Texte intégral
J'entends dire ici ou là, avec plus ou moins de conviction et de talent, que l'époque ne serait plus aux partis politiques, qu'ils ne serviraient plus à rien, qu'ils n'intéresseraient personne ; que le XXIe siècle commençant, nous aurions le devoir impérieux d'inventer de nouvelles structures. Des structures qui seraient, bien entendu, plus " modernes ", qui répondraient mieux aux attentes de nos concitoyens.
Pourtant, voyez-vous, je ne peux manquer de m'interroger en vous voyant ici : qu'est-ce, après tout, qu'un parti ? Rien d'autre, mais c'est beaucoup, qu'un groupe de femmes et d'hommes qui peuvent avoir des différences, mais qui ont choisi de s'unir parce qu'ils partagent, sur des points fondamentaux, le même idéal, les mêmes valeurs, les mêmes désirs. Est-ce là l'objet rétrograde, pour ne pas dire ringard, que l'on nous décrit ? Certainement pas. C'est au contraire ce qui nous protège de la dictature de petites minorités d'experts ou composées de quelques élites économiques, technocratiques, scientifiques, voire politiques ! Alors, prenons garde à cette propension bien française qui, dans tous les domaines, nous pousse presque compulsivement, au moindre prétexte, à inventer de nouvelles machines, des structures ou des superstructures, censées être plus efficaces que celles qu'elles remplacent ou chapeautent. Et qui ont surtout pour vocation à se substituer aux citoyens. Prenons garde aux usines à gaz : elles, au moins, nous savons que nos compatriotes n'en veulent plus !
Un parti politique, donc, cela reste, si on le veut, si l'on agit pour cela, un outil moderne : la constitution de partis différenciés a été et reste un facteur de progrès, justement parce qu'un parti se constitue autour d'idées et non pas autour d'individus, autour d'un idéal et non pas autour de clientèles.
On peut critiquer ce modèle d'organisation et penser que seules la télévision et les images affichées en quatre sur trois font les élections.
Mais que je sache, même aux Etats-Unis, pays par définition, des media et de la publicité, les partis jouent un rôle essentiel.
Certes, il est nécessaire de s'adapter aux changements des comportements. A nous de conduire cette évolution.
D'ailleurs, si j'en crois les chiffres, notre Mouvement a commencé de le faire et cela porte ses fruits : le nombre de nos adhérents a quasi doublé par rapport à la fin de 1997, un sondage à la fin de la semaine dernière montre que notre image vient de s'améliorer de points. A nous seuls désormais, nous recueillons 22% des intentions de vote.
Et puis, au delà des chiffres, un parti vivant, et le nôtre l'est, ce sont, je le répète des femmes et des hommes qui veulent participer à la défense de leurs idées et de leurs convictions.
Ces femmes et ces hommes dévoués, il ne faut pas les trahir, les abandonner au milieu du gué, au risque d'en faire des orphelins. Il serait indigne de les instrumentaliser, de les déplacer, comme des objets, d'une case de l'échiquier à une autre, pour satisfaire des appétits individuels.
Au contraire, ce que veulent les Français, ce que veulent nos militants, c'est une nouvelle façon de faire de la politique, plus respectueuse des personnes, plus axées sur des projets clairs, plus soucieuses d'éthique. Peu importe en réalité la mise en forme juridique de cette action : ce qui compte, c'est bien le fond de notre action politique.
Notre système partisan - et cela va bien au-delà du seul RPR - doit savoir s'adapter aux nouvelles donnes politiques, aux évolutions de la société.
Un peu de modestie, en politique, ne fait jamais de mal. Il est bien fini, le temps des inconditionnels ! Nous ne devons plus croire que les électeurs sont notre bien. Nous devons en être, au sens le plus humble, mais aussi, comme par hasard, le plus noble du terme, les représentants.
Oui, la politique et les partis politiques doivent résolument évoluer avec leur temps. Ils se doivent d'être attentifs aux changements de comportement et d'aspiration des Français.
Plus que tout autre, notre Mouvement doit être à l'écoute des attentes de ses électeurs, des changements de notre société. Il doit savoir s'adapter. S'adapter sans se perdre, sans oublier son âme.
