Texte intégral
O. Mazerolle Vous êtes candidat à la mairie de Lyon et vous venez de demander pardon aux Lyonnais. Pardon pour quoi exactement ?
- "Si j'ai demandé pardon, c'est que je sens que demain, je peux être maire de Lyon. La grande manifestation qui s'est tenue le 15 janvier a démontré que de nombreux Lyonnais approuvent ma démarche - ils étaient plus de 5 000 à la cité internationale. C'est à partir de ce constat que j'ai décidé d'entreprendre une démarche de réconciliation entre tous les Lyonnais. Un maire de Lyon ne peut pas être le maire d'un groupe ou d'une faction : il doit être le maire de tous les Lyonnais. Les événements de la région ont été un psychodrame et j'ai pensé que je devais offrir mon pardon à tous ceux qui m'avaient injurié, insulté, calomnié. C'est ce que j'ai fait. Et d'autre part, demander pardon à ceux que les événements des 1998 avaient choqué et offusqué."
C'était donc choquant ? Lorsque vous parlez "événements", c'est un terme pudique : en fait, c'était une alliance ou une concertation avec le Front national !
- "On ne va pas revenir sur ces événements, tout le monde les connaît. Il y a simplement eu des voix qui se sont portées sur mon nom, et à partir de ce moment-là, il y a eu un psychodrame - organisé ou instantané, je n'en sais rien. Il faudrait maintenant savoir tourner la page. J'ai tourné la page, je dis pardon à ceux qui m'ont injurié et insulté, je demande pardon à ceux qui auraient été choqués ou blessés. Maintenant, il faut engager une vraie bagarre pour Lyon, parce que ce n'est pas parce que Paris paraît perdue qu'on va brader Lyon. Lyon peut être gagnée par toutes celles et tous ceux qui sont attachés à des valeurs d'initiative et de responsabilité, de liberté et de générosité. Je veux gagner Lyon !"
Vous parlez de tourner la page, mais R. Barre, par exemple, vous dit qu'il faut reconnaître que 1998 était une erreur politique.
- "R. Barre ne dit pas tout à fait cela : "C. Millon, réconciliez-vous avec l'électorat républicain."
Et il dit que c'était une erreur politique.
- "La manifestation du lundi 15 janvier a été la démonstration que l'électorat de Lyon est en train de retrouver les chemins que je suis en train d'emprunter."
1998, était-ce une erreur politique ?
- "J'ai été mal compris. Peut-être -sans doute - aurait-il fallu qu'il y ait une meilleure explication vis-à-vis du public, vis-à-vis des Lyonnais, vis-à-vis des Français. En toute hypothèse, aujourd'hui, c'est un acte du passé. Il faut savoir les clore."
Est-ce que ce n'est pas un peu facile quand même ? Il y a beaucoup de gens que cela a offusqué...
- "C'est pour cela que je demande pardon."
Est-ce que vous êtes prêt à aller jusqu'à dire que vous avez commis une erreur politique ?
- "Je ne vois vraiment pas l'intérêt. On ne va pas continuer à parler de cela durant des années. L'intérêt aujourd'hui est de savoir si on peut reconquérir Lyon. Je réponds : "oui !" C'est la raison pour laquelle je souhaite que les Lyonnais se réconcilient avec eux-mêmes. C'est pourquoi j'ai entrepris cette démarche."
Pouvez-vous être l'homme de la réconciliation ?
- "Je l'ai entreprise au moment où je n'en avais pas besoin. Personne ne pensait en réalité que j'allais pouvoir emprunter cet itinéraire ; personne ne pensait que j'allais être capable d'aller à la rencontre des Lyonnais comme je l'ai fait avec des dizaines et des centaines de personnes ; personne ne pensait qu'il y allait avoir cette rencontre incarnée par la réunion du 15 janvier. C'est parce qu'il y a eu tout cela, puisque je sens que demain je peux être maire de Lyon, que je vais affirmer cette démarche de réconciliation."
En 1998, vous avez fondé un parti au niveau national qui s'intitulait La Droite. Et les électeurs de droite vous ont dit "non", vous avez subi un échec.
- "Je ne comprends pas."
Vous avez subi un échec, La Droite n'a pas fait de percée au niveau national !
