Texte intégral
J'attendais cette réunion depuis longtemps et je voudrais en saluer la pertinence. Cette initiative vient à point nommé parce que notre souci, celui que nous partageons, est d'amener nos jeunes concitoyens à prendre conscience de choses nouvelles qui les concernent très directement, notamment les questions de défense; cela peut paraître étrange, surprenant au franchissement de ce siècle, que de s'interroger sur ces questions. Pourtant elles sont essentielles.
Avec l'enseignement de la défense nous touchons au cur des valeurs de la République, au cur des problèmes de Démocratie, et Madame la Rectrice de l'Académie de Toulouse a eu raison de souligner combien la nécessité de la défense, de sa compréhension, de son organisation, de son acceptation par la société toute entière, conditionneraient la paix, la sécurité et le progrès tout au long du XXIème siècle.
Notre souci est donc de savoir comment irriguer toute la société de l'esprit de défense au moment précis où la nation a fait un choix, celui de la professionnalisation de la défense, coupant ainsi le lien mythique, le lien réel et un peu mythique, qui était apporté par le service national obligatoire. Celui-ci sera suspendu effectivement le 31 décembre 2002. A partir de là, le pays a imaginé un certain nombre de procédures conduisant à la prise en compte par toute la société des questions de défense et c'est ainsi que la loi de 1997 confie à l'Education nationale une mission tout à fait essentielle, l'enseignement à la Défense. Il ne s'agit pas de décrire les instruments de Défense, mais de prendre cette question sous l'angle de la citoyenneté, de la responsabilité citoyenne et c'est pour cela que l'on s'est adressé à l'Education nationale, chargée de former des hommes et des femmes responsables, dotés des instruments critiques permettant à chacun d'apprécier sa vie, son environnement et de développer son intelligence sur des situations amenées à être dominées par l'esprit. Cette obligation citoyenne touche à l'essentiel et il ne sera pas commode d'enseigner cet esprit de défense, car on touche ici à des notions très difficilement perceptibles par la société actuelle. La Patrie : lorsque l'on aborde aujourd'hui la patrie, l'exercice est compliqué, trop compliqué peut-être. Donc il va falloir trouver les formulations appropriées, trouver les exemples qui permettront de faire comprendre ce qu'était la Patrie, ce qu'est peut-être encore la Patrie au XXIème siècle. Ceci nous renvoie à la Nation : cette notion est moins éloignée, moins difficile à appréhender peut-être que la Patrie. L'exemplarité de la Nation française, qui fait que nous ne sommes pas une addition de communautés, mais que la Nation transcende les différences et organise la vie en société à partir d'un socle de valeurs qui permettent à chaque homme, à chaque femme, de vivre sa personnalité, en acceptant l'autre dans sa différence, dans ses divergences. Et tout cela constitue au bout du compte la République française, cet ensemble de valeurs qu'il convient de défendre, qui motive par conséquent la société, au franchissement de ce siècle. Pour moi, on touche ici à l'essentiel parce qu'une société, c'est un peu le cas de la nôtre, a besoin de sens, de références, de savoir ce que l'on a envie de construire ensemble, et pourquoi on veut construire ensemble.
Madame la Rectrice nous a indiqué ici quel doit être le rôle de l'école : donner du sens à une société qui se cherche avec l'abolissement des frontières, un pouvoir politique qui n'est qu'un pouvoir parmi d'autres, les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui créent une nouvelle culture, de nouveaux rapports sociaux, de nouveaux modes de production, une nouvelle civilisation : ce que nous devons dire à ces jeunes, c'est que cela ne peut exister sans référence aux valeurs profondes qui sont les valeurs de notre histoire. Notre histoire c'est aussi l'histoire d'une France qui s'est engagée, qui a défendu ses frontières, qui a défendu ses valeurs, qui a organisé sa défense et qui doit continuer à organiser sa défense, non pas pour conquérir, non pas pour imposer, mais pour créer les conditions de la démocratie partout où cela est possible. Parce que sans démocratie il n'y a ni paix, ni progrès : la clef de la paix, au XXIème siècle, ce sera le respect des valeurs démocratiques, des valeurs fondamentales et la France dispose ici d'un grand message, message universel exprimé par sa devise.
