Interview de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans "Paris Match" le 21 septembre 2006, sur le rapprochement GDF Suez, le dialogue social, les manifestations du 12 septembre 2006.

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Média : Paris Match

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Le gouvernement cherche à se réhabiliter après l'épisode désastreux du Cpe qui a montré qu'il était autoritaire, sourd aux remarques syndicales. Avec ce qu'il préconise aujourd'hui, on ne va pas très loin. Il faut une vraie démocratie sociale, c'est à dire accepter que la représentation syndicale repose sur des mécanismes réellement démocratiques et que les accords reconnus ne soient que ceux signés par des syndicats représentant une majorité des salariés.
Dominique de Villepin a lancé un débat sur le dialogue social. Qu'en attendez-vous ?
Le gouvernement cherche à se réhabiliter après l'épisode désastreux du Cpe qui a montré qu'il était autoritaire, sourd aux remarques syndicales. Avec ce qu'il préconise aujourd'hui, on ne va pas très loin. Il faut une vraie démocratie sociale, c'est à dire accepter que la représentation syndicale repose sur des mécanismes réellement démocratiques et que les accords reconnus ne soient que ceux signés par des syndicats représentant une majorité des salariés. Dès lors que l'on ne veut pas traiter de ces questions, on n'est que sur des thèmes de procédures qui n'iront pas très loin en terme d'efficacité. On est plus dans le domaine de l'affichage.
Le débat autour de la représentativité des syndicats porté par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal est-il une attaque généralisée ?
Les discours préelectoraux se multiplient. Ils ne sont pas tous de même nature. Dans certains cas, il s'agit d'agiter des chiffons rouges pour flatter son électorat et surtout pour que l'on ne s'intéresse pas aux questions plus fondamentales. Ces chiffons rouges sont à chaque fois des éléments susceptibles de diviser un peu plus les catégories de nos concitoyens. Soit par âge, soit par statut social, par nationalité. On est devant un discours de fracture qui pense qu'en faisant plaisir, catégorie par catégorie, on finira par rassembler une majorité.
La remise en question des régimes spéciaux de retraite en fait-elle partie ?
En les mettant en avant, cela permet d'évacuer la question centrale qui est l'avenir des retraites en général. En laissant entendre qu'il suffirait de revenir sur les régimes spéciaux pour que la situation de l'ensemble des retraites soit améliorée. Ce qui est une illusion.
Une réforme des retraites est néanmoins nécessaire.
Nous voulons tout remettre sur le tapis. Pas pour l'appréhender en termes de sacrifice nouveaux, mais pour assurer un meilleur niveau de vie aux retraités.
Qu'allez-vous proposer ?
On ne peut pas demander aux salariés, qui sont de moins en moins nombreux, de financer les besoins d'une population retraitée de plus en plus importante. Nous préconisons de modifier l'assiette de calcul des retraites, de ne pas s'en tenir uniquement à la masse salariale, mais de prendre en compte l'ensemble de la richesse produite dans le pays, de s'attaquer aux marges financières.
La mobilisation contre la fusion Gdf-Suez a été très faible. Lors des manifestations du 12 septembre. Les syndicats ne sont pas entendus ?
On a marqué plusieurs points. A l'intérieur de l'entreprise, après la consultation du personnel qui a montré que, très majoritairement, il n'était pas favorable au projet gouvernemental. La journée d'action du 12 septembre a été un premier rendez-vous marqué par une participation supérieure à la précédente au mois de juin. Nous proposons d'autres rendez-vous dès le mois d'octobre. On a encore plusieurs semaines, si ce n'est plusieurs mois pour mettre en échec cette privatisation de Gdf. Source http://www.cgt.fr, le 28 septembre 2006