Texte intégral
Q - Vous venez vous exprimer à Lille devant des étudiants sur les questions internationales. Est-ce parce que ces questions ne sont pas, selon vous, suffisamment présentes dans la pré-campagne présidentielle ?
R - Les questions internationales sont au coeur de l'avenir de notre pays. Sur la place de la France dans la mondialisation, sur les protections que nous pouvons apporter face aux nouvelles menaces comme le terrorisme ou la prolifération nucléaire, sur les politiques que nous pouvons mettre en oeuvre pour lutter contre les délocalisations, sur le changement climatique, les Français attendent des réponses.
Q - La relance de la construction européenne est attendue sous les présidences allemande et française de 2007 et 2008. L'idée d'un "mini traité" avancée par Nicolas Sarkozy est-elle acceptable par nos partenaires qui ont déjà ratifié la Constitution ?
R - Aujourd'hui, l'Europe est à la croisée des chemins. Soit nous nous résignons à subir la mondialisation, avec ses excès et ses injustices, en renonçant à défendre nos valeurs et notre identité politique. Soit nous nous donnons les moyens de reprendre notre destin économique en main et de défendre nos intérêts face aux autres grands ensembles internationaux comme les Etats-Unis ou la Chine. D'autres responsables politiques ont fait des propositions. Au moment où nous nous trouvons, elles sont toutes les bienvenues.
Q - Après la victoire du parti démocrate au Congrès des Etats-Unis et le départ de Donald Rumsfeld, pensez-vous qu'un retrait des troupes américaines de l'Irak soit possible et souhaitable à court terme ?
R - La question essentielle, c'est la souveraineté de l'Irak. Sur ce point, il s'agit de trouver une solution avec les Américains et avec toutes les parties concernées pour sortir du cycle infini de violences qui pourraient menacer à terme le continent européen. Je crois que les changements politiques récents donnent l'occasion de faire une plus grande place aux vues des Européens sur ce sujet. Ouvrir un dialogue approfondi avec les Etats de la région, en particulier l'Iran, lancer la conférence internationale voulue par le président de la République, voilà les premières étapes qui pourraient nous sortir du statu quo actuel.
Q - Le résultat des élections américaines n'est-il pas une sorte de revanche pour la France qui, par votre voix à l'ONU, avait mis en garde le président Bush contre les risques d'une intervention militaire en Irak ?
R - Nous ne sommes animés par aucun esprit de revanche à l'égard de nos alliés américains. Avec le président de la République, nous avions averti des risques d'une intervention militaire en Irak. Chacun peut aujourd'hui juger. Maintenant, il faut agir dans un esprit constructif pour trouver les solutions. Il n'y aura d'issue que collective à cette crise.
Q - L'Iran et la Syrie peuvent-ils être des interlocuteurs fiables dans la recherche d'une solution pacifique globale dans cette région du monde, comme le souhaite aujourd'hui Tony Blair ?
R - L'Iran est un pays clé pour tout le Moyen-Orient. Mais si nous voulons établir un dialogue constructif avec ce pays, nous devons régler la question nucléaire. Face à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons, liée au refus iranien de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, nous sommes en train de définir des sanctions. Leur objectif est de convaincre l'Iran de revenir à la table des négociations. Je souhaite que chacun fasse preuve de responsabilité pour sortir au plus vite de la situation actuelle.
Quant à la Syrie, elle a également un rôle à jouer dans la région. C'est à elle de faire les gestes nécessaires pour rétablir la confiance avec ses partenaires et se réinsérer dans le jeu international. Nous attendons en particulier qu'elle contribue activement à la stabilité du Liban.
Q - Les Français sont inquiets de la montée des tensions dans le monde, y compris sur le plan économique. Dans une région industrielle comme la nôtre, la mondialisation est synonyme de concurrence déloyale et de délocalisations. N'est-il pas trop tard pour invoquer le "patriotisme économique" ?
R - Au contraire, un patriotisme économique européen est plus nécessaire que jamais pour lutter contre la concurrence déloyale et les délocalisations. Nous avons besoin de fixer de nouvelles règles du jeu et de les faire respecter. Prenez l'exemple de l'environnement. Pourquoi est-ce que les entreprises françaises paieraient des taxes en fonction de leur production de CO2 et pas les entreprises chinoises ou américaines ? J'ai donc proposé que nous réfléchissions avec l'Union européenne à la mise en place d'une taxe sur les produits importés de pays qui ne respecteraient pas leurs engagements, notamment au titre du protocole de Kyoto. Il en va de même pour d'autres sujets : sur la valeur de l'euro qui pénalise nos exportations, sur l'ouverture des marchés, l'Europe doit défendre ses intérêts avec beaucoup plus de vigueur. Le libre échange n'a pas tenu toutes ses promesses. A nous, Européens, de définir les termes d'un échange juste.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2006
R - Les questions internationales sont au coeur de l'avenir de notre pays. Sur la place de la France dans la mondialisation, sur les protections que nous pouvons apporter face aux nouvelles menaces comme le terrorisme ou la prolifération nucléaire, sur les politiques que nous pouvons mettre en oeuvre pour lutter contre les délocalisations, sur le changement climatique, les Français attendent des réponses.
