Texte intégral
C'est la quatrième fois depuis ma prise de fonction que j'ai le plaisir de vous présenter mes voeux de bonne année.
Sur le plan personnel, je souhaite que l'année à venir vous apporte santé, bonheur et épanouissement. Je vous souhaite aussi beaucoup de réussite dans votre vie professionnelle. Je vous prie de transmettre ces voeux à l'ensemble de vos collaborateurs.
Mener une politique de Défense, c'est bien entendu avant tout assurer la protection de notre territoire et de nos concitoyens. C'est, on le sait moins, mener une politique économique qui concerne des industries de toutes tailles, qui engage l'avenir technologique de notre pays, qui conditionne des centaines de milliers d'emplois, qui concrétise aussi des opportunités de coopération avec nos partenaires étrangers.
La LPM nous a donné l'opportunité d'une relance de la politique industrielle, à la mesure de notre ambition en matière économique. Son respect garantit la visibilité indispensable à leur réalisation.
2006 sera donc, comme 2005, l'année du respect de cette LPM.
Ce n'est pas parce que cela devient une habitude qu'il faut le taire ! Je préfère pour ma part la persévérance au pessimisme.
J'ai prouvé que la Défense savait se réformer profondément en matière industrielle.
Je veux que nous mettions en commun nos efforts pour pouvoir poursuivre cette ambition, au-delà de l'actuelle loi de programmation dans une perspective résolument européenne.
Réformer, c'est possible, même dans l'administration française ! Tenir ses engagements, c'est possible, même quand il s'agit de politique. Que chacun en tire une leçon d'optimisme pour l'avenir.
Réforme de la DGA, mise en place de la LOLF, renforcement des pouvoirs du CEMA : toutes ces réformes, qui structurent aujourd'hui le ministère, vous permettent de disposer d'un interlocuteur mieux organisé, plus réactif, plus apte à arbitrer.
Cet effort se poursuivra en 2006, dans le domaine de l'informatique, avec la mise en place de la DGSIC et la DIRISI, qui nous assurera des outils cohérents de système d'information et de réseaux.
2006, aussi, sera l'année de l'externalisation, du parc immobilier de la gendarmerie nationale, du parc automobile du ministère ; ce sera l'année des contrats de partenariat : tout ceci, j'y compte bien, renforcera l'efficacité du ministère, et fera évoluer nos relations avec nos partenaires.
Les réformes ne suffisent pas. Il faut des impulsions fortes en matière de politique industrielle et de préparation de l'avenir.
Une politique de défense nécessite une industrie performante et compétitive. C'est depuis trois ans le sens de mon action en faveur des restructurations industrielles et des rapprochements.
Un politique industrielle volontariste exige une vision claire de l'avenir.
C'est pourquoi j'ai décidé la sanctuarisation des crédits des études amont.
Cela représente un réel effort pour la Défense. Je compte sur la DGA pour lui donner encore plus de visibilité vis-à-vis des industriels.
La notification imminente de l'UCAV/NEURON démontre concrètement notre engagement.
Une politique industrielle rénovée implique aussi un environnement rénové. La Défense a su se mobiliser dans la politique des pôles de compétitivité. Elle y jouera un rôle majeur, grâce à ses centres de recherche, ses écoles, ses experts.
Je souhaite désormais que l'industrie de la sécurité, de la défense, de l'aéronautique et de l'espace s'exprime à l'Agence pour l'Innovation Industrielle.
La DGA, qui siège à l'Agence, pourra soutenir les bons dossiers. A vous de nous les proposer !
Une persévérance dans l'ambition européenne doit accompagner notre effort.
La voie de la coopération est difficile, mais c'est la voie du succès.
J'ai entendu beaucoup de critiques et de propos défaitistes, notamment à propos des frégates multi-missions. Pourtant, après trois ans de travail intense, le plus grand programme naval jamais réalisé en Europe est désormais lancé.
C'est une réelle perspective pour plusieurs milliers de salariés. C'est de plus un produit qui a tout pour devenir un produit de référence à l'export.
Il y a toujours des aléas dans les négociations, et ce dans tous les programmes. Mais je suis persuadée qu'ils peuvent toujours être surmontés, lorsqu'il y a une volonté politique.
Alors que d'importantes échéances se profilent à l'horizon, j'entends avec vous préparer l'avenir. Mes priorités en ce début 2006 sont au nombre de cinq.
- Il faut poursuivre la consolidation de notre industrie.
Nous devons rapidement mettre en oeuvre le grand chantier DCN-Thales. Il est désormais possible de discuter de projets concrets avec des partenaires étrangers, sans exclusive.
En ce qui concerne GIAT, toutes les étapes du plan ont été franchies en 2005. J'espère un retour rapide à l'équilibre des comptes de l'entreprise, peut-être dès les comptes 2005.
Il faut désormais se tourner vers l'avenir. Il faut réactiver les discussions avec des partenaires en France et en Europe. Dans ce secteur, il n'y aura pas de consolidation sans programme. Ce sera un travail de long terme qu'il faut commencer dès aujourd'hui. Avec les Allemands par exemple, on peut envisager un partenariat technologique, dans la perspective de programmes futurs.
- Ma deuxième priorité, c'est améliorer la performance industrielle. C'est une condition du maintien, dans la durée, de l'effort de la Nation.
Je ne vous le cache pas. J'ai aujourd'hui de fortes préoccupations quant à la capacité de l'industrie à assumer ses responsabilités de maîtres d'oeuvre.
Je tiens à tirer la sonnette d'alarme !
