Texte intégral
O. Nahum, D. Jeambar et E. Le Boucher O. Nahum : Toujours en compagnie de B. Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, de D. Jeambar et E. Le Boucher. On parlait à l'instant de cette visite de Kadhafi, Denis le disait aussi. C'est vrai qu'il y a les déclarations de Kadhafi qui passe son temps finalement, depuis quelque temps, à contredire N. Sarkozy ; lui affirmait encore hier soir sur France 2 qu'il n'a pas été enseigné sur les droits de l'homme - ou renseigné sur les droits de l'homme - par le Président, si j'ose dire. Alors est-ce que vous, B. Accoyer, président de l'Assemblée nationale, vous pouvez à nouveau nous confirmer ce matin qu'effectivement lors du dîner, N. Sarkozy a évoqué cette question des droits de l'homme devant le leader libyen ?
R.- Oui, et il se trouve que j'y étais et que je l'ai entendu moi-même évoquer la question et son souhait de voir la situation évoluer en Libye en ce domaine. Donc, je vous le répète, oui, je l'ai entendu. Par contre, je peux dire que le président Kadhafi n'a pas apporté de réponse, il n'est pas intervenu, mais vous savez, le président Kadhafi parle peu.
O. Nahum : Je voudrais juste vous poser une deuxième question, pour être très clair sur ces sujets-là qui sont d'une importance extrême. Ce matin dans la presse, on lit par exemple dans Libération que vous auriez confié, finalement, que c'est N. Sarkozy qui vous a demandé d'accomplir votre devoir en recevant le colonel Kadhafi et que vous n'aviez pas forcément très envie de le faire et que c'était juste l'accomplissement d'un devoir demandé par le président de la République.
R.- C'est faux. Bien sûr que je travaille, comme pour toutes les visites officielles, avec le Quai d'Orsay et avec l'Élysée, qui sont les deux animateurs, deux décideurs et les deux organisateurs dans ce domaine, toutes les visites officielles d'un chef d'Etat étranger comportent une visite à la présidence de l'Assemblée nationale. Voilà ce que je peux vous dire. Il y a eu, c'est vrai, une étape supplémentaire qui a été cette rencontre avec les députés qui sont membres du bureau de l'Assemblée nationale, du bureau des commissions permanentes, ceux qui ont voulu venir, il est exact que l'opposition a refusé de venir, c'est très bien, c'est son choix, c'est la liberté. Elle ne se tenait pas, cette rencontre, dans l'hémicycle, elle ne se tenait pas dans les locaux des commissions, elle se tenait à la présidence de l'Assemblée nationale, qui est un lieu parfaitement ouvert et où constamment les hôtes étrangers, chaque semaine, passent, parce que c'est quelque chose qui est inscrit dans le protocole de toute visite officielle.
E. Le Boucher : Je voudrais prolonger la question de D. Jeambar, tout à l'heure sur l'intérêt de cette visite, l'intérêt non commercial je veux dire. Vous nous avez dit que ce n'est pas le moment de claquer la porte à quelqu'un qui renonce au terrorisme. Néanmoins, et on le voit tous les jours, ça reste un dictateur. Alors est-ce que, dans l'autre sens, vous n'avez pas le sentiment qu'on le conforte ? Autrement dit, quelle garantie on a que chez lui, son ouverture, sa présence ici etc., ouvrent un peu la porte à la démocratie en Libye, quelle garantie on a ?
R.- Je vous dirai, lorsque vous êtes avec quelqu'un qui est une personne humaine, quelle garantie avez-vous, quelle que soit cette personne, qu'elle fera ce que vous souhaitez qu'elle fasse. Là, nous sommes à un niveau plus élevé puisque nous sommes évidemment au niveau d'un chef d'Etat. C'est vrai qu'il y a une sorte de pari sur la nature humaine, mais ça entre dans ce que je crois devoir être la ligne que nous suivons tous, c'est-à-dire de penser que l'homme, encore une fois quel qu'il soit, est capable d'aller vers le meilleur, de tourner la page des actes qui sont des actes inqualifiables, pour se tourner vers la collaboration en faveur de la sécurité internationale, et de la paix. Hier, il s'est exprimé devant à peu près une quarantaine de députés et il a employé, à plusieurs reprises, le mot de la paix, de la coopération, de travailler ensemble pour la sécurité, et pour la paix.
D. Jeambar : Comment vous avez jugé sa personnalité, puisque vous avez eu l'occasion de parler avec lui, quel est son caractère ?