Il faut refonder la politique. Les Français ne supportent plus les actions dictées par la seule ambition personnelle.
L'aventure personnelle, l'ère des condottiere, c'est terminé, plus personne n'en veut.
Dans une société plus individualiste qu'hier, le paradoxe est que nos concitoyens entendent que les femmes et les hommes politiques soient, en quelque sorte, moins individualistes que la moyenne nationale ! c'est le signe d'une société adulte, à qui on ne la fait plus - nos concitoyens ont parfaitement compris que la politique est un fardeau, une charge au sens propre, comme on disait jadis, et non pas le moyen ultime d'exercer sa seule ambition personnelle. La société est ici en avance sur les politiques : notre tâche est bien évidemment de rattraper très vite ce retard, qui explique pour une grande part la désaffection actuelle de nos concitoyens. Bref, les Français veulent des convictions autres que l'impudeur d'une ambition personnelle et exclusive.
Il y eut le temps de la politique strass et paillettes, où la " petite phrase " assassine et bien tournée faisait les délices d'exégètes fascinés par un certain pouvoir. Mais ce temps est révolu.
Il y eut le temps de la politique du rêve éveillé, où certains, avec les seuls talents dont ils disposaient, ceux de la rhétorique et du cynisme, faisaient miroiter des mirages. Ce temps-là aussi est révolu.
Il y eut le temps de la communication pour la communication, sans réelle préoccupation des idées ou des convictions. Cette époque se termine.
Est venu, j'en suis persuadée, le temps de la politique vraie, de la sincérité, de l'honnêteté dans tous les domaines, de la recherche de l'intérêt général, de la générosité, de la chaleur humaine, dont Jacques CHIRAC nous donne depuis tant d'années le modèle.
Nous avons aujourd'hui à résoudre un problème de croyance : nos concitoyens, nos électeurs, ne nous croient plus sur parole. L'expression même " nos électeurs "serait d'ailleurs à bannir de notre discours et de nos têtes : les Français ne sont la propriété de personne, et la volatilité de l'électorat, que d'aucuns traitent avec mépris de " consumérisme politique ", peut aussi être interprétée comme un sage réflexe (d'ailleurs loué dans d'autres champs d'activités).
Nous gagnerons donc, j'en suis persuadée, si nous faisons, si chacune et chacun d'entre nous fait la démonstration de notre sérieux, de notre sincérité, de notre transparence, de notre engagement désintéressé pour des principes qui sont supérieurs à nos individualités.
Les Français rejettent les affrontements qui ne couvrent que des querelles de personnes et qui nous conduisent à l'échec.
C'est une vérité, dans mon esprit nécessaire à rappeler avant d'aborder sereinement, et de façon recadrée, la question de l'indispensable union de l'Opposition.
Pourquoi, dans leur écrasante majorité, les électeurs qui ont des sympathies pour nous veulent-ils l'union ? D'abord et avant tout, parce qu'ils en ont assez des querelles de personnes, assez du cortège d'échecs que ces querelles ont entraînés, et ne manqueront pas, si rien n'est fait, d'entraîner encore.
Ils nous demandent l'union, parce que, même si c'est une chose terrible à dire, ils considèrent que le spectacle offert par les rivalités de quelques caciques de tout bord, persuadés de leur importance, leur paraît parfois pathétique. C'est souvent pourquoi ils réclament avec tant de constance, le changement des têtes.
L'union, j'en ai été depuis mon arrivée à la tête du Mouvement la première militante, à une époque où personne n'en parlait. La mise en place des Conventions et des Ateliers de l'Alternance, la procédure, les investitures aux municipales (où seulement 10 primaires manifestent des divisions) montrent que cette union, concrètement et au quotidien, nous avons veillé à la mettre en place. Aujourd'hui des projets pour aller plus loin fleurissent. Je m'en réjouis sincèrement. Ils s'inscrivent dans la suite logique de notre action. Nous devons profiter de la richesse de chacun, de l'expérience de tous les auteurs de ces initiatives multiples pour conforter et renforcer l'union de tous ceux qui veulent que cesse la politique mise en oeuvre par le gouvernement. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé, comme notre Bureau Politique l'avait souhaité, à Françoise de Panafieu, Gilles Carrez et Gérard Larcher de travailler sur les idées déjà exprimées ou qui le seront bientôt, et avec leurs auteurs pour en tirer un projet fort, non pas signé seulement par des individualités, mais représentatif de toute l'opposition, élus et électeurs.
