Texte intégral
Monsieur le Ministre
Messieurs les Présidents,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je me réjouis que l'Académie nationale de Pharmacie, en créant le prix de la Pharmacie francophone, renforce les relations nationales et internationales entre pharmaciens et resserre entre eux les liens de confraternité.
Je me réjouis également que le premier lauréat de ce nouveau prix a consacré l'essentiel de ses travaux de recherche à la lutte contre la première cause de mortalité aujourd'hui en Afrique subsaharienne, le Sida.
Je me réjouis enfin de la mobilisation de l'Académie nationale de Pharmacie et de son réseau de correspondants étrangers représentant 35 pays dont près de la moitié sont francophones, qui a multiplié les initiatives pour la diffusion de ses travaux et de la connaissance pharmaceutique et biologique.
Je citerai le Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques. Je citerai également l'édition récente du Glossaire médico-pharmaceutique (anglais-français) et la création d'un site internet mettant en communication l'Académie avec le monde entier et les pays francophones en particulier.
La participation des pharmaciens aux efforts de la communauté internationale et de la coopération française pour réduire la faille entre pays riches et pays en développement dans l'accès aux soins et aux traitements, me paraît être un élément important face à une crise sanitaire sans précédent.
L'objectif que vous vous êtes fixé de faire bénéficier du progrès les "laissés pour compte" dont la mortalité et la morbidité s'aggravent, illustre bien votre détermination à relever le défi, à prendre votre part dans la mobilisation nécessaire. Cet objectif est aussi celui du Pr. Souleymane Mboup dont les travaux sur le VIH/Sida et la découverte du sous-type VIH 2 sont exemplaires et sont heureusement récompensés aujourd'hui.
Le Pr. Souleymane Mboup, dont on vient de retracer le brillant cursus universitaire, participe depuis longtemps aux travaux que soutient la France dans le domaine de la lutte contre les maladies virales. Il est pour nous un partenaire scientifique privilégié dans notre démarche pour améliorer l'accès aux traitements des maladies tropicales et du Sida.
Sida, tuberculose et paludisme représentent pour les plus pauvres d'entre nous, et pour l'humanité tout entière, une catastrophe comme le monde n'en a jamais connu.
Malgré une prise de conscience progressive des dirigeants des pays du Sud comme des gouvernants des pays du Nord, la situation actuelle continue de s'aggraver et la pandémie de VIH/sida est désormais une menace considérable pour les pays les plus pauvres.
Refusant l'inacceptable le gouvernement français s'est engagé dans la lutte contre cette épidémie.
Il a souhaité la mise en place d'un fonds de solidarité thérapeutique international qui est destiné à favoriser un meilleur accès des populations des pays en développement au traitement contre le SIDA, y compris aux anti-rétroviraux.
Outre son effet immédiat sur ceux qui en bénéficient, une telle initiative contribue à redonner espoir aux populations des pays du Sud affectées par la maladie.
Cet effort de la France est aussi un effort de l'Union européenne et une priorité des Présidences française puis suédoise de l'Union.
Après avoir consulté toutes les parties intéressées, le Conseil des ministres du développement a adopté le 10 novembre dernier sous ma présidence une résolution articulée autour de trois axes :
1. L'optimisation des politiques de santé et de développement, notamment en matière de prévention et d'éducation.
2. La réduction des coûts de la prise en charge des soins entre autres par la baisse des prix des produits pharmaceutiques et des traitements.
3. Un effort accru dans le domaine de la recherche de nouveaux produits pharmaceutiques et sur les aspects sociaux liés à ces maladies transmissibles.
Cette résolution est maintenant suivie d'un plan d'action de la Commission, en cours de discussion, destiné notamment aux pays de la zone ACP.
La France a également proposé l'organisation d'une réunion consacrée à l'accès aux soins des personnes atteintes du sida dans les pays en développement, réunion associant les donateurs, les bénéficiaires, les organisations multilatérales, les associations de personnes vivant avec le VIH et l'industrie pharmaceutique.
Cette réunion, qui devrait d'ailleurs se tenir à Dakar à la fin de l'année placée sous l'égide des Nations unies, à pour ambition d'aboutir à des solutions concertées pour que les médicaments de l'infection à VIH/Sida soient réellement accessibles, y compris aux plus pauvres.
Si le problème de l'accès aux traitements contre le Sida ne saurait se réduire à la question du prix, celle-ci constitue néanmoins un préalable indispensable à une accélération de la lutte contre cette maladie dans les pays en développement et singulièrement en Afrique. L'Union européenne soutient l'approche axée sur la réduction du prix des traitements, ce que l'on appelle les prix différenciés.