R.- Non, je n'ai pas eu l'occasion de parler suffisamment pour pouvoir évaluer son caractère. Chacun sait que c'est un personnage imprévisible, ça je crois que nous en avons la démonstration. Et puis, avons-nous le droit d'évaluer, de juger, de poser des diagnostics ? Je suis médecin, je vais vous dire qu'il faut toujours se garder avant de conclure, je crois qu'il faut toujours être modeste, avant d'être enthousiaste comme avant de condamner. Et je voudrais vous dire, pour que ce qui me concerne, c'est en toute humilité mais en toute conscience, en pensant faire mon devoir, que je n'ai pas modifié le protocole habituel d'une visite officielle. D'abord, cela aurait été en soi-même un incident, et puis deuxièmement, de quel droit aurais-je pu décider qu'alors que la trajectoire dans le temps est indiscutablement orientée du bon côté, que les infirmières ont été libérées, même si c'était tout à fait extravagant, scandaleux, qu'elles aient été prises en otages, néanmoins c'est dans cette direction que ça se passe, qu'il y a une collaboration quotidienne des services libyens avec tous les services secrets, aujourd'hui même où nous nous apercevons que le principal défi c'est le terrorisme international. C'est vrai que c'est délicat, que c'est difficile pour le chef de l'Etat, lui aussi il a eu cette réflexion. Donnons à la France, conduite par N. Sarkozy, la chance de permettre de résoudre des problèmes graves, en tout cas tenter d'améliorer la situation du monde, par cette attitude qui est une attitude de tolérance et d'ouverture, et disons-le, de pardon, pour un certain nombre de pages passées, même si on ne les oublie pas, même si ça n'exonère pas la responsabilité de celui et de ceux qui à ce moment-là ont eu un comportement absolument et totalement condamnable, et regardons l'avenir, en formant le voeu et en faisant ce que nous croyons devoir faire, pour que les choses changent. Je peux vous dire que si je n'ai pas beaucoup parlé avec lui, je suis quand même resté à plusieurs reprises à ses côtés en train d'écouter la façon dont il recevait les échanges, à écouter ce qu'il dit ; il y a indiscutablement des portes qui s'ouvrent. Sur la collaboration dans l'Union Méditerranéenne, sur le dialogue, sur travailler ensemble, prenons ce qui doit être pris. Vous savez, le monde est suffisamment en danger, suffisamment en crise, et les grandes crises, on sait ce que ça a donné au 20ème siècle, pour que toutes les bonnes volontés s'additionnent.
D. Jeambar : Dans cette Union Méditerranéenne, la question la plus difficile posée dans les relations avec les pays du Maghreb, c'est la présence d'Israël dans cette Union Méditerranéenne. Est-ce que vous avez évoqué ce sujet-là avec lui ? O. Nahum : Parce qu'effectivement Kadhafi a parlé d'un Etat Israélo-palestinien hier, dans les propos qu'il a tenus.
R.- Oui, mais ça ce n'est pas nouveau chez lui, son propos est de dire que ceux qui vivent sur cette terre doivent s'entendre, qu'un certain nombre d'entre eux s'entendent, qu'ils travaillent ensemble déjà et qu'il faut poursuivre dans cette voie. C'est sa position, elle est strictement personnelle. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il s'est exprimé avec la volonté d'un apaisement. Alors, je sais qu'il y avait eu des déclarations qui n'étaient pas dans le même sens peu avant. Néanmoins il faut, bien entendu parlant de l'Union Méditerranéenne, non seulement voir l'aspect entre la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée, mais bien entendu y inclure le si difficile et si douloureux problème du Proche- Orient. C'est aussi une nouvelle façon de s'attaquer ou d'essayer d'aider à résoudre cette difficulté majeure.
O. Nahum : Il y a un autre aspect dans l'actualité, à moins que vous ayez encore une question à poser autour de cette visite libyenne Eric, peut-être. E. Le Boucher : Non, sur l'Euro-Méditerranée, parce qu'il y avait au fond deux thèses : soit on fait une Union Méditerranéenne très vaste avec l'ensemble des pays, soit on se focalise plutôt sur la Méditerranée occidentale et donc entre France, Italie, Espagne, Grèce, et puis les pays du Maghreb finalement. Dans les deux options, vous, quelle est votre préférence ?
R.- Moi je pense que de toute façon les coopérations, qu'elles soient techniques, économiques, culturelles, ont vocation à s'élargir et que les coopérations vont dans le sens de rapports qui sont des rapports apaisés et des rapports qui sont moins des rapports d'affrontements, donc des rapports de paix. Finalement l'Europe, les pères de l'Europe, c'était cela qu'ils ont voulu, eh bien le président de la République, au-delà des pertinences, des synergies qu'il y a dans d'innombrables domaines entre les pays qui entourent la Méditerranée, ou entre les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée, c'est ça le moteur fondamental.
O. Nahum : L'Assemblée nationale que vous présidez effectivement, est aussi en première ligne dans tout ce qui a trait aux réformes et notamment à la question du pouvoir d'achat. On attend beaucoup des mesures annoncées effectivement. Est-ce qu'il va y avoir un rythme de la réforme qui donne finalement la certitude aux français de voir, finalement, concrètement cet aspect augmentation de pouvoir d'achat, qui est très mis en avant par le chef de l'Etat, et y compris encore ce matin par la locataire de Bercy C. Lagarde ?