Il y eut depuis les débuts de la Vème république de nombreuses tentatives d'union des formations que j'appellerai, pour faire court, de droite. Beaucoup conduisirent à des victoires électorales, certaines avortèrent à peine conçues. Curieusement , nous réalisons l'Union sans problème quand il s'agit de gouverner ensemble (il paraît que Monsieur Jospin aimerait connaître notre recette !). C'est plutôt, quand il s'agit de gagner ou de conserver des sièges que nous nous divisons. Curieux paradoxe masochiste !
Bref, la question est aujourd'hui, comment réaliser, même quand nous ne sommes pas au pouvoir une Union durable, qui soit celle de nos électeurs, de nos groupes parlementaires, de nos partis ? Je crois sincèrement que c'est en faisant davantage participer à la décision d'Union et à sa pérennité, ceux qui la veulent vraiment et qui sont ceux dont nous tirons notre légitimité : nos électeurs, nos militants, nos sympathisants.
Vous le savez, la valeur ultime, la pierre de touche de mon engagement politique,
c'est la démocratie. Nos sympathisants, nos militants, nos électeurs, je les écoute quand je vais, à Poitiers, à Montbéliard, à Châtellerault, à Gonesse, à Besançon, et ailleurs, partout en France. Ce dont je suis sûre, c'est que l'union, nos électeurs et nos militants n'y croient pas si elle s'apparente simplement à des accords d'états-majors. Ils veulent participer à sa réalisation, dire quelle forme, à leurs yeux, elle doit prendre, quelles idées elle doit recouvrir.
C'est pourquoi, je viens de lancer dans chaque département une action mobilisant les uns et les autres pour réaliser une vraie union durable et reposant sur un programme dont les priorités seront choisies en commun. Et ces priorités, ces idées ne doivent pas constituer un programme à l'eau tiède. Ceux qui nous élisent ne veulent pas d'une Union, qui s'apparenterait à une recherche à tout prix d'un consensus invertébré, signifiant une occultation complète de nos idées. Chacun doit retrouver ses convictions, celles de nos partenaires et les nôtres. Le gaullisme n'est pas soluble dans l'eau tiède !
Nos militants, nos électeurs veulent une union, qui avec exigence, partant de la mise en commun de nos idées, parvienne non pas au plus petit, mais au plus grand commun dénominateur. Nous devons nous réunir, oui, cent fois oui, mais autour de valeurs et d'idées, toutes choses qui transcendent les destinées individuelles.
Bref, et cela est somme toute très raisonnable, nos militants demandent l'union dans la mesure, où celle-ci pourrait être le lieu de germination d'un projet ambitieux, adapté aux changements de notre société, tourné vers l'avenir, à leur écoute, nous distinguant clairement des pesanteurs socialistes.
Car, au bout du compte, pourquoi devons-nous rechercher l'union ? Non pour faire plaisir à quelques-uns, mais parce que la politique aujourd'hui mise en oeuvre par le gouvernement ne tient aucun compte de l'intérêt des Français. Est-il utile de rappeler les réformes indispensables et suspendues pour cause d'ambition présidentielle de Monsieur JOSPIN et donc par crainte d'irriter quelques-uns de ses supports électoraux ? Retraites, réforme de l'Etat, de l'Education nationale, de la fiscalité. La période d'une croissance jamais encore aussi forte aura été inutile pour la France et les Français. La France réglementée, recentralisée, repliée sur les privilèges de certaines catégories prend du retard, vieillit dans ses structures, dans son fonctionnement, dans ses modes de pensée. Il suffit de quelques visites à l'étranger pour constater l'évidence de cette évolution.
Cette situation rend d'autant plus impérieux le besoin d'offrir d'autres perspectives et d'autres choix aux Français. C'est pourquoi nous considérons que nous avons le devoir de soumettre au plus vite aux Français une série de propositions réalistes, non démagogiques mais ambitieuses, généreuses et modernes. Ces propositions, ce sont celles dont Jacques CHIRAC a rappelé l'impérieuse urgence lors de ses voeux aux Français.
