Texte intégral
Si vous le permettez, je voudrais donc vous rappeler les raisons pour lesquelles, il y a dix mois, nous avons confié à Monsieur Anicet Le Pors, avec ma collègue Martine Aubry, la charge de travailler à l'étude de propositions.
En effet, dès ma prise de fonction, je me suis rendue compte à quel point le secteur du Tourisme constituait un formidable réservoir d'emploi.
Il est déjà, aujourd'hui, l'un de ceux qui en créent le plus par an, et toutes les études montrent qu'il devrait connaître un développement considérable dans les prochaines années.
Malheureusement, les emplois qu'il génère ne bénéficient pas - il faut bien le reconnaître - d'une bonne image.
Ils sont souvent synonymes d'horaires de travail épuisants et de conditions de vie difficiles pour les saisonniers.
D'autre part, ils ne permettent pas, le plus souvent, de se projeter dans de véritable perspectives de carrières.
Alors, comment développer un tourisme durable, un secteur économique à part entière
- comme les perspectives de croissance nous y invitent et comme c'est ma volonté - si les hommes et les femmes, qui uvrent dans ce secteur, se sentent fragilisés et n'ont pas l'envie, ou la possibilité, de s'y investir ?
Le tourisme a longtemps été considéré comme un secteur d'activité qui marche tout seul, où tous les aléas étaient ressentis comme une fatalité. Ce n'est pas ma conviction, encore moins dans le domaine de l'emploi. Comme la saisonnalité n'est pas une fatalité, la précarité non plus.
De plus, la précarité, ce n'est pas une vie. Cela ne permet pas de faire des projets, de construire une famille, de s'épanouir dans un métier.
La précarité nuit aussi à l'efficacité économique. On le constate, la précarité des emplois fragilise aussi l'entreprise.
D'ailleurs, les professionnels sont les premiers à le constater.
Quand je lis, ici ou là, des interviews de responsables d'entreprises touristiques, qui se plaignent des difficultés qu'ils rencontrent pour trouver du personnels qualifiés, je pense qu'il est grand temps que nous ouvrions ce chantier si nous voulons aborder avec ambition les perspectives de croissance annoncer et répondre en même temps aux grandes attentes en matière d'emploi.
Voilà pourquoi - en plus de l'impulsion que le Secrétariat d'Etat au Tourisme cherche à donner à la formation permanente des salariés de ce secteur -, nous avons chargé Anicet Le Pors de travailler à des propositions concrètes, dans le but d'améliorer la situation sociale et professionnelle des travailleurs saisonniers.
Il était particulièrement compliqué, jusqu'à présent, d'obtenir des données précises sur cette catégorie de salariés, comme Monsieur Le Pors vient de le rappeler. En effet, jusqu'à présent, aucune étude de ce genre n'avait été menée. Le sort, la vie, les conditions de travail des saisonniers du Tourisme n'avait jamais suscité un intérêt suffisant. En tout cas, pas de cette manière. Pas avec cette approche globale du problème. C'est donc la première fois en France et aussi la première fois en Europe.
Je veux d'ailleurs en profiter pour saluer le travail, considérable, qui vient d'être réalisé, remercier Anicet Le Pors et toute l'équipe autour de lui...
II. Remercier le groupe de travail
En effet, ce rapport est le fruit d'un travail d'équipe et d'une large consultation, sur le terrain, des différents acteurs du tourisme.
Travail d'équipe, parce que je sais que le groupe qui entourait Anicet Le Pors a eu des échanges permanents. Chacun a pu apporter sa contribution personnelle, ses idées, sa sensibilité.
Travail d'équipe aussi, parce que de nombreux professionnels ou responsables d'administration leur ont remis des contributions écrites, qui sont venues nourrir leur réflexion.
Travail de terrain, également, pour réunir et auditionner tous les acteurs, y compris les travailleurs saisonniers eux-mêmes, qui ont pu faire part des difficultés qu'ils rencontrent et de leurs attentes.
Je sais que cette aventure a créé, entre eux, des liens, dont ils ont, aujourd'hui, du mal à se départir. Et c'est bien normal lorsqu'on travaille à construire des perspectives de progrès.
La démarche qui les anime correspond, d'ailleurs, tout à fait à la mienne : Une démarche citoyenne, qui fait remonter les idées des premiers concernés, ne cherche pas à tordre les réalités, mais au contraire à les regarder en face pour réfléchir ensemble - comme je le disais - aux moyens à mettre en uvre pour changer la vie.