R.- Ce qui est bien sur votre antenne c'est qu'on a l'impression d'avoir un petit peu de temps et d'aller davantage au fond des choses. Alors je vous invite à regarder la question du pouvoir d'achat sur son parcours, sur les raisons de la situation qui est le sien aujourd'hui, et de bien comprendre que la situation du pouvoir d'achat, du niveau de vie des Français, de la solidité de nos régimes sociaux, leur remise en cause sont multiples. Mais il y en a une qui n'est discutée par personne, c'est que dans un pays qui en 1981 a décidé de raccourcir la durée du travail au cours de la vie, de manière importante, de près de 15%, dans un pays qui a décidé de diminuer au cours de la semaine la durée du travail de 11% - c'était les 35 heures - eh bien lorsqu'on travaille moins, on crée moins de richesses ; lorsqu'on crée moins de richesses, il y a moins de pouvoir d'achat ; lorsqu'on crée moins de richesses, il y a moins de contributions aux régimes sociaux, c'est ça la cause. Quelle est la démarche qui est engagée par N. Sarkozy, par le Gouvernement ? C'est d'offrir la possibilité aux Français de travailler davantage, pour créer plus de richesses, pour se les répartir, ce qui fait du salaire et du pouvoir d'achat, et pour pouvoir également nourrir nos régimes sociaux. C'est aussi simple que cela. Ce n'est ni de droite, ni de gauche, c'est tout simplement un raisonnement qui me paraît difficilement contestable. Ceci étant, ce n'est pas ce qui s'est passé en plusieurs décennies, ou plutôt ce qui s'est construit ou détruit en plusieurs décennies ne peut pas se réparer d'un coup de baguette magique. Mais je voudrais revenir sur ce qui a déjà été fait, ça a commencé dès cet été, par la loi, la première loi, sur le pouvoir d'achat, et cette loi a apporté des mesures qui étaient des mesures très importantes. On a présenté ce premier texte de façon tout à fait inexacte, pratiquement mensongère, le paquet fiscal - le texte TEPA ça s'appelle. 80% du coût qui sera celui de cette loi est consacré aux salaires les plus modestes et aux salaires modestes, c'est-à-dire que c'est la défiscalisation et la décharge, en terme social, des heures supplémentaires. Et puis, il y a des intérêts des emprunts pour l'acquisition d'un logement. Cela s'adresse, dans les deux cas, à des familles modestes. Et puis il y a la défiscalisation du travail étudiant, qui va permettre d'éviter de faire tomber une bourse parce que le petit a travaillé un petit peu etc. Il y a maintenant une deuxième étape qui est celle des mesures annoncées par le président de la République, où là il s'agit de pouvoir racheter des jours de RTT ou des jours de vacances, c'est simplement travailler davantage, où là on peut toucher en avance, verser en avance, les produits de la participation ou obtenir une prime exceptionnelle de fin d'année, si l'entreprise le peut et s'il y a du travail, et puis il y a toute une série de mesures qui touchent le logement. Il faut comprendre que la question du pouvoir d'achat elle est rendue plus sensible et plus douloureuse pour les familles françaises en raison de la multiplication par 2 du prix du baril de pétrole en quelques mois, en raison du prix des denrées alimentaires, en tout cas de certaines d'entre elles, parce qu'il y a des continents entiers, tels que la Chine ou l'Inde, où il y a des territoires étendus dans ces deux pays continents, où on se met à avoir deux repas par jour, où on mange davantage de protéines, de laitages, ce qui fait monter les cours mondiaux des produits alimentaires, et que c'est de ce contexte que les difficultés du pouvoir d'achat des ménages est issu. Donc, si vous voulez, des causes qui sont des causes à long terme, c'est-à-dire une dégradation de la production de richesses en France, qui est liée à des choix politiques que je ne partage pas, et que N. Sarkozy... sur le mode du volontarisme et également du libre choix de contourner, de maîtriser, et puis, d'autre part une conjoncture internationale qui est très difficile, et nationale également pour le logement, mais vous avez entendu également N. Sarkozy qui, sur ces questions de logement, hier, a pris des engagements considérables, après, d'ailleurs, plusieurs années où les gouvernements, de la droite et du centre, avaient commencé à prendre le problème vraiment à bras-le-corps après qu'il ait été abandonné pendant trop longtemps.
O. Nahum : Vous vous inscrivez en faux contre cette critique qu'on a entendue, notamment au moment de la monétisation des RTT, en disant finalement N. Sarkozy augmente le pouvoir d'achat avec l'argent des autres, l'argent des entreprises, puisque finalement lui ne met pas la main à la poche directement.