Quand je parle de l'esprit de défense, quand j'en parle aux jeunes, c'est ce que j'ai envie de leur dire, et c'est ce que j'attends de notre réflexion. Je suis venu ce matin, écouter, éventuellement participer, et surtout m'inspirer de tout ce qui va être dit car, dans le gouvernement, j'ai la responsabilité du lien entre la nation et son armée, de faire vivre la journée d'appel de préparation à la défense, donc d'irriguer ce pays de son devoir et de son travail de mémoire parce que l'esprit de défense doit aussi s'appuyer sur ce devoir de mémoire avec des lieux de mémoire.Car la société du XXIème siècle, aussi différente soit-elle de celle du début du XXème siècle, trouve son origine dans cette histoire commune.
Une fois que j'ai dit cela, le pourquoi ", " le comment " c'est le rôle de l'Education nationale, c'est cette relation, cette qualité d'échanges qui existe dans les trinômes académiques, mais qu'il faudra probablement irriguer encore plus large pour faire comprendre cet esprit de défense. Cela suppose des programmes : ils existent. Je suppose que dans l'Education nationale les circulaires ne manquent pas comme dans d'autres administrations, mais il va falloir former avec les instruments que vous avez à votre disposition, les IUFM, les formations continues, les supports pédagogiques. Le support pédagogique va être essentiel pour constituer le fil conducteur et l'harmonisation, car on ne peut laisser chaque enseignant aborder à sa façon la question essentielle de l'esprit de défense. Je ne le conçois pas, intellectuellement et surtout politiquement. Par conséquent il faut bien donner un fil conducteur organisé autour de ce que vous avez dit, c'est-à-dire la construction de la citoyenneté des jeunes générations qui ne peuvent pas faire l'impasse sur les questions de défense. Il faut donc restituer la défense dans son contexte actuel : ce n'est plus de porter des poitrines à la frontière de l'Est pour arrêter un quelconque envahisseur, c'est la connaissance des enjeux géopolitiques du XXIème siècle, où la menace est diffuse, asymétrique, où elle peut venir de partout. On touche ici à l'environnement international qui crée davantage d'insécurité qu'il n'y en a jamais eu probablement dans l'histoire de l'humanité, car la menace échappe aux Etats organisés. Ce dépérissement des Etats ouvre la porte à des menaces qui n'ont plus rien de structuré, qui passent par des filières de mafias, d'expressions tout à fait diverses, de comportements culturels nouveaux : cela est la réalité du XXIème siècle. Il est important que les citoyens en aient conscience, ne serait-ce que pour accepter l'impôt qui doit être payé pour financer les outils, les instruments, la politique de défense. Il s'agit donc bien de former des citoyens éclairés. C'est d'abord le rôle de l'école à qui on demande beaucoup, sans doute trop, mais on ne demande qu'à ceux qui peuvent donner cette chose essentielle, cet esprit de responsabilité, de regard critique, pour construire des hommes et des femmes responsables, capables de juger leur environnement, d'exprimer leur responsabilité.
Voilà ce que je souhaitais dire. Cet esprit de défense, ce n'est pas seulement ce qui nous renvoie vers un passé. Il faut connaître ce passé. Il faut s'appuyer sur le devoir de mémoire pour mieux comprendre ce qu'ont été les notions de Patrie, de Nation, de sacrifice, d'engagement et déboucher sur la Citoyenneté du XXIème siècle.
C'est quoi ?
On est ensemble dans une société pour faire quoi ?
Quelles sont les valeurs qui nous réunissent et qui transcendent nos différences.Qui justifient qu'on ait envie d'aller de l'avant.
Qu'est ce que l'on veut construire ?
On veut construire une société de paix, de sécurité, de progrès, parce que sans cela il n'y a pas de progrès de l'humanité, et le rôle de l'éducation c'est bien de tirer vers le haut les hommes, les femmes, dans la construction d'un monde que nous souhaitons toujours fonder sur des valeurs et, pour nous, sur les valeurs de la République, parce que c'est le message universel que nous offrons à notre société. Il faut lui donner du sens aujourd'hui au-delà de toutes les situations d'égoïsme, d'approche individuelle. Il faut veiller à ce que les valeurs personnelles ne viennent pas contredire par trop les valeurs de l'ensemble. Il faut que les valeurs de l'ensemble soient l'épine dorsale, y compris dans une approche individuelle de la société. C'est un problème essentiel, c'est un des ciments de la société et une des clefs de la démocratie du XXIème siècle. Et j'insiste là-dessus, sans démocratie, il n'y aura que de l'insécurité. "
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 janvier 2001)
Avec l'enseignement de la défense nous touchons au cur des valeurs de la République, au cur des problèmes de Démocratie, et Madame la Rectrice de l'Académie de Toulouse a eu raison de souligner combien la nécessité de la défense, de sa compréhension, de son organisation, de son acceptation par la société toute entière, conditionneraient la paix, la sécurité et le progrès tout au long du XXIème siècle.