Pour notre coopération dans le domaine de la santé, le médicament est une priorité. L'amélioration de l'accessibilité des médicaments essentiels de qualité pour les populations est un objectif constant de nos programmes. Cela va évidemment de pair avec une politique en faveur du médicament générique.
La concertation dans ce domaine, avec les autres partenaires du développement est très forte. Les axes stratégiques des politiques pharmaceutiques des pays africains francophones ont été d'ailleurs définis par les pays eux-mêmes.
Fondamentalement, ils visent à permettre l'entrée et la distribution sur leurs territoires de médicaments de qualité au meilleur prix possible. Cela passe par la mise en place de nombreuses mesures : aménagement de systèmes de prix, des règles d'enregistrement, de distribution dans le secteur officinal, de contrôle de qualité, de promotion de la production locale, etc.
La France contribue activement à la mise en uvre de ces politiques aux côtés des autres partenaires du développement. C'est ainsi que nous avons initié un certain nombre d'actions de sensibilisation, d'information et de formation à l'attention des responsables africains et des différents acteurs du secteur pharmaceutique.
Les grands axes de la politique pharmaceutique de la Coopération française, sont :
- le maintien de l'offre de médicaments essentiels et j'inclue dans ce point le soutien aux médicaments indigents ;
- le renforcement de la capacité des Etats à faire assurer le service public et donc à réguler le secteur pharmaceutique et à contrôler le marché parallèle ;
- le soutien au secteur public par le recours aux marchés internationaux ;
- la réforme du secteur pharmaceutique en associant l'industrie, les prescripteurs et les dispensateurs. Là, on vise la prescription et l'utilisation rationnelle, domaines où l'action du pharmacien est essentielle par son rôle d'interface entre le prescripteur et le patient ;
- l'intégration et la coopération régionale au sein des organismes régionaux de développement économique (CEDEAO et CEMAC) qui faciliteraient l'harmonisation des procédures et la sécurité des approvisionnements ;
- et enfin, l'autonomisation du financement de la santé en développant les expériences mutualistes et la recherche d'autres systèmes de protection sociale adaptés.
Le bilan des évolutions intervenues dans le secteur du médicament, montre que dans la plupart des pays africains francophones, le secteur pharmaceutique s'est développé favorablement : création ou renforcement des Directions de la Pharmacie dans les ministères de la santé, constitution d'un corps de pharmaciens inspecteurs, révision des réglementations, lutte contre le marché illicite, accès au marché international, structuration du circuit pharmaceutique.
Selon les données publiées par l'OMS, moins du tiers de la population des pays francophones d'Afrique avait un accès régulier aux médicaments essentiels en 1986-87. Dix ans plus tard, on relève une évolution assez favorable, puisque 50 à 70% des populations, selon les pays, ont maintenant accès aux médicaments.
L'introduction de médicaments génériques en vue de réduire les coûts, reste encore modeste, trop modeste dans le secteur privé malgré les diverses mesures administratives et financières prises à cet effet dans plus de la moitié de ces pays, et malgré les actions de promotion en cours. Elle se heurte souvent à des difficultés dans l'enregistrement des génériques.
En 1998, toutefois ceux-ci auraient représenté 7 % des ventes des grossistes au Cameroun, 8 % en Côte d'Ivoire, et jusqu'à 30 % au Mali.
La France a soutenu également la création à Madagascar en 1999 de la première Agence du médicament dans un pays francophone du Sud, avec l'appui technique de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Elle a aussi accompagné la réforme des centrales nationales pharmaceutiques d'approvisionnement dans plusieurs pays, et enfin, a participé au renforcement du contrôle de qualité des médicaments et des laboratoires.
Certes, la tâche reste immense pour améliorer l'accès des médicaments à tous et le rôle des pharmaciens sera essentiel pour mener à bien ce défi. Je suis sûr que votre profession trouvera les réponses adaptées à une situation exceptionnelle.
J'espère vous avoir convaincus que la France est plus que jamais fondamentalement engagée en matière de coopération sanitaire et qu'elle appelle de ses vux la mobilisation de tous les acteurs dans cette période difficile que traversent les pays du Sud. La carrière du Pr. Mboup est exemplaire et je veux encore féliciter le jury de ce choix.
