Texte intégral
G. Morin Ce matin vous êtes là pour parler de deux Présidents, celui des Etats-Unis et celui de France. Le 43ème Président des Etats-Unis sera G.- W. Bush, on le sait maintenant puisque A. Gore a reconnu sa défaite. C'est un long combat qui peut laisser beaucoup de traces, cette histoire de 36 jours sans savoir vraiment ?
- "Je ne crois pas. Je crois à la capacité pragmatique des Américains de faire gagner la démocratie. Il y a visiblement eu des dysfonctionnements dans le système électoral. Ils sont suffisamment techniciens pour les remettre en ordre. Et puis la démocratie américaine est très vivante, je crois qu'elle prendra le dessus. D'ailleurs, au bout du compte, Gore a été assez sport, il s'est incliné et a dit : " Il faut que la démocratie américaine soit victorieuse ", c'est cela l'important."
Vous vous réjouissez que ce soit un républicain qui gagne ?
- "Franchement, ce n'est pas mon problème, moi je suis Français"
Le RPR est peut-être plus proche de cette sensibilité...
- "C'est le Président des Etats-Unis, ce n'est pas le président de la France et je souhaite que ça ne le soit en aucune manière. Cela a peut-être des effets pour nous, Européens, en fonction de ce que sera la politique de Bush. Je crois qu'il sera sans doute peut-être plus isolationniste et donc il va davantage appeler l'Europe à prendre ses responsabilités, notamment en matière de défense. Finalement, c'est plutôt stimulant pour la construction européenne. En matière économique, il est peut-être plus libéral que Clinton et on a déjà vu que les économistes, les marchés, répondaient plus favorablement à cela. C'est peut-être, donc, davantage de croissance, moins de déficit américain au niveau du budget."
C'est le système des grands électeurs qui a conduit à cette situation, à savoir : A. Gore a la majorité des voix des électeurs et les grands électeurs, eux, sont plus nombreux pour G. Bush. C'est une situation que l'on peut retrouver en France à Paris, à Lyon ou à Marseille, dans les grandes villes qui agissent de cette façon ?
- "Oui, c'est le propre du système dans lequel il y a des grands électeurs qui ne représente pas nécessairement un équilibre démographique. G. Defferre, quand il était ministre de l'Intérieur, avait organisé le système électoral à Marseille de cette manière. Il avait une minorité de voix mais une majorité d'élus d'arrondissement et donc il a été maire de Marseille en étant minoritaire. Nous n'avons pas de leçons à donner."
Et à Paris, en mars prochain, cela peut aussi arriver ?
- "Non, je ne le crois pas."
Vous ne pensez pas ?
- "Le système est plus équilibré à Paris."
Vous voyez toujours P. Séguin bien placé pour continuer ce combat vers la victoire ?
- "Oui, je le crois et en tous les cas, ce que je vois, c'est la disparition totale de M. Delanoë dans la campagne. Finalement, la gauche en est à ce point qu'elle demande à la droite de voter le budget de Tiberi et finalement, elle ne parle plus que de Tiberi, je me demande s'il n'est pas devenu le candidat de la gauche."
C'est une façon un peu curieuse de renverser la situation qui n'est quand même pas favorable à la droite en ce moment qui se déchire.
- "Non, je ne le crois pas. Nous réglons notre problème, vous savez, des divisions, il y en a partout. Simplement, nous considérons que P. Séguin est un bien meilleur candidat que n'aurait pu l'être J. Tiberi qui n'est donc pas le nôtre."
Le Président de la République, J. Chirac, va intervenir ce soir à la télévision. On l'attend beaucoup, il devait sans doute attendre la fin du sommet de Nice. Il parlera du sommet de Nice, mais on l'attend aussi sur les questions comme le calendrier électoral voire les affaires de financements des partis qui ont fait beaucoup de bruit. Va-t-il parler de tout cela ?
-"D'abord, l'intervention de ce soir n'est pas destinée, me semble-t-il, à parler des affaires. Elle est d'abord destinée à informer les Français sur la chose la plus importante : Nice. Naturellement, le fonctionnement de notre démocratie et de la presse fait qu'on va lui poser des questions sur les affaires, il n'y a aucun doute là dessus. Mais ce n'est pas l'objet."
Oui, mais tout le monde sait qu'il est très attendu, il est demandé, il y a eu des sondages pour cela. Ses amis politiques, ses opposants politiques, tous ont dit : "Il faut parler monsieur le Président !".
- "Il a déjà dit qu'il n'était pas mêlé à cela malgré les rumeurs. Que peut-il dire d'autre sinon que la justice doit suivre son cours et qu'elle doit faire la part de la vérité, des responsabilités des uns et des autres, de la part des rumeurs ; il faut distinguer cela. Dans notre pays, en ce moment, chacun se prend pour un juge d'instruction, chacun se prend pour un procureur et finalement, c'est le respect des personnes et la présomption d'innocence qui sont malmenés par un tel comportement. Il faut faire confiance à la justice, c'est son rôle. Souvent, même, la justice se trompe ; des gens sont acquittés, des gens sont relaxés, y compris dans les affaires politico-judiciaires. Il faut donc être prudent."