III. La manière dont le contenu du rapport va être mis à profit
Je ne vais évidemment pas reprendre par le menu les propositions qui sont contenues dans le rapport, mais je veux vous dire que, pour moi, elles constituent un socle de réflexion que je souhaite voir diffuser le plus largement possible, afin que tous les acteurs concernés puissent se l'approprier.
Le rapport devrait, d'ailleurs, très bientôt, être publié - sans doute avec la Documentation Française - et aussi rapidement mis en ligne sur Internet.
Ce n'est pas que je veuille aller trop vite, mais parce que je souhaite vraiment que le débat soit le plus riche possible, que chacun ait entre les mains un maximum d'éléments.
Je souhaite que nous mettions à profit, ce premier semestre, pour avancer concrètement.
Ma démarche sera de privilégier, le plus possible, la discussion avec l'ensemble des partenaires sociaux, et de les inviter à se mettre autour de la table, afin que le résultat de cette concertation puisse contribuer au programme de mesures que je voudrais présenter, avant l'été, en Conseil des ministres.
Je travaillerai aussi en collaboration constante avec mes collègues des différents ministères, notamment, en ce qui concerne l'aide à la pierre et l'aide à la personne, pour le logement ; les conditions de travail, la formation, le contrat de travail, la santé et la protection sociale.
IV. Les mesures qui peuvent être prise dès à présent
Cela dit, dès maintenant, certaines mesures peuvent, déjà, être engagées.
Je pense en particulier à tout ce qui concerne l'observation et la statistique en matière d'emploi et de formation, d'autant que cela correspond pleinement aux objectifs que j'ai définis dans le cadre du budget 1999.
Je pense aussi à la modification des textes réglementaires du code de la construction et de l'habitat, pour laquelle mon collègue, Louis Besson, a marqué un vif intérêt.
Je pense encore au renforcement de l'inspection du travail, pour laquelle ma collègue Martine Aubry a déjà engagé des mesures de recrutement supplémentaire.
Je pense également au partenariat à mettre en place entre l'A.N.P.E et d'autres acteurs, pour rapprocher davantage l'offre et la demande d'emplois, ou encore à l'édition d'un guide des saisonniers les informant de leurs droits.
Je pense, enfin, à la contribution que nous pouvons apporter à la construction sociale européenne, dans le cadre de la préparation de la présidence française en l'an 2000, car j'ai bien noté, Monsieur Le Pors, le vif intérêt que votre rapport a suscité lorsque vous êtes allés en parler, à Bruxelles.
Voilà, en quelques mots, la manière dont j'entends me saisir de ce formidable travail, en rappelant, encore une fois, que j'ai conscience d'avoir ouvert là, un chantier considérable, dans lequel j'entends m'investir, pleinement, cette année, avec la volonté d'aboutir à des résultats concrets.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr)|N|N|N|N|Texte Intégral4827|La colère des éleveurs français que ne calment pas les mesures techniques de stockage et de congélation de viande excédentaires annoncées hier, convaincra-t-elle les autorités communautaires d'accorder des aides financières directes ? Sinon la France prendra-t-elle seule la décision de le faire contre les règles de la Politique agricole commune ? Le principe de précaution concernant la viande de boeuf doit-il s'appliquer aussi aux viandes de mouton, d'agneau, de cabris ? L'inquiétude s'ajoute aussi à la colère avec cette affaire des viandes d'agneau, de mouton et de cabri ?
- Il n'y a pas encore d'affaires des viandes d'agneau, de mouton et de cabri. Il y a un avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui nous dit qu'on n'a encore jamais découvert de liens entre l'ESB et une maladie du mouton qui s'appelle "la tremblante du mouton." Mais au cas où, elle souhaite, à titre préventif - pour un risque qui n'est pas encore apparu mais qui pourrait peut-être apparaître un jour - que nous prenions telle ou telle précaution. C'est vraiment, effectivement, le principe de précaution poussé à l'extrême. Donc il n'y a sûrement pas aujourd'hui de panique à avoir devant ce type d'affirmation. Cela dit, ce sont des affirmations de scientifiques qui méritent d'être prises au sérieux. Le Gouvernement a pris acte de cet avis comme il a pris acte d'un autre avis du Comité scientifique directeur européen. Il dit un peu la même chose, en étant un peu moins affirmatif. Et puis, nous allons travailler sur le sujet, nous allons en parler avec les scientifiques en question, d'une part et avec les professionnels de la filière pour savoir, dans les jours qui viennent, quel type de précautions ou de mesures on peut prendre. Je ne voudrais pas qu'on provoque quelque panique que ce soit."
