Texte intégral
F. David - Un débat commence à émerger pendant cette campagne municipale, c'est celui sur la sécurité. On en a beaucoup parlé hier, à quelques milliers de kilomètres de distance, le chef de l'Etat et le Premier ministre ont évoqué la question. Le chef de l'Etat a notamment affirmé lors de sa visite à Dreux que c'était un dossier extrêmement important pour les Français, qu'il ne fallait pas le traiter avec dogmatisme, qu'il ne fallait pas laisser faire, qu'il fallait sortir de la routine, de l'enfermement. On a le sentiment que L. Jospin a un peu pris cela pour lui puisque, depuis La Réunion, il a souhaité qu'on n'utilise pas le thème de l'insécurité en l'exploitant mais plutôt en le combattant. C'est vraiment un problème tellement important aujourd'hui que cela peut faire un accroc dans la cohabitation ?
- "D'abord, L. Jospin ne veut pas qu'on parle de ce qui le dérange. Il y a 20 ans que la gauche nous dit chaque fois qu'on parle de la sécurité : "vous faites le jeu de l'extrême droite", donc il ne faut pas en parler ! Mais c'est un vrai problème parce que la sécurité, c'est le premier devoir de l'Etat. Or, cela se dégrade de plus en plus. On sait trois choses : la première, c'est que les statistiques qui nous sont données sont fausses. Elles sont truquées en permanence et on peut faire absolument n'importe quoi avec les statistiques."
C'est une accusation très grave, vous mettez en cause le ministre de l'Intérieur ?
- "Elles sont fausses, tous les chercheurs le disent d'ailleurs ! C'est très simple : l'Institut des hautes études de sécurité intérieure dit qu'il y a 16,8 millions d'infractions, le ministère de l'Intérieur dit qu'il y en a 3,8 ! Ca fait une différence de 1 à 5 ! Vous voyez qu'il y a de la marge. Donc les statistiques sont fausses. Deuxièmement, entre la police et la justice, cela ne va pas : ils ne s'entendent pas, il y a des querelles terribles, les procédures créent des perturbations entre eux. Troisièmement : les élus locaux, les maires en particulier, sont tenus complètement à l'écart de l'organisation de la sécurité."
Ce n'est pas nouveau. On est quand même dans une période...
- "C'est pas nouveau", mais on peut peut-être faire des réformes."
Bien sûr, mais le chef de l'Etat aurait pu en parler depuis longtemps...
- "Il en parle."
On s'aperçoit qu'il y a quand même une montée en puissance sur ce thème.
- "Il y a surtout une montée en puissance de la délinquance !"
On est en campagne municipale mais on se demande aussi si on n'est pas finalement en pré-campagne présidentielle. Car quand on voit le Premier ministre et le chef de l'Etat se renvoyer la balle ainsi, on a l'impression qu'on est sorti de la campagne municipale...
- "Mais qu'est-ce que c'est la démocratie ? C'est de prendre en compte les préoccupations de la population. Or, la première préoccupation des Français, c'est l'insécurité parce que cela touche tout le monde, et à commencer par les plus faibles. Il est donc c'est légitime que les hommes politiques apportent leurs solutions là-dessus. Or, la gauche sur la sécurité comme sur les retraites, comme sur 36 000 problèmes est totalement immobile. Le Président de la République est absolument dans son rôle et l'opposition aussi."
L'opposition a-t-elle des propositions précises à faire ?
- "Oui, nous voulons davantage de décentralisation. Nous voulons que les élus locaux soient impliqués dans l'organisation de la sécurité, qu'ils n'en soient plus écartés comme ils le sont aujourd'hui, où ils n'ont pas leur mot à dire. Il faut qu'ils aient leur mot à dire parce que, dans ma ville, à Antony, j'ai tout de même quelques idées sur la manière d'organiser la sécurité !"
Vous dites que l'opposition a "quelques idées sur la sécurité" mais quelle opposition, et une opposition composée par qui ? Car on parle beaucoup de l'état de cette opposition, on essaie plus ou moins d'en dessiner les nouveaux contours : E. Balladur prône la fusion, A. Juppé prône la fédération, madame Alliot-Marie, dit : "faisons l'union des propositions d'union", A. Madelin de Démocratie libérale, parle de "confédération", F. Bayrou, visiblement, cherche à rester chez lui. Vous êtes porte-parole du RPR mais vous portez quelle
parole finalement ?
