Texte intégral
Je voudrais tout d'abord vous dire que cette réunion a été très utile et a montré que la communauté internationale était à la fois unie et ferme s'agissant de la réponse que nous devons faire à l'Iran qui, je vous le rappelle, a souhaité prendre, de manière unilatérale début août 2005, des activités de conversion et d'enrichissement de l'uranium. Après la déclaration d'hier soir à New York, il était très important de se retrouver ici et de pouvoir parler de manière utile. L'accent a été mis sur la réalité, aujourd'hui, de la menace nucléaire iranienne. C'est une question de temps. Nous avons peu de temps, en réalité, devant nous. Ce problème de temps qui se pose à la communauté internationale pour réagir est en fait dû à la rapidité de mise en oeuvre du programme iranien qui est constatée par toute la communauté internationale, à commencer par M. El Baradeï, le directeur de l'Agence internationale de l'Energie atomique. Tout le monde est d'accord sur le risque et sur notre objectif : il ne faut pas qu'il y ait d'arme nucléaire en Iran. Le moyen de restaurer la confiance est unanimement reconnu : c'est la suspension immédiate de toute activité nucléaire sensible en Iran, de toute activité d'enrichissement de l'uranium, y compris pour des raisons de recherche et de développement. L'Iran a donc trente jours pour répondre à la proposition de l'ensemble de la communauté internationale. Tout va dépendre de sa réponse. Nous sommes bien évidemment toujours ouverts à la négociation ; il faut que l'Iran retrouve la raison. Nous sommes évidemment pour que l'Iran puisse accéder à un programme électro-nucléaire civil et, bien sûr, nous n'allons pas rester inactifs pendant ces trente jours.
D'abord, nous allons continuer à mobiliser l'ensemble des autres partenaires. Je pense au Japon, à toute l'Union européenne ainsi qu'à tous les autres partenaires. Et puis, nous allons réfléchir à des mesures positives, comme à des mesures négatives, en concertation d'abord avec la Russie, avec la Chine, avec tous les autres partenaires en fonction, bien évidemment, de la réponse iranienne.
Q - Qu'est ce qui va se passer dans trente jours si l'Iran ne se conforme pas à ces instructions ?
R - La communauté internationale, et en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, sont unis et fermes. Nous voulons, nous demandons à l'Iran de suspendre toute activité nucléaire sensible, y compris les activités d'enrichissement pour la recherche et le développement. L'Iran a trente jours pour répondre. Pour la première fois, comme vous le savez, le rapport de M. El Baradeï, directeur de l'Agence internationale de l'Energie atomique, va être présenté au Conseil de sécurité des Nations unies ; ce sera au Conseil de sécurité des Nations unies, désormais, qu'il appartiendra de répondre en fonction de l'attitude iranienne.
Q - vous n'avez pas évoqué les réponses possibles ?
R - Tout l'intérêt de notre action aujourd'hui est de mettre les Iraniens devant leurs responsabilités. Que voient-ils aujourd'hui, les Iraniens ? Ils voient une communauté internationale unie et ferme, y compris les Russes et les Chinois, leur demandant la suspension totale. Nous sommes prêts à faire des propositions aux Iraniens, qu'elles soient d'ailleurs positives - je pense en particulier à des propositions d'ordre économique ou sur le plan de la sécurité - mais qu'elles soient aussi négatives. Et il faut qu'ils sachent que la communauté internationale n'a pas beaucoup de temps devant elle. C'est la raison pour laquelle nous avons fixé ce délai de trente jours.
Q - Monsieur le Ministre, vous nous dites que la communauté internationale est très unie, mais néanmoins je constate que vous nous dites que le temps est compté pour faire face à la menace nucléaire iranienne. Or votre homologue chinois, lui, dit : nous avons besoin de beaucoup de temps. Et votre homologue russe a dit qu'en fait il n'y avait pas de fait décisif pour incriminer l'Iran sur son programme nucléaire.
