Texte intégral
Q - Philippe Douste-Blazy, bonsoir. Vous êtes ministre des Affaires étrangères. Ces propos du président américain ne vont pas dans le sens de l'apaisement.
R - J'ai reçu hier Condoleezza Rice, mon homologue américaine, dans mon bureau au quai d'Orsay avec d'autres ministres des Affaires étrangères pour parler de l'Iran et nous avons bien sûr évoqué la situation à la frontière israélo-libanaise. J'ai senti de sa part aussi un besoin de demander la retenue aux deux parties. Nous avons condamné dès hier matin les tirs de roquettes du Hezbollah et, bien sûr, l'enlèvement des deux soldats israéliens. Nous demandons d'ailleurs leur libération immédiate et sans condition. Mais nous avons condamné tout aussi rapidement l'action de guerre disproportionnée qu'a représenté le bombardement de l'aéroport de Beyrouth et, la nuit passée, la mise en place d'un blocus maritime des côtes libanaises, ce qui ne laisse plus aux Libanais, comme seule possibilité de sortie, que le passage par la Syrie. Tout cela risque de nous ramener plusieurs années en arrière, lorsque le Liban était au coeur d'un conflit très violent et très meurtrier.
Q - Mais le président américain qui implique la Syrie comme cela, ce n'est peut-être vraiment pas le moment de le faire.
R - Je pense surtout qu'aujourd'hui, il y a un risque malheureusement de l'engrenage de la violence, qui pourrait déstabiliser toute la région. Et qui souhaite l'engrenage de la violence ? Ce sont bien évidemment les plus radicaux. Cela peut être les gens du Hezbollah, d'autres partis beaucoup plus radicaux de l'autre côté. La seule solution pour nous, c'est la négociation. La seule possibilité, c'est le dialogue politique et le processus politique, c'est la raison pour laquelle nous sommes très préoccupés. Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue, à ne pas s'engager dans le cycle de la violence, dont je le rappelle, les populations civiles seraient évidemment les premières victimes, sans parler des infrastructures.
Q - L'Europe et le G8 ont prévu une initiative commune. Elle ira dans ce sens là, dans le sens d'un appel au dialogue ?
R - Je suis sûr qu'elle ira dans le sens du dialogue. Rien n'est possible sans ce dialogue, sans ce processus, sans cette médiation. L'Union européenne est probablement très bien placée pour cela, elle l'a déjà prouvé il y a quelques mois. Nous sommes à la disposition, bien sûr, des deux parties pour le faire. Il faut arrêter ces tirs de roquettes d'un côté, et il faut que l'on puisse évidemment le plus vite possible relâcher ces otages.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 juillet 2006