Q - La relance de la construction européenne est attendue sous les présidences allemande et française de 2007 et 2008. L'idée d'un "mini traité" avancée par Nicolas Sarkozy est-elle acceptable par nos partenaires qui ont déjà ratifié la Constitution ?
R - Aujourd'hui, l'Europe est à la croisée des chemins. Soit nous nous résignons à subir la mondialisation, avec ses excès et ses injustices, en renonçant à défendre nos valeurs et notre identité politique. Soit nous nous donnons les moyens de reprendre notre destin économique en main et de défendre nos intérêts face aux autres grands ensembles internationaux comme les Etats-Unis ou la Chine. D'autres responsables politiques ont fait des propositions. Au moment où nous nous trouvons, elles sont toutes les bienvenues.
Q - Après la victoire du parti démocrate au Congrès des Etats-Unis et le départ de Donald Rumsfeld, pensez-vous qu'un retrait des troupes américaines de l'Irak soit possible et souhaitable à court terme ?
R - La question essentielle, c'est la souveraineté de l'Irak. Sur ce point, il s'agit de trouver une solution avec les Américains et avec toutes les parties concernées pour sortir du cycle infini de violences qui pourraient menacer à terme le continent européen. Je crois que les changements politiques récents donnent l'occasion de faire une plus grande place aux vues des Européens sur ce sujet. Ouvrir un dialogue approfondi avec les Etats de la région, en particulier l'Iran, lancer la conférence internationale voulue par le président de la République, voilà les premières étapes qui pourraient nous sortir du statu quo actuel.
Q - Le résultat des élections américaines n'est-il pas une sorte de revanche pour la France qui, par votre voix à l'ONU, avait mis en garde le président Bush contre les risques d'une intervention militaire en Irak ?
R - Nous ne sommes animés par aucun esprit de revanche à l'égard de nos alliés américains. Avec le président de la République, nous avions averti des risques d'une intervention militaire en Irak. Chacun peut aujourd'hui juger. Maintenant, il faut agir dans un esprit constructif pour trouver les solutions. Il n'y aura d'issue que collective à cette crise.
Q - L'Iran et la Syrie peuvent-ils être des interlocuteurs fiables dans la recherche d'une solution pacifique globale dans cette région du monde, comme le souhaite aujourd'hui Tony Blair ?
R - L'Iran est un pays clé pour tout le Moyen-Orient. Mais si nous voulons établir un dialogue constructif avec ce pays, nous devons régler la question nucléaire. Face à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons, liée au refus iranien de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, nous sommes en train de définir des sanctions. Leur objectif est de convaincre l'Iran de revenir à la table des négociations. Je souhaite que chacun fasse preuve de responsabilité pour sortir au plus vite de la situation actuelle.
Quant à la Syrie, elle a également un rôle à jouer dans la région. C'est à elle de faire les gestes nécessaires pour rétablir la confiance avec ses partenaires et se réinsérer dans le jeu international. Nous attendons en particulier qu'elle contribue activement à la stabilité du Liban.
Q - Les Français sont inquiets de la montée des tensions dans le monde, y compris sur le plan économique. Dans une région industrielle comme la nôtre, la mondialisation est synonyme de concurrence déloyale et de délocalisations. N'est-il pas trop tard pour invoquer le "patriotisme économique" ?
R - Au contraire, un patriotisme économique européen est plus nécessaire que jamais pour lutter contre la concurrence déloyale et les délocalisations. Nous avons besoin de fixer de nouvelles règles du jeu et de les faire respecter. Prenez l'exemple de l'environnement. Pourquoi est-ce que les entreprises françaises paieraient des taxes en fonction de leur production de CO2 et pas les entreprises chinoises ou américaines ? J'ai donc proposé que nous réfléchissions avec l'Union européenne à la mise en place d'une taxe sur les produits importés de pays qui ne respecteraient pas leurs engagements, notamment au titre du protocole de Kyoto. Il en va de même pour d'autres sujets : sur la valeur de l'euro qui pénalise nos exportations, sur l'ouverture des marchés, l'Europe doit défendre ses intérêts avec beaucoup plus de vigueur. Le libre échange n'a pas tenu toutes ses promesses. A nous, Européens, de définir les termes d'un échange juste.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2006