C'est là où on voit la difficulté du système : ou on ne fait rien et on dit "irresponsabilité politique", ou on dit "principe de précaution", et on entend : "on est en train d'ouvrir le parapluie." Le problème, c'est que l'effondrement des cours est aussi dans la donne.
- "Il ne faut pas qu'il y ait d'effondrement de cours parce qu'il n'y a pas de raison objective pour cela. Il faut qu'on regarde les choses tranquillement, sereinement. C'est vrai que c'est difficile de gouverner entre ces deux écueils que vous avez définis : ne rien faire et être accusé ou en faire trop et être accusé aussi. Gouverner, c'est choisir et il va falloir qu'on prenne nos responsabilités. On va le faire tranquillement dans les jours qui viennent."
Gouverner, c'est prendre des coups aussi ! Vous êtes en première ligne parce qu'on a bien vu que les mesures techniques d'hier ne convainquent pas les agriculteurs. Ils ont besoin d'aides directes, d'aides financières.
- "Je voudrais vous dire tranquillement, sereinement, ce matin qu'hier on a eu une réunion qui a duré deux heures et demi avec l'ensemble de la filière bovine, toutes les organisations professionnelles de producteurs, de transformateurs, d'abatteurs. C'était une réunion qui est allée au fond des choses, qui a été très constructive, très positive, dans un esprit que j'ai vraiment salué parce que c'était du travail sérieux tous ensemble. Nous avons d'abord échangé nos sentiments et nos convictions sur le constat et il n'y avait aucune divergence entre nous sur le caractère dramatique de la situation. Nous avons fait le point sur les politiques déjà mises en oeuvre. Nous avons arrêté un certain nombre de dispositions qui ont été largement approuvées par la filière en réunion. Nous avons surtout et aussi travailler sur un calendrier pour les jours qui viennent, à la fois pour rétablir la confiance des consommateurs et travailler en toute urgence sur l'étiquetage. Parce que l'étiquetage de la viande bovine fait l'objet de demandes pressentes de la part des consommateurs pour faire encore de nouveau progrès. Et puis nous allons travailler sur les aides directes. C'est vous dire dans quelles perspectives je me place, avec un calendrier de travail pour savoir comment déterminer ensemble les éleveurs qui méritent le plus ces aides directes que je vais demander à Bruxelles la semaine prochaine. Je suis très étonné de voir qu'à la sortie d'une telle réunion les commentaires sont faits sur le thème "c'est dramatiquement insuffisant." Alors qu'on s'est mis d'accord sur le calendrier, la méthode, les moyens d'y parvenir. J'ai l'impression que - je ne dis pas qu'il y a un double langage - ce décalage entre le travail que nous faisons ensemble et le discours qui est tenu dès qu'on franchit la porte du ministère et qu'on est sur le perron face aux journalistes, est assez singulier. Peut-être faut-il que je m'y habitue encore un peu plus, même si depuis deux ans et demi j'ai eu l'occasion de m'y habituer."
Cela veut dire quand même une montée en ligne de votre part. Parce que pour les aides directes, vous allez vous cogner à Bruxelles ?
- "Je suis le seul ministre de l'Agriculture européen qui ai dit à Bruxelles qu'il ne me paraissait pas envisageable une seconde qu'il n'y ait pas d'aides directes pour les éleveurs. On l'a fait en 1996 et je ne comprends pas que lorsqu'une crise de l'ESB survient, on indemnise des éleveurs et puis, quatre ans après, lors de la même crise plus grande et plus profonde encore, on ne les indemnise pas. Je suis capable de retenir l'argument budgétaire et de le prendre en compte. Mais il y a sûrement des moyens de redéployer des financements du budget agricole. Je suis le seul à le demander et c'est contre le Gouvernement français que certaines manifestations s'organisent. C'est quand même paradoxal !"
Etre le seul, est-ce que ce n'est pas la difficulté du problème ? Est-ce que vous allez être entendu ?
- "Cela m'est déjà arrivé d'être entendu au niveau européen ces derniers mois, alors que dans un premier temps on ne m'écoutait pas. Dans le domaine sanitaire, sur les farines animales, sur les tests systématiques, sur le retrait de la colonne vertébrale, pendant un, deux ou trois conseils, on a dit au ministre de l'Agriculture français que je suis, que la France en faisait trop, que c'était un scandale, qu'il fallait mettre la France au piquet. Et puis un ou deux mois après, on a fait exactement tout ce que la France voulait."