- "Je ne sais pas si elle a fait une percée, mais actuellement, j'ai près de 6 000 personnes que je forme, qui sont candidats sur des dizaines de listes en France, qui prennent des responsabilités. Je ne dis pas que c'est un parti de masse, mais c'est une formation de conviction, de valeur..."
Je vous posais cette question parce qu'on pourrait se demander si la ville de Lyon est une ville à part en France. Avez-vous le sentiment que les Lyonnais sont prêts à accepter ce que les électeurs de droite n'ont pas accepté ailleurs, c'est-à-dire cette coopération avec le Front national ?
- "Si on continue à dire des calomnies, je vais vous reprendre la phrase de V. Hugo qui écrivait "les calomnies qui poussent dans les journaux, c'est comme de l'herbe dans un pré, cela pousse tout seul." J'ai changé de pré ! Je ne vais pas continuellement laissé dire des calomnies, mettre une loi du soupçon pesant sur la vie politique ! Tout le monde sait quelle a été la nature des événements. On ne va pas y revenir maintenant. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai clos le dossier par ce double pardon, le pardon que j'ai offert et le pardon que j'ai demandé. C'est un point sur lequel je voulais revenir. Deuxièmement, à Lyon, il y a une majorité de Lyonnais qui ne souhaitent pas que la ville soit gérée par la gauche."
Mais pourquoi vous et pas M. Mercier qui a été choisi par les partis politiques de droite ?
- "Pour une raison tout à fait simple : j'ai engagé une démarche de rassemblement, une démarche qui n'exclut pas, autour d'un projet politique, en disant que toutes celles et tous ceux qui partagent ce projet peuvent venir se réunir, quelle que soit la famille politique dans laquelle ils sont inscrits, quelle que soit leur démarche personnelle ou leur engagement professionnel. Cela paraît réussir, puisqu'aujourd'hui, dans tous les arrondissements, nous avons des dizaines et des centaines de personnes qui viennent nous rejoindre. De l'autre côté, c'est une démarche partisane : ce sont les partis qui, à Paris, ont décidé que Lyon devait être prise en main par l'UDF à partir d'une somme partisane qui, malheureusement, a engagé une démarche d'exclusion, puisque dès le départ on a dit qu'on ne voulait pas de tel ou tel et qu'au second tour, on n'allait pas fusionner les listes - ce que je propose -, mais qu'on allait simplement se retirer - ce que j'appelle une politique à la Ponce Pilate, parce que cela signifie ne pas choisir."
Pour beaucoup, vous sentez quand même le soufre. Ne craignez-vous pas, si vous deviez être élu maire de Lyon, que la ville soit mise en quarantaine par le reste du pays et que les accords internationaux que la ville a avec d'autres villes européennes soient un peu mis en cause ?
- "Mais qu'est-ce que cela signifie ?! J'ai été reçu à Barcelone il y a un mois, j'ai des contacts permanents avec la Lombardie, j'ai été reçu par des élus américains il y a quelques jours, je rencontre les consuls, les ambassadeurs et les hommes politiques... Je veux bien qu'on construise des images et qu'on veuille détruire des personnages mais je n'en serais pas l'instrument. Aujourd'hui, je demande une seule chose, parce que je crois que l'acte républicain et démocratique par excellence, c'est se soumettre au choix des électeurs : un homme, une voix. Demain, je serai devant les électeurs lyonnais. On verra les résultats et on verra à ce moment-là que les calomnies, les soupçons, le climat complètement fétide qui a été utilisé ou enflé par un certain nombre de personnes, est complètement désavoué par une grande majorité des Lyonnais."
La communauté juive lyonnaise dit qu'elle s'est sentie trahie par votre attitude en 1998. Vous avez quelque chose de spécifique à lui dire ?
"Je lui rappelle simplement qu'elle devrait se souvenir, si elle le veut bien, d'un ministre de la Défense qui est allé en Israël, après des événements qui avaient, j'allais dire abîmé, les relations entre Israël et la France. Sur la demande du Président de la République, en tant que ministre de la Défense, je suis allé quatre jours pour pouvoir participer à la retrouvaille entre la France et Israël. A l'époque, la communauté juive était venue me remercier. Ce n'est pas parce qu'il y a eu des événements qui ont été interprétés différemment par les uns et par les autres, que l'homme a changé. Je leur dis d'une manière tout à fait claire que celui qui a été leur ami et qui est leur ami n'a pas changé.