- "Je vais vous donner une chose sûre : deux appels de signatures ont été faits, 90 % des parlementaires de l'opposition, toutes formations confondues, les ont signés. 85 % de nos électeurs veulent une formation commune. Quelle forme va-t-elle prendre ? On ne le sait pas très bien aujourd'hui, on en débat. C'est d'ailleurs cela, finalement, la nouvelle organisation de l'opposition : c'est qu'elle soit capable de discuter entre elle de ses problèmes. Et vous verrez qu'après les municipales, avant les grandes vacances, nous réussirons à nous mettre d'accord sur quelque chose de commun. Ce sera vraiment un grand changement."
Oui mais là, on a quand même l'impression - je ne sais pas si avant les grandes vacances, mais je souhaite pour vous que vous y arriviez -, mais..."
- "Mais on va y arriver !"
... mais on sait très bien que F. Bayrou est candidat - pour l'instant en tout cas - à la présidentielle ...
- "Mais ça ne gêne pas "
... et qu'il cherche à maintenir son autonomie. On sait qu'A. Madelin n'est pas non plus une fusion, madame Alliot-Marie, visiblement, aimerait bien préserver un RPR intrinsèque, si j'ose dire...
-"Dans ces affaires d'organisation de l'opposition, les responsables de partis sont prudents car depuis une quinzaine d'années on parle aussi d'une autre organisation et que ça a souvent échoué. Ils ont donc raison d'être prudents. Mais en même temps, la volonté est là, et c'est une volonté qui est très forte, et je crois que ça va marcher. C'est vrai que F. Bayrou veut être candidat aux élections présidentielles mais ça ne gêne pas, il peut être candidat à l'élection présidentielle, et que nous fassions, en même temps, une grande formation de l'opposition qui sera à peu près l'équivalent du Parti socialiste. Elle ne sera peut-être pas unique, il y aura peut-être des petites formations à côté. Mais il y aura une très grande formation de l'opposition et cela lui permettra de se faire entendre. Car aujourd'hui, quand l'opposition a des propositions, on ne l'entend pas. "
C'est vrai qu'on a l'impression que sa parole est un peu éparpillée...
"Cette parole sera rendue cohérente par l'union. Je suis confiant."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 26 janvier 2001)
- "D'abord, L. Jospin ne veut pas qu'on parle de ce qui le dérange. Il y a 20 ans que la gauche nous dit chaque fois qu'on parle de la sécurité : "vous faites le jeu de l'extrême droite", donc il ne faut pas en parler ! Mais c'est un vrai problème parce que la sécurité, c'est le premier devoir de l'Etat. Or, cela se dégrade de plus en plus. On sait trois choses : la première, c'est que les statistiques qui nous sont données sont fausses. Elles sont truquées en permanence et on peut faire absolument n'importe quoi avec les statistiques."
C'est une accusation très grave, vous mettez en cause le ministre de l'Intérieur ?
- "Elles sont fausses, tous les chercheurs le disent d'ailleurs ! C'est très simple : l'Institut des hautes études de sécurité intérieure dit qu'il y a 16,8 millions d'infractions, le ministère de l'Intérieur dit qu'il y en a 3,8 ! Ca fait une différence de 1 à 5 ! Vous voyez qu'il y a de la marge. Donc les statistiques sont fausses. Deuxièmement, entre la police et la justice, cela ne va pas : ils ne s'entendent pas, il y a des querelles terribles, les procédures créent des perturbations entre eux. Troisièmement : les élus locaux, les maires en particulier, sont tenus complètement à l'écart de l'organisation de la sécurité."
Ce n'est pas nouveau. On est quand même dans une période...
- "C'est pas nouveau", mais on peut peut-être faire des réformes."
Bien sûr, mais le chef de l'Etat aurait pu en parler depuis longtemps...
- "Il en parle."
On s'aperçoit qu'il y a quand même une montée en puissance sur ce thème.
