Texte intégral
Monsieur le Ministre du Tourisme,
Monsieur le Gouverneur,
Monsieur le Président du Conseil d'administration de l'Association Égyptienne des Chambres de Tourisme,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration de l'Association Égyptienne des Agences de Voyages,
Monsieur le Président du Syndicat National des Agences de Voyages,
Mesdames, Messieurs,
Tout d'abord, permettez-moi de vous remercier de votre invitation à participer à votre 41ème Congrès, en Égypte, pays avec lequel la France entretient, depuis de très longues années, des relations de confiance et d'amitié telles que peuvent en entretenir deux nations qui ont en commun leur attachement à la culture et à la paix.
Je suis très heureuse d'être parmi vous, aujourd'hui à Karnak, dans ce haut lieu du patrimoine mondial, auquel aucun monument n'est comparable tant par sa qualité, sa dimension que sa symbolique.
Vous me donnez, ici, l'occasion de dire combien je me réjouis que les touristes français aient repris, en grand nombre, le chemin de la Vallée du Nil.
Je tiens, d'ailleurs, à vous réaffirmer qu'en uvrant pour le développement d'un tourisme durable respectueux de l'environnement, des identités, des cultures et des hommes, je suis sincèrement convaincue que nous travaillons, tous, aussi, à un monde plus solidaire, où chaque peuple s'enrichit de la découverte de l'autre.
Un monde où, par la multiplication de ces échanges, nous ferons reculer la peur de la différence, et construirons, ensemble, une société où le progrès sera davantage partagé.
C'est en tout cas, dans cet esprit, que je veux aborder l'avenir du Tourisme français à travers le monde. C'est, je crois, le sens que vous avez également voulu donner à votre congrès, en choisissant de l'organiser, ici, cette année.
Alors (avant d'aller plus loin) permettez-moi, en ce mois de janvier, de souhaiter, du plus profond du cur, que l'année 1999 apporte à chacune et chacun d'entre vous, le bonheur, et la prospérité ; qu'elle nous permette d'envisager le passage à un nouveau millénaire, avec l'espoir qu'il soit celui de la fraternité et de la paix.
Monsieur le Président du Syndicat National des Agences de Voyages, Mesdames, Messieurs, vous avez donc, résolument voulu tourner votre 41ème Congrès vers l'avenir, en choisissant d'y aborder les grands enjeux de votre profession, dans cette Europe, et ce monde, en perpétuelle mutation, où les besoins d'évasion, de découverte, de loisirs ne cessent d'augmenter, comme en attestent les derniers chiffres de l'Organisation Mondiale du Tourisme, rendus public, hier.
Je veux tout naturellement vous associer aux excellents résultats, qui ont été ceux du Tourisme français, en 1998.
Comme vous le savez, la France a, en effet, accueillis, l'an dernier, 70 millions de visiteurs étrangers soit trois millions de touristes supplémentaires - ce qui la conforte dans sa place de numéro un mondial des destinations touristiques. Elle a également réalisé 175 milliards de francs de recettes, soit 12 milliards de plus que l'année précédente.
En atteignant la barre symbolique des 70 milliards de francs d'excédents financiers, le Tourisme confirme sa place de premier poste excédentaire des transactions courantes et, s'il en était besoin, le rôle essentiel qu'il joue dans l'activité économique de notre pays.
En fait, en 1998, les recettes de ce secteur auront connues un taux de croissance équivalent au double de celui de la moyenne mondiale.
Je constate aussi que les résultats du secteur des Agences de Voyages (en hausse annoncée de plus de 10 %) vous ont permis de revenir aux performances qui étaient les vôtres avant la Guerre du Golfe...
Votre réseau fort de plus de 2.500 agences maillant l'ensemble du territoire national, a engendré, en 1998, un chiffre d'affaire dépassant les 60 milliards de francs.
Ce résultat est particulièrement encourageant et je vous en félicite. Mais je pense, comme vous, qu'il est possible de faire encore mieux.
Car, si je tiens à souligner l'excellent dynamisme du secteur touristique français, j'entends bien, Monsieur BALDERACCHI, les inquiétudes que vous avez exprimées.
Depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat au Tourisme, je défends l'idée du droit aux vacances pour tous, et d'un développement durable du tourisme français, par une plus grande qualité de notre offre.
