droit du travail. Nous avons eu raison de dire et de faire, même si nous étions seuls, ce que nous avons fait ces dernières semaines.
Propos recueillie par Emmanuelle Quémard
(Source http://www.cgt.fr, le 11 juillet 2005)
RTL Le 13 juillet 2005
Q- Le président de la République interviendra demain, comme il le fait tous les 14 juillet. Pour vous, c'est un rituel un peu obligatoire ou bien vous en attendez quelque chose ?
R- Il est assez normal que le président de la République se saisisse de quelques occasions pour s'exprimer publiquement. J'accorderai, pour ma part, beaucoup plus d'importance au contenu qu'au moment.
Q- Et quand N. Sarkozy dit : "Pourquoi perpétuer cette tradition, alors qu'il n'y a pas d'actualité et que les Français ont la tête en vacances.", vous êtes un peu d'accord avec lui ?
R- C'est peut-être parce que N. Sarkozy préférerait garder le monopole de la présence sur les 20 heures, le soir, en période de juillet... Je crois que cela rentre dans la compétition personnelle, maintenant officielle et connue dans l'ensemble du pays, qu'incarne N. Sarkozy vis-à-vis du Président actuellement en exercice.
Q- J. Chirac sera sans doute amené à commenter les premiers pas de D. de Villepin à Matignon. On dit généralement qu'il ne se débrouille pas trop mal à Matignon ; quelle est votre opinion ?
R- Tout dépend à quel point de vue on se place.
Q- Du vôtre.
R- S'agissant du point de vue, je dirais "des organisations syndicales", parce que je crois que les commentaires de mes homologues, ces dernières semaines, sont assez semblables aux reproches que nous avons faits nous-mêmes, on aurait pu penser une nouvelle fois qu'après un rendez-vous donné aux citoyens, en l'occurrence le 29 mai, et s'agissant de l'importance des questions sociales qui ont été présentes dans cette consultation - tout le monde l'a remarqué -, l'insatisfaction au plan social, la crainte sur l'avenir, sur son emploi, sur son pouvoir d'achat, crainte et désaccord, on aurait pu penser qu'après un renouvellement de l'équipe gouvernementale ou un réaménagement des postes ministériels, le Gouvernement prenne le soin d'avoir une autre approche du dialogue social avec les organisations syndicales. On a eu le contraire.
Q- On vous a beaucoup consultés quand même.
R- Non, on nous a rencontrés, on ne nous a pas consultés. On a pris le temps de nous entendre pour en conclure des mesures tout à fait à l'opposé des attentes des uns et des autres. Nous avons été unanimes à critiquer la mise en place du contrat nouvelle embauche, dont vous avez vu qu'au fil des jours, d'ailleurs, ceux qui étaient réservés pour les très petites entreprises parce que, disait-on, elles souffraient d'une capacité d'embauche, c'est devenu une disposition, maintenant, pour les entreprises de moins de vingt salariés. On a doublé la donne en quelques jours...
Q- Mais vous avez été entendus sur plusieurs points, puisqu'au début c'était un CDD, c'est devenu un CDI. Au début, il y avait une période d'essai, il n'y en a plus. Et maintenant, il y a des indemnités en cas de licenciement. Les syndicats ont plutôt été entendus sur ce point, semble-t-il.
R- Il n'y a plus de période d'essai, ou en tout cas, on ne parle plus de période d'essai. Par contre, le fond n'a pas changé, à savoir - et nous l'avons vérifié encore cette semaine auprès des contacts que nous avons avec le Gouvernement, il n'est pas question de revenir sur une décision qui a été prise -, à savoir de permettre aux employeurs de licencier sans avoir aucune justification particulière à présenter. Et ça, pour nous, c'est inacceptable, pour l'ensemble des organisations syndicales. Malgré ce que nous avons répété les uns et les autres, je constate que le Gouvernement persiste, notamment en passant par la voie des ordonnances durant les mois d'été. Décidément, cette majorité est fidèle à son fonctionnement. On a eu une réforme des retraites durant l'été, on a eu une réforme de la Sécurité sociale durant l'été, on a des ordonnances sur le droit du travail pendant l'été, et ces jours-ci encore...
Q- C'est peut-être parce que vous allez partir en vacances, c'est peut-être pour ça...
R- Non, non. Si ça n'était que ça ! Je crois qu'il est légitime pour les salariés de pouvoir bénéficier de jours de vacances, pour ceux d'ailleurs qui ne sont pas parfois - ça existe - mis tout simplement au chômage technique. Je voulais évoquer le fait qu'en ce moment même, aujourd'hui par exemple, les commissions paritaires entre Sénat et l'Assemblée nationale profitent de ces jours de juillet pour modifier certains aspects du droit du travail, sans qu'aucune discussion avec les organisations syndicales n'existe. Il s'agit du travail de nuit pour les apprentis, travail de nuit et du dimanche, il s'agit du forfait - on parle de temps de travail - du forfait jour pour des salariés itinérants - c'est un peu technique. Bref, en ce moment même, les parlementaires décident de modifier des aspects importants du droit social, sans aucune négociation avec les organisations syndicales.
