Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec France 2 le 25 septembre 2006, sur la politique nucléaire de l'Iran.

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Média : France 2

Texte intégral

Q - On parle beaucoup de solutions diplomatiques, de main tendue avec l'Iran, de dialogue. Franchement, cette option diplomatique est-elle toujours d'actualité ?
R - Il y a deux écueils à éviter. Le premier est une confrontation sans avoir l'occasion de s'expliquer, de dialoguer. Et le deuxième, c'est évidemment de voir des Iraniens gagner du temps, toujours gagner du temps, allant pré-réunion en réunion, et, en définitive, continuer leur programme malgré ce que dit l'AIEA.
Nous leur avons fait des propositions politiques, des propositions économiques, des propositions sur le nucléaire civil à des fins pacifiques. Maintenant, c'est à eux de nous dire, rapidement, ce qu'ils pensent.
Q - En quoi pensez-vous que les Iraniens puissent restaurer la confiance ? Vous disiez que le problème était la confiance, alors, compte tenu de tout cela, compte tenu de cette Histoire finalement, peut-on avoir confiance ?
R - Lorsque M. Ahmadinejad déclare qu'il faut "faire une croix" sur Israël, personne ne peut avoir confiance, et tout le monde condamne ces propos choquants et inacceptables.
Mais il faut savoir que l'Iran, qui est un grand pays, avec une grande civilisation et une longue histoire, a droit à l'activité nucléaire civile à des fins pacifiques, ne serait-ce que pour développer son industrie, qui est importante, car c'est un pays riche.
Nous n'avons qu'un seul but, c'est demander à l'AIEA de restaurer cette confiance. Le jour où M. El Baradeï nous dira que tous les contrôles sont parfaits, que les Iraniens nous montrent tout et que nous savons qu'il n'y a pas d'enrichissement d'uranium en plus, je dirai alors que la confiance sera revenue.
Q - Quel délai vous donnez-vous ? Le mois d'octobre sera-t-il la prochaine étape ?
R - Nous estimons que c'est une affaire de semaines. Maintenant que les Iraniens connaissent, non seulement les propositions que nous avons faites il y a deux mois, mais aussi cette nouvelle proposition que le président a faite de suspendre pour ce qui nous concerne le processus d'adoption des sanctions, et dans le même temps, ce qui les concerne, l'enrichissement de l'uranium, s'ils ne répondent pas à ces propositions d'ici à quelques semaines, inévitablement, c'est la fermeté qui prévaudra. Les Iraniens doivent le savoir. Il faut que l'Iran adopte une attitude raisonnable, et il ne faut pas qu'il s'isole de la communauté internationale.
Nous avons donc un double langage, celui du dialogue et celui de la fermeté. Mais, n'oubliez pas que ce n'est pas parce que nous dialoguons que nous ne serons pas fermes.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2006