Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants du Corps diplomatique
Mesdames et Messieurs,
C'est un très beau symbole qui nous réunit aujourd'hui, celui de l'amitié franco-namibienne. Cette amitié, le président de la République française était venu vous la manifester personnellement, Monsieur le Président, ainsi qu'à tout le peuple namibien, il y a un peu plus de deux ans. A cette occasion, il avait posé avec vous la première pierre de ce magnifique édifice que nous avons le plaisir d'inaugurer aujourd'hui.
Membre de la délégation présidentielle, j'avais pu déjà goûter la chaleur de l'hospitalité namibienne. C'est une vraie joie, malgré un calendrier chargé, dû aux obligations de la présidence européenne par la France, que j'éprouve à me retrouver avec vous, cette année, où la Namibie a célébré, dans la paix et la démocratie retrouvée, dix ans d'indépendance, indépendance pour laquelle, vous le savez, la France s'était portée sans condition à vos côtés.
Ils ne sont pas si nombreux les pays de ce continent, qui peuvent s'enorgueillir d'un bilan aussi flatteur.
Monsieur le Président,
Vous avez réussi, avec l'ensemble du peuple namibien, en surmontant les dissensions du passé, qui n'étaient pas seulement celles de la colonisation, le pari de la réconciliation nationale.
L'année 2000 a mis la Namibie en bonne place sur la scène internationale : cette année, en effet, la Namibie a présidé avec succès l'Assemblée générale des Nations unies, avec le Sommet du Millénaire, avant de présider le Sommet annuel de la Communauté de développement de l'Afrique australe. Hier à Gaborone, j'avais le privilège de co-présider la 4ème Conférence Union européenne/SADC, aux côtés de Théo Ben Gurirab, votre ministre des Affaires étrangères.
La démocratie, la réconciliation nationale, la reconnaissance internationale : voilà une impressionnante liste de succès, largement dus à votre persévérance, votre engagement, votre stature.
Mais, ils ne doivent pas occulter les difficultés : je pense, bien sûr en premier lieu, au conflit angolais avec ses répercussions sur la sécurité quotidienne des habitants des zones frontalières. Et comment ne pas évoquer, à cette occasion, la mémoire de Michael, Aurélie et Cécile Bidoin, arrachés par des mains criminelles à l'amour et aux soins de leurs parents.
Monsieur le Président,
Vous avez partagé avec le chef de l'Etat et le peuple français la tristesse de ces disparitions. Je ne doute pas qu'un jour - que je souhaite proche - grâce à la coopération de nos services de police, qui se sont rendus sur place, à l'action de la justice, on pourra juger les assassins de ces trois enfants.
Mais la Namibie doit aussi faire face à la pauvreté, aux inégalités sociales, héritage des injustices du passé et à ce fléau du sida - auquel la Journée mondiale qui lui est consacrée invite, aujourd'hui, à une particulière attention - qui, partout dans le monde, mais spécialement sur le continent africain et plus encore en Afrique australe, menace le présent et le futur de nos sociétés.
Je me réjouis que la coopération française en Namibie ait fait de la lutte contre le sida un facteur commun de nos projets de développement : l'éducation, le développement rural, l'enseignement du français, l'appui au secteur audiovisuel, tout a été prétexte à prévenir l'expansion du virus.
Au niveau international, la France - qui a proposé la création d'un centre international pour la lutte anti-sida - se bat aussi pour diminuer les inégalités choquantes dans le traitement des malades entre les pays riches et les pays riches et les pays en développement.
Mesdames et Messieurs,
Nous savons que la culture joue un rôle fondamental dans la capacité des sociétés humaines à adapter leurs comportements à des situations nouvelles, disposition indispensable à toute société en transformation.
Parce qu'aucune économie ne peut progresser sans ce goût de liberté, de l'innovation et du dialogue qui sont au cur même de l'idée de culture, il n'y a pas de progrès durable d'une société sans un développement culturel.
Car la culture est d'abord un instrument de dialogue : dialogue intérieur de chaque homme avec lui-même, dialogue entre l'artiste et son public, dialogue entre communautés et nations. Elle est cette part mystérieuse qui donne un sens à chaque destinée.
Le Centre culturel franco-namibien est - sera davantage demain, grâce à ses nouveaux bâtiments - cet instrument de dialogue.
On y apprend le français, cette langue qui n'appartient pas qu'à notre pays mais qui est aussi la langue officielle, ou la langue de communication, de près de la moitié de l'Afrique et dont l'usage, je m'en réjouis, se développe rapidement en Afrique australe. Faut-il rappeler que le français a été introduit comme troisième langue officielle de la SADC.
Mais ce n'est pas à nos amis namibiens que je vais rappeler les mérites de la pluralité linguistique : ils ont la pratique naturellement.
Le Centre culturel franco-namibien est avant tout un lieu de rencontre, que symbolise le flamboyant Café des cultures ; tous les amoureux de la lecture, du cinéma, des arts plastiques y sont invités. Le nouveau centre a l'ambition d'être autant lieu de création que d'exposition et de diffusion. C'est une maison ouverte à tous où soufflera l'esprit de liberté et de créativité.
Il sera aussi le lieu où les Namibiens pourront prendre connaissance de notre système éducatif, de nos technologies innovantes, particulièrement celles de la communication.
Cette quête de la diversité dont le nouveau centre se veut ainsi le promoteur, c'est tout le sens du combat que la France, les 55 pays qui forment avec elle la Francophonie, et tous les autres qui les ont accompagnés dans ce combat, ont entrepris pour faire triompher le concept de diversité culturelle qui, seul, permet d'espérer que toutes les cultures et toutes les langues puissent être préservées, face au rouleau compresseur de la globalisation.
Cette diversité culturelle - notre héritage, notre richesse commune - doit être l'affaire de tous, de chacun d'entre nous mais aussi bien sûr des gouvernements, notamment ceux des pays les plus riches.
A cet égard, le nouveau Centre culturel franco-namibien témoigne qu'au-delà d'intérêts légitimes - économique et politique - notre coopération est la manifestation d'un idéal porteur de valeurs universelle, porteur d'enthousiasme et d'espérance, de partage et de compréhension mutuelle.
Souhaitons-lui une longue et heureuse vie, un plein succès - qui sera notre succès commun - et un véritable rayonnement national et régional.
Permettez-moi maintenant de porter un toast à dix ans d'indépendance namibienne, à dix de coopération, à dix ans de coopération, à dix ans d'amitié sans nuage entre la France et la Namibie.
Je vous remercie.
Vive la Namibie ! Vive la France !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2000)