- "Il y a surtout une montée en puissance de la délinquance !"
On est en campagne municipale mais on se demande aussi si on n'est pas finalement en pré-campagne présidentielle. Car quand on voit le Premier ministre et le chef de l'Etat se renvoyer la balle ainsi, on a l'impression qu'on est sorti de la campagne municipale...
- "Mais qu'est-ce que c'est la démocratie ? C'est de prendre en compte les préoccupations de la population. Or, la première préoccupation des Français, c'est l'insécurité parce que cela touche tout le monde, et à commencer par les plus faibles. Il est donc c'est légitime que les hommes politiques apportent leurs solutions là-dessus. Or, la gauche sur la sécurité comme sur les retraites, comme sur 36 000 problèmes est totalement immobile. Le Président de la République est absolument dans son rôle et l'opposition aussi."
L'opposition a-t-elle des propositions précises à faire ?
- "Oui, nous voulons davantage de décentralisation. Nous voulons que les élus locaux soient impliqués dans l'organisation de la sécurité, qu'ils n'en soient plus écartés comme ils le sont aujourd'hui, où ils n'ont pas leur mot à dire. Il faut qu'ils aient leur mot à dire parce que, dans ma ville, à Antony, j'ai tout de même quelques idées sur la manière d'organiser la sécurité !"
Vous dites que l'opposition a "quelques idées sur la sécurité" mais quelle opposition, et une opposition composée par qui ? Car on parle beaucoup de l'état de cette opposition, on essaie plus ou moins d'en dessiner les nouveaux contours : E. Balladur prône la fusion, A. Juppé prône la fédération, madame Alliot-Marie, dit : "faisons l'union des propositions d'union", A. Madelin de Démocratie libérale, parle de "confédération", F. Bayrou, visiblement, cherche à rester chez lui. Vous êtes porte-parole du RPR mais vous portez quelle
parole finalement ?
- "Je vais vous donner une chose sûre : deux appels de signatures ont été faits, 90 % des parlementaires de l'opposition, toutes formations confondues, les ont signés. 85 % de nos électeurs veulent une formation commune. Quelle forme va-t-elle prendre ? On ne le sait pas très bien aujourd'hui, on en débat. C'est d'ailleurs cela, finalement, la nouvelle organisation de l'opposition : c'est qu'elle soit capable de discuter entre elle de ses problèmes. Et vous verrez qu'après les municipales, avant les grandes vacances, nous réussirons à nous mettre d'accord sur quelque chose de commun. Ce sera vraiment un grand changement."
Oui mais là, on a quand même l'impression - je ne sais pas si avant les grandes vacances, mais je souhaite pour vous que vous y arriviez -, mais..."
- "Mais on va y arriver !"
... mais on sait très bien que F. Bayrou est candidat - pour l'instant en tout cas - à la présidentielle ...
- "Mais ça ne gêne pas "
... et qu'il cherche à maintenir son autonomie. On sait qu'A. Madelin n'est pas non plus une fusion, madame Alliot-Marie, visiblement, aimerait bien préserver un RPR intrinsèque, si j'ose dire...
-"Dans ces affaires d'organisation de l'opposition, les responsables de partis sont prudents car depuis une quinzaine d'années on parle aussi d'une autre organisation et que ça a souvent échoué. Ils ont donc raison d'être prudents. Mais en même temps, la volonté est là, et c'est une volonté qui est très forte, et je crois que ça va marcher. C'est vrai que F. Bayrou veut être candidat aux élections présidentielles mais ça ne gêne pas, il peut être candidat à l'élection présidentielle, et que nous fassions, en même temps, une grande formation de l'opposition qui sera à peu près l'équivalent du Parti socialiste. Elle ne sera peut-être pas unique, il y aura peut-être des petites formations à côté. Mais il y aura une très grande formation de l'opposition et cela lui permettra de se faire entendre. Car aujourd'hui, quand l'opposition a des propositions, on ne l'entend pas. "
C'est vrai qu'on a l'impression que sa parole est un peu éparpillée...
"Cette parole sera rendue cohérente par l'union. Je suis confiant."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 26 janvier 2001)