Par ailleurs, j'ai la volonté permanente de travailler avec toute la profession afin d'aborder, dans les meilleures conditions les grands défis de l'avenir.
En ce sens, l'expérience de la Coupe du Monde de Football a été formidable.
Car c'est bien tous ensemble, que nous sommes parvenus à organiser, et à accueillir, dans les meilleures conditions, un événement de cette ampleur et en faire un véritable succès planétaire, contredisant les prévisionnistes les plus pessimistes.
Je lisais, la semaine dernière, dans un grand quotidien économique français, que "toute la question est maintenant de savoir si le secteur est capable de capitaliser sur l'effet Coupe du monde, pour tenir son rang en 1999, alors que l'Europe va se transformer en grand supermarché des vacances, où le consommateur pourra comparer les prix en Euros".
L'enjeu est d'autant plus de taille que, selon les derniers chiffres de l'Organisation Mondiale du Tourisme, sur les 625 millions de touristes qui voyagent dans le monde, 372 millions soit plus de la moitié, le font en Europe.
Face à ce défi et à cette question, je refuse d'adopter une position défensive. Bien au contraire.
Je le répète souvent : je pense qu'il nous faut, pleinement, nous appuyer sur les progrès considérables que nous avons réalisés avant, pendant, et même après le Mondial.
Mesurons bien, en effet, le bond que cet événement nous a permis d'effectuer dans la valorisation de la qualité des savoir-faire français !
Je crois que les excellents chiffres que je viens d'évoquer ; la formidable capacité de mobilisation, dont les professionnels ont su faire preuve, l'été dernier ; mais, surtout, les orientations que j'ai souhaité donner au développement du Tourisme, à travers le budget du Secrétariat d'Etat au Tourisme (en hausse) que j'ai présenté, cet hiver, devant le Parlement... sont autant d'éléments, qui nous placent sur le bon chemin.
Vous le savez, c'est à la modernisation et à la reconnaissance de notre secteur d'activités que je suis attachée. Et ce, d'autant plus que je suis convaincue qu'il constitue un important "réservoir d'emplois".
Cette nécessaire modernisation engendre je le sais, un grand nombre d'interrogations auxquelles il peut apparaître parfois difficile de répondre.
Votre secteur doit-il, procéder à des regroupements d'entreprises et à des concentrations, pour rivaliser avec les poids lourds européens ? Doit-il contracter de nouvelles alliances ?
Faut-il rechercher de nouvelles niches de touristes potentiels au travers d'une offre plus ciblée, mieux enrichies, répondant au plus près aux attentes et aux spécificités de ces nouveaux visiteurs ?
Pouvez-vous trouver aussi, dans un élargissement de votre offre réceptive, de nouvelles potentialités de développement ?
Il vous appartiendra bien sûr, à vous, et à vous seuls, d'y répondre.
Dans tous les cas, je veux vous assurer que le Secrétariat d'Etat au Tourisme continuera d'accompagner la profession dans tout ce qu'elle entreprendra pour conforter ses positions et améliorer la qualité de ses services.
Je crois, en effet, que nous avons besoin d'une production plus qualitative, plus professionnelle, mieux sécurisée, où le voyagiste retrouve pleinement son rôle de concepteur de produits, son rôle de conseiller, son rôle d'intermédiaire, capable d'apporter la meilleure réponse aux attentes de sa clientèle.
Je n'oublie pas le formidable réseau de proximité que vous représentez.
Dans les villes, les régions où vous êtes implantés, on vous connaît, on vous parle... Je crois que ce sont 15 millions de personnes qui pénètrent, chaque année, dans vos agences... 15 millions d'hommes et de femmes qui rêvent de voyages et de découverte.
Mais peut-être cela vous étonne-t-il de m'entendre parler ainsi, tant il est vrai que les pouvoirs publics français ont longtemps fait preuve d'ostracisme à l'égard des voyagistes, qui, en facilitant la sortie des Français du territoire, favorisaient, du même coup, les sorties de devises.
Je veux vous dire que, lorsque j'affirme que je suis la Ministre de tous les tourismes, ce n'est pas une formule de style, mais bien l'expression de ma volonté de prendre en compte et de soutenir l'ensemble des secteurs d'activités.
