Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique de sécurité du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 26 janvier 1999.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
mesdames et messieurs les députés,
monsieur le député,
Bien que j'admette que l'une des questions posées - l'avant dernière je crois - l'ait été sans esprit de polémique, avec une tentative de suggestion d'un travail qui puisse être conduit entre l'Etat et les collectivités locales, même si le ministre de l'Intérieur a répondu à cette question qu'il ne fallait quand même pas choisir un éclatement du service de la police nationale, une dilution d'une responsabilité régalienne qui appartient à l'Etat, même si elle peut être conduite par des rapprochements et des contractualisations ; il n'empêche qu'en dehors de cette question à laquelle le ministre a fait une réponse de principe - cela doit rester de la responsabilité de l'Etat, même si nous pouvons conduire des coopérations -, je constate, mesdames et messieurs de l'opposition, aujourd'hui, que sur le chômage : rien ; sur le nucléaire : rien ; sur le Kosovo : rien ; sur l'Irak : rien ; sur l'Aménagement du Territoire :
rien ; sur l'Education : rien. Mais six questions posées seulement sur les problèmes d'insécurité.
Est-ce qu'il n'y a plus maintenant dans notre pays d'autres problèmes qui méritent d'être débattus, discutés dans la représentation nationale et devant les Français ? Croyez-vous que cette approche exclusive d'un problème nourrisse en votre faveur un mouvement de compréhension et d'appui ? Ne pensez-vous pas plutôt que vous allez nourrir les forces d'extrême-droite par ce discours, à votre dépens ? Et pour le reste, comment peut-on interpeller le Garde des Sceaux, la ministre de la Justice - Monsieur Borotra, écoutez-moi - sur les moyens qu'elle mettrait à la disposition de ses services dans le domaine de la lutte contre la délinquance juvénile, alors qu'elle a montré de façon précise et implacable que vous aviez réduit ces moyens ? Comment pouvez-vous nous dire qu'il faut faire un effort supplémentaire dans le domaine de la police ou dans le domaine de la protection judiciaire de la jeunesse alors que vous préconisez en permanence une diminution du nombre des fonctionnaires et des serviteurs de l'Etat ou des services publics ?
Comment pouvez-vous, messieurs, devant au moins deux ministres de l'Intérieur parmi vos bancs, colporter à partir d'un rapport, qui devient parole d'évangile parce qu'il vous paraît servir votre cause ; comment pouvez-vous attaquer la façon dont les services de polices remplissent leur mission, prétendre de façon fantaisiste que les fonctionnaires de police ne travailleraient pas, qu'ils ne seraient pas sur le terrain ? S'il en était ainsi, ayant été 4 ans au pouvoir, cela veut dire que vous ne les auriez pas mis au travail, donc ce type d'argument se retourne contre vous et en plus se retourne contre les services de sécurité de l'Etat. Ne les reprenez pas comme tels, avec légèreté, de façon polémique.
Alors, je vais vous dire une chose : sur ces questions de la sécurité, il est bon que des débats existent parce que les Français ont ces débats. Ces débats sont conduits sous l'autorité du Premier ministre ; ils aboutiront demain, en Conseil de sécurité intérieure, à de nouvelles propositions, dans la continuité de l'action de ce Gouvernement, dans la vision globale qui est la notre, qui n'ignore pas les causes sociales, structurelles, les problèmes ; qui ne pense pas en même temps que cela soit une cause d'irresponsabilité pour ceux qui commettent des délits. Education, sanction, traitement des problèmes de fonds, lutte contre le chômage, rénovation urbaine, politique sociale, mais aussi action de répression, moyens donnés et sur l'ensemble de ces questions, nous sommes cohérents, nous agissons alors que vous agitez, de façon démagogique, un thème, et vous n'en tirerez pas profit.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr)