Texte intégral
Monsieur le Commissaire européen chargé de l'éducation, de la formation, de la culture et de la jeunesse, cher Jan Figel,
Monsieur le Maire de Berlin, Ministre plénipotentiaire pour les relations culturelles franco-allemandes, cher Klaus Wowereit,
Madame la Ministre, Présidente de Relais Culture Europe, chère Catherine Lalumière,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureuse d'être présente parmi vous aujourd'hui pour cette rencontre placée sous le double signe de l'Europe, et de la culture. Je tiens à saluer tout particulièrement la présence de M. Jan Figel, et de M. Klaus Wowereit, qui montre toute l'importance que revêtent aujourd'hui les enjeux culturels au sein de l'Union Européenne. Je tiens également à remercier le Relais Culture Europe, et le Festival d'Avignon, d'avoir organisé ce débat.
Quel meilleur hôte, pour une telle rencontre, qu'un Festival qui célèbre, chaque année, toute la richesse et toute la diversité du spectacle vivant de notre continent et d'ailleurs ? Un Festival qui vit, de façon concrète, et depuis ses origines, cette mobilité des artistes que nous appelons de nos voeux ? Un Festival qui a d'ailleurs été reconnu cette année « organisme actif au niveau européen dans le domaine culturel » par la Commission européenne.
Je crois en effet que ce sont des événements comme celui-ci qui inspirent et justifient notre volonté de faire de la culture un élément central de la politique européenne. Parce qu'ils posent, comme une évidence, le fait que l'Europe est, spontanément, dans les faits, et avant tout, culturelle. Ce n'est pas nouveau. L'Europe de la Renaissance, l'Europe des Lumières : nos artistes, nos créateurs, nos hommes de lettres ont tissé au fil des siècles un réseau de l'esprit, de l'imagination et du coeur, qu'il nous appartient de faire vivre. Et parce que la culture est au coeur de l'identité européenne, elle doit être au coeur de la construction européenne.
Dans les faits, la culture comme champ d'application de l'Europe est une idée relativement récente, puisque c'est seulement avec le Traité de Maastricht que la dimension culturelle a commencé à être intégrée dans les politiques de l'Union européenne. Beaucoup d'actions ont été conduites depuis, qui constituent une base utile. Je prendrai pour exemple le programme « Culture 2000 », qui a permis de soutenir près de 200 projets par an de 2000 à 2006. Ce programme a été renouvelé l'année dernière, et augmenté de 70 %, grâce notamment à l'enthousiasme et la force de conviction du commissaire Figel. Nous ne partons donc pas de rien. Mais nous devons poursuivre inlassablement nos efforts, aller encore plus loin, et réaffirmer notre volonté de placer la culture au centre du projet européen.
Sur ce long chemin, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité culturelle, adoptée dans le cadre de l'Unesco il y a deux ans, et entrée en vigueur le 18 mars dernier, a constitué une étape essentielle. Elle a permis de graver, dans le marbre du droit international, la spécificité des biens et des oeuvres culturelles. Elle a permis également aux Etats européens de mener un important travail de réflexion sur leurs valeurs, sur ce que nous voulons défendre ensemble : la diversité de nos cultures, qui est la véritable richesse de notre continent.
Une autre étape importante a été franchie le 10 mai dernier, avec la communication de la Commission européenne relative à un agenda européen de la culture à l'ère de la mondialisation. C'est une feuille de route ambitieuse. Je me félicite qu'elle reconnaisse l'importance des enjeux culturels comme catalyseur d'activité, de croissance et d'emploi dans les autres domaines d'action de l'Union.
Elle établit également, je m'en réjouis, des principes généraux qui sont aussi ceux du gouvernement français, comme le développement de partenariats entre le secteur de la culture et d'autres secteurs comme le tourisme, la promotion de l'éducation artistique et culturelle ou encore l'encouragement à la circulation des oeuvres d'art et des autres formes d'expression artistique.
Il va sans dire que la France soutiendra les efforts de la Commission pour faire de la culture une véritable ambition pour l'Europe. Enfin, je veux saluer la proposition innovante de la Commission européenne de créer un « Forum culturel » qui devient un espace de dialogue et d'échange permettant de consulter les parties prenantes au niveau européen.
L'Europe de la culture est donc en marche, et c'est important parce que cela a du sens. Il s'agit de faire vivre la richesse de nos cultures, de favoriser leur expression, de les faire se rencontrer, dialoguer, au sein des frontières de l'Europe comme avec les autres cultures du monde. Il s'agit aussi de créer les cadres appropriés, notamment juridiques, qui permettent de préserver les systèmes nationaux, face au risque bien réel d'uniformisation que peut faire courir la mondialisation.
C'est bien dans ce sens que nous travaillons pour préparer la Présidence française qui interviendra au second semestre de l'année 2008. Et cette Présidence est placée sous les meilleurs auspices, dans le contexte de « l'Année européenne du dialogue interculturel ». Elle sera une occasion unique de faire progresser des dossiers majeurs comme la promotion du label « Patrimoine européen », les Etats généraux du multilinguisme, qui comportent bien des conséquences pour la vitalité de notre création, comme par exemple le sous-titrage ou encore la mobilité des artistes et des professionnels du spectacle vivant.
Vous pourrez compter sur la France pour relever ces défis, par des propositions concrètes, et audacieuses, et pour servir avec ardeur, et détermination, la cause de la culture en Europe.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 juillet 2007