Texte intégral
Messieurs les présidents, mes chers amis,
C'est avec un très grand plaisir que je vous renouvelle, après Christophe Priou et Luc Dejoie, un message de bienvenue au Croisic, dans cette région des Pays de la Loire qu'Olivier Guichard a largement façonnée et que j'ai aujourd'hui l'honneur de conduire avec l'appui d'une majorité forte et unie. Alors qu'une série d'échéances électorales se profile, je veux voir dans ce rendez-vous du Croisic l'amorce d'une stratégie gagnante que nous devrons confirmer, notamment en Loire Atlantique. La fédération du RPR, sous la direction de Robert Diat, mettra toutes ses forces dans ces prochaines batailles, dont celle de Nantes, où, Jean Luc Harousseau, vice-président UDF de la région, peut, je le crois, déjouer les scénarios écrits d'avance
par Jean Marc Ayrault.
Mes chers collègues, le calendrier s'accélérant, nous entrons dans le vif du sujet.
D'une part, la campagne référendaire est derrière nous. Elle n'a certes pas passionnée les électeurs mais cela n'entache ni la légitimité du quinquennat ni la pertinence de la pratique référendaire. Simplement, il nous faudra redoubler d'efforts pour faire vivre l'un et l'autre dans le cadre d'une république qu'il convient instamment de moderniser.
D'autre part, après trois années de gouvernement, la majorité plurielle est éprouvée par ses contradictions idéologiques et semble dans l'incapacité de trouver un second souffle. L'affaire Corse et la gestion de l'augmentation du prix du pétrole constituent des indicateurs politiques qui n'échapperont pas au verdict des Français. Sur ces deux dossiers cruciaux nous avons vu percer les limites d'un accord gouvernemental conçu sur l'intérêt électoral plutôt que sur une conception élevée de l'intérêt national. Il existe donc pour nous une fenêtre de tir qui est étroite et que nous devons exploiter avec sang froid et imagination. La victoire est possible, mais elle obéit cependant à des conditions exigeantes.
La première condition est méthodologique : c'est l'organisation de la droite républicaine qui doit être conçue comme une coalition multiple où, chaque sensibilité doit trouver sa place. Cette approche, nous la pratiquons avec succès au sein des Pays de la Loire. Jean Louis Debré et Josselin de Rohan ont initié quant à eux cette coordination au Parlement entre les différents groupes. Cette initiative doit être élargie et popularisée à l'occasion des municipales, puis être cristallisée dans la rédaction d'un projet gouvernemental. Cette coalition doit s'organiser autour d'un RPR soudé et innovant. Désignée par les militants, Michèle Alliot-Marie doit être appuyée par nous tous dans cette tâche qui n'est pas facile. Il est donc temps de faire bloc et de s'investir de façon constructive dans la vie de notre mouvement.
La seconde condition est intellectuelle car il n'y a pas de domination politique durable en l'absence de domination intellectuelle. Dans cet esprit, nous devons nous emparer des grands sujets de civilisation. Ils ne manquent pas : la régulation du capitalisme mondialisé, le sort de l'éthique face aux évolutions scientifiques et technologiques, l'avenir du pacte républicain, la place de la France dans l'Europe élargie, et naturellement l'environnement et l'écologie planétaire. Je suis heureux de voir ce dernier thème mis en valeur à l'occasion de ces journées parlementaires.
Car l'affaire de l'Erika, vous le savez, nous a meurtri. Nous avons pu mesurer à cette occasion l'incohérence, et parfois même l'indigence, du gouvernement. Cette incohérence s'est illustrée de façon encore plus flagrante à l'occasion de la hausse du pétrole, qui, inéluctablement, soulève la question de la politique énergétique de la France en rehaussant les mérites, dans le cadre des engagements de Rio et Kyoto, du nucléaire civil. Mais surtout, la catastrophe de l'Erika a mis en évidence, aux yeux de nos compatriotes, les dangers d'une compétition économique sans règle et sans contrôle. Nous avons pu constater que les milliers de bénévoles qui se sont engagés pour nettoyer les plages avaient une sorte de " rage au ventre " contre une logique commerciale si étrangère aux éventuelles conséquences sur leur environnement.