Cette cérémonie pourrait marquer, Monsieur le Doyen, Monsieur le Président, un acte fort d'engagement à renforcer les liens avec vos confrères des pays en développement. D'avance je m'en réjouis et je vous en félicite./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)
Messieurs les Présidents,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je me réjouis que l'Académie nationale de Pharmacie, en créant le prix de la Pharmacie francophone, renforce les relations nationales et internationales entre pharmaciens et resserre entre eux les liens de confraternité.
Je me réjouis également que le premier lauréat de ce nouveau prix a consacré l'essentiel de ses travaux de recherche à la lutte contre la première cause de mortalité aujourd'hui en Afrique subsaharienne, le Sida.
Je me réjouis enfin de la mobilisation de l'Académie nationale de Pharmacie et de son réseau de correspondants étrangers représentant 35 pays dont près de la moitié sont francophones, qui a multiplié les initiatives pour la diffusion de ses travaux et de la connaissance pharmaceutique et biologique.
Je citerai le Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques. Je citerai également l'édition récente du Glossaire médico-pharmaceutique (anglais-français) et la création d'un site internet mettant en communication l'Académie avec le monde entier et les pays francophones en particulier.
La participation des pharmaciens aux efforts de la communauté internationale et de la coopération française pour réduire la faille entre pays riches et pays en développement dans l'accès aux soins et aux traitements, me paraît être un élément important face à une crise sanitaire sans précédent.
L'objectif que vous vous êtes fixé de faire bénéficier du progrès les "laissés pour compte" dont la mortalité et la morbidité s'aggravent, illustre bien votre détermination à relever le défi, à prendre votre part dans la mobilisation nécessaire. Cet objectif est aussi celui du Pr. Souleymane Mboup dont les travaux sur le VIH/Sida et la découverte du sous-type VIH 2 sont exemplaires et sont heureusement récompensés aujourd'hui.
Le Pr. Souleymane Mboup, dont on vient de retracer le brillant cursus universitaire, participe depuis longtemps aux travaux que soutient la France dans le domaine de la lutte contre les maladies virales. Il est pour nous un partenaire scientifique privilégié dans notre démarche pour améliorer l'accès aux traitements des maladies tropicales et du Sida.
Sida, tuberculose et paludisme représentent pour les plus pauvres d'entre nous, et pour l'humanité tout entière, une catastrophe comme le monde n'en a jamais connu.
Malgré une prise de conscience progressive des dirigeants des pays du Sud comme des gouvernants des pays du Nord, la situation actuelle continue de s'aggraver et la pandémie de VIH/sida est désormais une menace considérable pour les pays les plus pauvres.
Refusant l'inacceptable le gouvernement français s'est engagé dans la lutte contre cette épidémie.
Il a souhaité la mise en place d'un fonds de solidarité thérapeutique international qui est destiné à favoriser un meilleur accès des populations des pays en développement au traitement contre le SIDA, y compris aux anti-rétroviraux.
Outre son effet immédiat sur ceux qui en bénéficient, une telle initiative contribue à redonner espoir aux populations des pays du Sud affectées par la maladie.
Cet effort de la France est aussi un effort de l'Union européenne et une priorité des Présidences française puis suédoise de l'Union.
Après avoir consulté toutes les parties intéressées, le Conseil des ministres du développement a adopté le 10 novembre dernier sous ma présidence une résolution articulée autour de trois axes :
1. L'optimisation des politiques de santé et de développement, notamment en matière de prévention et d'éducation.
2. La réduction des coûts de la prise en charge des soins entre autres par la baisse des prix des produits pharmaceutiques et des traitements.
3. Un effort accru dans le domaine de la recherche de nouveaux produits pharmaceutiques et sur les aspects sociaux liés à ces maladies transmissibles.
Cette résolution est maintenant suivie d'un plan d'action de la Commission, en cours de discussion, destiné notamment aux pays de la zone ACP.
La France a également proposé l'organisation d'une réunion consacrée à l'accès aux soins des personnes atteintes du sida dans les pays en développement, réunion associant les donateurs, les bénéficiaires, les organisations multilatérales, les associations de personnes vivant avec le VIH et l'industrie pharmaceutique.
Cette réunion, qui devrait d'ailleurs se tenir à Dakar à la fin de l'année placée sous l'égide des Nations unies, à pour ambition d'aboutir à des solutions concertées pour que les médicaments de l'infection à VIH/Sida soient réellement accessibles, y compris aux plus pauvres.
Si le problème de l'accès aux traitements contre le Sida ne saurait se réduire à la question du prix, celle-ci constitue néanmoins un préalable indispensable à une accélération de la lutte contre cette maladie dans les pays en développement et singulièrement en Afrique. L'Union européenne soutient l'approche axée sur la réduction du prix des traitements, ce que l'on appelle les prix différenciés.