Mais là c'est de l'argent. Ce sont des aides directes.
- "Le reste aussi c'était de l'argent. Ce sont des aides directes. Je considère - je l'ai dit et je le redis sur votre antenne -, qu'un certain nombre d'éleveurs - je ne dis pas tous, parce qu'il faut faire la différenciation - sont dans une situation dramatique, catastrophique. Nous devons faire jouer la solidarité européenne à leur égard. C'est la moindre des choses et je le dis avec force, je témoigne donc de ma solidarité active à l'égard de ces éleveurs."
Vous irez jusqu'où ? Si on vous dit "non" à Bruxelles ?
- "J'irai jusqu'au bout de mes convictions. Je ne me place pas dans la situation où on me dira : "non." Je fais tout pour remporter cela. Si jamais ce que vous décrivez devait arriver, je prendrais mes responsabilités comme je les ai toujours prises."
Le problème, c'est que ce sont des règles de la Politique agricole commune. Est-ce qu'il faut les modifier ? Est-ce qu'il faut les changer ? Ou peut-être même, faut-il convaincre vos partenaires que la crise touche tout le monde et qu'il y a peut-être une réflexion collective à engager ?
- "Quand j'aurai fait la preuve au niveau européen que ces aides sont indispensables pour ne pas voir rayer de la carte des milliers d'éleveurs, ce serait quand même un comble, au moment où l'Europe veut réorienter sa politique agricole pour qu'on fasse plus de qualité, moins d'élevage intensif, si je fais la preuve que les mesures qu'elle propose ou que la crise actuelle peuvent rayer de la carte des petits éleveurs qui font de la qualité dans des élevages extensifs. Je suppose que je serai capable de convaincre les autres ministres qu'il faut venir en aide à ces petits éleveurs, les plus touchés. Si je n'y arrive pas, ce serait un comble qu'on m'empêche de faire ce que l'Europe refuse de faire."
C'est peut-être une révolution qui commence parce que si la France donne seule des aides directes à ses éleveurs, elle va se mettre au ban de la Politique agricole commune ou alors elle va engager un processus qui entraînerait une réflexion collective ?
- "C'est ce que je souhaite : que la réflexion collective aille le plus vite possible pour qu'on n'en arrive pas là. Et pas seulement la réflexion collective mais l'action collective. Il y a des mesures, aujourd'hui, qui sont nécessaires. Il y a notamment des mesures que je nie pas, comme le dégagement de marché parce qu'aujourd'hui la situation et le constat sont simples : en termes de consommation de viande bovine en France, on est sans doute entre moins 20 % et moins 30 %. Dans la restauration collective, c'est bien plus encore : c'est moins 40 %. Et à l'export, c'est moins 90 %. C'est dire que nos flux à l'exportation sont quasiment arrêtés. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui il y a une sorte d'engorgement du marché en France. Nous sommes dans une surproduction que nous espérons conjoncturelle mais qui pourrait devenir structurelle. Nous avons des animaux dont nous ne savons pas quoi faire. Il faut dégager ce marché, le purger par tous les moyens pour rétablir des équilibres de marchés. C'est seulement le marché qui au bout du compte résoudra la situation économique des éleveurs. Là-dessus, je pense qu'on est à peu près d'accord avec l'Europe. Mais il y a aussi l'autre volet qui est le volet social : il y a des milliers et des milliers d'éleveurs qui sont dans une situation dramatique. Je demande avec force qu'on leur vienne en aide."
Si ces aides - et la France étant seule à les accorder - sont engagées, est-ce qu'au moins il y a une réflexion - et les éleveurs sont-ils d'accord là-dessus ? - pour se poser la question des systèmes de production ? Passer plutôt de la production de masse à une production de qualité ?
- "Il n'y a pas d'incompatibilité. Il faut que la production de masse soit de qualité. Nous devons nourrir et continuer à nourrir l'Europe. Et l'Europe demande qu'on produise beaucoup et c'est normal. Simplement, il faut effectivement passer de cette espèce de course folle à la production, "le produire plus", qui était la marque de la Politique agricole commune depuis quarante ans. C'est quelque chose dont on ne peut pas accuser les agriculteurs français et européens car ils n'ont rien fait d'autre que ce qu'on leur demandait. Maintenant, il faut passer à "produire mieux" et à une production plus qualitative. C'est une espèce de révolution qualitative de l'agriculture que j'appelle de mes voeux. Il faut que l'Europe, effectivement, donne les signes politiques disant qu'elle veut aller dans ce sens à l'occasion de la résolution de cette crise."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 16 février 2001)
En effet, dès ma prise de fonction, je me suis rendue compte à quel point le secteur du Tourisme constituait un formidable réservoir d'emploi.
