Déclaration de M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, de l'aménagement et du développement durables, sur l'ouverture politique de la majorité et sur son souhait de voir se rapprocher le parti radical et le parti radical de gauche, Nancy le 16 septembre 2007.

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Circonstance : Université d'été du parti radical à Nancy le 16 septembre 2007

Texte intégral

Mon Cher André,
Mon Cher Laurent,
Mes Chers Amis,
Je voudrais d'abord vous remercier d'être venus aussi nombreux à ces universités d'été. Je sais que la rentrée est généralement un moment difficile : après la trêve estivale, il faut se replonger dans le travail et dans les soucis du quotidien. Merci donc d'avoir pu vous libérer pour participer à ce grand moment de convivialité et de partage. C'est très important dans la vie d'un mouvement de pouvoir se retrouver à intervalles réguliers ; s'arrêter quelques instants pour échanger, réfléchir, vérifier le cap et donner une nouvelle impulsion. Le bureau politique a besoin de vous.
Merci à vous, militants et sympathisants de faire vivre et battre le coeur de la famille radicale dans nos villes et dans nos régions. Vos expériences de terrain sont nos seules théories !
Merci à Patrick Devedjian, à François Sauvadet, aux représentants du PRG.
Grâce à vous tous, sympathisants, militants et élus, le Parti Radical est un parti libre et vivant ; un parti qui « monte et qui compte ».
Nous venons de vivre une période électorale absolument exceptionnelle.
Exceptionnelle parce qu'on a parlé d'avenir, de destin et souvent avec passion.
Exceptionnelle parce que les Français se sont massivement et clairement exprimés.
Exceptionnelle parce qu'on est subitement passés d'une politique « figée » à une politique de projets.
Avec l'élection de Nicolas Sarkozy, nous sommes entrés dans une nouvelle ère où les lignes Maginot partisanes sont tombées marquant la fin de cette drôle de guerre politique ou politicienne que nous étions les derniers en Europe à pratiquer.
Cette campagne est allée au fond des choses : notre identité, la volonté de reprendre notre destin en main, qui sommes-nous, nos projets communs, la définition des repères du Pacte républicain, l'autorité, le respect de l'autre, la nécessité de mettre en place de nouvelles solidarités.
Oui, des tabous sont tombés et nous sommes désormais capables de parler de tout comme un pays adulte, sans préjugés.
Nous sommes aussi sortis de la phraséologie du Programme commun. Oui, une page s'est tournée.
Nicolas Sarkozy a proposé une majorité de projets et non plus de rejets ; une majorité d'additions et non plus de soustractions. C'est dans cet esprit et pour conduire ce projet, que l'ouverture s'est imposée. Ce n'est plus une anomalie individuelle mais c'est une démarche politique totalement assumée et plébiscitée par les Français.
Hier, ici même, Martin HIRSCH, Valérie LETARD, Jean-Marie BOCKEL étaient présents.
Alors, je pose une question : sociaux-démocrates, ex-UDF, chrétiens démocrates, démocrates socialistes, écologistes, sociaux-libéraux : n'avez-vous pas ressenti une fraternité de vue et de pensée ? N'avez vous pas ressenti le besoin de continuer notre conversation d'ISSY LES MOULINEAUX ?
Peut-être que l'ouverture a été possible car elle a été préparée et voulue par le Président de longue date.
Nous sommes dans une nouvelle ère face à une nouvelle vérité.
Les socialistes s'interrogent entre l'alliance avec l'extrême gauche ou l'alliance avec les sociaux démocrates.
Les Verts s'interrogent entre écologie politique et politique du développement durable.
Les radicaux de gauche s'interrogent.
Les clubs de réflexion, les Gracques, les intellectuels, le centre s'interrogent.
Tous viennent nous voir, nous parlent. Il y a un rassemblement de valeurs et de visions communes. Est-ce nécessaire de l'organiser ? Je ne sais pas. Est-ce nécessaire de l'approfondir ? Assurément.
