Texte intégral
Je remercie nos amis italiens de leur initiative de nous réunir aujourd'hui, qui doit beaucoup à M. Andreatta et qui a été pleinement endossée, je m'en réjouis, par M. Scognamiglio. Cette initiative rappelle, si besoin était, l'importance du rôle de l'Italie et de ses entreprises dans le travail d'adaptation en cours de l'industrie européenne de défense.
Je voudrais rappeler quelques objectifs clés dans l'évolution en cours de nos industries de défense :
*Premièrement, nous devons nous adapter à l'évolution des marchés , ces marchés se sont rétrécis depuis le début de la décennie , la concurrence à l'exportation est devenue plus vive . Dans le même temps , les Etats-Unis ont maximisé leur avantage en menant à bien de fortes concentrations . Les conditions du marché américain sont différentes des nôtres et ce choix n'a pas eu que des effets positifs , elles représentent néanmoins pour nous une forte pression qui nous oblige à agir.
*Deuxièmement , nous devons garder une liberté de choix et maintenir une concurrence équilibrée à partir de la nouvelle réalité américaine . Souvenons- nous par ailleurs des habitudes de sécurité très resserrées des Américains qui ne souhaitent pas partager certaines technologies . Ce choix, par ailleurs tout à fait respectable, peut présenter des contradictions par rapport à notre intérêt d'acheteurs européens.
*Troisièmement , nous devons préserver notre industrie de défense parce qu'elle constitue un atout économique majeur, en particulier en raison de sa place dans le développement scientifique et technique . Beaucoup de domaines sont concernés : l'aéronautique , le spatial , l'électronique et les communications . Il n'est pas exagéré de dire que se joue dans ce champs une part de la place de l'Europe dans la compétition économique mondiale et ce d'autant plus que de nombreux domaines intérêt concernent à la fois le civil et le militaire . Je voudrais enfin souligner le rôle déterminant de l'industrie de défense pour l'emploi et l'économie régionale.
Je voudrais ensuite vous livrer quelques réflexions sur les étapes actuelles de l'évolution en cours .
D'abord il s'est déjà crée des entreprises européennes de défense de taille significative qui ont de bons résultats . Le mouvement se renforce par des rapprochements et des joint ventures qui pour beaucoup sont en voie d'intégration .
Ensuite, de nombreux projets communs structurants prennent une importance croissante : hélicoptères , frégates , avion de transport du futur .
Nous avons enfin l'objectif plus ambitieux d'un groupe européen aéronautique et spatial de défense . Cet objectif partagé par tous soulève des questions de stratégie financière , d'intérêts nationaux et d'intérêts de firmes. Il est normal que ce processus soit entouré de tensions et de divergences d'intérêts compte-tenu de l'importance des enjeux.
Je note qu'il n'existe pas de précédent de fusion volontaire entre des industries de sécurité de cette taille. Mais lorsqu'il aura été réalisé, ce dont je ne doute pas , nous aurons réalisé un acte majeur dans la recherche d'un nouvel équilibre mondial dans la durée .
La France souhaite se montrer pragmatique quant au processus qui connaîtra forcément des étapes et elle a déjà agi de façon déterminée. Le rapprochement Thomson-Dassault Electronique-Alcatel est déjà opérationnel, il comporte des partenariats européens diversifiés. Il demeure ouvert. Le rapprochement Matra-Aerospatiale-Dassault, qui va être réalisé dans les tout prochains mois, représentera dans les mêmes conditions une forte intégration , un potentiel technologique sérieux . Le processus tiendra compte d'un équilibre dans la durée entre les entreprises constituantes.
L'état actionnaire anciennement majoritaire maintiendra le capital ouvert pour favoriser des partenariats plus larges . Le rôle du capital public dans le passé n'a pas été incompatible avec l'efficacité et le marché . Si les objectifs qu'il poursuit peuvent être atteints dans l'avenir par d'autres moyens, nous sommes ouverts à la discussion sur un changement de formule concernant le rôle de l'actionnariat public dans le capital de ces entreprises .