Il est déjà, aujourd'hui, l'un de ceux qui en créent le plus par an, et toutes les études montrent qu'il devrait connaître un développement considérable dans les prochaines années.
Malheureusement, les emplois qu'il génère ne bénéficient pas - il faut bien le reconnaître - d'une bonne image.
Ils sont souvent synonymes d'horaires de travail épuisants et de conditions de vie difficiles pour les saisonniers.
D'autre part, ils ne permettent pas, le plus souvent, de se projeter dans de véritable perspectives de carrières.
Alors, comment développer un tourisme durable, un secteur économique à part entière
- comme les perspectives de croissance nous y invitent et comme c'est ma volonté - si les hommes et les femmes, qui uvrent dans ce secteur, se sentent fragilisés et n'ont pas l'envie, ou la possibilité, de s'y investir ?
Le tourisme a longtemps été considéré comme un secteur d'activité qui marche tout seul, où tous les aléas étaient ressentis comme une fatalité. Ce n'est pas ma conviction, encore moins dans le domaine de l'emploi. Comme la saisonnalité n'est pas une fatalité, la précarité non plus.
De plus, la précarité, ce n'est pas une vie. Cela ne permet pas de faire des projets, de construire une famille, de s'épanouir dans un métier.
La précarité nuit aussi à l'efficacité économique. On le constate, la précarité des emplois fragilise aussi l'entreprise.
D'ailleurs, les professionnels sont les premiers à le constater.
Quand je lis, ici ou là, des interviews de responsables d'entreprises touristiques, qui se plaignent des difficultés qu'ils rencontrent pour trouver du personnels qualifiés, je pense qu'il est grand temps que nous ouvrions ce chantier si nous voulons aborder avec ambition les perspectives de croissance annoncer et répondre en même temps aux grandes attentes en matière d'emploi.
Voilà pourquoi - en plus de l'impulsion que le Secrétariat d'Etat au Tourisme cherche à donner à la formation permanente des salariés de ce secteur -, nous avons chargé Anicet Le Pors de travailler à des propositions concrètes, dans le but d'améliorer la situation sociale et professionnelle des travailleurs saisonniers.
Il était particulièrement compliqué, jusqu'à présent, d'obtenir des données précises sur cette catégorie de salariés, comme Monsieur Le Pors vient de le rappeler. En effet, jusqu'à présent, aucune étude de ce genre n'avait été menée. Le sort, la vie, les conditions de travail des saisonniers du Tourisme n'avait jamais suscité un intérêt suffisant. En tout cas, pas de cette manière. Pas avec cette approche globale du problème. C'est donc la première fois en France et aussi la première fois en Europe.
Je veux d'ailleurs en profiter pour saluer le travail, considérable, qui vient d'être réalisé, remercier Anicet Le Pors et toute l'équipe autour de lui...
II. Remercier le groupe de travail
En effet, ce rapport est le fruit d'un travail d'équipe et d'une large consultation, sur le terrain, des différents acteurs du tourisme.
Travail d'équipe, parce que je sais que le groupe qui entourait Anicet Le Pors a eu des échanges permanents. Chacun a pu apporter sa contribution personnelle, ses idées, sa sensibilité.
Travail d'équipe aussi, parce que de nombreux professionnels ou responsables d'administration leur ont remis des contributions écrites, qui sont venues nourrir leur réflexion.
Travail de terrain, également, pour réunir et auditionner tous les acteurs, y compris les travailleurs saisonniers eux-mêmes, qui ont pu faire part des difficultés qu'ils rencontrent et de leurs attentes.
Je sais que cette aventure a créé, entre eux, des liens, dont ils ont, aujourd'hui, du mal à se départir. Et c'est bien normal lorsqu'on travaille à construire des perspectives de progrès.
La démarche qui les anime correspond, d'ailleurs, tout à fait à la mienne : Une démarche citoyenne, qui fait remonter les idées des premiers concernés, ne cherche pas à tordre les réalités, mais au contraire à les regarder en face pour réfléchir ensemble - comme je le disais - aux moyens à mettre en uvre pour changer la vie.