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 janvier 2001)
- "Si j'ai demandé pardon, c'est que je sens que demain, je peux être maire de Lyon. La grande manifestation qui s'est tenue le 15 janvier a démontré que de nombreux Lyonnais approuvent ma démarche - ils étaient plus de 5 000 à la cité internationale. C'est à partir de ce constat que j'ai décidé d'entreprendre une démarche de réconciliation entre tous les Lyonnais. Un maire de Lyon ne peut pas être le maire d'un groupe ou d'une faction : il doit être le maire de tous les Lyonnais. Les événements de la région ont été un psychodrame et j'ai pensé que je devais offrir mon pardon à tous ceux qui m'avaient injurié, insulté, calomnié. C'est ce que j'ai fait. Et d'autre part, demander pardon à ceux que les événements des 1998 avaient choqué et offusqué."
C'était donc choquant ? Lorsque vous parlez "événements", c'est un terme pudique : en fait, c'était une alliance ou une concertation avec le Front national !
- "On ne va pas revenir sur ces événements, tout le monde les connaît. Il y a simplement eu des voix qui se sont portées sur mon nom, et à partir de ce moment-là, il y a eu un psychodrame - organisé ou instantané, je n'en sais rien. Il faudrait maintenant savoir tourner la page. J'ai tourné la page, je dis pardon à ceux qui m'ont injurié et insulté, je demande pardon à ceux qui auraient été choqués ou blessés. Maintenant, il faut engager une vraie bagarre pour Lyon, parce que ce n'est pas parce que Paris paraît perdue qu'on va brader Lyon. Lyon peut être gagnée par toutes celles et tous ceux qui sont attachés à des valeurs d'initiative et de responsabilité, de liberté et de générosité. Je veux gagner Lyon !"
Vous parlez de tourner la page, mais R. Barre, par exemple, vous dit qu'il faut reconnaître que 1998 était une erreur politique.
- "R. Barre ne dit pas tout à fait cela : "C. Millon, réconciliez-vous avec l'électorat républicain."
Et il dit que c'était une erreur politique.
- "La manifestation du lundi 15 janvier a été la démonstration que l'électorat de Lyon est en train de retrouver les chemins que je suis en train d'emprunter."
1998, était-ce une erreur politique ?
- "J'ai été mal compris. Peut-être -sans doute - aurait-il fallu qu'il y ait une meilleure explication vis-à-vis du public, vis-à-vis des Lyonnais, vis-à-vis des Français. En toute hypothèse, aujourd'hui, c'est un acte du passé. Il faut savoir les clore."
Est-ce que ce n'est pas un peu facile quand même ? Il y a beaucoup de gens que cela a offusqué...
- "C'est pour cela que je demande pardon."
Est-ce que vous êtes prêt à aller jusqu'à dire que vous avez commis une erreur politique ?
- "Je ne vois vraiment pas l'intérêt. On ne va pas continuer à parler de cela durant des années. L'intérêt aujourd'hui est de savoir si on peut reconquérir Lyon. Je réponds : "oui !" C'est la raison pour laquelle je souhaite que les Lyonnais se réconcilient avec eux-mêmes. C'est pourquoi j'ai entrepris cette démarche."
Pouvez-vous être l'homme de la réconciliation ?
- "Je l'ai entreprise au moment où je n'en avais pas besoin. Personne ne pensait en réalité que j'allais pouvoir emprunter cet itinéraire ; personne ne pensait que j'allais être capable d'aller à la rencontre des Lyonnais comme je l'ai fait avec des dizaines et des centaines de personnes ; personne ne pensait qu'il y allait avoir cette rencontre incarnée par la réunion du 15 janvier. C'est parce qu'il y a eu tout cela, puisque je sens que demain je peux être maire de Lyon, que je vais affirmer cette démarche de réconciliation."
En 1998, vous avez fondé un parti au niveau national qui s'intitulait La Droite. Et les électeurs de droite vous ont dit "non", vous avez subi un échec.
- "Je ne comprends pas."
Vous avez subi un échec, La Droite n'a pas fait de percée au niveau national !
- "Je ne sais pas si elle a fait une percée, mais actuellement, j'ai près de 6 000 personnes que je forme, qui sont candidats sur des dizaines de listes en France, qui prennent des responsabilités. Je ne dis pas que c'est un parti de masse, mais c'est une formation de conviction, de valeur..."
