Texte intégral
Monsieur le Président,
Il est rare que le Conseil de sécurité se réunisse pour débattre d'une occasion heureuse. C'est le cas aujourd'hui. Nous sommes particulièrement satisfaits de pouvoir saluer l'accord intervenu à Abuja qui dessine enfin une perspective de paix pour le Darfour.
Il nous est également agréable de tenir cette séance sous votre présidence. L'Accord d'Abuja est avant tout un succès pour l'Union africaine. Nous savons la part importante que votre pays et vous-même y avez prise. Nous voudrions aussi saluer l'appui que la communauté internationale a apporté à l'Union africaine dans cette affaire.
Ce succès bien sûr nous oblige. Nous sommes très conscients que l'Accord d'Abuja, même s'il est une étape essentielle, ne constitue qu'un point de départ. Il est en quelque sorte le premier paragraphe d'une feuille de route qui nous concerne tous et doit tous nous mobiliser :
- il faut d'abord faire en sorte que toutes les parties au conflit rejoignent le gouvernement soudanais et le mouvement de libération du Soudan de Minni Minawi dans le ralliement à l'accord de paix ;
- il faut encourager les parties à mettre en place la conférence de tous les Darfouriens : celle-ci aura une importance fondamentale pour inclure dans le processus les forces qui n'étaient pas représentées à Abuja ;
- il faut absolument et nous comptons à cet égard sur l'Union africaine et sur le Secrétaire général des Nations unies prendre dans les plus brefs délais les mesures nécessaires pour renforcer la force africaine dans le Darfour : l'AMIS a joué un rôle essentiel ; de nouvelles tâches lui sont confiées par l'Accord d'Abuja ; il convient aussi de la mettre en mesure de passer le relais aux Nations unies ;
- il nous incombe en effet, et c'est là en particulier la tâche du Conseil de sécurité, d'accélérer les préparatifs pour une transition de l'AMIS à une opération de maintien de la paix des Nations unies, puisque les conditions pour une telle opération sont maintenant proches d'être réunies.
En évoquant cette feuille de route, j'aurais garde d'oublier deux autres préoccupations majeures :
- en premier lieu, il est essentiel que la communauté internationale se remobilise pour pallier la dégradation très préoccupante de la situation humanitaire au Darfour et aussi au Tchad. La France, dès l'été 2004, avait engagé ses avions militaires pour apporter toute l'assistance requise aux réfugiés du Darfour au Tchad. C'est dans le même esprit que nous appelons la communauté internationale à soutenir les agences des Nations unies et les ONG dans leur travail remarquable ;
- en second lieu, il est maintenant indispensable d'aborder la question du Darfour avec une vision régionale. Déjà la stabilité du Tchad a failli être compromise par les développements au Darfour. Rien ne serait pire pour le Darfour qu'une déstabilisation régionale ; il nous faut travailler pour que la paix au Darfour soit une occasion de faire progresser la paix dans la région.
Nous espérons que ce message sera entendu par tous et le Conseil de sécurité devra se donner les moyens s'il le faut qu'il en soit bien ainsi.
Les incidents dramatiques survenus dernièrement à Nyala, lors de la visite par M. Egeland d'un camp de déplacés, sont très troublants. Ils témoignent du degré de tension qui existe. Ils doivent nous inciter à agir vite, sur le plan de la sécurité comme sur le plan de l'aide humanitaire et l'assassinat d'un interprète de la force africaine est inacceptable.
Au-delà de ces incidents Monsieur le Président, l'Accord d'Abuja est un signe d'espoir, et d'abord pour ces populations martyrisées vers qui aujourd'hui vont bien sûr toutes nos pensées. Les Nations unies, là comme ailleurs, auront un rôle essentiel à jouer, et d'abord en assurant le moment venu le relais de l'action remarquable menée par la Mission africaine au Darfour.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2006
Il est rare que le Conseil de sécurité se réunisse pour débattre d'une occasion heureuse. C'est le cas aujourd'hui. Nous sommes particulièrement satisfaits de pouvoir saluer l'accord intervenu à Abuja qui dessine enfin une perspective de paix pour le Darfour.
Il nous est également agréable de tenir cette séance sous votre présidence. L'Accord d'Abuja est avant tout un succès pour l'Union africaine. Nous savons la part importante que votre pays et vous-même y avez prise. Nous voudrions aussi saluer l'appui que la communauté internationale a apporté à l'Union africaine dans cette affaire.
Ce succès bien sûr nous oblige. Nous sommes très conscients que l'Accord d'Abuja, même s'il est une étape essentielle, ne constitue qu'un point de départ. Il est en quelque sorte le premier paragraphe d'une feuille de route qui nous concerne tous et doit tous nous mobiliser :
- il faut d'abord faire en sorte que toutes les parties au conflit rejoignent le gouvernement soudanais et le mouvement de libération du Soudan de Minni Minawi dans le ralliement à l'accord de paix ;
- il faut encourager les parties à mettre en place la conférence de tous les Darfouriens : celle-ci aura une importance fondamentale pour inclure dans le processus les forces qui n'étaient pas représentées à Abuja ;
- il faut absolument et nous comptons à cet égard sur l'Union africaine et sur le Secrétaire général des Nations unies prendre dans les plus brefs délais les mesures nécessaires pour renforcer la force africaine dans le Darfour : l'AMIS a joué un rôle essentiel ; de nouvelles tâches lui sont confiées par l'Accord d'Abuja ; il convient aussi de la mettre en mesure de passer le relais aux Nations unies ;
- il nous incombe en effet, et c'est là en particulier la tâche du Conseil de sécurité, d'accélérer les préparatifs pour une transition de l'AMIS à une opération de maintien de la paix des Nations unies, puisque les conditions pour une telle opération sont maintenant proches d'être réunies.
En évoquant cette feuille de route, j'aurais garde d'oublier deux autres préoccupations majeures :
- en premier lieu, il est essentiel que la communauté internationale se remobilise pour pallier la dégradation très préoccupante de la situation humanitaire au Darfour et aussi au Tchad. La France, dès l'été 2004, avait engagé ses avions militaires pour apporter toute l'assistance requise aux réfugiés du Darfour au Tchad. C'est dans le même esprit que nous appelons la communauté internationale à soutenir les agences des Nations unies et les ONG dans leur travail remarquable ;
- en second lieu, il est maintenant indispensable d'aborder la question du Darfour avec une vision régionale. Déjà la stabilité du Tchad a failli être compromise par les développements au Darfour. Rien ne serait pire pour le Darfour qu'une déstabilisation régionale ; il nous faut travailler pour que la paix au Darfour soit une occasion de faire progresser la paix dans la région.
Nous espérons que ce message sera entendu par tous et le Conseil de sécurité devra se donner les moyens s'il le faut qu'il en soit bien ainsi.
Les incidents dramatiques survenus dernièrement à Nyala, lors de la visite par M. Egeland d'un camp de déplacés, sont très troublants. Ils témoignent du degré de tension qui existe. Ils doivent nous inciter à agir vite, sur le plan de la sécurité comme sur le plan de l'aide humanitaire et l'assassinat d'un interprète de la force africaine est inacceptable.
Au-delà de ces incidents Monsieur le Président, l'Accord d'Abuja est un signe d'espoir, et d'abord pour ces populations martyrisées vers qui aujourd'hui vont bien sûr toutes nos pensées. Les Nations unies, là comme ailleurs, auront un rôle essentiel à jouer, et d'abord en assurant le moment venu le relais de l'action remarquable menée par la Mission africaine au Darfour.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2006