R.- Nous avons tous des enfants ou des petits-enfants, en tout cas cela doit être le souci de tout responsable : quel monde laisserions-nous, quel avenir laisserions-nous à nos enfants, à nos petits-enfants, si nous ne nous attaquions pas à cette cause structurelle qui fait que chaque année l'endettement du pays a tendance à s'alourdir et que la dette sociale du pays, s'alourdit aussi ? Comment feront-ils ? Il n'est pas sérieux de distribuer de l'argent que l'on n'a pas, il n'y a que l'opposition pour expliquer qu'il n'y a qu'à, il faut que, verser ceci, augmenter cela. Et on prend l'argent où ?
E. Le Boucher : On vient de se faire rappeler à l'ordre par Bruxelles hier même, alors qu'on est quand même le pays qui va augmenter sa dette cette année 2007, l'un des rares avec le Portugal ? Donc on continue, la France de Sarkozy continue d'augmenter la dette. O. Nahum : Mauvais élève.
R.- Oui, mais si vous voulez, l'action qui a été conduite sous les gouvernements de gauche a consisté à alourdir la dépense publique dans des proportions extrêmement dangereuses, en particulier l'augmentation du nombre des fonctionnaires...
E. Le Boucher : N. Sarkozy, c'était déjà un Gouvernement de droite.
R.- L'augmentation du nombre des fonctionnaires n'est pas de la responsabilité des gouvernements de droite et du centre, l'augmentation des emplois publics, au-delà de 1 million en une petite vingtaine d'années, est la responsabilité des gouvernements de gauche, c'est leur choix. Nous, nous considérons qu'il faut des services publics de qualité, avec un nombre de fonctionnaires moins important, et mieux rétribués. La gauche, c'est son choix, pense qu'il faut répartir. Répartir le travail en diminuant le temps de travail, c'est ce qu'elle a fait à deux reprises : en diminuant l'âge de la retraite dans les années 80, en instaurant à la fin des années 90 les 35 heures et en augmentant le nombre des emplois publics. Il s'agissait d'emplois publics dans les fonctions publiques, d'une part, et d'emplois aidés. Dans la fonction publique, 1 million d'emplois, c'est une somme absolument colossale, ce n'est pas la faute de ceux qui sont là, ils font de leur mieux, ils travaillent, mais il faut réformer tout cela profondément, c'est ce qu'a entrepris le président de la République et le Gouvernement.
D. Jeambar : Vous avez vraiment le sentiment que le Gouvernement prend à bras-le-corps cette question de la dépense publique ?
R.- Oui. Bien entendu, nous voyons, dans les choix qui sont faits, la difficulté qu'il y a à dégager de l'argent pour financer telle ou telle demande, je peux vous dire qu'il y a un contrôle extrêmement sérieux de la dépense publique et les gouvernements de la législature précédente avaient aussi fait des efforts considérables pour maintenir le volume de la dépense publique.
D. Jeambar : Mais par exemple, est-ce que cette réforme de l'Etat qu'évoquait tout à l'heure dans sa chronique E. Le Boucher...
E. Le Boucher : La fameuse RGPP.
D. Jeambar : Voilà, qui va être présentée aujourd'hui, est-ce qu'elle va assez loin ? Est-ce que par exemple il ne fallait pas frapper plus fort, réduire le nombre des collectivités locales, l'empilement administratif, qui coûte énormément à l'Etat ?
R.- J'aime bien quand vous dites ça, et puis après j'aime également vous voir commenter les protestations. Croyez-vous qu'on réforme la France facilement ? Croyez-vous que l'on aime changer les choses lorsqu'on est personnellement concerné ?
D. Jeambar : C'est N. Sarkozy qui a utilisé le mot de rupture.
R.- Donc N. Sarkozy opère cette rupture, mais il l'opère avec une intensité et un degré qui sont supportables par le pays. Vous observerez que les grandes réformes se font, que la réforme des régimes spéciaux est en train de se faire - on nous avait dit que c'était impossible - qu'il va y avoir la fusion dans le domaine du chômage, de l'UNEDIC et de l'ANPE, que dans les services publics, les services de renseignement, qui étaient, vous le savez, multiples, se resserrent, c'est une tendance profonde. Bien sûr qu'il faudra aller dans le domaine de l'administration territoriale, et que le millefeuille français, la commune, l'intercommunalité, le département, la région, l'Etat, l'Europe, il faudra y revenir, et permettez-moi de vous dire là-dessus, je pense qu'il faut aller vers les fusions de ces collectivités parce qu'on ne peut pas, du jour au lendemain, tirer d'un trait de plume l'existence de telle ou telle collectivité, il faut les rapprocher en les fusionnant.
D. Jeambar : ... comme l'Angleterre.
R.- Il faudra le faire.