Notre souci est donc de savoir comment irriguer toute la société de l'esprit de défense au moment précis où la nation a fait un choix, celui de la professionnalisation de la défense, coupant ainsi le lien mythique, le lien réel et un peu mythique, qui était apporté par le service national obligatoire. Celui-ci sera suspendu effectivement le 31 décembre 2002. A partir de là, le pays a imaginé un certain nombre de procédures conduisant à la prise en compte par toute la société des questions de défense et c'est ainsi que la loi de 1997 confie à l'Education nationale une mission tout à fait essentielle, l'enseignement à la Défense. Il ne s'agit pas de décrire les instruments de Défense, mais de prendre cette question sous l'angle de la citoyenneté, de la responsabilité citoyenne et c'est pour cela que l'on s'est adressé à l'Education nationale, chargée de former des hommes et des femmes responsables, dotés des instruments critiques permettant à chacun d'apprécier sa vie, son environnement et de développer son intelligence sur des situations amenées à être dominées par l'esprit. Cette obligation citoyenne touche à l'essentiel et il ne sera pas commode d'enseigner cet esprit de défense, car on touche ici à des notions très difficilement perceptibles par la société actuelle. La Patrie : lorsque l'on aborde aujourd'hui la patrie, l'exercice est compliqué, trop compliqué peut-être. Donc il va falloir trouver les formulations appropriées, trouver les exemples qui permettront de faire comprendre ce qu'était la Patrie, ce qu'est peut-être encore la Patrie au XXIème siècle. Ceci nous renvoie à la Nation : cette notion est moins éloignée, moins difficile à appréhender peut-être que la Patrie. L'exemplarité de la Nation française, qui fait que nous ne sommes pas une addition de communautés, mais que la Nation transcende les différences et organise la vie en société à partir d'un socle de valeurs qui permettent à chaque homme, à chaque femme, de vivre sa personnalité, en acceptant l'autre dans sa différence, dans ses divergences. Et tout cela constitue au bout du compte la République française, cet ensemble de valeurs qu'il convient de défendre, qui motive par conséquent la société, au franchissement de ce siècle. Pour moi, on touche ici à l'essentiel parce qu'une société, c'est un peu le cas de la nôtre, a besoin de sens, de références, de savoir ce que l'on a envie de construire ensemble, et pourquoi on veut construire ensemble.
Madame la Rectrice nous a indiqué ici quel doit être le rôle de l'école : donner du sens à une société qui se cherche avec l'abolissement des frontières, un pouvoir politique qui n'est qu'un pouvoir parmi d'autres, les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui créent une nouvelle culture, de nouveaux rapports sociaux, de nouveaux modes de production, une nouvelle civilisation : ce que nous devons dire à ces jeunes, c'est que cela ne peut exister sans référence aux valeurs profondes qui sont les valeurs de notre histoire. Notre histoire c'est aussi l'histoire d'une France qui s'est engagée, qui a défendu ses frontières, qui a défendu ses valeurs, qui a organisé sa défense et qui doit continuer à organiser sa défense, non pas pour conquérir, non pas pour imposer, mais pour créer les conditions de la démocratie partout où cela est possible. Parce que sans démocratie il n'y a ni paix, ni progrès : la clef de la paix, au XXIème siècle, ce sera le respect des valeurs démocratiques, des valeurs fondamentales et la France dispose ici d'un grand message, message universel exprimé par sa devise.