Notre Mouvement y travaille en liaison avec nos partenaires de l'Opposition. Après
avoir associé nos militants et nos sympathisants dans plus de 1.500 réunions de travail à travers toute la France, nous avons proposé les grandes orientations d'une nouvelle politique axée sur l'allègement des contraintes et des freins, sur le sens de la responsabilité, la reconnaissance du mérite, sur le rapprochement des décisions sur le terrain. Lors de nos Assises de juin dernier, ces orientations ont été adoptées par les 10.000 participants. Depuis nos secrétaires et délégués nationaux, sous la " houlette " de Jean-François COPE, en liaison avec nos partenaires de l'Opposition, dans des groupes de travail, dans les conventions et ateliers de l'Alternanceconstruisent le programme d'Alternance qui sera proposé aux Français. Ils le sont, secteur après secteur, semaine après semaine.
Pratiquement chaque semaine, une convention, une table-ronde, une conférence de presse, un atelier de l'Alternance, permettent de présenter ces idées et ces propositions.
Cela a déjà été le cas pour une partie de notre programme sur l'environnement, pour nos projets sur le logement social, pour une partie de nos idées sur l'éducation, pour celles sur les nouvelles relations sociales, sur les retraites, sur la décentralisation. Ce sera le cas bientôt pour la sécurité.
Depuis 1997, on entend trop souvent dire qu'il ne se passe rien à droite : c'est faux naturellement, puisque, ici et ailleurs, nous n'avons jamais cessé de travailler à des initiatives multiples, libres, fructueuses ; mais ce qui est vrai, c'est que nous l'avons fait parfois de manière éparpillée, et donc peu lisible. Sans doute fallait-il en passer par ce libre jeu des idées, mais il s'agit aujourd'hui de remettre tout cela non pas en ordre, mais en résonance - en résonance avec le Président de la République, qui trace la voie ; en résonance avec les autres partis de la droite ; en résonance, enfin, avec le pays.
Il nous faut donc, avant toute chose, parachever ce que j'appellerais notre aggiornamento : nous avons des convictions, elles ne doivent plus être masquées par des arrière-pensées. Notre parti gaulliste, qui met au centre de ses préoccupations la personne, dans sa liberté et dans son épanouissement, mais aussi dans sa sécurité, tant matérielle que morale, est certainement le parti le plus en phase avec la demande actuelle de la société française tout entière - une société qui chérit toujours plus les libertés privées, mais demande également, et dans le même temps, qu'un socle de justice et de sécurité soit établi pour tous.
Ces valeurs qui nous sont communes sont même tellement d'actualité que beaucoup de nos adversaires se les approprient sans vergogne - qui ne se déclare pas gaulliste aujourd'hui ? Je suis persuadée que les Français préféreront l'original aux multiples copies.
Ce que nous croyons coïncide avec les attentes de la population : mais nous ne gagnerons que si nous avons un comportement éthiquement irréprochable, à l'appui de ces convictions ; nous devons aussi ne jamais oublier le principe de réalité, qui doit être la pierre de touche de nos propositions ; nous devons enfin, continûment, associer l'ensemble de nos militants, et plus largement des électeurs, à notre démarche.
Sur toutes les grandes questions qui préoccupent les Français, nous préparons des positions fortes, novatrices, mais aussi pesées et chiffrées.
La tâche est considérable, et, pour cette raison même, bien propre à faire naître l'enthousiasme : mais rappelons-nous que les différentes composantes de l'opposition sont très proches, sur le terrain des idées ; je suis convaincue que, si nous accomplissons honnêtement et sérieusement ce travail en amont, la question de l'union se résoudra pour ainsi dire d'elle-même : quel meilleur ferment de l'amitié et de l'union, en effet, que la résonance des idées ?
Parce qu'il est, qu'on le veuille ou non, le parti de l'Opposition le plus nombreux parses électeurs, ses militants, ses structures décentralisées, c'est au RPR que revient la première responsabilité dans l'initiation de la refondation nécessaire de notre vie politique.