O. Nahum : Juste une dernière question, parce qu'hier à ce micro, J.-P. Chevènement disait, en parlant du mini traité européen qu'il n'aime pas, comme vous le savez, il disait : regardez, même B. Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, a convoqué les députés UMP pour leur demander ce qu'ils voteraient lors du congrès qui doit entériner ou pas ce mini traité. Alors juste une précision, comme il l'a dit hier, c'est normal qu'on vous entende, monsieur le président de l'Assemblée nationale, nous dire si c'était un fantasme de J.-P. Chevènement ou si c'était effectivement vrai.
R.- Non. Je vois que J.-P. Chevènement a occupé des fonctions où il garde un certain nombre d'amis, qui lui précisent ce que je fais. Je suis très content de voir qu'il surveille mon action. Sur le traité européen, il y a effectivement un certain nombre de parlementaires dont la position n'est pas évidente a priori, parce qu'ils ne se sont pas exprimés. Effectivement, lorsque je les croise, ou lorsque je les vois, ou même parfois parce que je les rencontre et je demande à les rencontrer, je leur demande quelle est leur position, et également m'expliquer pourquoi ils ont cette position, c'est mon rôle en tant que président de l'Assemblée nationale de connaître l'opinion de tous les députés et en particulier de cette frange qui est...
O. Nahum : Mais sans influer sur leur choix ?
R.- Si vous en trouvez un qui vient vous dire que j'ai influé sur son choix, d'abord vous pourrez en parler ici, et puis vous m'en parlerez.
O. Nahum : D'accord, on vous recontactera. Merci d'avoir été avec nous ce matin, B. Accoyer, président de l'Assemblée nationale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 décembre 2007
R.- Oui, et il se trouve que j'y étais et que je l'ai entendu moi-même évoquer la question et son souhait de voir la situation évoluer en Libye en ce domaine. Donc, je vous le répète, oui, je l'ai entendu. Par contre, je peux dire que le président Kadhafi n'a pas apporté de réponse, il n'est pas intervenu, mais vous savez, le président Kadhafi parle peu.
O. Nahum : Je voudrais juste vous poser une deuxième question, pour être très clair sur ces sujets-là qui sont d'une importance extrême. Ce matin dans la presse, on lit par exemple dans Libération que vous auriez confié, finalement, que c'est N. Sarkozy qui vous a demandé d'accomplir votre devoir en recevant le colonel Kadhafi et que vous n'aviez pas forcément très envie de le faire et que c'était juste l'accomplissement d'un devoir demandé par le président de la République.
R.- C'est faux. Bien sûr que je travaille, comme pour toutes les visites officielles, avec le Quai d'Orsay et avec l'Élysée, qui sont les deux animateurs, deux décideurs et les deux organisateurs dans ce domaine, toutes les visites officielles d'un chef d'Etat étranger comportent une visite à la présidence de l'Assemblée nationale. Voilà ce que je peux vous dire. Il y a eu, c'est vrai, une étape supplémentaire qui a été cette rencontre avec les députés qui sont membres du bureau de l'Assemblée nationale, du bureau des commissions permanentes, ceux qui ont voulu venir, il est exact que l'opposition a refusé de venir, c'est très bien, c'est son choix, c'est la liberté. Elle ne se tenait pas, cette rencontre, dans l'hémicycle, elle ne se tenait pas dans les locaux des commissions, elle se tenait à la présidence de l'Assemblée nationale, qui est un lieu parfaitement ouvert et où constamment les hôtes étrangers, chaque semaine, passent, parce que c'est quelque chose qui est inscrit dans le protocole de toute visite officielle.
E. Le Boucher : Je voudrais prolonger la question de D. Jeambar, tout à l'heure sur l'intérêt de cette visite, l'intérêt non commercial je veux dire. Vous nous avez dit que ce n'est pas le moment de claquer la porte à quelqu'un qui renonce au terrorisme. Néanmoins, et on le voit tous les jours, ça reste un dictateur. Alors est-ce que, dans l'autre sens, vous n'avez pas le sentiment qu'on le conforte ? Autrement dit, quelle garantie on a que chez lui, son ouverture, sa présence ici etc., ouvrent un peu la porte à la démocratie en Libye, quelle garantie on a ?
R.- Je vous dirai, lorsque vous êtes avec quelqu'un qui est une personne humaine, quelle garantie avez-vous, quelle que soit cette personne, qu'elle fera ce que vous souhaitez qu'elle fasse. Là, nous sommes à un niveau plus élevé puisque nous sommes évidemment au niveau d'un chef d'Etat. C'est vrai qu'il y a une sorte de pari sur la nature humaine, mais ça entre dans ce que je crois devoir être la ligne que nous suivons tous, c'est-à-dire de penser que l'homme, encore une fois quel qu'il soit, est capable d'aller vers le meilleur, de tourner la page des actes qui sont des actes inqualifiables, pour se tourner vers la collaboration en faveur de la sécurité internationale, et de la paix. Hier, il s'est exprimé devant à peu près une quarantaine de députés et il a employé, à plusieurs reprises, le mot de la paix, de la coopération, de travailler ensemble pour la sécurité, et pour la paix.
