Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur les relations économiques et commerciales de la France avec l'Afrique du sud, Paris le 10 octobre 1995.

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Circonstance : Dîner offert en l'honneur du vice-président d'Afrique du sud, M. Thabo Mbeki, Paris le 10 octobre 1995

Texte intégral


Vous êtes l'éminent représentant du pays qui est en train d'écrire l'une des plus belles pages de l'histoire de l'humanité en cette fin du XXème siècle.

Les Français sont pleins d'admiration pour les dirigeants et pour le peuple d'Afrique du Sud qui ont su, de manière exemplaire, faire triompher la démocratie et les Droits de l'homme.

Je m'étais moi-même rendu en Afrique du Sud au début de l'année 1994, quelques semaines avant les élections, et j'avais été frappé par toute l'intelligence, tout l'esprit de compréhension, toute la détermination en même temps, qui animait les acteurs de ce qui allait devenir une révolution tranquille.

Un an et demi après les premières élections au suffrage universel, cette révolution pacifique se poursuit et la nouvelle Afrique du Sud se mobilise pour surmonter des défis considérables auxquels elle est confrontée.

Pendant mon voyage, en tant que ministre des Affaires étrangères, j'avais exprimé la confiance de la France dans l'avenir de l'Afrique du Sud, et j'avais lancé l'idée d'un partenariat entre nos deux pays, partenariat qui dans mon esprit devait s'appliquer à tous les domaines de coopération où nous avons des intérêts communs.

Depuis dix-huit mois, nous avons bien progressé dans cette voie, mais nous pouvons aller beaucoup plus loin encore.

Nous en avons les uns et les autres la volonté, vous l'avez dit, M. le vice-Président lors de notre entretien, je suis convaincu que votre visite à Paris permettra de donner à nos relations une nouvelle et très forte impulsion.

Nous savons que l'Afrique du Sud s'est engagée dans un programme ambitieux de reconstruction et de développement qui met en particulier l'accent sur les progrès à réaliser dans le domaine social. Soyez assuré, M. le vice-Président, que la France est prête à soutenir résolument cet effort. Nous avons déjà considérablement accru notre aide en matière de développement. La Caisse française de développement se montre active en Afrique du Sud.
Cette nouvelle coopération est lancée cette année. Les programmes de coopération du ministère des Affaires étrangères ont plus que doublé en deux ans. Ils sont orientés en priorité vers la formation des hommes et les relations entre nos universités.

Votre visite, M. le vice-Président, est l'occasion de signer un important protocole financier, dont la mise en oeuvre permettra d'améliorer les conditions de vie dans les zones urbaines en développant, par exemple, les infrastructures d'adduction d'eau et de télécommunications.

Au delà de l'appui que peut apporter le gouvernement français à vos projets, c'est le dynamisme économique et commercial qu'il faut encourager entre nos deux pays. Nous venons de nous en entretenir, et j'ai été heureux de constater que nous avions des objectifs communs en la matière. Certes, la place des industries françaises sur le marché sud africain, et nos échanges commerciaux, ont récemment fait des progrès remarquables, mais ces progrès sont encore trop modestes et j'espère que les chefs d'entreprises ici présents, que je salue, auront à coeur d'aller de l'avant.

Pour les aider, nous nous sommes attachés à élaborer un cadre institutionnel plus favorable. La convention fiscale de non-double imposition va entrer en vigueur le 1er novembre prochain et un accord de protection réciproque des investissements est en cours de conclusion à l'occasion de votre voyage. Ce cadre ainsi posé, c'est évidemment aux investisseurs, aux exportateurs, de prendre des initiatives, et nous les y encourageons car nous pensons très profondément, très sincèrement que l'Afrique du Sud est un pays qui est demandeur.

Union européenne - Afrique du Sud
Notre coopération, notre partenariat doit aussi s'élargir au cadre plus vaste de l'Europe.
Elle est le premier partenaire économique et commercial de l'Afrique du Sud. Nous savons, M. le vice-Président, que votre pays attend beaucoup de l'Europe. Durant le semestre où elle a exercé la présidence de l'Union européenne, la France a tout fait pour que se développent les relations entre l'Union et l'Afrique du Sud, en favorisant notamment l'adoption d'un mandat de négociation ambitieux.

J'espère que l'approche que nous avons proposée à cette époque permettra de répondre aux attentes légitimes de votre pays à l'égard de l'Union européenne.

France-Afrique du Sud - Conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique de Biarritz
Enfin le partenariat que j'ai appelé de tous mes voeux entre la France et la nouvelle Afrique du Sud devrait avoir une dimension politique, dans la mesure des responsabilités de nos deux pays.

La France, vous le savez, M. le vice-Président, reste fidèle à sa vocation africaine. Elle croit à ses possibilités de développement et les soutient partout où cela est nécessaire. Le Président de la République française est vraisemblablement le grand homme d'Etat sur la scène mondiale qui aujourd'hui combat avec le plus d'ardeur "l'afro-pessimisme".

Nous pensons que l'Afrique du Sud a un rôle essentiel à jouer pour la stabilité et le progrès, non seulement en Afrique australe, mais du continent africain dans son ensemble.

Il faut donc, M. le vice-Président, que nous travaillions davantage. Le dialogue politique entre les deux pays est devenu une réalité. En novembre dernier, à Biarritz, votre présence à la Conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique était, de ce point de vue, tout à fait symbolique. Nous devons poursuivre ces contacts, et notre concertation sur tous les problèmes auxquels l'Afrique se trouve actuellement confrontée, y compris dans le domaine de la diplomatie préventive.
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Comme vous le constaterez, comme vous le savez déjà, M. le vice-Président, l'Afrique du Sud n'est pas pour la France une terre lointaine et inconnue. Votre pays soulève chez nous un franc intérêt et suscite une chaleureuse amitié. Nous avons déjà beaucoup plus en commun que la distance ne pourrait le laisser croire. Il nous faut maintenant tirer parti de toutes les bonnes volontés, pour que nos deux pays se rapprochent encore davantage. C'est le souhait que je formule, M. le vice-Président, en levant mon verre à votre santé et à votre réussite, à la santé de notre équipe, à la santé du Président Mandela, au bonheur du peuple sud-africain et à l'amitié entre la France et l'Afrique du Sud.


(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2002)