S'agissant des PME, elles représentent 65% de l'activité économique de l'Union Européenne , elles apportent une contribution importante à l'innovation. J'ai demandé à mon ancienne collègue Edwige Avice, de mener une étude sur les perspectives des PME de défense dans le contexte des regroupements en cours en Europe. Elle a montré que des accords entre PME seraient crédibles. Nous pouvons favoriser de tels accords, en particulier sur la mise en valeur des technologies duales. Mais il faut les aider à surmonter la prudence des banques qui est grande à leur égard. Je propose la création d'un groupe de travail entre gouvernements européens pour étudier les moyens d'aider les alliances et pour mettre en commun notre veille technologique dans ce domaine.
Les gouvernements ont une responsabilité étendue dans un certain nombre de domaines.
- La LOI nous a permis d'aborder les questions les plus importantes : la recherche de la mise en commun de nos règles et en particulier de nos politiques d'exportation, indispensables à la viabilité de l'Europe de l'industrie de défense.
- A moyen terme nous devons aussi avoir pour ambition de mener des politiques d'acquisition et d'équipement coordonnées . Il y va de la crédibilité de nos engagements mutuels. L'OCCAR doit nous y aider.
- Le niveau de nos dépenses d'équipement militaire est également une condition de la réalisation de nos ambitions politiques. Nous devons chercher progressivement à faire converger des situations trop disparates en Europe.
- Nous devons reconnaître le rôle de l'investissement en matière de recherche et développement. On peut estimer, grossièrement, que les Etats-Unis dépensent 0,6 % de leur PIB pour la recherche en matière de défense, la France et le Royaume-Uni, 0,25 % et la moyenne européenne doit être en dessous de O,15 %. Ainsi, les Européens dépensent 3 à 4 fois moins que les Etats-Unis. Même si nous connaissons aujourd'hui certains succès, nous ne pourrons pas rester compétitifs en demeurant à ce niveau.
-Nous devons, à l'intérieur de l'Europe, renforcer l'entente et le dialogue entre les principaux pays producteurs et les autres. Si la séparation est trop forte entre ces deux groupes, nous ne pourrons pas penser en termes de défense européenne.
Le dialogue que nous avons entamé depuis un an est particulièrement prometteur. La France souhaite participer à une réflexion concrète et pratique avec tous ses partenaires européens. Les institutions européennes, l'Union Européenne et l'UEO ont pleinement leur place dans ce travail. Nous sommes dans une situation où la volonté politique rejoint l'intérêt économique: ne tardons pas à prendre nos responsabilités.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 17 septembre 2001)
Je voudrais rappeler quelques objectifs clés dans l'évolution en cours de nos industries de défense :
*Premièrement, nous devons nous adapter à l'évolution des marchés , ces marchés se sont rétrécis depuis le début de la décennie , la concurrence à l'exportation est devenue plus vive . Dans le même temps , les Etats-Unis ont maximisé leur avantage en menant à bien de fortes concentrations . Les conditions du marché américain sont différentes des nôtres et ce choix n'a pas eu que des effets positifs , elles représentent néanmoins pour nous une forte pression qui nous oblige à agir.
*Deuxièmement , nous devons garder une liberté de choix et maintenir une concurrence équilibrée à partir de la nouvelle réalité américaine . Souvenons- nous par ailleurs des habitudes de sécurité très resserrées des Américains qui ne souhaitent pas partager certaines technologies . Ce choix, par ailleurs tout à fait respectable, peut présenter des contradictions par rapport à notre intérêt d'acheteurs européens.
*Troisièmement , nous devons préserver notre industrie de défense parce qu'elle constitue un atout économique majeur, en particulier en raison de sa place dans le développement scientifique et technique . Beaucoup de domaines sont concernés : l'aéronautique , le spatial , l'électronique et les communications . Il n'est pas exagéré de dire que se joue dans ce champs une part de la place de l'Europe dans la compétition économique mondiale et ce d'autant plus que de nombreux domaines intérêt concernent à la fois le civil et le militaire . Je voudrais enfin souligner le rôle déterminant de l'industrie de défense pour l'emploi et l'économie régionale.
Je voudrais ensuite vous livrer quelques réflexions sur les étapes actuelles de l'évolution en cours .
D'abord il s'est déjà crée des entreprises européennes de défense de taille significative qui ont de bons résultats . Le mouvement se renforce par des rapprochements et des joint ventures qui pour beaucoup sont en voie d'intégration .