L'industrie accumule plusieurs centaines de millions d'euros de pénalités et de pertes, liées à des défaillances comme maîtres d'oeuvre.
C'est un vrai problème, global, qui touche une grande partie des industriels.
La priorité de chacun, en 2006, doit être d'améliorer sa performance opérationnelle et industrielle, afin de tenir les délais et de garantir la qualité des programmes en cours.
Nous devons aussi nous pencher sur la question des exportations, qui est au coeur des enjeux de compétitivité de notre industrie. J'ai proposé au Premier Ministre de nommer Yves Fromion, parlementaire en mission sur ce sujet. Il examinera, avec votre aide, l'adéquation de notre offre industrielle et de notre action de soutien politique aux nouvelles donnes du marché international.
Je souhaite aussi qu'il me fasse des propositions sur le développement d'une offre, plus simple et moins coûteuse, et donc mieux adaptée aux besoins de l'export.
Je trouve en effet dommage que la France laisse passer cette opportunité. Car si chacun est légitimement passionné par les technologies de pointe, elles ne correspondent pas toujours aux besoins de tous les pays. Un effort en ce sens est tout à fait complémentaire de celui que j'encourage en faveur de la R & T.
- Ma troisième priorité, c'est l'amélioration industrielle du maintien en condition opérationnelle (MCO). Elle est vitale pour la poursuite durable de l'effort d'équipement de nos armées.
La disponibilité est une de mes priorités, vous le savez. Pour maîtriser les coûts et dépasser les niveaux auxquels elle stagne actuellement, il faudra des actions en profondeur, impliquant les maîtres d'oeuvre industriels, qu'ils soient privés, publics ou au sein de l'Etat.
En matière de MCO aéronautique, j'attends de la mission de l'IGA Roche des actions concrètes, dès 2006.
La mise en place d'un plateau industriel, sur les moteurs ou les hélicoptères, doit préfigurer une meilleure articulation entre des maîtrises d'oeuvre industrielles et étatiques.
Sur les programmes internationaux, tels que le TIGRE ou l'A400M, la préparation du MCO selon une approche européenne est également essentielle.
Je souhaite que les armées et la DGA prennent des initiatives, vers l'OCCAR, pour mieux définir un besoin commun de MCO.
J'engage également un large processus de diagnostic sur le MCO Terre.
Nous devons être en mesure de répondre aux défis actuels que sont l'efficacité et la disponibilité, autant qu'aux défis futurs : coûts, complexité des nouveaux matériels et risques d'obsolescence.
- Ma quatrième priorité, c'est l'Europe de l'armement et de la défense. Elle peut encore progresser : elle doit être plus concrète, pour accompagner la consolidation de vos industries
Ensemble, nous devons inciter l'Agence européenne de défense à être imaginative et force de proposition, dans le souci d'harmoniser nos programmes d'armement futurs.
Il faut accompagner la consolidation de l'industrie européenne, qui a beaucoup progressé ces dernières années.
Les actions de la LOI doivent être relancées, avec une réelle visibilité politique et un souci constant du résultat. Je souhaite que la DGA me fasse des propositions pour donner une impulsion nouvelle aux actions les plus concrètes. Un élargissement de la LOI est également possible, vers les pays les plus concernés et motivés.
Il est également urgent de progresser dans la préparation des programmes de demain : je pense notamment aux drones MALE. C'est un enjeu d'autonomie industrielle et technologique européenne, c'est également un défi pour nos industries.
Je suis préoccupée de la situation actuelle. Je le rappelle, la France ne revendique aucun leadership en la matière. Nous ne pourrons aller de l'avant que si plusieurs grands pays s'associent ensemble. J'attends donc que les contacts pris débouchent rapidement sur des perspectives concrètes.
- Ma cinquième priorité, ce sont les enjeux stratégiques de demain, à commencer par le défi de l'Espace
L'Espace est un sujet difficile, mais j'ai une conviction forte, confortée par les travaux stratégiques que j'ai fait mener, sous le pilotage de F. Bujon de l'Estang.
Je ne suis pas du genre à baisser les bras quand je suis convaincue de quelque chose.
Dans la perspective de la prochaine LPM, il faut travailler à ce sujet.
- Au plan technologique, la DGA prépare l'avenir avec plusieurs programmes d'études-amont.
- Au plan stratégique, je veux convaincre nos partenaires européens de relever avec la France ce défi essentiel.
Je souhaite que la DAS prépare, à partir du rapport de M. Bujon de l'Estang, un document diffusable et remis à jour, qui puisse servir de support à la réflexion collective.
- Au plan industriel, il faut faire prendre conscience des enjeux industriels, économiques et technologiques de ce secteur. C'est un thème de travail du CED pour 2006.
C'est ainsi que nous pourrons préparer utilement l'avenir de nos forces en matière spatiale.
Les efforts en faveur de notre industrie de défense portent déjà leurs fruits.
Ils doivent être poursuivis. La défense est une source importante d'emploi et d'innovation pour notre pays.
C'est une exigence économique, car favoriser les rapprochements et les programmes communs ? notamment au niveau européen ? est une source de diminution importante des coûts et un moyen de faire face à une concurrence agressive et dynamique.
C'est une exigence politique enfin, car il n'y a pas de défense forte sans industrie qui garantisse notre indépendance, notre interopérabilité et nous permette de jouer pleinement notre rôle dans le monde.
Mon voeu pour 2006 est effectivement qu'ensemble, nous saisissions pleinement cette opportunité, pour vos entreprises, pour notre économie, pour la France.
source http://www.defense.gouv.fr, le 12 janvier 2006