R - Comme vous le savez, les Russes et les Chinois ont signé la déclaration de New York, d'hier. Il y a une déclaration présidentielle. Nous avons fait une réunion aujourd'hui pour être très clair. Dans la déclaration d'aujourd'hui que vous verrez, il y a cette volonté de la communauté internationale de demander à l'Iran d'arrêter et de suspendre toute activité nucléaire sensible. Je suis persuadé qu'autour de la table, tout le monde est d'accord là-dessus. Il y aura des discussions, en effet, avec les Russes, il y aura des discussions avec les Chinois et avec les Américains, les Européens, mais tout me porte à penser qu'aujourd'hui, il y a une unité et une fermeté sur ce dossier. Je sors de cette réunion en ayant eu vraiment une impression d'utilité, mais aussi de fermeté en disant clairement à l'Iran : vous avez trente jours pour réagir. Attendons ces trente jours et nous verrons.
Q - Vous avez évoqué les mesures positives comme négatives. Quelles sont les pistes de réflexion possibles ?
R - Si je me suis permis de m'arrêter à ces deux qualificatifs, c'est parce que je ne souhaitais pas les définir au moment où je parle.
Q - Alors, une question subsidiaire. La Russie avait proposé l'enrichissement sur son propre sol de l'uranium iranien. Est-ce que c'est toujours à l'ordre du jour ?
R - Oui. Nous avons d'ailleurs salué les efforts russes pour qu'il y ait une sorte de joint-venture. Nous avons salué les efforts russes pour proposer aux Iraniens d'enrichir l'uranium sur le sol russe. Simplement, était associé à cette proposition le fait qu'il n'y ait pas, en conséquence, d'activité d'enrichissement sur le sol iranien, y compris pour des raisons de recherche et de développement et, comme vous le savez, les Iraniens n'ont pas accepté cela. Il nous paraît important de dire que même une activité d'enrichissement pour des raisons de recherche, même avec quelques centrifugeuses, cela permet de continuer le programme nucléaire. Je rappelle que M. El Baradeï est, pour nous, un élément essentiel, car l'Agence internationale de l'Energie atomique, c'est le caractère multilatéral de la réflexion ; eh bien, il nous paraît quand même essentiel de rappeler que M. El Baradeï dit dans son rapport, qu'aujourd'hui, aucun programme nucléaire civil ne peut justifier le programme nucléaire iranien.
Q - Et quel crédit apportez-vous, Monsieur le ministre, à ces propositions iraniennes parce qu'avant, on était habitué à des déclarations provocatrices du président iranien et là il y a une proposition qui est une espèce de consortium sur le territoire iranien où une société internationale avec participation des Russes, des Français, des Allemands, pourrait travailler sur cette filière du nucléaire.
R - Nous n'avons pas évoqué cela à la réunion d'aujourd'hui.
Q - Pas du tout ?
R - Non, pas du tout.
Q - Mais vous la prenez au sérieux cette proposition, vous-même ?
R - Par définition, dans un moment aussi difficile, aussi délicat, aussi sérieux, toute proposition est évidemment à étudier de très près. Je me permets de dire qu'aujourd'hui, nous n'en avons pas parlé. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2006
D'abord, nous allons continuer à mobiliser l'ensemble des autres partenaires. Je pense au Japon, à toute l'Union européenne ainsi qu'à tous les autres partenaires. Et puis, nous allons réfléchir à des mesures positives, comme à des mesures négatives, en concertation d'abord avec la Russie, avec la Chine, avec tous les autres partenaires en fonction, bien évidemment, de la réponse iranienne.
Q - Qu'est ce qui va se passer dans trente jours si l'Iran ne se conforme pas à ces instructions ?
R - La communauté internationale, et en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, sont unis et fermes. Nous voulons, nous demandons à l'Iran de suspendre toute activité nucléaire sensible, y compris les activités d'enrichissement pour la recherche et le développement. L'Iran a trente jours pour répondre. Pour la première fois, comme vous le savez, le rapport de M. El Baradeï, directeur de l'Agence internationale de l'Energie atomique, va être présenté au Conseil de sécurité des Nations unies ; ce sera au Conseil de sécurité des Nations unies, désormais, qu'il appartiendra de répondre en fonction de l'attitude iranienne.
Q - vous n'avez pas évoqué les réponses possibles ?