De plus, en remplissant, en quelque sorte, une fonction d'ambassadeurs de notre savoir-faire, vous participez totalement à ce travail de coopération, dont je parlais toute à l'heure. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle, en 1998, j'ai proposé aux voyagistes et aux investisseurs français, intéressés, de participer aux déplacements que j'ai effectué, en Chine, et en Jordanie, et en 1999 à Cuba.
Je puis vous assurer (et eux-mêmes pourront vous le dire) que leurs remarques, leurs conseils sont très attendus et toujours justement entendus.
Et puis, au fond, en transmettant notre savoir-faire, en matière d'accueil et de qualité des services, vous êtes aussi les ambassadeurs de notre culture, et contribuez, j'en suis sûre, à créer l'envie de visiter notre beau pays.
Concernant d'ailleurs le marché français, je pense qu'il vous serait possible de prendre une place plus importante dans la valorisation de la destination France.
Le développement de la demande en matière de tourisme de courts séjours et de proximité que connaît notre pays depuis plus de dix ans, peut en effet constituer pour vous, un nouveau potentiel d'expression de votre savoir-faire en terme de production et de distribution.
C'est en tous cas une nouvelle voie qu'il me semble intéressante d'explorer plus avant, car elle est porteuse, j'en suis sûre, d'une importante réserve de croissance.
Pour répondre à ces nouveaux besoins, je crois qu'il est de ma responsabilité de vous accompagner, dans vos efforts pour améliorer la qualité et la diversité de l'offre et de l'emploi, dans votre secteur.
A mes yeux, en effet, la créativité, l'innovation, le professionnalisme, sont indissociables de la qualité des ressources humaines.
Vous connaissez, d'ailleurs, mon attachement à la formation des salariés tout au long de la vie.
Dans le Tourisme, comme dans n'importe quel autre secteur, reconnaissons-le : nous avons, dans notre pays, encore beaucoup de progrès à faire pour développer la formation continue !
Et comment prétendre être efficaces et modernes, si nous ne facilitons pas aux hommes et aux femmes, qui travaillent, l'acquisition des savoirs au fur et à mesures de leurs carrières ?
La société bouge, les savoirs, les connaissances, les outils aussi !
En matière de formation initiale également, il nous faut tenir compte de ces évolutions. Je crois ainsi que (même s'il constitue déjà un très bon outil professionnel, et bénéficie d'une large reconnaissance) l'actuel BTS-Tourime a sans doute besoin d'être rénové, pour permettre une meilleure mise en cohérence des besoins et des niveaux de compétence, avec les nécessités de la profession.
Je crois que cette entente montre bien la volonté des partenaires sociaux de réfléchir, ensemble, sur l'avenir de votre profession, sur l'évolution des métiers et des formations, sur l'organisation du travail et, plus généralement, du temps de travail.
Concernant les 35 heures, je suis tout à fait consciente de la complexité du débat social dans votre profession. Je pense à la négociation salariale, mais aussi au difficultés que connaissent les entreprises et notamment les petites.
J'apprécie positivement la volonté de négociation sur la réduction du temps de travail qui vous anime et me réjouis que l'ensemble des partenaires sociaux ait accepté ma proposition de Contrat d'Etudes Prospectives.
Il m'apparaîtrait en effet paradoxal que le secteur des agences de voyages qui bénéficiera des effets positifs de cette mesure sur les temps de loisirs et son activité, ne fasse pas profiter ses salariés de cette avancée sociale.
Car, pour faire face aux défis de l'avenir, à cette demande qui ne cesse de s'accroître, en même temps que la concurrence se fait de plus en plus vive, je veux insister car c'est ma conviction.
C'est par la qualité des services qu'il rend (donc, par la qualité des emplois) que le Tourisme français peut se démarquer !
Vous l'avez rappelé, Monsieur le Président, les nouvelles technologies, et en particulier Internet, ouvre un marché considérable.
En tout cas, je crois que c'est comme cela qu'il faut l'appréhender : en étant résolument modernes - de la même manière que vous avez su l'être, en vous saisissant massivement de l'outil informatique, puisqu'à plus de 96 %, les Agents de Voyages Français sont équipés de systèmes informatiques de réservations.
Depuis le début de ce siècle, chaque arrivée d'une technologie nouvelle, le téléphone, le fax, le Minitel a engendré son lot de craintes et d'inquiétudes.