D. Jeambar : Comment vous avez jugé sa personnalité, puisque vous avez eu l'occasion de parler avec lui, quel est son caractère ?
R.- Non, je n'ai pas eu l'occasion de parler suffisamment pour pouvoir évaluer son caractère. Chacun sait que c'est un personnage imprévisible, ça je crois que nous en avons la démonstration. Et puis, avons-nous le droit d'évaluer, de juger, de poser des diagnostics ? Je suis médecin, je vais vous dire qu'il faut toujours se garder avant de conclure, je crois qu'il faut toujours être modeste, avant d'être enthousiaste comme avant de condamner. Et je voudrais vous dire, pour que ce qui me concerne, c'est en toute humilité mais en toute conscience, en pensant faire mon devoir, que je n'ai pas modifié le protocole habituel d'une visite officielle. D'abord, cela aurait été en soi-même un incident, et puis deuxièmement, de quel droit aurais-je pu décider qu'alors que la trajectoire dans le temps est indiscutablement orientée du bon côté, que les infirmières ont été libérées, même si c'était tout à fait extravagant, scandaleux, qu'elles aient été prises en otages, néanmoins c'est dans cette direction que ça se passe, qu'il y a une collaboration quotidienne des services libyens avec tous les services secrets, aujourd'hui même où nous nous apercevons que le principal défi c'est le terrorisme international. C'est vrai que c'est délicat, que c'est difficile pour le chef de l'Etat, lui aussi il a eu cette réflexion. Donnons à la France, conduite par N. Sarkozy, la chance de permettre de résoudre des problèmes graves, en tout cas tenter d'améliorer la situation du monde, par cette attitude qui est une attitude de tolérance et d'ouverture, et disons-le, de pardon, pour un certain nombre de pages passées, même si on ne les oublie pas, même si ça n'exonère pas la responsabilité de celui et de ceux qui à ce moment-là ont eu un comportement absolument et totalement condamnable, et regardons l'avenir, en formant le voeu et en faisant ce que nous croyons devoir faire, pour que les choses changent. Je peux vous dire que si je n'ai pas beaucoup parlé avec lui, je suis quand même resté à plusieurs reprises à ses côtés en train d'écouter la façon dont il recevait les échanges, à écouter ce qu'il dit ; il y a indiscutablement des portes qui s'ouvrent. Sur la collaboration dans l'Union Méditerranéenne, sur le dialogue, sur travailler ensemble, prenons ce qui doit être pris. Vous savez, le monde est suffisamment en danger, suffisamment en crise, et les grandes crises, on sait ce que ça a donné au 20ème siècle, pour que toutes les bonnes volontés s'additionnent.
D. Jeambar : Dans cette Union Méditerranéenne, la question la plus difficile posée dans les relations avec les pays du Maghreb, c'est la présence d'Israël dans cette Union Méditerranéenne. Est-ce que vous avez évoqué ce sujet-là avec lui ? O. Nahum : Parce qu'effectivement Kadhafi a parlé d'un Etat Israélo-palestinien hier, dans les propos qu'il a tenus.
R.- Oui, mais ça ce n'est pas nouveau chez lui, son propos est de dire que ceux qui vivent sur cette terre doivent s'entendre, qu'un certain nombre d'entre eux s'entendent, qu'ils travaillent ensemble déjà et qu'il faut poursuivre dans cette voie. C'est sa position, elle est strictement personnelle. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il s'est exprimé avec la volonté d'un apaisement. Alors, je sais qu'il y avait eu des déclarations qui n'étaient pas dans le même sens peu avant. Néanmoins il faut, bien entendu parlant de l'Union Méditerranéenne, non seulement voir l'aspect entre la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée, mais bien entendu y inclure le si difficile et si douloureux problème du Proche- Orient. C'est aussi une nouvelle façon de s'attaquer ou d'essayer d'aider à résoudre cette difficulté majeure.
O. Nahum : Il y a un autre aspect dans l'actualité, à moins que vous ayez encore une question à poser autour de cette visite libyenne Eric, peut-être. E. Le Boucher : Non, sur l'Euro-Méditerranée, parce qu'il y avait au fond deux thèses : soit on fait une Union Méditerranéenne très vaste avec l'ensemble des pays, soit on se focalise plutôt sur la Méditerranée occidentale et donc entre France, Italie, Espagne, Grèce, et puis les pays du Maghreb finalement. Dans les deux options, vous, quelle est votre préférence ?