Q- Donc, mauvais climat social ? Vous pensez qu'en septembre tout cela peut donner quelque chose ? Remarquez, on dit chaque année que la rentrée sera chaude.
R- Oui, mais je suis convaincu d'une chose : la première, c'est qu'il y aura une mobilisation unitaire au plan syndical à la rentrée.
Q- Sur quel thème ?
R- Et la deuxième, c'est que, certes, nous n'avons pas les Jeux Olympiques, mais il va y avoir du sport dans notre pays dès le mois de septembre !
Q- Sur quel thème une mobilisation unitaire ?
R- Sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat, sur le droit du travail, c'est-à-dire sur les thèmes qui nous ont mobilisés dès cette année, sur des thèmes qui soucient justement les salariés. Je crois que nous allons devoir, les uns et les autres, dire aux salariés qu'il n'y a pas d'autre alternative que d'être mieux organisés et plus mobilisés. D'autant plus que, vous l'avez remarqué aussi, le renouvellement de la présidence du Medef ne s'est pas accompagné d'un discours en rupture avec l'approche qu'a l'organisation patronale de l'avenir des droits sociaux dans notre pays, au contraire ! Je crois même que la nouvelle présidente du Medef a annoncé la couleur ; elle a fait du code du travail un des chantiers qu'elle considérait comme prioritaire.
Q- Mais elle ne va pas faire votre politique.
R- Non, mais c'est la raison pour laquelle je profite de toutes les occasions, et vous m'en donnez une nouvelle, pour redire aux salariés qu'il ne faut pas qu'ils comptent sur d'autres qu'eux-mêmes pour défendre leurs intérêts.
Q- Au passage, les JO, c'est vous qui en avez parlés : on vous reproche la manifestation du 10 mars dernier, le jour où la commission d'évaluation du CIO était à Paris. Certains disent que cela n'a pas contribué à donner les Jeux à Paris.
R- Je n'avais vu une manifestation syndicale avec autant de drapeaux olympiques pour porter les revendications et la valeur des JO.
Q- Mais à Londres, ils n'ont pas eu de manif comme celle-là, quand ils y sont allés. Peut-être qu'ils se sont dit qu'il valait mieux aller à Londres qu'à Paris...
R- Je crois que beaucoup de choses ont été dites et sans doute qu'un certain nombre de paramètres, bien au-delà des paramètres sociaux, ont compté pour cette prise de décision.
Q- Un autre débat va être sans doute soumis au président de la République, il concerne l'Impôt de solidarité sur la fortune. Avec le boom de l'immobilier, il y a des gens qui ne sont pas vraiment fortunés, et qui le paient quand même, voire qui sont obligés de vendre leur bien pour s'acquitter de ces impôts. Est-ce qu'il faut le réformer l'Impôt de solidarité sur
la fortune ?
R- Je trouve assez extraordinaire qu'un ministre de l'Économie se répande sur le niveau de vie du pays France, qui déborde largement de ses moyens, encore faudrait-il regarder comment les deniers publics sont dépensés, et lorsque je vois...
Q- "Trop de fonctionnaires", dit-on ; c'est ce que vous voulez dire ?
R- Je pense aussi à trop d'allégements et d'exonérations de cotisations sociales. 20 milliards d'euros du budget de l'Etat sont distribués aux entreprises sans aucune espèce de contrepartie en matière d'emploi, alors que ces exonérations se multiplient et continuent d'être présentées au nom des créations d'emplois. Donc, si on veut discuter - mais jusqu'à présent, ce n'est pas le cas - avec les organisations syndicales, sur le bien-fondé des dépenses de l'Etat dans tel et tel domaine, non seulement nous y sommes prêts, mais nous l'avons demandé. Nous avons redemandé une discussion avec le nouveau Gouvernement de C point de vue là, avant que ne se construise le budget.
Q- Et l'Impôt de solidarité sur la fortune, il faut y toucher un peu ?
R- Par contre, on instaure le débat sur la nécessité d'alléger l'impôt sur les plus fortunés, alors que les revenus du travail, eux, ne sont pas reconnus pour ce qu'ils devraient être. Donc, une réforme fiscale d'ampleur, oui, mais en privilégiant les revenus du travail sur les revenus des rentiers.
Q- On n'aura pas les JO, mais il y aura du sport à l'automne !
R- Tout à fait.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 juillet 2005)