Chacun d'entre-nous le sent bien : nous ne pouvons fonder l'avenir de nos sociétés sur les seuls principes de la compétition sauvage et du mercantilisme. Il faut replacer le sort de la condition humaine au cur d'un vision politique dont la résonance ne peut être qu'internationale puisque nous vivons dans un monde interdépendant.
Cette vision doit intégrer les exigences de l'environnement et de l'écologie planétaire.
Ces thèmes, disons-le, ne sont pas vraiment dans nos habitudes Du coup ce sont les Verts qui occupent de façon souvent démagogique le haut du pavé. Nous devons donc investir avec force ces sujets. C'est à nous de formuler les axes d'une politique énergétique équilibrée, de travailler sur la problématique complexe mais lourde de conséquences de la mise en place du marché des permis à polluer, c'est à nous de repenser une stratégie d'aménagement du territoire confirmant l'actuel rééquilibrage entre le monde urbain et rural.
La troisième condition de la victoire, c'est l'élaboration d'un projet gouvernemental dont la philosophie politique doit symboliser le passage d'une société crispée par des années de crise vers une société en mouvement qui aborde le siècle avec lucidité et fierté. Nous devons être les passeurs stimulants de cette transition. Cette transition est urgente car des menaces structurelles pèsent sur la croissance. Une croissance qui n'est, à l'heure actuelle, ni garantie, ni stimulée, ni partagée.
Cela nécessite tout d'abord une vision claire de ce que doit être l'Europe pour la France et la France dans l'Europe. Le débat qui s'est ouvert sur les institutions européennes, notamment enrichi par la contribution d'Alain Juppé, ne doit pas nous faire peur, car le pire qui puisse arriver pour la souveraineté nationale c'est le statu quo technocratique et non l'audace politique. Cette audace doit être mise au service du Président de la République dans la conduite d'une Union qui, sur le plan monétaire et institutionnelle, cherche ses marques.
Mettre la société française en mouvement, c'est, à mon sens, imaginer les fondements d'une économie innovante et participative dont l'objectif cardinal doit être de réduire le chômage par deux. Cet objectif est atteignable à travers une rénovation de l'Etat qui suppose une nouvelle étape de la décentralisation, une fiscalité allégée et simplifiée concernant l'impôt sur le revenu et incitatrice pour les bas salaires, un système éducatif et de formation performant, un effort sur les nouvelles technologies de l'information, et enfin, un élargissement de tous les dispositifs de participation et de capitalisation des salariés.
Cette dynamique économique devra être articulée sur les principes d'une solidarité rénovée. Car si nos concitoyens consentent généralement à se plier aux lois de l'économie contemporaine, ils sont parallèlement en quête d'une société plus harmonieuse, plus chaleureuse, plus ouverte aux différences. C'est pourquoi nous devons être porteur d'un message plus fraternel et plus charnel sur la santé, la sécurité, la famille, l'environnement naturellement, la culture, l'intégration des jeunes issus de l'émigration Tous ces sujets doivent être abordés avec un mélange d'efficacité, d'audace intellectuelle et d'humanité. La gauche détient - à tort ou à raison - un monopole sur les avancées sociales et les questions de société. Ce monopole il faut le construire, à notre façon, avec nos convictions, autour de nous. Voilà, mes chers collègues, en quelques mots, ce que je crois être les conditions d'une stratégie gagnante. Avec Michèle Alliot Marie, Jean Louis Debré, Josselin de Rohan, Christian Poncelet nous disons que le temps est venu d'aller chercher la victoire. Il va falloir se dépasser et se battre. Comme disent les marins : " il faut coincer le vent dans les voiles ".
Merci pour votre présence ; merci aux groupes d'avoir organisé ces journées au Croisic. C'est une marque d'attention et d'amitié à laquelle nous sommes tous, sachez-le, très sensibles.
François FILLON
(Source http://www.rpr.fr, le 29 septembre 2000).
