Texte intégral
Bonjour, Monsieur Pasqua.
Bonjour.
Samedi, vous avez réuni les secrétaires départementaux du RPF. Et apparemment, l'ambiance n'était pas fameuse. On a parlé de putsch. C'est vrai, vous voulez changer les statuts?
Je crois que, ce qu'il faut, c'est qu'à l'approche des élections législatives, il faut qu'il y ait dans notre mouvement une très grande cohésion.
Elle n'existe pas actuellement?
Vous savez, l'approche des élections, je vois cela dans tous les partis politiques, a comme conséquence de troubler un peu les esprits. Donc, il faut ramener le calme. Et, d'autre part, il faut aussi que ce mouvement soit dirigé de façon homogène et cohérente.
Donc, j'en conclus qu'il ne l'est pas non plus.
C'est ce à quoi je vais m'employer.
C'est à dire que le tandem Pasqua- Villiers ne fonctionne pas?
Ah non, cela n'a rien à voir. Je veux dire que les relations que j'ai avec Philippe de Villiers sont bonnes et il ne conteste pas le fait que je dirige ce mouvement. Mais je trouve que, autour de nous, il y a un peut trop de turbulences. Alors, il faut y mettre bon ordre. Il y a un secrétaire général, Jean Jacques Guillet, dans lequel j'ai une entière confiance. Nous allons cette semaine réunir et installer autour de lui ceux qui vont diriger le mouvement.
Donc, il y a un changement quand même dans la composition, dans la formation de la direction?
Nécessaire.
Très bien. Les statuts actuels donc ne sont pas viables?
Si, les statuts actuels sont viables. Mais comme tous les statuts, il faut les adapter. Et puis, il faut se souvenir d'une chose. Moi, je n'ai pas créé un mouvement politique, le RPF, ce n'est pas une fin en soi un mouvement politique. Un mouvement politique, c'est un moyen qui permet d'atteindre un but. Le but que nous nous sommes fixé, c'est d'affirmer un certain nombre de principes, ce n'est pas de fabriquer des candidats. Cela, c'est relativement secondaire.
Justement, vous réclamez davantage de soutien pour votre campagne pour l'abrogation du traité de Maastricht et aussi pour votre campagne présidentielle. Cela veut dire que là aussi
Non. Pour la campagne présidentielle et sur la candidature, il n'y a aucun problème. Ce n'est pas cela que je demande. Mais ce que je souhaiteD'ailleurs, il n'y a pas de trouble dans le mouvement. Il y a quelques turbulences dans ceux qui croient appartenir au sommet. C'est un peu différent.
Donc, il faut remettre les gens à leur place?
Voilà.
Très bien. Alors vous avez dit que vous serez impitoyable à l'égard de ceux qui franchissent la ligne jaune. C'est quoi, la ligne jaune?
La ligne jaune, cela veut dire qu'à partir du moment où une ligne politique est définie, il faut s'y tenir. Il ne faut pas que chacun commence à exprimer ses différences. Alors, les sensibilités différentes, elles s'expriment à l'extérieur. C'est la règle élémentaire, çà.
Alors, tout cela fait à Michèle Alliot Marie "il serait logique que Charles Pasqua rentre à la maison". Enfin, elle l'avait dit souvent mais elle l'a redit hier soir.
Je comprends très bien qu'elle le souhaite, c'est de bonne guerre. Mais j'ai quitté le RPR pour des raisons de fond. Le RPR a fait campagne pour Amsterdam. Il n'a même pas demandé au président de la République, s'agissant d'un problème de souveraineté, qu'il y ait un référendum. Il y a donc entre ceux qui dirigent le RPR, quelle que soit l'amitié que j'ai pu avoir pour eux, que j'ai encore, une différence de fond qui ne permet pas que nous nous retrouvions.
Alors, vous parlez de référendum. Cela nous amène au quinquennat. Vous êtes contre. Par principe ou parce que le sujet n'a pas été travaillé?
Je suis contre parce que je crois que la démarche engagée, semble t il, d'un commun accord par le président de la République et le Premier ministre pour des raisons peut être différentes mais qui conduiront au même résultat, cette démarche me paraît relever des expédients et des artifices destinés à permettre à l'un et l'autre de se présenter dans les meilleures conditions possibles aux présidentielles. Et cela n'a rien à voir avec l'intérêt des Français et cela n'a rien à voir avec le fonctionnement des institutions. Tous les arguments qui sont avancés en faveur du quinquennat peuvent être facilement combattus. Le quinquennat n'aurait de sens que s'il conduisait à un véritable changement de régime. Je veux dire par là, il faut aller jusqu'au bout et il faut dire nous allons vers le régime présidentiel. Il n'y a plus de Premier ministre ou il est seulement le représentant du président de la République, en quelque sorte son directeur de cabinet.