Le fait que le président intervienne assez vite après le sommet de Nice, c'est pour parler de Nice mais cela veut dire aussi qu'il sent quand même qu'il y a le feu à la maison ?
- "C'est vrai que le climat des affaires n'est pas bon. Quoi qu'on en dise, il touche d'ailleurs tous les partis politiques, toutes les formations politiques. Le président est quand même dégagé de la vie interne des partis politiques depuis un certain temps mais il est aussi, évidemment, recherché pour avoir dans le passé été président du RPR. Mais il y en a autant à gauche qu'à droite. J'ai lu dans Le Monde, par exemple, que M. Jospin aurait - je dis cela avec prudence, naturellement - lui aussi bénéficié des financements du Conseil régional d'Ile-de-France. Je ne sais pas si c'est vrai mais c'est la justice qui va nous dire tout ça."
Vous pensez que le Président va renvoyer la balle dans le jardin de M. Jospin ce soir ?
- "Non, je pense que le Président pourrait - je ne sais pas ce qu'il dira - renvoyer la balle dans le jardin de la justice. C'est à elle de faire la part des choses et d'établir la vérité parce qu'il y a beaucoup de rumeurs, il y a aussi beaucoup de gens qui affirment des choses avec malice, parce qu'ils ont des intentions politiciennes."
Et puis il y a des faits ! Par exemple, le Parquet de Nanterre a fait appel hier de la relaxe prononcée par le tribunal correctionnel au bénéfice de Mme Casetta, celle que l'on présente comme la trésorière occulte du RPR. Cela veut dire qu'elle va être à nouveau poursuivie.
- "Je me demande d'ailleurs pourquoi le Parquet a fait appel. Il y a peut-être des raisons de droit que je ne connais pas, mais elle a été relaxée. Donc vous voyez tout ce que l'on avait dit - au moins sur cette affaire - la concernant, eh bien le tribunal a reconnu qu'elle était innocente, en tous les cas que l'on n'avait pas prouvé sa culpabilité. Dans une démocratie, dans un pays de droit, c'est ce qui compte. Il faut donc se méfier de tous les jugements sommaires que l'on fait sur les uns et sur les autres, on est très prompt à accuser les gens d'avoir commis le pire."
Toute dernière chose : vous pensez que le Président va donner son point de vue sur le calendrier électoral ?
- "Il l'a déjà donné. M. Jospin veut inverser le calendrier parce que cela l'arrange pour les élections présidentielles, parce que si elles ont lieu devant les élections législatives, on ne parlera pas de son bilan, on ne parlera pas des résultats assez douteux de sa politique pendant ces cinq années. C'est un moyen de se cacher."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 décembre 2000)
- "Je ne crois pas. Je crois à la capacité pragmatique des Américains de faire gagner la démocratie. Il y a visiblement eu des dysfonctionnements dans le système électoral. Ils sont suffisamment techniciens pour les remettre en ordre. Et puis la démocratie américaine est très vivante, je crois qu'elle prendra le dessus. D'ailleurs, au bout du compte, Gore a été assez sport, il s'est incliné et a dit : " Il faut que la démocratie américaine soit victorieuse ", c'est cela l'important."
Vous vous réjouissez que ce soit un républicain qui gagne ?
- "Franchement, ce n'est pas mon problème, moi je suis Français"
Le RPR est peut-être plus proche de cette sensibilité...
- "C'est le Président des Etats-Unis, ce n'est pas le président de la France et je souhaite que ça ne le soit en aucune manière. Cela a peut-être des effets pour nous, Européens, en fonction de ce que sera la politique de Bush. Je crois qu'il sera sans doute peut-être plus isolationniste et donc il va davantage appeler l'Europe à prendre ses responsabilités, notamment en matière de défense. Finalement, c'est plutôt stimulant pour la construction européenne. En matière économique, il est peut-être plus libéral que Clinton et on a déjà vu que les économistes, les marchés, répondaient plus favorablement à cela. C'est peut-être, donc, davantage de croissance, moins de déficit américain au niveau du budget."
C'est le système des grands électeurs qui a conduit à cette situation, à savoir : A. Gore a la majorité des voix des électeurs et les grands électeurs, eux, sont plus nombreux pour G. Bush. C'est une situation que l'on peut retrouver en France à Paris, à Lyon ou à Marseille, dans les grandes villes qui agissent de cette façon ?
- "Oui, c'est le propre du système dans lequel il y a des grands électeurs qui ne représente pas nécessairement un équilibre démographique. G. Defferre, quand il était ministre de l'Intérieur, avait organisé le système électoral à Marseille de cette manière. Il avait une minorité de voix mais une majorité d'élus d'arrondissement et donc il a été maire de Marseille en étant minoritaire. Nous n'avons pas de leçons à donner."
Et à Paris, en mars prochain, cela peut aussi arriver ?
- "Non, je ne le crois pas."
Vous ne pensez pas ?
- "Le système est plus équilibré à Paris."
Vous voyez toujours P. Séguin bien placé pour continuer ce combat vers la victoire ?
