Point de presse de M. François Fillon, Premier ministre, sur les prochaines négociations sur le réchauffement climatique et la réforme de la politique agricole commune, Stockholm le 23 novembre 2007.

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Circonstance : Déplacement en Suède le 23 novembre 2007

Texte intégral

Q - Monsieur le Premier Ministre, je voudrais vous poser une question sur les négociations climatiques qui commenceront bientôt à Bali et devraient se terminer à Copenhague en 2009. Quels sont les résultats minimum que la France souhaite d'un accord global ? Deuxièmement, quels seraient les contributions de la France à un accord global et quelles sont à votre avis les plus grandes difficultés pour obtenir un tel accord ?
R - Nous, ce que nous voulons, ce sont des résultats concrets sur les émissions de CO2. Pour que ces résultats puissent être obtenus, il faut que nous passions à un système de quotas qui ne soit plus un système de quotas nationaux mais qui soit un système de quotas européens, pour commencer, par secteur industriel et par branches professionnelles avec la possibilité d'échanger ces quotas.
On voit bien que ce système ne pourra fonctionner que s'il peut frapper de manière ou d'une autre les importations. Sinon, l'Europe va faire son travail en termes de réduction des émissions de CO2, mais elle va se mettre sur le dos un handicap en terme de compétitivité qui risque de lui coûter très cher.
Donc, il faut que l'on obtienne dans les accords en cours de discussion un système mondial - ce serait évidemment l'idéal - qui permette des engagements précis et des quotas par secteur industriel. Si on n'y parvient pas, il faut que les autres pays comprennent que l'on ne pourra pas accepter les importations sans faire peser sur ces importations d'une manière ou d'une autre une taxe sur le CO2 qu'elles représentent. Voilà l'état d'esprit dans lequel nous allons négocier. Je crois que c'est un état d'esprit qui est très proche de celui du gouvernement suédois.
Par ailleurs, nous, nous avons adopté, au plan français, un certain nombres d'objectifs chiffrés ambitieux sur le développement des énergies renouvelables. Nous avons fixé un calendrier sur les investissements réalisés sur l'ensemble de l'immobilier pour réduire les émissions de CO2. Nous sommes en train de travailler à la mise en place d'un système de taxation des véhicules avec une sorte de bonus malus-malus pour les voitures qui produisent beaucoup de CO2 ; bonus pour celles qui en produisent moins. Voilà, on est vraiment engagé dans cet effort et nous attendons beaucoup d'une position européenne unanime et ferme pour que les accords au niveau international permettent d'avancer vite.
Q - Monsieur le Premier Ministre, comment voyez-vous la Politique européenne agricole commune ?
R - J'ai dit au Premier ministre suédois à l'instant que la France souhaitait, pendant sa présidence, engager la révision des politiques européennes. Tout comme nous faisons une révision des politiques publiques chez nous, on pense qu'il faut aussi faire une revue générale des politiques européennes pour regarder celles qui marchent et celles qui ne marchent pas, celles qui sont utiles et celles qui ne le sont pas, celles qui coûtent cher et celles qui sont efficaces et j'ai indiqué que la Politique agricole commune (PAC) faisait partie des politiques qui devaient être remises sur la table.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, la France n'est pas attachée à une politique agricole commune qui ne changerait pas. Et, d'ailleurs, la PAC a bien des défauts et fait l'objet des critiques les plus vives de la part des principaux intéressés, c'est-à-dire des agriculteurs français eux-mêmes. Nous voulons donc saisir l'occasion qui nous est donnée avec la revue des politiques européennes, avec la perspective de la renégociation de la PAC qui, de toute façon, est inscrite dans les accords européens et puis avec l'augmentation du prix des matières premières, avec la pression qui est en train de monter sur les marchés des produits alimentaires, pour remettre complètement à plat la PAC et essayer de trouver des règles qui soient moins coûteuses pour le budget communautaire et qui soient efficaces.
Il y a une chose que nous ne dirons pas, c'est que l'on n'a pas besoin d'agriculture. Ceux qui attendent que nous disions cela, ils peuvent toujours attendre car on ne le dira jamais parce que ce serait une erreur historique.
Penser que nos pays peuvent se passer complètement d'une production agricole alors même que la population du monde augmente et qu'on voit bien qu'on a du mal à fournir les marché mondiaux. Je pense que ce serait une grave erreur.
Nous avons besoin d'une politique européenne en matière agricole. Nous avons besoin de produire. Nous avons besoin de produire des produits de qualité mais nous avons besoin de réorganiser notre marché pour que la politique agricole soit moins coûteuse pour le budget communautaire et qu'elle permette à nos agriculteurs de se développer, de se moderniser et de gagner leur vie ; ce qui n'a pas toujours été le cas dans le passé, compte tenu des contraintes qui ont été mises sur eux.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 novembre 2007