Le président de la République ne peut plus dissoudre l'Assemblée nationale. Dans le même temps, le président a un droit de
Cà, c'est le régime présidentiel.
Oui, alors çà, c'est le régime présidentiel, c'est cohérent. Mais, maintenir, je veux dire prétendre maintenir le régime constitutionnel actuel en ramenant à cinq ans les pouvoirs du président de la République, cela me paraît contraire à l'intérêt des Français et à l'esprit des institutions. Cinq ans, cela veut dire que l'on a d'abord un an quand on est élu pour se rôder un petit peu, on a deux ans pour travailler et ensuite, on est en campagne électorale. Tout cela me paraît pas sérieux.
Alors, quatre ans aux Etats-Unis, qu'est ce que vous dites de çà?
Les Américains eux mêmes reconnaissent que ce n'est pas sérieux.
Si on y vient, parce qu'on va sans doute y venir
On verra çà, on verra çà.
Il faut décider par référendum?
Ah oui, çà c'est certain. J'espère qu'au moins
Si tel n'était pas le cas, vous feriez campagne comme vous faites campagne pour l'abrogation du traité de Maastricht pour le référendum?
Oui, bien entendu. Je ferai campagne pour le référendum, je ferai campagne contre le quinquennat. Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui là. Mais vous savez, j'ai entendu des politologues éminents me dire "mais vous savez, le quinquennat, c'est dans l'air du temps". Eh bien, je ne crois pas que les hommes politiques doivent se déterminer en fonction des sondages, en fonction de l'air du temps et en fonction des sentiments que l'on prête aux Français. Si quinquennat il doit y avoir, il faut qu'il y ait une campagne dans le pays. Et nous nous expliquerons et les Français décideront. Après, nous verrons bien.
Alors, un mot sur les municipales. Vous dites que vous aurez des candidats à Paris, Lyon et Marseille. Mais on ne voit rien venir.
Nous avons le temps, nous avons le temps.
Est ce que vous avez des personnalités ou est ce que vous faites simplement de la figuration?
Vous savez, aux élections municipales, il y a deux perspectives: ou bien on se regroupe autour de personnalités ou bien on essaie d'utiliser les élections municipales pour faire émerger des personnalités nouvelles. Et c'est notre démarche.
Très bien, Charles Pasqua, merci.
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 16 mai 2000)
Bonjour.
Samedi, vous avez réuni les secrétaires départementaux du RPF. Et apparemment, l'ambiance n'était pas fameuse. On a parlé de putsch. C'est vrai, vous voulez changer les statuts?
Je crois que, ce qu'il faut, c'est qu'à l'approche des élections législatives, il faut qu'il y ait dans notre mouvement une très grande cohésion.
Elle n'existe pas actuellement?
Vous savez, l'approche des élections, je vois cela dans tous les partis politiques, a comme conséquence de troubler un peu les esprits. Donc, il faut ramener le calme. Et, d'autre part, il faut aussi que ce mouvement soit dirigé de façon homogène et cohérente.
Donc, j'en conclus qu'il ne l'est pas non plus.
C'est ce à quoi je vais m'employer.
C'est à dire que le tandem Pasqua- Villiers ne fonctionne pas?
Ah non, cela n'a rien à voir. Je veux dire que les relations que j'ai avec Philippe de Villiers sont bonnes et il ne conteste pas le fait que je dirige ce mouvement. Mais je trouve que, autour de nous, il y a un peut trop de turbulences. Alors, il faut y mettre bon ordre. Il y a un secrétaire général, Jean Jacques Guillet, dans lequel j'ai une entière confiance. Nous allons cette semaine réunir et installer autour de lui ceux qui vont diriger le mouvement.
Donc, il y a un changement quand même dans la composition, dans la formation de la direction?
Nécessaire.
Très bien. Les statuts actuels donc ne sont pas viables?
Si, les statuts actuels sont viables. Mais comme tous les statuts, il faut les adapter. Et puis, il faut se souvenir d'une chose. Moi, je n'ai pas créé un mouvement politique, le RPF, ce n'est pas une fin en soi un mouvement politique. Un mouvement politique, c'est un moyen qui permet d'atteindre un but. Le but que nous nous sommes fixé, c'est d'affirmer un certain nombre de principes, ce n'est pas de fabriquer des candidats. Cela, c'est relativement secondaire.
Justement, vous réclamez davantage de soutien pour votre campagne pour l'abrogation du traité de Maastricht et aussi pour votre campagne présidentielle. Cela veut dire que là aussi
Non. Pour la campagne présidentielle et sur la candidature, il n'y a aucun problème. Ce n'est pas cela que je demande. Mais ce que je souhaiteD'ailleurs, il n'y a pas de trouble dans le mouvement. Il y a quelques turbulences dans ceux qui croient appartenir au sommet. C'est un peu différent.