L'arrivée de nouvelles technologies dans un secteur ne doit pas être crainte par nature mais appréhendée dans toute sa complexité car les expériences du passé montrent que ces innovations n'entravent jamais l'activité d'un secteur mais crées, au contraire, de nouveaux besoins et de nouveaux marchés.
De toute évidence, les agences des réseaux intégrés ou volontaires sont mieux outillées pour aborder ces problématiques.
Pour les agences de voyages indépendantes, je sais tout le travail et les études mises en uvre par le SNAV sur ce thème. Mais il est de l'intérêt économique des producteurs et des transporteurs et de la responsabilité de l'État de vous soutenir dans la mise en place d'un dispositif d'informations et de conseils, au plus près du terrain, pour permettre aux agences indépendantes de franchir ce cap technologique.
Si cette démarche vous agrée, je vous propose de prendre l'initiative d'inviter tous les opérateurs concernés à se réunir prochainement pour réfléchir aux modalités de mise en uvre d'un tel dispositif auquel mon ministère est prêt à apporter sa contribution.
Par ailleurs, la mise en service en 1999 de RESINFRANCE, dans lequel le Secrétariat d'Etat au Tourisme est très impliqué, devrait, je l'espère, nous permettre d'aller encore plus loin.
Il vous facilitera la commercialisation de l'offre touristique nationale, notamment auprès de la clientèle étrangère, au moment même, où (vous le savez) j'ai souhaité investir davantage dans la promotion de nos produits à l'étranger, en augmentant le budget de Maison de la France de 30 millions de francs.
Le Syndicat National des Agents de Voyages a d'ailleurs été un partenaire technique et financier essentiel, dans la mise en place de ce nouveau serveur et je tiens à en remercier le Président BALDERACCHI.
Mais une offre touristique de qualité, c'est aussi, une offre sécurisant au maximum le consommateur. Cette sécurisation est, d'ailleurs, déjà une qualité reconnue de la production et de la distribution des voyagistes français.
J'ai bien entendu ce que vous disiez, Monsieur BALDERACCHI, à propos de la garantie financière, qui pour être déjà efficace n'en est pas moins perfectible sur certains points. Cela dit, en terme de sécurité, au-delà des questions de textes et de règlements, la dimension humaine doit rester, je crois, une préoccupation majeure.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion, il y a quelques mois, de me rendre au chevet des victimes de la catastrophe de Banyoles, et le suivi de ce dossier me permet de mesurer les progrès que nous avons encore à faire. En effet j'ai pu y constater que la chaîne des responsabilités mérite sans doute d'être clarifiée voire aménagée.
Je dis cela, parce que, dans une Europe, où l'environnement concurrentiel va se renforcer (avec des consommateurs qui seront d'autant plus regardants qu'ils pourront plus aisément comparer les prix), je pense, sincèrement, qu'une sécurisation, toujours améliorée, peut devenir l'image de marque et un plus concurrentiel des voyagistes français.
Enfin, vous évoquiez, dans votre intervention, la nouvelle loi que je compte mettre en chantier, dès 1999. Et bien, soyez sûr que le Syndicat National des Agents de Voyages sera très étroitement associé à tout le travail préparatoire de ce texte.
Nous aurons, là, l'occasion de traiter, dans l'état d'esprit de la concertation franche et constructive qui caractérise nos relations depuis près de vingt mois, tous les sujets qui vous préoccupent : le système d'habilitation, la régionalisation des commissions d'aménagement touristique, l'activité des locations de meublés touristiques, le cadre juridique de la licence... mais vous me permettrez de ne pas tous les évoquer ici.
Je souhaite donc que ces trois jours de travaux que vous démarrerez, demain matin, soit aussi l'occasion, pour vous, de réfléchir à la contribution, que vous pouvez apporter, dans l'élaboration de cette nouvelle loi.
Je voudrai en conclusion remercier une fois encore, l'ensemble du conseil d'Administration du SNAV de son invitation, mais aussi en votre nom à tous, en la personne de Monsieur le Ministre Mamdouth EL BELTAGUI tous nos amis égyptiens qui nous ont accueillis avec beaucoup de chaleur et d'amitié.