III. La manière dont le contenu du rapport va être mis à profit
Je ne vais évidemment pas reprendre par le menu les propositions qui sont contenues dans le rapport, mais je veux vous dire que, pour moi, elles constituent un socle de réflexion que je souhaite voir diffuser le plus largement possible, afin que tous les acteurs concernés puissent se l'approprier.
Le rapport devrait, d'ailleurs, très bientôt, être publié - sans doute avec la Documentation Française - et aussi rapidement mis en ligne sur Internet.
Ce n'est pas que je veuille aller trop vite, mais parce que je souhaite vraiment que le débat soit le plus riche possible, que chacun ait entre les mains un maximum d'éléments.
Je souhaite que nous mettions à profit, ce premier semestre, pour avancer concrètement.
Ma démarche sera de privilégier, le plus possible, la discussion avec l'ensemble des partenaires sociaux, et de les inviter à se mettre autour de la table, afin que le résultat de cette concertation puisse contribuer au programme de mesures que je voudrais présenter, avant l'été, en Conseil des ministres.
Je travaillerai aussi en collaboration constante avec mes collègues des différents ministères, notamment, en ce qui concerne l'aide à la pierre et l'aide à la personne, pour le logement ; les conditions de travail, la formation, le contrat de travail, la santé et la protection sociale.
IV. Les mesures qui peuvent être prise dès à présent
Cela dit, dès maintenant, certaines mesures peuvent, déjà, être engagées.
Je pense en particulier à tout ce qui concerne l'observation et la statistique en matière d'emploi et de formation, d'autant que cela correspond pleinement aux objectifs que j'ai définis dans le cadre du budget 1999.
Je pense aussi à la modification des textes réglementaires du code de la construction et de l'habitat, pour laquelle mon collègue, Louis Besson, a marqué un vif intérêt.
Je pense encore au renforcement de l'inspection du travail, pour laquelle ma collègue Martine Aubry a déjà engagé des mesures de recrutement supplémentaire.
Je pense également au partenariat à mettre en place entre l'A.N.P.E et d'autres acteurs, pour rapprocher davantage l'offre et la demande d'emplois, ou encore à l'édition d'un guide des saisonniers les informant de leurs droits.
Je pense, enfin, à la contribution que nous pouvons apporter à la construction sociale européenne, dans le cadre de la préparation de la présidence française en l'an 2000, car j'ai bien noté, Monsieur Le Pors, le vif intérêt que votre rapport a suscité lorsque vous êtes allés en parler, à Bruxelles.
Voilà, en quelques mots, la manière dont j'entends me saisir de ce formidable travail, en rappelant, encore une fois, que j'ai conscience d'avoir ouvert là, un chantier considérable, dans lequel j'entends m'investir, pleinement, cette année, avec la volonté d'aboutir à des résultats concrets.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr)|N|N|N|N|Texte Intégral4827|La colère des éleveurs français que ne calment pas les mesures techniques de stockage et de congélation de viande excédentaires annoncées hier, convaincra-t-elle les autorités communautaires d'accorder des aides financières directes ? Sinon la France prendra-t-elle seule la décision de le faire contre les règles de la Politique agricole commune ? Le principe de précaution concernant la viande de boeuf doit-il s'appliquer aussi aux viandes de mouton, d'agneau, de cabris ? L'inquiétude s'ajoute aussi à la colère avec cette affaire des viandes d'agneau, de mouton et de cabri ?
- Il n'y a pas encore d'affaires des viandes d'agneau, de mouton et de cabri. Il y a un avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui nous dit qu'on n'a encore jamais découvert de liens entre l'ESB et une maladie du mouton qui s'appelle "la tremblante du mouton." Mais au cas où, elle souhaite, à titre préventif - pour un risque qui n'est pas encore apparu mais qui pourrait peut-être apparaître un jour - que nous prenions telle ou telle précaution. C'est vraiment, effectivement, le principe de précaution poussé à l'extrême. Donc il n'y a sûrement pas aujourd'hui de panique à avoir devant ce type d'affirmation. Cela dit, ce sont des affirmations de scientifiques qui méritent d'être prises au sérieux. Le Gouvernement a pris acte de cet avis comme il a pris acte d'un autre avis du Comité scientifique directeur européen. Il dit un peu la même chose, en étant un peu moins affirmatif. Et puis, nous allons travailler sur le sujet, nous allons en parler avec les scientifiques en question, d'une part et avec les professionnels de la filière pour savoir, dans les jours qui viennent, quel type de précautions ou de mesures on peut prendre. Je ne voudrais pas qu'on provoque quelque panique que ce soit."