Donc, il faut remettre les gens à leur place?
Voilà.
Très bien. Alors vous avez dit que vous serez impitoyable à l'égard de ceux qui franchissent la ligne jaune. C'est quoi, la ligne jaune?
La ligne jaune, cela veut dire qu'à partir du moment où une ligne politique est définie, il faut s'y tenir. Il ne faut pas que chacun commence à exprimer ses différences. Alors, les sensibilités différentes, elles s'expriment à l'extérieur. C'est la règle élémentaire, çà.
Alors, tout cela fait à Michèle Alliot Marie "il serait logique que Charles Pasqua rentre à la maison". Enfin, elle l'avait dit souvent mais elle l'a redit hier soir.
Je comprends très bien qu'elle le souhaite, c'est de bonne guerre. Mais j'ai quitté le RPR pour des raisons de fond. Le RPR a fait campagne pour Amsterdam. Il n'a même pas demandé au président de la République, s'agissant d'un problème de souveraineté, qu'il y ait un référendum. Il y a donc entre ceux qui dirigent le RPR, quelle que soit l'amitié que j'ai pu avoir pour eux, que j'ai encore, une différence de fond qui ne permet pas que nous nous retrouvions.
Alors, vous parlez de référendum. Cela nous amène au quinquennat. Vous êtes contre. Par principe ou parce que le sujet n'a pas été travaillé?
Je suis contre parce que je crois que la démarche engagée, semble t il, d'un commun accord par le président de la République et le Premier ministre pour des raisons peut être différentes mais qui conduiront au même résultat, cette démarche me paraît relever des expédients et des artifices destinés à permettre à l'un et l'autre de se présenter dans les meilleures conditions possibles aux présidentielles. Et cela n'a rien à voir avec l'intérêt des Français et cela n'a rien à voir avec le fonctionnement des institutions. Tous les arguments qui sont avancés en faveur du quinquennat peuvent être facilement combattus. Le quinquennat n'aurait de sens que s'il conduisait à un véritable changement de régime. Je veux dire par là, il faut aller jusqu'au bout et il faut dire nous allons vers le régime présidentiel. Il n'y a plus de Premier ministre ou il est seulement le représentant du président de la République, en quelque sorte son directeur de cabinet.
Le président de la République ne peut plus dissoudre l'Assemblée nationale. Dans le même temps, le président a un droit de
Cà, c'est le régime présidentiel.
Oui, alors çà, c'est le régime présidentiel, c'est cohérent. Mais, maintenir, je veux dire prétendre maintenir le régime constitutionnel actuel en ramenant à cinq ans les pouvoirs du président de la République, cela me paraît contraire à l'intérêt des Français et à l'esprit des institutions. Cinq ans, cela veut dire que l'on a d'abord un an quand on est élu pour se rôder un petit peu, on a deux ans pour travailler et ensuite, on est en campagne électorale. Tout cela me paraît pas sérieux.
Alors, quatre ans aux Etats-Unis, qu'est ce que vous dites de çà?
Les Américains eux mêmes reconnaissent que ce n'est pas sérieux.
Si on y vient, parce qu'on va sans doute y venir
On verra çà, on verra çà.
Il faut décider par référendum?
Ah oui, çà c'est certain. J'espère qu'au moins
Si tel n'était pas le cas, vous feriez campagne comme vous faites campagne pour l'abrogation du traité de Maastricht pour le référendum?
Oui, bien entendu. Je ferai campagne pour le référendum, je ferai campagne contre le quinquennat. Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui là. Mais vous savez, j'ai entendu des politologues éminents me dire "mais vous savez, le quinquennat, c'est dans l'air du temps". Eh bien, je ne crois pas que les hommes politiques doivent se déterminer en fonction des sondages, en fonction de l'air du temps et en fonction des sentiments que l'on prête aux Français. Si quinquennat il doit y avoir, il faut qu'il y ait une campagne dans le pays. Et nous nous expliquerons et les Français décideront. Après, nous verrons bien.
Alors, un mot sur les municipales. Vous dites que vous aurez des candidats à Paris, Lyon et Marseille. Mais on ne voit rien venir.
Nous avons le temps, nous avons le temps.
Est ce que vous avez des personnalités ou est ce que vous faites simplement de la figuration?
Vous savez, aux élections municipales, il y a deux perspectives: ou bien on se regroupe autour de personnalités ou bien on essaie d'utiliser les élections municipales pour faire émerger des personnalités nouvelles. Et c'est notre démarche.
Très bien, Charles Pasqua, merci.
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 16 mai 2000)