Alors, bon travail. Et encore une fois, mes meilleurs vux pour la nouvelle année.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr)
Monsieur le Gouverneur,
Monsieur le Président du Conseil d'administration de l'Association Égyptienne des Chambres de Tourisme,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration de l'Association Égyptienne des Agences de Voyages,
Monsieur le Président du Syndicat National des Agences de Voyages,
Mesdames, Messieurs,
Tout d'abord, permettez-moi de vous remercier de votre invitation à participer à votre 41ème Congrès, en Égypte, pays avec lequel la France entretient, depuis de très longues années, des relations de confiance et d'amitié telles que peuvent en entretenir deux nations qui ont en commun leur attachement à la culture et à la paix.
Je suis très heureuse d'être parmi vous, aujourd'hui à Karnak, dans ce haut lieu du patrimoine mondial, auquel aucun monument n'est comparable tant par sa qualité, sa dimension que sa symbolique.
Vous me donnez, ici, l'occasion de dire combien je me réjouis que les touristes français aient repris, en grand nombre, le chemin de la Vallée du Nil.
Je tiens, d'ailleurs, à vous réaffirmer qu'en uvrant pour le développement d'un tourisme durable respectueux de l'environnement, des identités, des cultures et des hommes, je suis sincèrement convaincue que nous travaillons, tous, aussi, à un monde plus solidaire, où chaque peuple s'enrichit de la découverte de l'autre.
Un monde où, par la multiplication de ces échanges, nous ferons reculer la peur de la différence, et construirons, ensemble, une société où le progrès sera davantage partagé.
C'est en tout cas, dans cet esprit, que je veux aborder l'avenir du Tourisme français à travers le monde. C'est, je crois, le sens que vous avez également voulu donner à votre congrès, en choisissant de l'organiser, ici, cette année.
Alors (avant d'aller plus loin) permettez-moi, en ce mois de janvier, de souhaiter, du plus profond du cur, que l'année 1999 apporte à chacune et chacun d'entre vous, le bonheur, et la prospérité ; qu'elle nous permette d'envisager le passage à un nouveau millénaire, avec l'espoir qu'il soit celui de la fraternité et de la paix.
Monsieur le Président du Syndicat National des Agences de Voyages, Mesdames, Messieurs, vous avez donc, résolument voulu tourner votre 41ème Congrès vers l'avenir, en choisissant d'y aborder les grands enjeux de votre profession, dans cette Europe, et ce monde, en perpétuelle mutation, où les besoins d'évasion, de découverte, de loisirs ne cessent d'augmenter, comme en attestent les derniers chiffres de l'Organisation Mondiale du Tourisme, rendus public, hier.
Je veux tout naturellement vous associer aux excellents résultats, qui ont été ceux du Tourisme français, en 1998.
Comme vous le savez, la France a, en effet, accueillis, l'an dernier, 70 millions de visiteurs étrangers soit trois millions de touristes supplémentaires - ce qui la conforte dans sa place de numéro un mondial des destinations touristiques. Elle a également réalisé 175 milliards de francs de recettes, soit 12 milliards de plus que l'année précédente.
En atteignant la barre symbolique des 70 milliards de francs d'excédents financiers, le Tourisme confirme sa place de premier poste excédentaire des transactions courantes et, s'il en était besoin, le rôle essentiel qu'il joue dans l'activité économique de notre pays.
En fait, en 1998, les recettes de ce secteur auront connues un taux de croissance équivalent au double de celui de la moyenne mondiale.
Je constate aussi que les résultats du secteur des Agences de Voyages (en hausse annoncée de plus de 10 %) vous ont permis de revenir aux performances qui étaient les vôtres avant la Guerre du Golfe...
Votre réseau fort de plus de 2.500 agences maillant l'ensemble du territoire national, a engendré, en 1998, un chiffre d'affaire dépassant les 60 milliards de francs.
Ce résultat est particulièrement encourageant et je vous en félicite. Mais je pense, comme vous, qu'il est possible de faire encore mieux.
Car, si je tiens à souligner l'excellent dynamisme du secteur touristique français, j'entends bien, Monsieur BALDERACCHI, les inquiétudes que vous avez exprimées.
Depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat au Tourisme, je défends l'idée du droit aux vacances pour tous, et d'un développement durable du tourisme français, par une plus grande qualité de notre offre.