C'est avec un très grand plaisir que je vous renouvelle, après Christophe Priou et Luc Dejoie, un message de bienvenue au Croisic, dans cette région des Pays de la Loire qu'Olivier Guichard a largement façonnée et que j'ai aujourd'hui l'honneur de conduire avec l'appui d'une majorité forte et unie. Alors qu'une série d'échéances électorales se profile, je veux voir dans ce rendez-vous du Croisic l'amorce d'une stratégie gagnante que nous devrons confirmer, notamment en Loire Atlantique. La fédération du RPR, sous la direction de Robert Diat, mettra toutes ses forces dans ces prochaines batailles, dont celle de Nantes, où, Jean Luc Harousseau, vice-président UDF de la région, peut, je le crois, déjouer les scénarios écrits d'avance
par Jean Marc Ayrault.
Mes chers collègues, le calendrier s'accélérant, nous entrons dans le vif du sujet.
D'une part, la campagne référendaire est derrière nous. Elle n'a certes pas passionnée les électeurs mais cela n'entache ni la légitimité du quinquennat ni la pertinence de la pratique référendaire. Simplement, il nous faudra redoubler d'efforts pour faire vivre l'un et l'autre dans le cadre d'une république qu'il convient instamment de moderniser.
D'autre part, après trois années de gouvernement, la majorité plurielle est éprouvée par ses contradictions idéologiques et semble dans l'incapacité de trouver un second souffle. L'affaire Corse et la gestion de l'augmentation du prix du pétrole constituent des indicateurs politiques qui n'échapperont pas au verdict des Français. Sur ces deux dossiers cruciaux nous avons vu percer les limites d'un accord gouvernemental conçu sur l'intérêt électoral plutôt que sur une conception élevée de l'intérêt national. Il existe donc pour nous une fenêtre de tir qui est étroite et que nous devons exploiter avec sang froid et imagination. La victoire est possible, mais elle obéit cependant à des conditions exigeantes.
La première condition est méthodologique : c'est l'organisation de la droite républicaine qui doit être conçue comme une coalition multiple où, chaque sensibilité doit trouver sa place. Cette approche, nous la pratiquons avec succès au sein des Pays de la Loire. Jean Louis Debré et Josselin de Rohan ont initié quant à eux cette coordination au Parlement entre les différents groupes. Cette initiative doit être élargie et popularisée à l'occasion des municipales, puis être cristallisée dans la rédaction d'un projet gouvernemental. Cette coalition doit s'organiser autour d'un RPR soudé et innovant. Désignée par les militants, Michèle Alliot-Marie doit être appuyée par nous tous dans cette tâche qui n'est pas facile. Il est donc temps de faire bloc et de s'investir de façon constructive dans la vie de notre mouvement.
La seconde condition est intellectuelle car il n'y a pas de domination politique durable en l'absence de domination intellectuelle. Dans cet esprit, nous devons nous emparer des grands sujets de civilisation. Ils ne manquent pas : la régulation du capitalisme mondialisé, le sort de l'éthique face aux évolutions scientifiques et technologiques, l'avenir du pacte républicain, la place de la France dans l'Europe élargie, et naturellement l'environnement et l'écologie planétaire. Je suis heureux de voir ce dernier thème mis en valeur à l'occasion de ces journées parlementaires.
Car l'affaire de l'Erika, vous le savez, nous a meurtri. Nous avons pu mesurer à cette occasion l'incohérence, et parfois même l'indigence, du gouvernement. Cette incohérence s'est illustrée de façon encore plus flagrante à l'occasion de la hausse du pétrole, qui, inéluctablement, soulève la question de la politique énergétique de la France en rehaussant les mérites, dans le cadre des engagements de Rio et Kyoto, du nucléaire civil. Mais surtout, la catastrophe de l'Erika a mis en évidence, aux yeux de nos compatriotes, les dangers d'une compétition économique sans règle et sans contrôle. Nous avons pu constater que les milliers de bénévoles qui se sont engagés pour nettoyer les plages avaient une sorte de " rage au ventre " contre une logique commerciale si étrangère aux éventuelles conséquences sur leur environnement.