Je vous posais cette question parce qu'on pourrait se demander si la ville de Lyon est une ville à part en France. Avez-vous le sentiment que les Lyonnais sont prêts à accepter ce que les électeurs de droite n'ont pas accepté ailleurs, c'est-à-dire cette coopération avec le Front national ?
- "Si on continue à dire des calomnies, je vais vous reprendre la phrase de V. Hugo qui écrivait "les calomnies qui poussent dans les journaux, c'est comme de l'herbe dans un pré, cela pousse tout seul." J'ai changé de pré ! Je ne vais pas continuellement laissé dire des calomnies, mettre une loi du soupçon pesant sur la vie politique ! Tout le monde sait quelle a été la nature des événements. On ne va pas y revenir maintenant. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai clos le dossier par ce double pardon, le pardon que j'ai offert et le pardon que j'ai demandé. C'est un point sur lequel je voulais revenir. Deuxièmement, à Lyon, il y a une majorité de Lyonnais qui ne souhaitent pas que la ville soit gérée par la gauche."
Mais pourquoi vous et pas M. Mercier qui a été choisi par les partis politiques de droite ?
- "Pour une raison tout à fait simple : j'ai engagé une démarche de rassemblement, une démarche qui n'exclut pas, autour d'un projet politique, en disant que toutes celles et tous ceux qui partagent ce projet peuvent venir se réunir, quelle que soit la famille politique dans laquelle ils sont inscrits, quelle que soit leur démarche personnelle ou leur engagement professionnel. Cela paraît réussir, puisqu'aujourd'hui, dans tous les arrondissements, nous avons des dizaines et des centaines de personnes qui viennent nous rejoindre. De l'autre côté, c'est une démarche partisane : ce sont les partis qui, à Paris, ont décidé que Lyon devait être prise en main par l'UDF à partir d'une somme partisane qui, malheureusement, a engagé une démarche d'exclusion, puisque dès le départ on a dit qu'on ne voulait pas de tel ou tel et qu'au second tour, on n'allait pas fusionner les listes - ce que je propose -, mais qu'on allait simplement se retirer - ce que j'appelle une politique à la Ponce Pilate, parce que cela signifie ne pas choisir."
Pour beaucoup, vous sentez quand même le soufre. Ne craignez-vous pas, si vous deviez être élu maire de Lyon, que la ville soit mise en quarantaine par le reste du pays et que les accords internationaux que la ville a avec d'autres villes européennes soient un peu mis en cause ?
- "Mais qu'est-ce que cela signifie ?! J'ai été reçu à Barcelone il y a un mois, j'ai des contacts permanents avec la Lombardie, j'ai été reçu par des élus américains il y a quelques jours, je rencontre les consuls, les ambassadeurs et les hommes politiques... Je veux bien qu'on construise des images et qu'on veuille détruire des personnages mais je n'en serais pas l'instrument. Aujourd'hui, je demande une seule chose, parce que je crois que l'acte républicain et démocratique par excellence, c'est se soumettre au choix des électeurs : un homme, une voix. Demain, je serai devant les électeurs lyonnais. On verra les résultats et on verra à ce moment-là que les calomnies, les soupçons, le climat complètement fétide qui a été utilisé ou enflé par un certain nombre de personnes, est complètement désavoué par une grande majorité des Lyonnais."
La communauté juive lyonnaise dit qu'elle s'est sentie trahie par votre attitude en 1998. Vous avez quelque chose de spécifique à lui dire ?
"Je lui rappelle simplement qu'elle devrait se souvenir, si elle le veut bien, d'un ministre de la Défense qui est allé en Israël, après des événements qui avaient, j'allais dire abîmé, les relations entre Israël et la France. Sur la demande du Président de la République, en tant que ministre de la Défense, je suis allé quatre jours pour pouvoir participer à la retrouvaille entre la France et Israël. A l'époque, la communauté juive était venue me remercier. Ce n'est pas parce qu'il y a eu des événements qui ont été interprétés différemment par les uns et par les autres, que l'homme a changé. Je leur dis d'une manière tout à fait claire que celui qui a été leur ami et qui est leur ami n'a pas changé.
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 janvier 2001)