- "Oui, je le crois et en tous les cas, ce que je vois, c'est la disparition totale de M. Delanoë dans la campagne. Finalement, la gauche en est à ce point qu'elle demande à la droite de voter le budget de Tiberi et finalement, elle ne parle plus que de Tiberi, je me demande s'il n'est pas devenu le candidat de la gauche."
C'est une façon un peu curieuse de renverser la situation qui n'est quand même pas favorable à la droite en ce moment qui se déchire.
- "Non, je ne le crois pas. Nous réglons notre problème, vous savez, des divisions, il y en a partout. Simplement, nous considérons que P. Séguin est un bien meilleur candidat que n'aurait pu l'être J. Tiberi qui n'est donc pas le nôtre."
Le Président de la République, J. Chirac, va intervenir ce soir à la télévision. On l'attend beaucoup, il devait sans doute attendre la fin du sommet de Nice. Il parlera du sommet de Nice, mais on l'attend aussi sur les questions comme le calendrier électoral voire les affaires de financements des partis qui ont fait beaucoup de bruit. Va-t-il parler de tout cela ?
-"D'abord, l'intervention de ce soir n'est pas destinée, me semble-t-il, à parler des affaires. Elle est d'abord destinée à informer les Français sur la chose la plus importante : Nice. Naturellement, le fonctionnement de notre démocratie et de la presse fait qu'on va lui poser des questions sur les affaires, il n'y a aucun doute là dessus. Mais ce n'est pas l'objet."
Oui, mais tout le monde sait qu'il est très attendu, il est demandé, il y a eu des sondages pour cela. Ses amis politiques, ses opposants politiques, tous ont dit : "Il faut parler monsieur le Président !".
- "Il a déjà dit qu'il n'était pas mêlé à cela malgré les rumeurs. Que peut-il dire d'autre sinon que la justice doit suivre son cours et qu'elle doit faire la part de la vérité, des responsabilités des uns et des autres, de la part des rumeurs ; il faut distinguer cela. Dans notre pays, en ce moment, chacun se prend pour un juge d'instruction, chacun se prend pour un procureur et finalement, c'est le respect des personnes et la présomption d'innocence qui sont malmenés par un tel comportement. Il faut faire confiance à la justice, c'est son rôle. Souvent, même, la justice se trompe ; des gens sont acquittés, des gens sont relaxés, y compris dans les affaires politico-judiciaires. Il faut donc être prudent."
Le fait que le président intervienne assez vite après le sommet de Nice, c'est pour parler de Nice mais cela veut dire aussi qu'il sent quand même qu'il y a le feu à la maison ?
- "C'est vrai que le climat des affaires n'est pas bon. Quoi qu'on en dise, il touche d'ailleurs tous les partis politiques, toutes les formations politiques. Le président est quand même dégagé de la vie interne des partis politiques depuis un certain temps mais il est aussi, évidemment, recherché pour avoir dans le passé été président du RPR. Mais il y en a autant à gauche qu'à droite. J'ai lu dans Le Monde, par exemple, que M. Jospin aurait - je dis cela avec prudence, naturellement - lui aussi bénéficié des financements du Conseil régional d'Ile-de-France. Je ne sais pas si c'est vrai mais c'est la justice qui va nous dire tout ça."
Vous pensez que le Président va renvoyer la balle dans le jardin de M. Jospin ce soir ?
- "Non, je pense que le Président pourrait - je ne sais pas ce qu'il dira - renvoyer la balle dans le jardin de la justice. C'est à elle de faire la part des choses et d'établir la vérité parce qu'il y a beaucoup de rumeurs, il y a aussi beaucoup de gens qui affirment des choses avec malice, parce qu'ils ont des intentions politiciennes."
Et puis il y a des faits ! Par exemple, le Parquet de Nanterre a fait appel hier de la relaxe prononcée par le tribunal correctionnel au bénéfice de Mme Casetta, celle que l'on présente comme la trésorière occulte du RPR. Cela veut dire qu'elle va être à nouveau poursuivie.
- "Je me demande d'ailleurs pourquoi le Parquet a fait appel. Il y a peut-être des raisons de droit que je ne connais pas, mais elle a été relaxée. Donc vous voyez tout ce que l'on avait dit - au moins sur cette affaire - la concernant, eh bien le tribunal a reconnu qu'elle était innocente, en tous les cas que l'on n'avait pas prouvé sa culpabilité. Dans une démocratie, dans un pays de droit, c'est ce qui compte. Il faut donc se méfier de tous les jugements sommaires que l'on fait sur les uns et sur les autres, on est très prompt à accuser les gens d'avoir commis le pire."
Toute dernière chose : vous pensez que le Président va donner son point de vue sur le calendrier électoral ?
- "Il l'a déjà donné. M. Jospin veut inverser le calendrier parce que cela l'arrange pour les élections présidentielles, parce que si elles ont lieu devant les élections législatives, on ne parlera pas de son bilan, on ne parlera pas des résultats assez douteux de sa politique pendant ces cinq années. C'est un moyen de se cacher."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 décembre 2000)