Chacun d'entre-nous le sent bien : nous ne pouvons fonder l'avenir de nos sociétés sur les seuls principes de la compétition sauvage et du mercantilisme. Il faut replacer le sort de la condition humaine au cur d'un vision politique dont la résonance ne peut être qu'internationale puisque nous vivons dans un monde interdépendant.
Cette vision doit intégrer les exigences de l'environnement et de l'écologie planétaire.
Ces thèmes, disons-le, ne sont pas vraiment dans nos habitudes Du coup ce sont les Verts qui occupent de façon souvent démagogique le haut du pavé. Nous devons donc investir avec force ces sujets. C'est à nous de formuler les axes d'une politique énergétique équilibrée, de travailler sur la problématique complexe mais lourde de conséquences de la mise en place du marché des permis à polluer, c'est à nous de repenser une stratégie d'aménagement du territoire confirmant l'actuel rééquilibrage entre le monde urbain et rural.
La troisième condition de la victoire, c'est l'élaboration d'un projet gouvernemental dont la philosophie politique doit symboliser le passage d'une société crispée par des années de crise vers une société en mouvement qui aborde le siècle avec lucidité et fierté. Nous devons être les passeurs stimulants de cette transition. Cette transition est urgente car des menaces structurelles pèsent sur la croissance. Une croissance qui n'est, à l'heure actuelle, ni garantie, ni stimulée, ni partagée.
Cela nécessite tout d'abord une vision claire de ce que doit être l'Europe pour la France et la France dans l'Europe. Le débat qui s'est ouvert sur les institutions européennes, notamment enrichi par la contribution d'Alain Juppé, ne doit pas nous faire peur, car le pire qui puisse arriver pour la souveraineté nationale c'est le statu quo technocratique et non l'audace politique. Cette audace doit être mise au service du Président de la République dans la conduite d'une Union qui, sur le plan monétaire et institutionnelle, cherche ses marques.
Mettre la société française en mouvement, c'est, à mon sens, imaginer les fondements d'une économie innovante et participative dont l'objectif cardinal doit être de réduire le chômage par deux. Cet objectif est atteignable à travers une rénovation de l'Etat qui suppose une nouvelle étape de la décentralisation, une fiscalité allégée et simplifiée concernant l'impôt sur le revenu et incitatrice pour les bas salaires, un système éducatif et de formation performant, un effort sur les nouvelles technologies de l'information, et enfin, un élargissement de tous les dispositifs de participation et de capitalisation des salariés.
Cette dynamique économique devra être articulée sur les principes d'une solidarité rénovée. Car si nos concitoyens consentent généralement à se plier aux lois de l'économie contemporaine, ils sont parallèlement en quête d'une société plus harmonieuse, plus chaleureuse, plus ouverte aux différences. C'est pourquoi nous devons être porteur d'un message plus fraternel et plus charnel sur la santé, la sécurité, la famille, l'environnement naturellement, la culture, l'intégration des jeunes issus de l'émigration Tous ces sujets doivent être abordés avec un mélange d'efficacité, d'audace intellectuelle et d'humanité. La gauche détient - à tort ou à raison - un monopole sur les avancées sociales et les questions de société. Ce monopole il faut le construire, à notre façon, avec nos convictions, autour de nous. Voilà, mes chers collègues, en quelques mots, ce que je crois être les conditions d'une stratégie gagnante. Avec Michèle Alliot Marie, Jean Louis Debré, Josselin de Rohan, Christian Poncelet nous disons que le temps est venu d'aller chercher la victoire. Il va falloir se dépasser et se battre. Comme disent les marins : " il faut coincer le vent dans les voiles ".
Merci pour votre présence ; merci aux groupes d'avoir organisé ces journées au Croisic. C'est une marque d'attention et d'amitié à laquelle nous sommes tous, sachez-le, très sensibles.
François FILLON
(Source http://www.rpr.fr, le 29 septembre 2000).