Par ailleurs, j'ai la volonté permanente de travailler avec toute la profession afin d'aborder, dans les meilleures conditions les grands défis de l'avenir.
En ce sens, l'expérience de la Coupe du Monde de Football a été formidable.
Car c'est bien tous ensemble, que nous sommes parvenus à organiser, et à accueillir, dans les meilleures conditions, un événement de cette ampleur et en faire un véritable succès planétaire, contredisant les prévisionnistes les plus pessimistes.
Je lisais, la semaine dernière, dans un grand quotidien économique français, que "toute la question est maintenant de savoir si le secteur est capable de capitaliser sur l'effet Coupe du monde, pour tenir son rang en 1999, alors que l'Europe va se transformer en grand supermarché des vacances, où le consommateur pourra comparer les prix en Euros".
L'enjeu est d'autant plus de taille que, selon les derniers chiffres de l'Organisation Mondiale du Tourisme, sur les 625 millions de touristes qui voyagent dans le monde, 372 millions soit plus de la moitié, le font en Europe.
Face à ce défi et à cette question, je refuse d'adopter une position défensive. Bien au contraire.
Je le répète souvent : je pense qu'il nous faut, pleinement, nous appuyer sur les progrès considérables que nous avons réalisés avant, pendant, et même après le Mondial.
Mesurons bien, en effet, le bond que cet événement nous a permis d'effectuer dans la valorisation de la qualité des savoir-faire français !
Je crois que les excellents chiffres que je viens d'évoquer ; la formidable capacité de mobilisation, dont les professionnels ont su faire preuve, l'été dernier ; mais, surtout, les orientations que j'ai souhaité donner au développement du Tourisme, à travers le budget du Secrétariat d'Etat au Tourisme (en hausse) que j'ai présenté, cet hiver, devant le Parlement... sont autant d'éléments, qui nous placent sur le bon chemin.
Vous le savez, c'est à la modernisation et à la reconnaissance de notre secteur d'activités que je suis attachée. Et ce, d'autant plus que je suis convaincue qu'il constitue un important "réservoir d'emplois".
Cette nécessaire modernisation engendre je le sais, un grand nombre d'interrogations auxquelles il peut apparaître parfois difficile de répondre.
Votre secteur doit-il, procéder à des regroupements d'entreprises et à des concentrations, pour rivaliser avec les poids lourds européens ? Doit-il contracter de nouvelles alliances ?
Faut-il rechercher de nouvelles niches de touristes potentiels au travers d'une offre plus ciblée, mieux enrichies, répondant au plus près aux attentes et aux spécificités de ces nouveaux visiteurs ?
Pouvez-vous trouver aussi, dans un élargissement de votre offre réceptive, de nouvelles potentialités de développement ?
Il vous appartiendra bien sûr, à vous, et à vous seuls, d'y répondre.
Dans tous les cas, je veux vous assurer que le Secrétariat d'Etat au Tourisme continuera d'accompagner la profession dans tout ce qu'elle entreprendra pour conforter ses positions et améliorer la qualité de ses services.
Je crois, en effet, que nous avons besoin d'une production plus qualitative, plus professionnelle, mieux sécurisée, où le voyagiste retrouve pleinement son rôle de concepteur de produits, son rôle de conseiller, son rôle d'intermédiaire, capable d'apporter la meilleure réponse aux attentes de sa clientèle.
Je n'oublie pas le formidable réseau de proximité que vous représentez.
Dans les villes, les régions où vous êtes implantés, on vous connaît, on vous parle... Je crois que ce sont 15 millions de personnes qui pénètrent, chaque année, dans vos agences... 15 millions d'hommes et de femmes qui rêvent de voyages et de découverte.
Mais peut-être cela vous étonne-t-il de m'entendre parler ainsi, tant il est vrai que les pouvoirs publics français ont longtemps fait preuve d'ostracisme à l'égard des voyagistes, qui, en facilitant la sortie des Français du territoire, favorisaient, du même coup, les sorties de devises.
Je veux vous dire que, lorsque j'affirme que je suis la Ministre de tous les tourismes, ce n'est pas une formule de style, mais bien l'expression de ma volonté de prendre en compte et de soutenir l'ensemble des secteurs d'activités.
