Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique économique du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 2 octobre 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Monsieur le président, J.-M. Ayrault,
Au fond, vous nous reprochez en quelque sorte de mettre en oeuvre les engagements de notre campagne. Eh bien je vous dis, le président de la République fait et fera ce qu'il a dit. Et puis, vous nous reprochez ensuite une politique économique que vous jugez injuste. Cette politique économique, M. Ayrault, elle est fondée sur un diagnostic qui est assez peu discutable. Depuis 33 ans, aucun budget en équilibre n'a été présenté au Parlement. Depuis 1980, la dette de l'Etat a été multipliée par 10. Eh bien, nous, nous pensons qu'il faut rompre avec cette logique et je pense que l'on pourrait au moins se rassembler sur cet objectif.
Et pour rompre avec cette logique, nous avons défini une stratégie. La première étape de cette stratégie consiste à aller à la recherche de la croissance, en libérant le travail - je l'ai évoqué -, mais aussi, en misant sur la recherche et sur l'innovation. La priorité principale, pour ne pas dire la seule priorité du budget que vous allez discuter dans quelques jours, c'est l'augmentation des dépenses de recherche, d'enseignement supérieur et d'innovation. Parce que nous pensons que c'est en augmentant par trois le crédit impôt-recherche, en augmentant d'1,8 milliard le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, en créant le statut de la jeune entreprise innovante dans l'université, et en libérant l'université de ses contraintes, que nous pourrons, à terme, aller chercher la croissance.
La deuxième étape, consistera à lancer, tout au long de l'année 2008, les réformes de structure qui n'ont pas encore été faites, et qui n'ont pas encore été faites depuis 20 ans, parce que tout le monde sait qu'au fond ces réformes de structure sont la raison principale des retards que nous avons accumulés. Nous allons réformer le marché de l'emploi, je l'ai dit. Nous allons réformer nos règles économiques. Nous allons réformer notre système de santé. Nous allons réformer l'Etat.
Et enfin, la troisième étape consistera à accélérer, année après année, la remise en ordre des finances publiques. Nous nous sommes engagés à revenir à l'équilibre des finances publiques en 2012. Cet objectif sera respecté. Et d'ailleurs le budget dont vous allez débattre dans quelques jours, est un budget qui s'inscrit dans cette perspective. Pour la première fois, "le zéro volume" est strictement respecté. Et le non remplacement de 23 000 départs à la retraite constitue un choix que vous ne partagez pas, mais qui est un choix politique fort, et qui est un choix sans précédent dans notre histoire récente.
Cette politique, M. Ayrault, elle est juste. Sur les neuf milliards (de la loi Tepa) que l'opposition conteste en permanence, M. Ayrault, cinq sont destinés à l'augmentation de la rémunération des heures supplémentaires. Et à qui profitera l'augmentation de la rémunération des heures supplémentaires, sinon aux salariés, aux ouvriers, et aux employés !
Qui, qui ira dire à un salarié qui gagne le Smic, qui travaillera quatre heures supplémentaires par semaine, et qui gagnera 2 000 euros de plus par an, que ça n'est pas juste ? Qui ira dire à un jeune couple qui s'est endetté sur 20 ans pour acquérir sa maison que 8 900 euros de crédit d'impôt ce n'est pas juste ?
Alors, M. Ayrault, il y avait, effectivement, une autre politique possible. Elle consistait à généraliser les 35 heures. Elle consistait à augmenter les impôts. Et elle consistait à créer de l'emploi public. Ce n'est pas la politique que les Français ont choisie, et honnêtement, je pense qu'ils ont eu raison.

Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 octobre 2007