Parce qu'il est le premier Mouvement de l'Opposition, c'est au RPR qu'il revient d'être à la pointe de l'Union, du progrès des idées, de l'association de tous, aux décisions et aux propositions pour aller vers les victoires de demain. A cette action, j'ai bien l'intention de prendre toute ma part, et de permettre au Mouvement d'y prendre toute sa part.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 29 janvier 2001).
Pourtant, voyez-vous, je ne peux manquer de m'interroger en vous voyant ici : qu'est-ce, après tout, qu'un parti ? Rien d'autre, mais c'est beaucoup, qu'un groupe de femmes et d'hommes qui peuvent avoir des différences, mais qui ont choisi de s'unir parce qu'ils partagent, sur des points fondamentaux, le même idéal, les mêmes valeurs, les mêmes désirs. Est-ce là l'objet rétrograde, pour ne pas dire ringard, que l'on nous décrit ? Certainement pas. C'est au contraire ce qui nous protège de la dictature de petites minorités d'experts ou composées de quelques élites économiques, technocratiques, scientifiques, voire politiques ! Alors, prenons garde à cette propension bien française qui, dans tous les domaines, nous pousse presque compulsivement, au moindre prétexte, à inventer de nouvelles machines, des structures ou des superstructures, censées être plus efficaces que celles qu'elles remplacent ou chapeautent. Et qui ont surtout pour vocation à se substituer aux citoyens. Prenons garde aux usines à gaz : elles, au moins, nous savons que nos compatriotes n'en veulent plus !
Un parti politique, donc, cela reste, si on le veut, si l'on agit pour cela, un outil moderne : la constitution de partis différenciés a été et reste un facteur de progrès, justement parce qu'un parti se constitue autour d'idées et non pas autour d'individus, autour d'un idéal et non pas autour de clientèles.
On peut critiquer ce modèle d'organisation et penser que seules la télévision et les images affichées en quatre sur trois font les élections.
Mais que je sache, même aux Etats-Unis, pays par définition, des media et de la publicité, les partis jouent un rôle essentiel.
Certes, il est nécessaire de s'adapter aux changements des comportements. A nous de conduire cette évolution.
D'ailleurs, si j'en crois les chiffres, notre Mouvement a commencé de le faire et cela porte ses fruits : le nombre de nos adhérents a quasi doublé par rapport à la fin de 1997, un sondage à la fin de la semaine dernière montre que notre image vient de s'améliorer de points. A nous seuls désormais, nous recueillons 22% des intentions de vote.
Et puis, au delà des chiffres, un parti vivant, et le nôtre l'est, ce sont, je le répète des femmes et des hommes qui veulent participer à la défense de leurs idées et de leurs convictions.
Ces femmes et ces hommes dévoués, il ne faut pas les trahir, les abandonner au milieu du gué, au risque d'en faire des orphelins. Il serait indigne de les instrumentaliser, de les déplacer, comme des objets, d'une case de l'échiquier à une autre, pour satisfaire des appétits individuels.
Au contraire, ce que veulent les Français, ce que veulent nos militants, c'est une nouvelle façon de faire de la politique, plus respectueuse des personnes, plus axées sur des projets clairs, plus soucieuses d'éthique. Peu importe en réalité la mise en forme juridique de cette action : ce qui compte, c'est bien le fond de notre action politique.
Notre système partisan - et cela va bien au-delà du seul RPR - doit savoir s'adapter aux nouvelles donnes politiques, aux évolutions de la société.
Un peu de modestie, en politique, ne fait jamais de mal. Il est bien fini, le temps des inconditionnels ! Nous ne devons plus croire que les électeurs sont notre bien. Nous devons en être, au sens le plus humble, mais aussi, comme par hasard, le plus noble du terme, les représentants.
Oui, la politique et les partis politiques doivent résolument évoluer avec leur temps. Ils se doivent d'être attentifs aux changements de comportement et d'aspiration des Français.
Plus que tout autre, notre Mouvement doit être à l'écoute des attentes de ses électeurs, des changements de notre société. Il doit savoir s'adapter. S'adapter sans se perdre, sans oublier son âme.
Il faut refonder la politique. Les Français ne supportent plus les actions dictées par la seule ambition personnelle.
L'aventure personnelle, l'ère des condottiere, c'est terminé, plus personne n'en veut.