De plus, en remplissant, en quelque sorte, une fonction d'ambassadeurs de notre savoir-faire, vous participez totalement à ce travail de coopération, dont je parlais toute à l'heure. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle, en 1998, j'ai proposé aux voyagistes et aux investisseurs français, intéressés, de participer aux déplacements que j'ai effectué, en Chine, et en Jordanie, et en 1999 à Cuba.
Je puis vous assurer (et eux-mêmes pourront vous le dire) que leurs remarques, leurs conseils sont très attendus et toujours justement entendus.
Et puis, au fond, en transmettant notre savoir-faire, en matière d'accueil et de qualité des services, vous êtes aussi les ambassadeurs de notre culture, et contribuez, j'en suis sûre, à créer l'envie de visiter notre beau pays.
Concernant d'ailleurs le marché français, je pense qu'il vous serait possible de prendre une place plus importante dans la valorisation de la destination France.
Le développement de la demande en matière de tourisme de courts séjours et de proximité que connaît notre pays depuis plus de dix ans, peut en effet constituer pour vous, un nouveau potentiel d'expression de votre savoir-faire en terme de production et de distribution.
C'est en tous cas une nouvelle voie qu'il me semble intéressante d'explorer plus avant, car elle est porteuse, j'en suis sûre, d'une importante réserve de croissance.
Pour répondre à ces nouveaux besoins, je crois qu'il est de ma responsabilité de vous accompagner, dans vos efforts pour améliorer la qualité et la diversité de l'offre et de l'emploi, dans votre secteur.
A mes yeux, en effet, la créativité, l'innovation, le professionnalisme, sont indissociables de la qualité des ressources humaines.
Vous connaissez, d'ailleurs, mon attachement à la formation des salariés tout au long de la vie.
Dans le Tourisme, comme dans n'importe quel autre secteur, reconnaissons-le : nous avons, dans notre pays, encore beaucoup de progrès à faire pour développer la formation continue !
Et comment prétendre être efficaces et modernes, si nous ne facilitons pas aux hommes et aux femmes, qui travaillent, l'acquisition des savoirs au fur et à mesures de leurs carrières ?
La société bouge, les savoirs, les connaissances, les outils aussi !
En matière de formation initiale également, il nous faut tenir compte de ces évolutions. Je crois ainsi que (même s'il constitue déjà un très bon outil professionnel, et bénéficie d'une large reconnaissance) l'actuel BTS-Tourime a sans doute besoin d'être rénové, pour permettre une meilleure mise en cohérence des besoins et des niveaux de compétence, avec les nécessités de la profession.
Je crois que cette entente montre bien la volonté des partenaires sociaux de réfléchir, ensemble, sur l'avenir de votre profession, sur l'évolution des métiers et des formations, sur l'organisation du travail et, plus généralement, du temps de travail.
Concernant les 35 heures, je suis tout à fait consciente de la complexité du débat social dans votre profession. Je pense à la négociation salariale, mais aussi au difficultés que connaissent les entreprises et notamment les petites.
J'apprécie positivement la volonté de négociation sur la réduction du temps de travail qui vous anime et me réjouis que l'ensemble des partenaires sociaux ait accepté ma proposition de Contrat d'Etudes Prospectives.
Il m'apparaîtrait en effet paradoxal que le secteur des agences de voyages qui bénéficiera des effets positifs de cette mesure sur les temps de loisirs et son activité, ne fasse pas profiter ses salariés de cette avancée sociale.
Car, pour faire face aux défis de l'avenir, à cette demande qui ne cesse de s'accroître, en même temps que la concurrence se fait de plus en plus vive, je veux insister car c'est ma conviction.
C'est par la qualité des services qu'il rend (donc, par la qualité des emplois) que le Tourisme français peut se démarquer !
Vous l'avez rappelé, Monsieur le Président, les nouvelles technologies, et en particulier Internet, ouvre un marché considérable.
En tout cas, je crois que c'est comme cela qu'il faut l'appréhender : en étant résolument modernes - de la même manière que vous avez su l'être, en vous saisissant massivement de l'outil informatique, puisqu'à plus de 96 %, les Agents de Voyages Français sont équipés de systèmes informatiques de réservations.
Depuis le début de ce siècle, chaque arrivée d'une technologie nouvelle, le téléphone, le fax, le Minitel a engendré son lot de craintes et d'inquiétudes.