C'est là où on voit la difficulté du système : ou on ne fait rien et on dit "irresponsabilité politique", ou on dit "principe de précaution", et on entend : "on est en train d'ouvrir le parapluie." Le problème, c'est que l'effondrement des cours est aussi dans la donne.
- "Il ne faut pas qu'il y ait d'effondrement de cours parce qu'il n'y a pas de raison objective pour cela. Il faut qu'on regarde les choses tranquillement, sereinement. C'est vrai que c'est difficile de gouverner entre ces deux écueils que vous avez définis : ne rien faire et être accusé ou en faire trop et être accusé aussi. Gouverner, c'est choisir et il va falloir qu'on prenne nos responsabilités. On va le faire tranquillement dans les jours qui viennent."
Gouverner, c'est prendre des coups aussi ! Vous êtes en première ligne parce qu'on a bien vu que les mesures techniques d'hier ne convainquent pas les agriculteurs. Ils ont besoin d'aides directes, d'aides financières.
- "Je voudrais vous dire tranquillement, sereinement, ce matin qu'hier on a eu une réunion qui a duré deux heures et demi avec l'ensemble de la filière bovine, toutes les organisations professionnelles de producteurs, de transformateurs, d'abatteurs. C'était une réunion qui est allée au fond des choses, qui a été très constructive, très positive, dans un esprit que j'ai vraiment salué parce que c'était du travail sérieux tous ensemble. Nous avons d'abord échangé nos sentiments et nos convictions sur le constat et il n'y avait aucune divergence entre nous sur le caractère dramatique de la situation. Nous avons fait le point sur les politiques déjà mises en oeuvre. Nous avons arrêté un certain nombre de dispositions qui ont été largement approuvées par la filière en réunion. Nous avons surtout et aussi travailler sur un calendrier pour les jours qui viennent, à la fois pour rétablir la confiance des consommateurs et travailler en toute urgence sur l'étiquetage. Parce que l'étiquetage de la viande bovine fait l'objet de demandes pressentes de la part des consommateurs pour faire encore de nouveau progrès. Et puis nous allons travailler sur les aides directes. C'est vous dire dans quelles perspectives je me place, avec un calendrier de travail pour savoir comment déterminer ensemble les éleveurs qui méritent le plus ces aides directes que je vais demander à Bruxelles la semaine prochaine. Je suis très étonné de voir qu'à la sortie d'une telle réunion les commentaires sont faits sur le thème "c'est dramatiquement insuffisant." Alors qu'on s'est mis d'accord sur le calendrier, la méthode, les moyens d'y parvenir. J'ai l'impression que - je ne dis pas qu'il y a un double langage - ce décalage entre le travail que nous faisons ensemble et le discours qui est tenu dès qu'on franchit la porte du ministère et qu'on est sur le perron face aux journalistes, est assez singulier. Peut-être faut-il que je m'y habitue encore un peu plus, même si depuis deux ans et demi j'ai eu l'occasion de m'y habituer."
Cela veut dire quand même une montée en ligne de votre part. Parce que pour les aides directes, vous allez vous cogner à Bruxelles ?
- "Je suis le seul ministre de l'Agriculture européen qui ai dit à Bruxelles qu'il ne me paraissait pas envisageable une seconde qu'il n'y ait pas d'aides directes pour les éleveurs. On l'a fait en 1996 et je ne comprends pas que lorsqu'une crise de l'ESB survient, on indemnise des éleveurs et puis, quatre ans après, lors de la même crise plus grande et plus profonde encore, on ne les indemnise pas. Je suis capable de retenir l'argument budgétaire et de le prendre en compte. Mais il y a sûrement des moyens de redéployer des financements du budget agricole. Je suis le seul à le demander et c'est contre le Gouvernement français que certaines manifestations s'organisent. C'est quand même paradoxal !"
Etre le seul, est-ce que ce n'est pas la difficulté du problème ? Est-ce que vous allez être entendu ?
- "Cela m'est déjà arrivé d'être entendu au niveau européen ces derniers mois, alors que dans un premier temps on ne m'écoutait pas. Dans le domaine sanitaire, sur les farines animales, sur les tests systématiques, sur le retrait de la colonne vertébrale, pendant un, deux ou trois conseils, on a dit au ministre de l'Agriculture français que je suis, que la France en faisait trop, que c'était un scandale, qu'il fallait mettre la France au piquet. Et puis un ou deux mois après, on a fait exactement tout ce que la France voulait."
Mais là c'est de l'argent. Ce sont des aides directes.
