Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec M. Ahmed Aboul Gheit, ministre égyptien des affaires étrangères, sur la crise et l'élection présidentielle libanaise, les avancées du dialogue interpalestinien et la future conférence internationale sur le Proche-Orient, la crise du Darfour, Le Caire le 13 septembre 2007.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner au Proche-Orient du 10 au 13 septembre 2007 : point de presse conjoint avec le ministre égyptien des affaires étrangères le 13 au Caire

Texte intégral

Bonjour Mesdames et Messieurs,
Je veux remercier mon grand ami, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit. Et comme il vous l'a dit, nous avons discuté de beaucoup de choses hier soir durant au moins deux heures et aujourd'hui avec le président Moubarak durant une heure et demi. Je suis prêt à répondre en français à toutes vos questions. Mais c'était une discussion très, très intéressante et un grand plaisir que de parler avec le président Moubarak. Il a une grande expérience et a assez de sagesse pour expliquer les situations difficiles dans cette partie du monde. C'était vraiment très intéressant et très amical.

Q - En ce qui concerne le Liban, quelles sont les parties que soutient la France et comment sortir de ce problème libanais et quelles sont les parties et les responsables que vous allez rencontrer ?
R - La France ne soutient aucune partie, Madame, elle soutient toutes les communautés libanaises. La France est l'amie de toutes les communautés libanaises pour des raisons historiques, des raisons culturelles, des raisons politiques et depuis bien des années. Je retourne à Beyrouth dans quelques heures et je rencontrerai les dirigeants, tous les dirigeants de tous les partis. Cela fait très longtemps que je connais ce pays et j'essaie d'être utile, et la France essaie d'être utile - comme d'ailleurs l'Egypte, comme d'ailleurs le gouvernement égyptien. Nous essayons que l'élection se passe le mieux possible en conformité avec la constitution. Et d'ailleurs, comme le ministre égyptien des Affaires étrangères, nous tentons - vous savez que la date c'est à partir du 25 septembre jusqu'au 24 novembre - nous tentons que ces élections, nous essayons de faire comprendre que ces élections sont indispensables. Je crois que pour la première fois, il y a un petit élément, une petite avancée et surtout que la population libanaise, toutes les communautés sont vraiment fatiguées de l'affrontement et de la guerre et qu'ils doivent faire entendre leur voix.

Q - En ce qui concerne la réunion internationale qui se déroulera en novembre, existe-t-il un agenda précis qui a été présenté ?
R - Je suis complètement d'accord avec mon collègue, je veux juste ajouter quelque chose. J'ai entendu les attentes des Palestiniens et des Israéliens en même temps et il y a un petit espoir que nous devons prendre en considération, un vrai espoir au sein des populations.

Q - Quel est le niveau d'attention portée à la prochaine conférence ? Pensez-vous qu'elle soit suffisante ?
R - Je sais bien sûr qu'un effort est nécessaire. Je sais également que, d'après les deux interlocuteurs, quelque chose s'est passé entre eux. Un effort a déjà été accompli. La même direction vers la naissance de ce fameux Etat palestinien que nous recherchons depuis des années et des années. Il y a quelque chose d'ouvert. Vous savez, c'est magique, de l'alchimie, de la chimie entre les deux peuples. Ce n'est pas suffisant, mais c'est un bon début. Et M. Ehud Olmert et Mr Abou Mazen parlaient avec les mêmes mots, la nécessité d'un succès de cette conférence. Mais conférence ou réunion, je suis d'accord, nous ne le savons pas pour le moment. Ce n'est pas assez pour nous. Si c'est assez pour eux, c'est un début. Nous verrons. Nous travaillerons...

Q - Il y a un grand intérêt traditionnel de la France pour le continent africain, et le même intérêt de la part de l'Egypte. Peut-on parler de concertation entre l'Egypte et la France sur les plus importantes questions africaines ?
R - Nous avons parlé du Darfour, nous avons parlé de la force hybride, nous avons parlé des problèmes urgents de l'Afrique. Nous n'avons pas abordé tous les problèmes africains. Nous avons parlé également de l'Afrique et de sa représentation future dans une réforme de l'ONU. C'était déjà beaucoup. Et nous sommes particulièrement d'accord avec nos amis Egyptiens.

Q - Y-a-t-il une initiative française pour résoudre la crise du Darfour ?
R - Cher Monsieur, il y a eu une belle initiative française qui s'appelle le "groupe de contact élargi", la Conférence de Paris, qui a tout relancé et qui a abouti, il y a un mois et demi, à une résolution unanime du Conseil de sécurité. Et ce qui était intéressant, c'est que les Chinois, qui étaient accusés d'avoir une attitude un peu délicate, étaient associés aux Américains pour faire cet effort vers l'ONU. Les premières troupes de la force hybride de paix doivent arriver au Darfour début octobre. Et les Egyptiens, nos amis égyptiens, font un effort considérable pour cette force hybride. Ils ont proposé un contingent tout à fait respectable et du matériel, ce qui est très important.

Q - Je voudrais connaître la position du gouvernement français concernant la candidature du ministre égyptien de la culture au poste de Secrétaire général de L'UNESCO ?
R - Mon cher ambassadeur me dit que mon cher président a dit qu'il y était favorable.

Q - Y aura-t-il une visite du président Sarkozy en Egypte ?
R - Vous savez que le président Sarkozy sera bientôt en Egypte.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2007