L'arrivée de nouvelles technologies dans un secteur ne doit pas être crainte par nature mais appréhendée dans toute sa complexité car les expériences du passé montrent que ces innovations n'entravent jamais l'activité d'un secteur mais crées, au contraire, de nouveaux besoins et de nouveaux marchés.
De toute évidence, les agences des réseaux intégrés ou volontaires sont mieux outillées pour aborder ces problématiques.
Pour les agences de voyages indépendantes, je sais tout le travail et les études mises en uvre par le SNAV sur ce thème. Mais il est de l'intérêt économique des producteurs et des transporteurs et de la responsabilité de l'État de vous soutenir dans la mise en place d'un dispositif d'informations et de conseils, au plus près du terrain, pour permettre aux agences indépendantes de franchir ce cap technologique.
Si cette démarche vous agrée, je vous propose de prendre l'initiative d'inviter tous les opérateurs concernés à se réunir prochainement pour réfléchir aux modalités de mise en uvre d'un tel dispositif auquel mon ministère est prêt à apporter sa contribution.
Par ailleurs, la mise en service en 1999 de RESINFRANCE, dans lequel le Secrétariat d'Etat au Tourisme est très impliqué, devrait, je l'espère, nous permettre d'aller encore plus loin.
Il vous facilitera la commercialisation de l'offre touristique nationale, notamment auprès de la clientèle étrangère, au moment même, où (vous le savez) j'ai souhaité investir davantage dans la promotion de nos produits à l'étranger, en augmentant le budget de Maison de la France de 30 millions de francs.
Le Syndicat National des Agents de Voyages a d'ailleurs été un partenaire technique et financier essentiel, dans la mise en place de ce nouveau serveur et je tiens à en remercier le Président BALDERACCHI.
Mais une offre touristique de qualité, c'est aussi, une offre sécurisant au maximum le consommateur. Cette sécurisation est, d'ailleurs, déjà une qualité reconnue de la production et de la distribution des voyagistes français.
J'ai bien entendu ce que vous disiez, Monsieur BALDERACCHI, à propos de la garantie financière, qui pour être déjà efficace n'en est pas moins perfectible sur certains points. Cela dit, en terme de sécurité, au-delà des questions de textes et de règlements, la dimension humaine doit rester, je crois, une préoccupation majeure.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion, il y a quelques mois, de me rendre au chevet des victimes de la catastrophe de Banyoles, et le suivi de ce dossier me permet de mesurer les progrès que nous avons encore à faire. En effet j'ai pu y constater que la chaîne des responsabilités mérite sans doute d'être clarifiée voire aménagée.
Je dis cela, parce que, dans une Europe, où l'environnement concurrentiel va se renforcer (avec des consommateurs qui seront d'autant plus regardants qu'ils pourront plus aisément comparer les prix), je pense, sincèrement, qu'une sécurisation, toujours améliorée, peut devenir l'image de marque et un plus concurrentiel des voyagistes français.
Enfin, vous évoquiez, dans votre intervention, la nouvelle loi que je compte mettre en chantier, dès 1999. Et bien, soyez sûr que le Syndicat National des Agents de Voyages sera très étroitement associé à tout le travail préparatoire de ce texte.
Nous aurons, là, l'occasion de traiter, dans l'état d'esprit de la concertation franche et constructive qui caractérise nos relations depuis près de vingt mois, tous les sujets qui vous préoccupent : le système d'habilitation, la régionalisation des commissions d'aménagement touristique, l'activité des locations de meublés touristiques, le cadre juridique de la licence... mais vous me permettrez de ne pas tous les évoquer ici.
Je souhaite donc que ces trois jours de travaux que vous démarrerez, demain matin, soit aussi l'occasion, pour vous, de réfléchir à la contribution, que vous pouvez apporter, dans l'élaboration de cette nouvelle loi.
Je voudrai en conclusion remercier une fois encore, l'ensemble du conseil d'Administration du SNAV de son invitation, mais aussi en votre nom à tous, en la personne de Monsieur le Ministre Mamdouth EL BELTAGUI tous nos amis égyptiens qui nous ont accueillis avec beaucoup de chaleur et d'amitié.
Alors, bon travail. Et encore une fois, mes meilleurs vux pour la nouvelle année.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr)