Déclaration de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Pour la France" de mai 2007, sur la volonté du Mouvement pour la France de participer au redressement de la France dans le cadre des engagements pris par la droite lors de l'élection présidentielle.

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Média : Pour la France

Texte intégral

Les Français aspirent à une vraie politique de droite. C'est le principal enseignement que je retiens du deuxième tour de l'élection présidentielle. Nous devons nous féliciter de la défaite de la gauche. Car nous savons ce que vaut sa politique. Nous devons également - et surtout - nous réjouir de voir la France à droite, fusse au prix d'un score qui n'a pas été à la hauteur de nos espoirs. Malgré notre déception qui est légitime tant nous avons mis toutes nos forces dans la bataille présidentielle, seul doit compter pour nous l'intérêt supérieur de la Nation.
Nous pouvons revendiquer l'élection présidentielle de 2007 comme une victoire idéologique. Pour l'emporter le 6 mai, le candidat de l'UMP a en effet repris une à une et méthodiquement les analyses, les raisonnements et les propositions qui étaient les nôtres. Jusqu'aux formules. J'y vois la preuve que notre campagne était une bonne campagne. Et qu'il ne nous faut rien regretter.
Le « vote utile » et sa surexposition médiatique lui ont permis de rassembler sur son nom une majorité de Français. C'est ainsi. Tout ou plus pouvons-nous déplorer que le fonctionnement normal de la démocratie ait été faussé par le jeu des sondages et par le choix évident des médias de ne donner la parole qu'à quatre candidats présélectionnés comme pouvant franchir le cap du premier tour.
Le deuxième tour de l'élection présidentielle est l'aboutissement d'une lente évolution de la société française, qui a pu observer dans la réalité, les méfaits de l'idéologie soixante-huitarde sur l'école, la famille, le respect des lois, etc ; l'impact d'une Europe de la concurrence libre et non faussée sur notre tissu économique et social ; les conséquences d'une philosophie tiers-mondiste qui prétendait sortir les pays pauvres de la misère en ouvrant grandes les vannes de l'immigration.
Mais pour le président de la République et son gouvernement, tout commence. Il ne suffit pas d'emprunter des accents « droitiers » pour sortir un pays du socialisme ; il faut mettre en application une politique conforme aux valeurs de la droite et tenir face aux pressions. Tenir malgré les intimidations de la gauche ; tenir malgré l'impopularité que certaines réformes nécessaires pourraient engendrer ; tenir malgré Bruxelles et nos partenaires européens qui ne vont pas opposer un veto définitif à la Turquie, autoriser la France à baisser la TVA, instaurer des tarifs douaniers aux frontières de l'Europe, redéfinir le rôle de la Banque centrale européenne afin de la mettre au service de l'emploi et de la croissance, sous prétexte qu'il s'agit de promesses du président de la République française...
Face aux nombreuses oppositions qui ne manqueront pas de s'exprimer, face à la complexité de certaines réformes qu'il va falloir pourtant mener à bien, face à l'impopularité, l'unique levier politique de Nicolas Sarkozy sera le courage. Vertu politique par excellence, le courage est naturellement lié aux convictions. J'ose espérer que Nicolas Sarkozy n'a pas mené une telle campagne uniquement sur la foi de sondages lui indiquant une « droitisation » de la société française. J'ose espérer qu'il est convaincu du bien-fondé des engagement qu'il a pris devant le peuple...
Le Mouvement Pour la France, lui, va avoir un rôle très important à jouer au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Un rôle capital. Un rôle qu'il est le seul à pouvoir tenir. Soyez-en certains, le MPF est aujourd'hui le seul mouvement politique en mesure de veiller au respect des engagements pris par la droite pendant la campagne. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les forces politiques à droite.
L'UMP, qui obtiendra selon toute probabilité une forte majorité à l'Assemblée nationale le 17 juin prochain, sera rangée comme un seul homme derrière le président de la République. Tenus par la discipline de vote, ses députés seront aux ordres du gouvernement. Hormis quelques-uns d'entre eux, courageux et indépendants d'esprit, il est donc illusoire d'attendre du parti du Président une quelconque résistance à des propositions de gauche que le gouvernement reprendrait à son compte ou à la tentation du recul lorsque viendra le temps des bras de fer avec la gauche ou les syndicats...
Du côté du Mouvement Démocrate, l'unique objectif de François Bayrou est de constituer une troisième force politique. Au centre. Autant dire qu'il serait irréaliste de compter sur le Modem pour tenir la droite à droite ! Le flirt de Bayrou avec la gauche durant l'entre-deux tours l'a, du reste et à juste titre, décrédibilisé aux yeux de l'électorat de la droite populaire...
Quant à Jean-Marie Le Pen, il n'a jamais ni su ni voulu utiliser son influence électorale, qui fut pourtant considérable, pour tenir la droite à droite, préférant toujours l'incantation et la protestation à l'action, privilégiant par principe la politique du pire, et se complaisant dans des dérapages verbaux aussi stériles qu'odieux. L'échec électoral qu'il vient de subir lui ôte d'ailleurs son unique force : sa capacité de nuisance...
Il ne reste donc que le Mouvement pour la France pour obliger la droite à respecter ses engagements électoraux. Ceci est d'autant plus vrai que cette mission correspond à la vocation même du MPF : le Mouvement Pour la France, je n'ai cessé de le répéter pendant la campagne, est « 100 % antisocialiste ». Il incarne « la droite patriotique de gouvernement » : le refus de la gauche et de sa politique mortifère - y compris lorsqu'elle est appliquée par la droite ! - sont la raison d'être de notre action politique ; le rejet d'une Europe politique et de l'idéologie mondialiste, qui aboutiraient à la disparition de la France, notre spécificité ; la volonté de gouverner autour de nos idées, notre moteur.
Notre relation avec le gouvernement et la majorité parlementaire est sans ambiguïté. Notre seul lien est celui du souci ardent du redressement de la France, qui devrait toujours être supérieur aux intérêts partisans. Ce sera, quoi qu'il arrive, la ligne de conduite du Mouvement Pour la France. En pratique, nous soutiendrons le gouvernement lorsqu'il appliquera une politique conforme à la droite de conviction ; mais nous serons inflexibles lorsqu'il préférera donner des gages à la gauche (droit de vote des étrangers, Contrat d'union civile pour les couples homosexuels, discrimination positive, etc) ou lorsqu'il cédera aux revendications de la rue...
Cette mission, je l'ai assignée aux candidats du MPF aux élections législatives. Sous la houlette de Guillaume Peltier, notre secrétaire général, à qui j'ai demandé de diriger la campagne, ils seront mes porte-parole dans chacun des départements. Je les remercie du fond du coeur d'avoir accepté de porter les couleurs de notre Mouvement à l'occasion de ce scrutin et je vous demande, à vous, militants et sympathisants du MPF de jeter, à leurs côtés, toutes vos forces dans la batailles des élections législatives.Source http://www.pourlafrance.fr, le 23 mai 2007