Ensuite, de nombreux projets communs structurants prennent une importance croissante : hélicoptères , frégates , avion de transport du futur .
Nous avons enfin l'objectif plus ambitieux d'un groupe européen aéronautique et spatial de défense . Cet objectif partagé par tous soulève des questions de stratégie financière , d'intérêts nationaux et d'intérêts de firmes. Il est normal que ce processus soit entouré de tensions et de divergences d'intérêts compte-tenu de l'importance des enjeux.
Je note qu'il n'existe pas de précédent de fusion volontaire entre des industries de sécurité de cette taille. Mais lorsqu'il aura été réalisé, ce dont je ne doute pas , nous aurons réalisé un acte majeur dans la recherche d'un nouvel équilibre mondial dans la durée .
La France souhaite se montrer pragmatique quant au processus qui connaîtra forcément des étapes et elle a déjà agi de façon déterminée. Le rapprochement Thomson-Dassault Electronique-Alcatel est déjà opérationnel, il comporte des partenariats européens diversifiés. Il demeure ouvert. Le rapprochement Matra-Aerospatiale-Dassault, qui va être réalisé dans les tout prochains mois, représentera dans les mêmes conditions une forte intégration , un potentiel technologique sérieux . Le processus tiendra compte d'un équilibre dans la durée entre les entreprises constituantes.
L'état actionnaire anciennement majoritaire maintiendra le capital ouvert pour favoriser des partenariats plus larges . Le rôle du capital public dans le passé n'a pas été incompatible avec l'efficacité et le marché . Si les objectifs qu'il poursuit peuvent être atteints dans l'avenir par d'autres moyens, nous sommes ouverts à la discussion sur un changement de formule concernant le rôle de l'actionnariat public dans le capital de ces entreprises .
S'agissant des PME, elles représentent 65% de l'activité économique de l'Union Européenne , elles apportent une contribution importante à l'innovation. J'ai demandé à mon ancienne collègue Edwige Avice, de mener une étude sur les perspectives des PME de défense dans le contexte des regroupements en cours en Europe. Elle a montré que des accords entre PME seraient crédibles. Nous pouvons favoriser de tels accords, en particulier sur la mise en valeur des technologies duales. Mais il faut les aider à surmonter la prudence des banques qui est grande à leur égard. Je propose la création d'un groupe de travail entre gouvernements européens pour étudier les moyens d'aider les alliances et pour mettre en commun notre veille technologique dans ce domaine.
Les gouvernements ont une responsabilité étendue dans un certain nombre de domaines.
- La LOI nous a permis d'aborder les questions les plus importantes : la recherche de la mise en commun de nos règles et en particulier de nos politiques d'exportation, indispensables à la viabilité de l'Europe de l'industrie de défense.
- A moyen terme nous devons aussi avoir pour ambition de mener des politiques d'acquisition et d'équipement coordonnées . Il y va de la crédibilité de nos engagements mutuels. L'OCCAR doit nous y aider.
- Le niveau de nos dépenses d'équipement militaire est également une condition de la réalisation de nos ambitions politiques. Nous devons chercher progressivement à faire converger des situations trop disparates en Europe.
- Nous devons reconnaître le rôle de l'investissement en matière de recherche et développement. On peut estimer, grossièrement, que les Etats-Unis dépensent 0,6 % de leur PIB pour la recherche en matière de défense, la France et le Royaume-Uni, 0,25 % et la moyenne européenne doit être en dessous de O,15 %. Ainsi, les Européens dépensent 3 à 4 fois moins que les Etats-Unis. Même si nous connaissons aujourd'hui certains succès, nous ne pourrons pas rester compétitifs en demeurant à ce niveau.
-Nous devons, à l'intérieur de l'Europe, renforcer l'entente et le dialogue entre les principaux pays producteurs et les autres. Si la séparation est trop forte entre ces deux groupes, nous ne pourrons pas penser en termes de défense européenne.
Le dialogue que nous avons entamé depuis un an est particulièrement prometteur. La France souhaite participer à une réflexion concrète et pratique avec tous ses partenaires européens. Les institutions européennes, l'Union Européenne et l'UEO ont pleinement leur place dans ce travail. Nous sommes dans une situation où la volonté politique rejoint l'intérêt économique: ne tardons pas à prendre nos responsabilités.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 17 septembre 2001)