Dans une société plus individualiste qu'hier, le paradoxe est que nos concitoyens entendent que les femmes et les hommes politiques soient, en quelque sorte, moins individualistes que la moyenne nationale ! c'est le signe d'une société adulte, à qui on ne la fait plus - nos concitoyens ont parfaitement compris que la politique est un fardeau, une charge au sens propre, comme on disait jadis, et non pas le moyen ultime d'exercer sa seule ambition personnelle. La société est ici en avance sur les politiques : notre tâche est bien évidemment de rattraper très vite ce retard, qui explique pour une grande part la désaffection actuelle de nos concitoyens. Bref, les Français veulent des convictions autres que l'impudeur d'une ambition personnelle et exclusive.
Il y eut le temps de la politique strass et paillettes, où la " petite phrase " assassine et bien tournée faisait les délices d'exégètes fascinés par un certain pouvoir. Mais ce temps est révolu.
Il y eut le temps de la politique du rêve éveillé, où certains, avec les seuls talents dont ils disposaient, ceux de la rhétorique et du cynisme, faisaient miroiter des mirages. Ce temps-là aussi est révolu.
Il y eut le temps de la communication pour la communication, sans réelle préoccupation des idées ou des convictions. Cette époque se termine.
Est venu, j'en suis persuadée, le temps de la politique vraie, de la sincérité, de l'honnêteté dans tous les domaines, de la recherche de l'intérêt général, de la générosité, de la chaleur humaine, dont Jacques CHIRAC nous donne depuis tant d'années le modèle.
Nous avons aujourd'hui à résoudre un problème de croyance : nos concitoyens, nos électeurs, ne nous croient plus sur parole. L'expression même " nos électeurs "serait d'ailleurs à bannir de notre discours et de nos têtes : les Français ne sont la propriété de personne, et la volatilité de l'électorat, que d'aucuns traitent avec mépris de " consumérisme politique ", peut aussi être interprétée comme un sage réflexe (d'ailleurs loué dans d'autres champs d'activités).
Nous gagnerons donc, j'en suis persuadée, si nous faisons, si chacune et chacun d'entre nous fait la démonstration de notre sérieux, de notre sincérité, de notre transparence, de notre engagement désintéressé pour des principes qui sont supérieurs à nos individualités.
Les Français rejettent les affrontements qui ne couvrent que des querelles de personnes et qui nous conduisent à l'échec.
C'est une vérité, dans mon esprit nécessaire à rappeler avant d'aborder sereinement, et de façon recadrée, la question de l'indispensable union de l'Opposition.
Pourquoi, dans leur écrasante majorité, les électeurs qui ont des sympathies pour nous veulent-ils l'union ? D'abord et avant tout, parce qu'ils en ont assez des querelles de personnes, assez du cortège d'échecs que ces querelles ont entraînés, et ne manqueront pas, si rien n'est fait, d'entraîner encore.
Ils nous demandent l'union, parce que, même si c'est une chose terrible à dire, ils considèrent que le spectacle offert par les rivalités de quelques caciques de tout bord, persuadés de leur importance, leur paraît parfois pathétique. C'est souvent pourquoi ils réclament avec tant de constance, le changement des têtes.
L'union, j'en ai été depuis mon arrivée à la tête du Mouvement la première militante, à une époque où personne n'en parlait. La mise en place des Conventions et des Ateliers de l'Alternance, la procédure, les investitures aux municipales (où seulement 10 primaires manifestent des divisions) montrent que cette union, concrètement et au quotidien, nous avons veillé à la mettre en place. Aujourd'hui des projets pour aller plus loin fleurissent. Je m'en réjouis sincèrement. Ils s'inscrivent dans la suite logique de notre action. Nous devons profiter de la richesse de chacun, de l'expérience de tous les auteurs de ces initiatives multiples pour conforter et renforcer l'union de tous ceux qui veulent que cesse la politique mise en oeuvre par le gouvernement. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé, comme notre Bureau Politique l'avait souhaité, à Françoise de Panafieu, Gilles Carrez et Gérard Larcher de travailler sur les idées déjà exprimées ou qui le seront bientôt, et avec leurs auteurs pour en tirer un projet fort, non pas signé seulement par des individualités, mais représentatif de toute l'opposition, élus et électeurs.