Pour notre coopération dans le domaine de la santé, le médicament est une priorité. L'amélioration de l'accessibilité des médicaments essentiels de qualité pour les populations est un objectif constant de nos programmes. Cela va évidemment de pair avec une politique en faveur du médicament générique.
La concertation dans ce domaine, avec les autres partenaires du développement est très forte. Les axes stratégiques des politiques pharmaceutiques des pays africains francophones ont été d'ailleurs définis par les pays eux-mêmes.
Fondamentalement, ils visent à permettre l'entrée et la distribution sur leurs territoires de médicaments de qualité au meilleur prix possible. Cela passe par la mise en place de nombreuses mesures : aménagement de systèmes de prix, des règles d'enregistrement, de distribution dans le secteur officinal, de contrôle de qualité, de promotion de la production locale, etc.
La France contribue activement à la mise en uvre de ces politiques aux côtés des autres partenaires du développement. C'est ainsi que nous avons initié un certain nombre d'actions de sensibilisation, d'information et de formation à l'attention des responsables africains et des différents acteurs du secteur pharmaceutique.
Les grands axes de la politique pharmaceutique de la Coopération française, sont :
- le maintien de l'offre de médicaments essentiels et j'inclue dans ce point le soutien aux médicaments indigents ;
- le renforcement de la capacité des Etats à faire assurer le service public et donc à réguler le secteur pharmaceutique et à contrôler le marché parallèle ;
- le soutien au secteur public par le recours aux marchés internationaux ;
- la réforme du secteur pharmaceutique en associant l'industrie, les prescripteurs et les dispensateurs. Là, on vise la prescription et l'utilisation rationnelle, domaines où l'action du pharmacien est essentielle par son rôle d'interface entre le prescripteur et le patient ;
- l'intégration et la coopération régionale au sein des organismes régionaux de développement économique (CEDEAO et CEMAC) qui faciliteraient l'harmonisation des procédures et la sécurité des approvisionnements ;
- et enfin, l'autonomisation du financement de la santé en développant les expériences mutualistes et la recherche d'autres systèmes de protection sociale adaptés.
Le bilan des évolutions intervenues dans le secteur du médicament, montre que dans la plupart des pays africains francophones, le secteur pharmaceutique s'est développé favorablement : création ou renforcement des Directions de la Pharmacie dans les ministères de la santé, constitution d'un corps de pharmaciens inspecteurs, révision des réglementations, lutte contre le marché illicite, accès au marché international, structuration du circuit pharmaceutique.
Selon les données publiées par l'OMS, moins du tiers de la population des pays francophones d'Afrique avait un accès régulier aux médicaments essentiels en 1986-87. Dix ans plus tard, on relève une évolution assez favorable, puisque 50 à 70% des populations, selon les pays, ont maintenant accès aux médicaments.
L'introduction de médicaments génériques en vue de réduire les coûts, reste encore modeste, trop modeste dans le secteur privé malgré les diverses mesures administratives et financières prises à cet effet dans plus de la moitié de ces pays, et malgré les actions de promotion en cours. Elle se heurte souvent à des difficultés dans l'enregistrement des génériques.
En 1998, toutefois ceux-ci auraient représenté 7 % des ventes des grossistes au Cameroun, 8 % en Côte d'Ivoire, et jusqu'à 30 % au Mali.
La France a soutenu également la création à Madagascar en 1999 de la première Agence du médicament dans un pays francophone du Sud, avec l'appui technique de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Elle a aussi accompagné la réforme des centrales nationales pharmaceutiques d'approvisionnement dans plusieurs pays, et enfin, a participé au renforcement du contrôle de qualité des médicaments et des laboratoires.
Certes, la tâche reste immense pour améliorer l'accès des médicaments à tous et le rôle des pharmaciens sera essentiel pour mener à bien ce défi. Je suis sûr que votre profession trouvera les réponses adaptées à une situation exceptionnelle.
J'espère vous avoir convaincus que la France est plus que jamais fondamentalement engagée en matière de coopération sanitaire et qu'elle appelle de ses vux la mobilisation de tous les acteurs dans cette période difficile que traversent les pays du Sud. La carrière du Pr. Mboup est exemplaire et je veux encore féliciter le jury de ce choix.
Cette cérémonie pourrait marquer, Monsieur le Doyen, Monsieur le Président, un acte fort d'engagement à renforcer les liens avec vos confrères des pays en développement. D'avance je m'en réjouis et je vous en félicite./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)