R.- Moi je pense que de toute façon les coopérations, qu'elles soient techniques, économiques, culturelles, ont vocation à s'élargir et que les coopérations vont dans le sens de rapports qui sont des rapports apaisés et des rapports qui sont moins des rapports d'affrontements, donc des rapports de paix. Finalement l'Europe, les pères de l'Europe, c'était cela qu'ils ont voulu, eh bien le président de la République, au-delà des pertinences, des synergies qu'il y a dans d'innombrables domaines entre les pays qui entourent la Méditerranée, ou entre les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée, c'est ça le moteur fondamental.
O. Nahum : L'Assemblée nationale que vous présidez effectivement, est aussi en première ligne dans tout ce qui a trait aux réformes et notamment à la question du pouvoir d'achat. On attend beaucoup des mesures annoncées effectivement. Est-ce qu'il va y avoir un rythme de la réforme qui donne finalement la certitude aux français de voir, finalement, concrètement cet aspect augmentation de pouvoir d'achat, qui est très mis en avant par le chef de l'Etat, et y compris encore ce matin par la locataire de Bercy C. Lagarde ?
R.- Ce qui est bien sur votre antenne c'est qu'on a l'impression d'avoir un petit peu de temps et d'aller davantage au fond des choses. Alors je vous invite à regarder la question du pouvoir d'achat sur son parcours, sur les raisons de la situation qui est le sien aujourd'hui, et de bien comprendre que la situation du pouvoir d'achat, du niveau de vie des Français, de la solidité de nos régimes sociaux, leur remise en cause sont multiples. Mais il y en a une qui n'est discutée par personne, c'est que dans un pays qui en 1981 a décidé de raccourcir la durée du travail au cours de la vie, de manière importante, de près de 15%, dans un pays qui a décidé de diminuer au cours de la semaine la durée du travail de 11% - c'était les 35 heures - eh bien lorsqu'on travaille moins, on crée moins de richesses ; lorsqu'on crée moins de richesses, il y a moins de pouvoir d'achat ; lorsqu'on crée moins de richesses, il y a moins de contributions aux régimes sociaux, c'est ça la cause. Quelle est la démarche qui est engagée par N. Sarkozy, par le Gouvernement ? C'est d'offrir la possibilité aux Français de travailler davantage, pour créer plus de richesses, pour se les répartir, ce qui fait du salaire et du pouvoir d'achat, et pour pouvoir également nourrir nos régimes sociaux. C'est aussi simple que cela. Ce n'est ni de droite, ni de gauche, c'est tout simplement un raisonnement qui me paraît difficilement contestable. Ceci étant, ce n'est pas ce qui s'est passé en plusieurs décennies, ou plutôt ce qui s'est construit ou détruit en plusieurs décennies ne peut pas se réparer d'un coup de baguette magique. Mais je voudrais revenir sur ce qui a déjà été fait, ça a commencé dès cet été, par la loi, la première loi, sur le pouvoir d'achat, et cette loi a apporté des mesures qui étaient des mesures très importantes. On a présenté ce premier texte de façon tout à fait inexacte, pratiquement mensongère, le paquet fiscal - le texte TEPA ça s'appelle. 80% du coût qui sera celui de cette loi est consacré aux salaires les plus modestes et aux salaires modestes, c'est-à-dire que c'est la défiscalisation et la décharge, en terme social, des heures supplémentaires. Et puis, il y a des intérêts des emprunts pour l'acquisition d'un logement. Cela s'adresse, dans les deux cas, à des familles modestes. Et puis il y a la défiscalisation du travail étudiant, qui va permettre d'éviter de faire tomber une bourse parce que le petit a travaillé un petit peu etc. Il y a maintenant une deuxième étape qui est celle des mesures annoncées par le président de la République, où là il s'agit de pouvoir racheter des jours de RTT ou des jours de vacances, c'est simplement travailler davantage, où là on peut toucher en avance, verser en avance, les produits de la participation ou obtenir une prime exceptionnelle de fin d'année, si l'entreprise le peut et s'il y a du travail, et puis il y a toute une série de mesures qui touchent le logement. Il faut comprendre que la question du pouvoir d'achat elle est rendue plus sensible et plus douloureuse pour les familles françaises en raison de la multiplication par 2 du prix du baril de pétrole en quelques mois, en raison du prix des denrées alimentaires, en tout cas de certaines d'entre elles, parce qu'il y a des continents entiers, tels que la Chine ou l'Inde, où il y a des territoires étendus dans ces deux pays continents, où on se met à avoir deux repas par jour, où on mange davantage de protéines, de laitages, ce qui fait monter les cours mondiaux des produits alimentaires, et que c'est de ce contexte que les difficultés du pouvoir d'achat des ménages est issu. Donc, si vous voulez, des causes qui sont des causes à long terme, c'est-à-dire une dégradation de la production de richesses en France, qui est liée à des choix politiques que je ne partage pas, et que N. Sarkozy... sur le mode du volontarisme et également du libre choix de contourner, de maîtriser, et puis, d'autre part une conjoncture internationale qui est très difficile, et nationale également pour le logement, mais vous avez entendu également N. Sarkozy qui, sur ces questions de logement, hier, a pris des engagements considérables, après, d'ailleurs, plusieurs années où les gouvernements, de la droite et du centre, avaient commencé à prendre le problème vraiment à bras-le-corps après qu'il ait été abandonné pendant trop longtemps.