Il y eut depuis les débuts de la Vème république de nombreuses tentatives d'union des formations que j'appellerai, pour faire court, de droite. Beaucoup conduisirent à des victoires électorales, certaines avortèrent à peine conçues. Curieusement , nous réalisons l'Union sans problème quand il s'agit de gouverner ensemble (il paraît que Monsieur Jospin aimerait connaître notre recette !). C'est plutôt, quand il s'agit de gagner ou de conserver des sièges que nous nous divisons. Curieux paradoxe masochiste !
Bref, la question est aujourd'hui, comment réaliser, même quand nous ne sommes pas au pouvoir une Union durable, qui soit celle de nos électeurs, de nos groupes parlementaires, de nos partis ? Je crois sincèrement que c'est en faisant davantage participer à la décision d'Union et à sa pérennité, ceux qui la veulent vraiment et qui sont ceux dont nous tirons notre légitimité : nos électeurs, nos militants, nos sympathisants.
Vous le savez, la valeur ultime, la pierre de touche de mon engagement politique,
c'est la démocratie. Nos sympathisants, nos militants, nos électeurs, je les écoute quand je vais, à Poitiers, à Montbéliard, à Châtellerault, à Gonesse, à Besançon, et ailleurs, partout en France. Ce dont je suis sûre, c'est que l'union, nos électeurs et nos militants n'y croient pas si elle s'apparente simplement à des accords d'états-majors. Ils veulent participer à sa réalisation, dire quelle forme, à leurs yeux, elle doit prendre, quelles idées elle doit recouvrir.
C'est pourquoi, je viens de lancer dans chaque département une action mobilisant les uns et les autres pour réaliser une vraie union durable et reposant sur un programme dont les priorités seront choisies en commun. Et ces priorités, ces idées ne doivent pas constituer un programme à l'eau tiède. Ceux qui nous élisent ne veulent pas d'une Union, qui s'apparenterait à une recherche à tout prix d'un consensus invertébré, signifiant une occultation complète de nos idées. Chacun doit retrouver ses convictions, celles de nos partenaires et les nôtres. Le gaullisme n'est pas soluble dans l'eau tiède !
Nos militants, nos électeurs veulent une union, qui avec exigence, partant de la mise en commun de nos idées, parvienne non pas au plus petit, mais au plus grand commun dénominateur. Nous devons nous réunir, oui, cent fois oui, mais autour de valeurs et d'idées, toutes choses qui transcendent les destinées individuelles.
Bref, et cela est somme toute très raisonnable, nos militants demandent l'union dans la mesure, où celle-ci pourrait être le lieu de germination d'un projet ambitieux, adapté aux changements de notre société, tourné vers l'avenir, à leur écoute, nous distinguant clairement des pesanteurs socialistes.
Car, au bout du compte, pourquoi devons-nous rechercher l'union ? Non pour faire plaisir à quelques-uns, mais parce que la politique aujourd'hui mise en oeuvre par le gouvernement ne tient aucun compte de l'intérêt des Français. Est-il utile de rappeler les réformes indispensables et suspendues pour cause d'ambition présidentielle de Monsieur JOSPIN et donc par crainte d'irriter quelques-uns de ses supports électoraux ? Retraites, réforme de l'Etat, de l'Education nationale, de la fiscalité. La période d'une croissance jamais encore aussi forte aura été inutile pour la France et les Français. La France réglementée, recentralisée, repliée sur les privilèges de certaines catégories prend du retard, vieillit dans ses structures, dans son fonctionnement, dans ses modes de pensée. Il suffit de quelques visites à l'étranger pour constater l'évidence de cette évolution.
Cette situation rend d'autant plus impérieux le besoin d'offrir d'autres perspectives et d'autres choix aux Français. C'est pourquoi nous considérons que nous avons le devoir de soumettre au plus vite aux Français une série de propositions réalistes, non démagogiques mais ambitieuses, généreuses et modernes. Ces propositions, ce sont celles dont Jacques CHIRAC a rappelé l'impérieuse urgence lors de ses voeux aux Français.
