Déclaration de M. François Fillon, conseiller politique du RPR, sur la situation politique, la nécessité de faire l'union de l'opposition et de présenter un projet politique commun, Paris, le 20 janvier 2001.

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Circonstance : Comité politique du RPR, à Paris le 20 janvier 2001

Texte intégral

Madame la présidente,
Mes chers compagnons,
Je serai bref et je serai franc.
Tout comme la majorité d'entre-vous, je suis un homme de terrain. Je continue de tourner en France pour donner un coup de main à tous les candidats qui me le demandent pour les municipales. Je vais dans les permanences, j'écoute les militants, je dialogue avec mes concitoyens... Bref, je m'efforce de prendre le pouls du pays.
A un an des présidentielles et des législatives, je constate que le paysage politique reste dangereusement figé. Je sens, jour après jour, le fossé s'élargir entre les appareils politiques et les électeurs, et de façon plus inquiétante encore, entre la politique et les citoyens. Dans ce paysage cristallisé, la droite républicaine continue, à tort ou à raison, de payer la dette de ses erreurs de parcours.
Pourtant, tout n'est pas sombre dans ce tableau. Dans la société française, il existe des ferments positifs sur lesquels nous pouvons construire notre sursaut politique :
- d'abord, les français se posent des questions d'avenir. Ils sont généreux, ils s'interrogent sur leur avenir commun et sur celui de leurs enfants. En un mot, la citoyenneté n'est pas morte mais elle s'est réfugiée dans des chemins de traverse que les appareils politiques ne croisent plus !
-
- - ensuite, la donne psychologique est en train de changer dans le pays. Durant ces vingt dernières années de crise, la société française s'est crispée et s'est réfugiée dans le choix du statu quo et des acquis a conserver plutôt que de privilégier le choix des acquis à rénover et à conquérir. Avec le retour de la croissance, le passage d'une société crispée vers une société en confiance et en mouvement est engagé. La gauche a incarné, et incarne, cette société crispée. En revanche, elle éprouve la plus grande difficulté à se faire l'interprète crédible de la société en mouvement. Et lorsqu'elle s'y essaie, elle se coupe de son électorat populaire qui ne l'a pas élu pour cela. La gauche est donc idéologiquement aux abois, elle stagne. De l'autre côté de l'échiquier, le FN se tasse.
C'est dire qu'il existe les éléments d'une situation favorable que nous devons politiquement animer et incarner.
Sous certaines conditions, la victoire est possible !
1 ère condition : Donner de nouveaux visages à l'opposition. L'union doit être incarnée à sa tête par des femmes et des hommes qui n'ont aucune ambition personnelle ni à l'Elysée, ni à Matignon Il faut que les Français puissent visualiser l'avenir à travers une équipe d'alternance rajeunie et soudée.
2 ème condition : La méthode doit servir l'objectif : l'objectif est de gagner les législatives pour gouverner ensemble. L'union est, dans cet esprit, vous le savez, nécessaire. Elle doit dépasser la logique des écuries présidentielles. Qu'importe les modalités, les structures, envisagées par les uns ou les autres. Ce n'est pas une course, une compétition, entre nous qui est lancée.
Ce qui est important est de savoir si le RPR est capable de concéder sa situation au profit de cette union, et si oui, sous quelles conditions ? De ces conditions, nous devons parler librement et franchement. Car si nous ne sommes pas capables d'aborder cette question de front, et bien, je vous le dis, il n'y aura pas d'union de l'opposition ! Chacun reprendra alors ses petites billes en espérant que la compassion des électeurs veuille bien nous épargner de la défaite !
3 ème condition : il faut un projet commun, direct et convaincant.
Cinq thèmes doivent faire prioritairement l'objet de ce travail commun :
a/ partager et dynamiser la croissance. Il faut un plan clair de diminution de la pression fiscale, notamment à travers une refonte de l'impôt sur le revenu ;
b/ proposer une politique ambitieuse et généreuse en matière d'éducation, de recherche et de culture. La formation, l'innovation, constituent les armes de la compétitivité de demain ;
c/ récompenser le sens de la responsabilité et de l'initiative avec notamment la mise en place d'un impôt négatif mobilisateur ;
d/ franchir une nouvelle étape en matière de qualité de vie avec trois axes : la sécurité, l'environnement, la santé et l'avenir des régimes sociaux ;
e/ engager une poursuite des réformes institutionnelles notamment à travers une nouvelle étape de la décentralisation et une clarification du système européen ;
Mes chers compagnons,
Les formations politiques ont une histoire. La nôtre ne manque pas de panache.
Mais les formations politiques ont aussi une exigence : celle de regarder lucidement la situation politique et de s'adapter aux conditions de la victoire.
(Source http://www.rpr.fr, le 07 février 2001).