Quand je parle de l'esprit de défense, quand j'en parle aux jeunes, c'est ce que j'ai envie de leur dire, et c'est ce que j'attends de notre réflexion. Je suis venu ce matin, écouter, éventuellement participer, et surtout m'inspirer de tout ce qui va être dit car, dans le gouvernement, j'ai la responsabilité du lien entre la nation et son armée, de faire vivre la journée d'appel de préparation à la défense, donc d'irriguer ce pays de son devoir et de son travail de mémoire parce que l'esprit de défense doit aussi s'appuyer sur ce devoir de mémoire avec des lieux de mémoire.Car la société du XXIème siècle, aussi différente soit-elle de celle du début du XXème siècle, trouve son origine dans cette histoire commune.
Une fois que j'ai dit cela, le pourquoi ", " le comment " c'est le rôle de l'Education nationale, c'est cette relation, cette qualité d'échanges qui existe dans les trinômes académiques, mais qu'il faudra probablement irriguer encore plus large pour faire comprendre cet esprit de défense. Cela suppose des programmes : ils existent. Je suppose que dans l'Education nationale les circulaires ne manquent pas comme dans d'autres administrations, mais il va falloir former avec les instruments que vous avez à votre disposition, les IUFM, les formations continues, les supports pédagogiques. Le support pédagogique va être essentiel pour constituer le fil conducteur et l'harmonisation, car on ne peut laisser chaque enseignant aborder à sa façon la question essentielle de l'esprit de défense. Je ne le conçois pas, intellectuellement et surtout politiquement. Par conséquent il faut bien donner un fil conducteur organisé autour de ce que vous avez dit, c'est-à-dire la construction de la citoyenneté des jeunes générations qui ne peuvent pas faire l'impasse sur les questions de défense. Il faut donc restituer la défense dans son contexte actuel : ce n'est plus de porter des poitrines à la frontière de l'Est pour arrêter un quelconque envahisseur, c'est la connaissance des enjeux géopolitiques du XXIème siècle, où la menace est diffuse, asymétrique, où elle peut venir de partout. On touche ici à l'environnement international qui crée davantage d'insécurité qu'il n'y en a jamais eu probablement dans l'histoire de l'humanité, car la menace échappe aux Etats organisés. Ce dépérissement des Etats ouvre la porte à des menaces qui n'ont plus rien de structuré, qui passent par des filières de mafias, d'expressions tout à fait diverses, de comportements culturels nouveaux : cela est la réalité du XXIème siècle. Il est important que les citoyens en aient conscience, ne serait-ce que pour accepter l'impôt qui doit être payé pour financer les outils, les instruments, la politique de défense. Il s'agit donc bien de former des citoyens éclairés. C'est d'abord le rôle de l'école à qui on demande beaucoup, sans doute trop, mais on ne demande qu'à ceux qui peuvent donner cette chose essentielle, cet esprit de responsabilité, de regard critique, pour construire des hommes et des femmes responsables, capables de juger leur environnement, d'exprimer leur responsabilité.
Voilà ce que je souhaitais dire. Cet esprit de défense, ce n'est pas seulement ce qui nous renvoie vers un passé. Il faut connaître ce passé. Il faut s'appuyer sur le devoir de mémoire pour mieux comprendre ce qu'ont été les notions de Patrie, de Nation, de sacrifice, d'engagement et déboucher sur la Citoyenneté du XXIème siècle.
C'est quoi ?
On est ensemble dans une société pour faire quoi ?
Quelles sont les valeurs qui nous réunissent et qui transcendent nos différences.Qui justifient qu'on ait envie d'aller de l'avant.
Qu'est ce que l'on veut construire ?
On veut construire une société de paix, de sécurité, de progrès, parce que sans cela il n'y a pas de progrès de l'humanité, et le rôle de l'éducation c'est bien de tirer vers le haut les hommes, les femmes, dans la construction d'un monde que nous souhaitons toujours fonder sur des valeurs et, pour nous, sur les valeurs de la République, parce que c'est le message universel que nous offrons à notre société. Il faut lui donner du sens aujourd'hui au-delà de toutes les situations d'égoïsme, d'approche individuelle. Il faut veiller à ce que les valeurs personnelles ne viennent pas contredire par trop les valeurs de l'ensemble. Il faut que les valeurs de l'ensemble soient l'épine dorsale, y compris dans une approche individuelle de la société. C'est un problème essentiel, c'est un des ciments de la société et une des clefs de la démocratie du XXIème siècle. Et j'insiste là-dessus, sans démocratie, il n'y aura que de l'insécurité. "
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 janvier 2001)