Notre Mouvement y travaille en liaison avec nos partenaires de l'Opposition. Après
avoir associé nos militants et nos sympathisants dans plus de 1.500 réunions de travail à travers toute la France, nous avons proposé les grandes orientations d'une nouvelle politique axée sur l'allègement des contraintes et des freins, sur le sens de la responsabilité, la reconnaissance du mérite, sur le rapprochement des décisions sur le terrain. Lors de nos Assises de juin dernier, ces orientations ont été adoptées par les 10.000 participants. Depuis nos secrétaires et délégués nationaux, sous la " houlette " de Jean-François COPE, en liaison avec nos partenaires de l'Opposition, dans des groupes de travail, dans les conventions et ateliers de l'Alternanceconstruisent le programme d'Alternance qui sera proposé aux Français. Ils le sont, secteur après secteur, semaine après semaine.
Pratiquement chaque semaine, une convention, une table-ronde, une conférence de presse, un atelier de l'Alternance, permettent de présenter ces idées et ces propositions.
Cela a déjà été le cas pour une partie de notre programme sur l'environnement, pour nos projets sur le logement social, pour une partie de nos idées sur l'éducation, pour celles sur les nouvelles relations sociales, sur les retraites, sur la décentralisation. Ce sera le cas bientôt pour la sécurité.
Depuis 1997, on entend trop souvent dire qu'il ne se passe rien à droite : c'est faux naturellement, puisque, ici et ailleurs, nous n'avons jamais cessé de travailler à des initiatives multiples, libres, fructueuses ; mais ce qui est vrai, c'est que nous l'avons fait parfois de manière éparpillée, et donc peu lisible. Sans doute fallait-il en passer par ce libre jeu des idées, mais il s'agit aujourd'hui de remettre tout cela non pas en ordre, mais en résonance - en résonance avec le Président de la République, qui trace la voie ; en résonance avec les autres partis de la droite ; en résonance, enfin, avec le pays.
Il nous faut donc, avant toute chose, parachever ce que j'appellerais notre aggiornamento : nous avons des convictions, elles ne doivent plus être masquées par des arrière-pensées. Notre parti gaulliste, qui met au centre de ses préoccupations la personne, dans sa liberté et dans son épanouissement, mais aussi dans sa sécurité, tant matérielle que morale, est certainement le parti le plus en phase avec la demande actuelle de la société française tout entière - une société qui chérit toujours plus les libertés privées, mais demande également, et dans le même temps, qu'un socle de justice et de sécurité soit établi pour tous.
Ces valeurs qui nous sont communes sont même tellement d'actualité que beaucoup de nos adversaires se les approprient sans vergogne - qui ne se déclare pas gaulliste aujourd'hui ? Je suis persuadée que les Français préféreront l'original aux multiples copies.
Ce que nous croyons coïncide avec les attentes de la population : mais nous ne gagnerons que si nous avons un comportement éthiquement irréprochable, à l'appui de ces convictions ; nous devons aussi ne jamais oublier le principe de réalité, qui doit être la pierre de touche de nos propositions ; nous devons enfin, continûment, associer l'ensemble de nos militants, et plus largement des électeurs, à notre démarche.
Sur toutes les grandes questions qui préoccupent les Français, nous préparons des positions fortes, novatrices, mais aussi pesées et chiffrées.
La tâche est considérable, et, pour cette raison même, bien propre à faire naître l'enthousiasme : mais rappelons-nous que les différentes composantes de l'opposition sont très proches, sur le terrain des idées ; je suis convaincue que, si nous accomplissons honnêtement et sérieusement ce travail en amont, la question de l'union se résoudra pour ainsi dire d'elle-même : quel meilleur ferment de l'amitié et de l'union, en effet, que la résonance des idées ?
Parce qu'il est, qu'on le veuille ou non, le parti de l'Opposition le plus nombreux parses électeurs, ses militants, ses structures décentralisées, c'est au RPR que revient la première responsabilité dans l'initiation de la refondation nécessaire de notre vie politique.
Parce qu'il est le premier Mouvement de l'Opposition, c'est au RPR qu'il revient d'être à la pointe de l'Union, du progrès des idées, de l'association de tous, aux décisions et aux propositions pour aller vers les victoires de demain. A cette action, j'ai bien l'intention de prendre toute ma part, et de permettre au Mouvement d'y prendre toute sa part.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 29 janvier 2001).