- "Le reste aussi c'était de l'argent. Ce sont des aides directes. Je considère - je l'ai dit et je le redis sur votre antenne -, qu'un certain nombre d'éleveurs - je ne dis pas tous, parce qu'il faut faire la différenciation - sont dans une situation dramatique, catastrophique. Nous devons faire jouer la solidarité européenne à leur égard. C'est la moindre des choses et je le dis avec force, je témoigne donc de ma solidarité active à l'égard de ces éleveurs."
Vous irez jusqu'où ? Si on vous dit "non" à Bruxelles ?
- "J'irai jusqu'au bout de mes convictions. Je ne me place pas dans la situation où on me dira : "non." Je fais tout pour remporter cela. Si jamais ce que vous décrivez devait arriver, je prendrais mes responsabilités comme je les ai toujours prises."
Le problème, c'est que ce sont des règles de la Politique agricole commune. Est-ce qu'il faut les modifier ? Est-ce qu'il faut les changer ? Ou peut-être même, faut-il convaincre vos partenaires que la crise touche tout le monde et qu'il y a peut-être une réflexion collective à engager ?
- "Quand j'aurai fait la preuve au niveau européen que ces aides sont indispensables pour ne pas voir rayer de la carte des milliers d'éleveurs, ce serait quand même un comble, au moment où l'Europe veut réorienter sa politique agricole pour qu'on fasse plus de qualité, moins d'élevage intensif, si je fais la preuve que les mesures qu'elle propose ou que la crise actuelle peuvent rayer de la carte des petits éleveurs qui font de la qualité dans des élevages extensifs. Je suppose que je serai capable de convaincre les autres ministres qu'il faut venir en aide à ces petits éleveurs, les plus touchés. Si je n'y arrive pas, ce serait un comble qu'on m'empêche de faire ce que l'Europe refuse de faire."
C'est peut-être une révolution qui commence parce que si la France donne seule des aides directes à ses éleveurs, elle va se mettre au ban de la Politique agricole commune ou alors elle va engager un processus qui entraînerait une réflexion collective ?
- "C'est ce que je souhaite : que la réflexion collective aille le plus vite possible pour qu'on n'en arrive pas là. Et pas seulement la réflexion collective mais l'action collective. Il y a des mesures, aujourd'hui, qui sont nécessaires. Il y a notamment des mesures que je nie pas, comme le dégagement de marché parce qu'aujourd'hui la situation et le constat sont simples : en termes de consommation de viande bovine en France, on est sans doute entre moins 20 % et moins 30 %. Dans la restauration collective, c'est bien plus encore : c'est moins 40 %. Et à l'export, c'est moins 90 %. C'est dire que nos flux à l'exportation sont quasiment arrêtés. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui il y a une sorte d'engorgement du marché en France. Nous sommes dans une surproduction que nous espérons conjoncturelle mais qui pourrait devenir structurelle. Nous avons des animaux dont nous ne savons pas quoi faire. Il faut dégager ce marché, le purger par tous les moyens pour rétablir des équilibres de marchés. C'est seulement le marché qui au bout du compte résoudra la situation économique des éleveurs. Là-dessus, je pense qu'on est à peu près d'accord avec l'Europe. Mais il y a aussi l'autre volet qui est le volet social : il y a des milliers et des milliers d'éleveurs qui sont dans une situation dramatique. Je demande avec force qu'on leur vienne en aide."
Si ces aides - et la France étant seule à les accorder - sont engagées, est-ce qu'au moins il y a une réflexion - et les éleveurs sont-ils d'accord là-dessus ? - pour se poser la question des systèmes de production ? Passer plutôt de la production de masse à une production de qualité ?
- "Il n'y a pas d'incompatibilité. Il faut que la production de masse soit de qualité. Nous devons nourrir et continuer à nourrir l'Europe. Et l'Europe demande qu'on produise beaucoup et c'est normal. Simplement, il faut effectivement passer de cette espèce de course folle à la production, "le produire plus", qui était la marque de la Politique agricole commune depuis quarante ans. C'est quelque chose dont on ne peut pas accuser les agriculteurs français et européens car ils n'ont rien fait d'autre que ce qu'on leur demandait. Maintenant, il faut passer à "produire mieux" et à une production plus qualitative. C'est une espèce de révolution qualitative de l'agriculture que j'appelle de mes voeux. Il faut que l'Europe, effectivement, donne les signes politiques disant qu'elle veut aller dans ce sens à l'occasion de la résolution de cette crise."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 16 février 2001)