Car l'unité et la réconciliation plongent leurs racines autour de valeurs humanistes et républicaines. Il ne s'agit pas d'une unité de façade mais d'une unité de conviction à l'image de ces majorités de projet chères à Edgar FAURE ou de celle du Groupe RDSE sous l'impulsion de notre ami Jacques PELLETIER.
Au nom de quoi, ce qui est en train de se produire entre certains socialistes et l'UMP ne le serait-il pas au sein de la famille radicale ? Je refuse de croire que ce que d'autres ont fait par conviction et par passion, nous soyons incapables de le faire ! En restant divisée, notre famille qui a toujours su réconcilier tradition et modernité prendrait le risque de l'anachronisme. Ce serait la première fois que notre histoire n'épouserait pas totalement celle de la République. Ce n'est pas à un changement d'alliance que j'appelle mais au dialogue, au débat pour voir si ce qui nous a divisé a encore un sens. Je veux que d'ici la fin de l'année, nous puissions rédiger une charte des valeurs communes : l'Europe, la laïcité, l'écologie, le nouveau contrat social.
Oui, je crois à un grand Parti Radical mais aussi à la nécessité de nous ouvrir et de faire un bout de chemin avec les centristes, les démocrates chrétiens, les sociaux démocrates et les écologistes. Nous sommes un pôle de stabilité ; depuis plus d'un siècle, nous incarnons la constance et la fidélité en politique. Cette liberté nous permet de renouveler notre Pacte de confiance avec l'UMP. C'est le souhait exprimé par le Président de la République tout au long de sa campagne. A aucun moment, je ne l'ai entendu parler de « soumission » ou d'allégeance mais de partenariat, de respect et de cohérence. Parce que plus une adhésion est libre, plus elle est sincère.
La cohésion sociale, l'égalité des chances et la laïcité trouvent un nouvel écho dans le développement durable et le respect de l'environnement. C'est notre nouvelle frontière.
Pourquoi est-ce une valeur radicale essentielle ?
Parce que c'est un combat pour la vie, un combat pour l'homme ; un combat pour la nature indissociable du combat pour l'homme.
Parce que la protection de l'environnement est complètement inscrite dans nos traditions.
D'humanisme : l'homme ne doit plus se comporter en prédateur c'est à dire prélever au détriment d'autres hommes en tapant dans le capital de la planète. C'est un enjeu de solidarité totale à l'égard des autres pays sur la planète, à l'égard de nos enfants. Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres ; nous l'empruntons à nos enfants !
D'universalisme : de Tokyo à Rio, du Groenland à l'Afrique, c'est le combat pour les Droits de l'homme du 21ème siècle.
C'est un combat essentiel comme la République et la laïcité. C'est un combat où chacun peut agir ; où chacun dispose de son propre bulletin de vote. Cela se joue partout, dans notre vie quotidienne, dans nos villes. Comme le montrent les « six engagements radicaux pour la ville durable », nous serons, sur ces thèmes, les acteurs des municipales : transports collectifs, le recyclage, les bâtiments à énergies positives. Plus que jamais, aujourd'hui, il y a urgence. Les critères sont au rouge. La situation est pire que ce qu'on le dit et la dégradation est plus rapide que ce que l'on croit : sur le réchauffement, la biodiversité, les terres cultivables, les pandémies, les abeilles...
Nous avons les moyens de gagner cette bataille comme nous avons gagné celle de la couche d'ozone. Mais cela suppose un changement total de paradigme : passer de l'économie du jetable à l'économie du durable. C'est tout cela qui nous attend.
Merci à André qui nous a accueillis, ici, à Nancy. Merci d'avoir maintenu la lumière pendant si longtemps, ne cédant jamais, espérant toujours. Le plus beau message de la Présidentielle est peut être celui-là : le refus de la fatalité, l'espoir, l'énergie. Merci à André de l'avoir si bien incarné. Comment le dire mieux qu'ici à Nancy qui n'avait jamais vu un maire se succéder à lui-même. Tu l'as fait quatre fois et s'il est dans tes intentions d'y retourner, notre fierté et notre affection seront à tes côtés.Source http://www.partiradical.net, le 10 octobre 2007