Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec "France 24" et Associated Press le 3 novembre 2007 à Istanbul, sur la crise libanaise et l'échéance présidentielle, le nucléaire iranien et les tensions entre l'Irak et la Turquie en raison des incursions du PKK.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France 24

Texte intégral

J'ai répété la position de la France qui est très claire. Laissons le processus électoral présidentiel se dérouler sans interférence, sans l'intervention d'autres pays, et à la bonne date. C'est-à-dire entre le 14 et le 23 novembre. Sans qu'aucun attentat n'ait lieu qui détruirait tout l'ensemble du processus électoral. Il y a une Constitution. C'est aux Libanais de choisir leur candidat. Un candidat de consensus, un candidat qui soit capable d'être élu, et ça, ce n'est pas la France qui choisit. Nous n'avons pas prononcé un nom. Les Libanais doivent choisir leur candidat et voter en sa faveur. Voilà ce que j'ai répété très fermement à M. Mouallem qui était d'accord sur l'ensemble des choses et qui l'a, je pense, de son côté, précisé. C'était une discussion difficile et franche. Nous avons exprimé la position de la France qui est la même depuis longtemps. Nous sommes en faveur de toutes les communautés libanaises, sans aucun choix. Nous les avons invitées en France, y compris le Hezbollah. Tout le monde a protesté mais cela a été fait et c'était un vrai moment de dialogue national et il faut que cela continue.
J'ai eu un bon entretien avec mon collègue iranien, répétant que la France est en faveur de la négociation, que la France est en faveur d'un accès tout à fait réglé au nucléaire civil, que nous n'avons pas l'intention, que nous n'avons jamais eu l'intention de leur interdire de bâtir un nucléaire civil mais nous voulons qu'ils respectent le TNP et que le contrôle ait lieu.
Le contrôle aura peut-être lieu avec M. El Baradeï d'ici à la fin novembre. Pendant ce temps là, par une déclaration qui a été signée par tous les Européens, nous travaillons sur des sanctions mais nous n'imposons pas de sanctions maintenant. Nous sommes en faveur d'un processus commun des six pays allant vers le Conseil de sécurité. Nous attendons que les rapports soient publiés, celui de M. Solana, celui de M. El Baradeï.
Q - Que pensez-vous des tensions avec le PKK ?
R - Je pense qu'il faut absolument se rendre compte qu'une conférence comme celle-là qui était destinée à stabiliser l'Irak, qui était destinée à lui donner les moyens d'être un Etat comme les autres, avec une discipline d'Etat, et avec un contrôle de toutes les communautés, risque de glisser vers une déstabilisation et un danger supplémentaires. C'est aux Irakiens directement de régler le problème du contrôle de leur territoire, y compris de régler le problème d'une organisation que nous jugeons terroriste et qui s'appelle PKK. Je comprends l'impatience des Turcs, mais je les supplie, je leur demande de ne pas passer la frontière.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 novembre 2007