R - Tout l'intérêt de notre action aujourd'hui est de mettre les Iraniens devant leurs responsabilités. Que voient-ils aujourd'hui, les Iraniens ? Ils voient une communauté internationale unie et ferme, y compris les Russes et les Chinois, leur demandant la suspension totale. Nous sommes prêts à faire des propositions aux Iraniens, qu'elles soient d'ailleurs positives - je pense en particulier à des propositions d'ordre économique ou sur le plan de la sécurité - mais qu'elles soient aussi négatives. Et il faut qu'ils sachent que la communauté internationale n'a pas beaucoup de temps devant elle. C'est la raison pour laquelle nous avons fixé ce délai de trente jours.
Q - Monsieur le Ministre, vous nous dites que la communauté internationale est très unie, mais néanmoins je constate que vous nous dites que le temps est compté pour faire face à la menace nucléaire iranienne. Or votre homologue chinois, lui, dit : nous avons besoin de beaucoup de temps. Et votre homologue russe a dit qu'en fait il n'y avait pas de fait décisif pour incriminer l'Iran sur son programme nucléaire.
R - Comme vous le savez, les Russes et les Chinois ont signé la déclaration de New York, d'hier. Il y a une déclaration présidentielle. Nous avons fait une réunion aujourd'hui pour être très clair. Dans la déclaration d'aujourd'hui que vous verrez, il y a cette volonté de la communauté internationale de demander à l'Iran d'arrêter et de suspendre toute activité nucléaire sensible. Je suis persuadé qu'autour de la table, tout le monde est d'accord là-dessus. Il y aura des discussions, en effet, avec les Russes, il y aura des discussions avec les Chinois et avec les Américains, les Européens, mais tout me porte à penser qu'aujourd'hui, il y a une unité et une fermeté sur ce dossier. Je sors de cette réunion en ayant eu vraiment une impression d'utilité, mais aussi de fermeté en disant clairement à l'Iran : vous avez trente jours pour réagir. Attendons ces trente jours et nous verrons.
Q - Vous avez évoqué les mesures positives comme négatives. Quelles sont les pistes de réflexion possibles ?
R - Si je me suis permis de m'arrêter à ces deux qualificatifs, c'est parce que je ne souhaitais pas les définir au moment où je parle.
Q - Alors, une question subsidiaire. La Russie avait proposé l'enrichissement sur son propre sol de l'uranium iranien. Est-ce que c'est toujours à l'ordre du jour ?
R - Oui. Nous avons d'ailleurs salué les efforts russes pour qu'il y ait une sorte de joint-venture. Nous avons salué les efforts russes pour proposer aux Iraniens d'enrichir l'uranium sur le sol russe. Simplement, était associé à cette proposition le fait qu'il n'y ait pas, en conséquence, d'activité d'enrichissement sur le sol iranien, y compris pour des raisons de recherche et de développement et, comme vous le savez, les Iraniens n'ont pas accepté cela. Il nous paraît important de dire que même une activité d'enrichissement pour des raisons de recherche, même avec quelques centrifugeuses, cela permet de continuer le programme nucléaire. Je rappelle que M. El Baradeï est, pour nous, un élément essentiel, car l'Agence internationale de l'Energie atomique, c'est le caractère multilatéral de la réflexion ; eh bien, il nous paraît quand même essentiel de rappeler que M. El Baradeï dit dans son rapport, qu'aujourd'hui, aucun programme nucléaire civil ne peut justifier le programme nucléaire iranien.
Q - Et quel crédit apportez-vous, Monsieur le ministre, à ces propositions iraniennes parce qu'avant, on était habitué à des déclarations provocatrices du président iranien et là il y a une proposition qui est une espèce de consortium sur le territoire iranien où une société internationale avec participation des Russes, des Français, des Allemands, pourrait travailler sur cette filière du nucléaire.
R - Nous n'avons pas évoqué cela à la réunion d'aujourd'hui.
Q - Pas du tout ?
R - Non, pas du tout.
Q - Mais vous la prenez au sérieux cette proposition, vous-même ?
R - Par définition, dans un moment aussi difficile, aussi délicat, aussi sérieux, toute proposition est évidemment à étudier de très près. Je me permets de dire qu'aujourd'hui, nous n'en avons pas parlé. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2006