Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur les manifestations des agriculteurs, à l'Assemblée nationale le 9 février 1999.

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Circonstance : Question de J. Parrenin, député PS du Doubs, à la suite des manifestations d'agriculteurs à Paris le 8 février 1999 et des dégradations au ministère de l'environnement et à l'ENA

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur le député,

Les messages qu'il s'agit d'adresser à l'opinion et aux agriculteurs sont clairs ; des actes graves et inadmissibles ont été commis hier. Ils ont été commis - je vais y venir, je finirai par là, Monsieur le député - ils ont été commis à l'encontre d'un ministère et dune grande école, contre des symboles de l'État, l'État qui est garant du respect de la loi commune. Des interpellations nombreuses ont été effectuées, des plaintes ont été déposées, des poursuites judiciaires seront en gagées.

Ces actes sont d'autant moins admissibles, et ils ne seront d'ailleurs à l'avenir pas tolérés, que la voie du dialogue a toujours été ouverte et reste ouverte avec les représentants légitimes du monde agricole, à tous les niveaux, et ce matin encore, à Matignon, je recevais les principaux responsables dans le cadre de ce qu'on appelle le Conseil de l'agriculture française.

Ces actes, commis d'ailleurs par des agriculteurs qui ne sont pas parmi les plus malheureux, et je n'aurai pas devant vous l'indiscrétion d'indiquer le nombre de centaines d'hectares et le nombre d'aides par exploitation que recevaient un certain nombre de personnes interpellées hier.

Ces actes, Monsieur le député, ne doivent à mes yeux en aucun cas ternir l'ensemble du monde agricole et cela d'autant moins qu'ils auront été fermement désavoués et condamnés. je me réjouis, à cet égard, de la façon dont Monsieur L. Guyau s'est exprimé sur ce sujet hier, et plus encore ce matin, en quittant la réunion à laquelle je lavais convié. L'opinion n'est d'ailleurs pas prête, il faut le savoir, à accepter de tels comportements.

Si le Gouvernement, par ma voix, exprime ici sa réprobation et sa condamnation à l'égard de tels actes, il souhaite dire à l'aube de négociations très difficiles sur Agenda 2000, au cœur desquelles réside la question de la défense de notre agriculture, négociations que nous menons en commun avec le Président de la République et dans l'unité même de la délégation française, oui je souhaite réaffirmer ici la confiance du Gouvernement dans l'avenir du monde agricole français dont je sais le rôle déterminant dans la vie économique et sociale de notre pays, aussi bien au plan productif que sur le plan de l'animation de nos espaces ruraux.

Et pour finir dernier message, Mesdames et Messieurs les députés, et notamment Monsieur le député qui m'interpellez ici sur les bancs de l'opposition, nous avons souvent ici même, et souvent, à votre demande, parlé des problèmes d'insécurité et de violences urbaines. Pensons donc à l'exemple déplorable qui a été donné hier à des jeunes que l'on invite par ailleurs à respecter la loi commune. Alors, à la représentation nationale, comme à l'opinion tout entière, je veux dire que la démarche du Gouvernement est la même, quels que soient ses interlocuteurs : le respect des opinions et des personnes, le dialogue attentif et constant mais aussi le refus des pressions et des violences incompatibles avec une société démocratique.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr)