Texte intégral
Q - Vous avez appris la répression des manifestations malgré les appels à la retenue qui avaient été lancés, notamment à la tribune de l'ONU, qu'est-ce que l'on peut faire ?
R - On peut faire plus. On doit maintenir la tension internationale. J'espère qu'il y aura pour nous, cet après-midi à 15h00, une réunion du Conseil de sécurité sur la Birmanie à l'appel d'un certain nombre de pays, dont les pays européens et la France bien sûr. Vous savez que la France préside le Conseil de sécurité. Nous souhaitons d'abord entendre les membres du Conseil de sécurité, puis nous déciderons de la conduite à tenir.
Q - Est-ce qu'il est possible de faire pression ?
R - Je crois qu'il y a une évolution de la Chine, qui se rend bien compte, et j'en ai parlé avec le ministre chinois des Affaires étrangères. Je crois que l'attitude de la Chine est assez nouvelle et qu'elle marque sa préoccupation, c'est le moins que l'on puisse dire.
Vous savez, les sanctions, cela fait des années que cela dure, et je pense qu'il ne s'agit même plus de sanctions. On peut les renforcer, pourquoi pas. Mais je crois, surtout, que les pays de la région ne peuvent plus tolérer, comme ils le faisaient, un régime dictatorial de la sorte, surtout si, ce que je ne souhaite pas, il y avait une répression qui sera forcément une répression sanglante. Ce qui est nouveau et qu'il faut saluer, c'est la détermination des Birmans et, en particulier, des bonzes, des moines. Je crois que cette ténacité, cette obstination qu'ils manifestent, est un gros atout, et c'est ça qui change beaucoup la donne.
Q - Pensez-vous qu'ils savent que la communauté internationale est avec eux ?
R - J'espère qu'ils le sentent et nous ferons tout pour qu'ils le sentent. Je vous rappelle, par exemple, qu'il faut soutenir la mission de M. Gambari, qui est le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. Il n'a même pas son visa pour rentrer en Birmanie. Cette situation est intolérable. Je ne parle même pas de Mme Aung San Suu Kyi, dont on pense qu'elle est à nouveau consignée, au moins dans sa maison, mais tout cela dure depuis des années au nez et à la barbe des démocraties de la région. C'est la région qui doit se manifester. Nous ne pouvons plus le supporter. Il faut venir en aide au peuple birman et à Mme Aung San Suu Kyi.
Q - Concernant Mme Aung Sans un Kyi, vous n'avez pas d'informations plus précises ?
R - D'abord, on n'a pas eu d'informations pendant très longtemps. Nous en avons eu ces temps-ci. Peu de gens l'avaient vue et même dans les derniers mois, pas du tout. Nous savions qu'elle était chez elle et que personne ne pouvait plus la visiter.
Malheureusement, les généraux birmans sont peu sensibles à l'attention du monde et à la compassion. Je crois que maintenant, il faut véritablement une pression politique, je le répète pardonnez-moi, des pays de la région.
Q - [question : inaudible]
R - Pas du tout. Et puis vous savez, ne parlons pas de ce rapport, mais il était beaucoup plus facile d'attaquer Total que d'attaquer les généraux birmans et d'attaquer l'attitude d'un certain nombre de pays de la région qui participaient très grandement du pillage des richesses et de l'oppression de la population. J'espère que cela va changer et c'est le meilleur moment pour soutenir, à travers le monde entier, les Birmans qui manifestent et en ont assez de cette oppression qui, dans leur vie quotidienne, se traduit par une misère effroyable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2007