O. Nahum : Vous vous inscrivez en faux contre cette critique qu'on a entendue, notamment au moment de la monétisation des RTT, en disant finalement N. Sarkozy augmente le pouvoir d'achat avec l'argent des autres, l'argent des entreprises, puisque finalement lui ne met pas la main à la poche directement.
R.- Nous avons tous des enfants ou des petits-enfants, en tout cas cela doit être le souci de tout responsable : quel monde laisserions-nous, quel avenir laisserions-nous à nos enfants, à nos petits-enfants, si nous ne nous attaquions pas à cette cause structurelle qui fait que chaque année l'endettement du pays a tendance à s'alourdir et que la dette sociale du pays, s'alourdit aussi ? Comment feront-ils ? Il n'est pas sérieux de distribuer de l'argent que l'on n'a pas, il n'y a que l'opposition pour expliquer qu'il n'y a qu'à, il faut que, verser ceci, augmenter cela. Et on prend l'argent où ?
E. Le Boucher : On vient de se faire rappeler à l'ordre par Bruxelles hier même, alors qu'on est quand même le pays qui va augmenter sa dette cette année 2007, l'un des rares avec le Portugal ? Donc on continue, la France de Sarkozy continue d'augmenter la dette. O. Nahum : Mauvais élève.
R.- Oui, mais si vous voulez, l'action qui a été conduite sous les gouvernements de gauche a consisté à alourdir la dépense publique dans des proportions extrêmement dangereuses, en particulier l'augmentation du nombre des fonctionnaires...
E. Le Boucher : N. Sarkozy, c'était déjà un Gouvernement de droite.
R.- L'augmentation du nombre des fonctionnaires n'est pas de la responsabilité des gouvernements de droite et du centre, l'augmentation des emplois publics, au-delà de 1 million en une petite vingtaine d'années, est la responsabilité des gouvernements de gauche, c'est leur choix. Nous, nous considérons qu'il faut des services publics de qualité, avec un nombre de fonctionnaires moins important, et mieux rétribués. La gauche, c'est son choix, pense qu'il faut répartir. Répartir le travail en diminuant le temps de travail, c'est ce qu'elle a fait à deux reprises : en diminuant l'âge de la retraite dans les années 80, en instaurant à la fin des années 90 les 35 heures et en augmentant le nombre des emplois publics. Il s'agissait d'emplois publics dans les fonctions publiques, d'une part, et d'emplois aidés. Dans la fonction publique, 1 million d'emplois, c'est une somme absolument colossale, ce n'est pas la faute de ceux qui sont là, ils font de leur mieux, ils travaillent, mais il faut réformer tout cela profondément, c'est ce qu'a entrepris le président de la République et le Gouvernement.
D. Jeambar : Vous avez vraiment le sentiment que le Gouvernement prend à bras-le-corps cette question de la dépense publique ?
R.- Oui. Bien entendu, nous voyons, dans les choix qui sont faits, la difficulté qu'il y a à dégager de l'argent pour financer telle ou telle demande, je peux vous dire qu'il y a un contrôle extrêmement sérieux de la dépense publique et les gouvernements de la législature précédente avaient aussi fait des efforts considérables pour maintenir le volume de la dépense publique.
D. Jeambar : Mais par exemple, est-ce que cette réforme de l'Etat qu'évoquait tout à l'heure dans sa chronique E. Le Boucher...
E. Le Boucher : La fameuse RGPP.
D. Jeambar : Voilà, qui va être présentée aujourd'hui, est-ce qu'elle va assez loin ? Est-ce que par exemple il ne fallait pas frapper plus fort, réduire le nombre des collectivités locales, l'empilement administratif, qui coûte énormément à l'Etat ?
R.- J'aime bien quand vous dites ça, et puis après j'aime également vous voir commenter les protestations. Croyez-vous qu'on réforme la France facilement ? Croyez-vous que l'on aime changer les choses lorsqu'on est personnellement concerné ?
D. Jeambar : C'est N. Sarkozy qui a utilisé le mot de rupture.
R.- Donc N. Sarkozy opère cette rupture, mais il l'opère avec une intensité et un degré qui sont supportables par le pays. Vous observerez que les grandes réformes se font, que la réforme des régimes spéciaux est en train de se faire - on nous avait dit que c'était impossible - qu'il va y avoir la fusion dans le domaine du chômage, de l'UNEDIC et de l'ANPE, que dans les services publics, les services de renseignement, qui étaient, vous le savez, multiples, se resserrent, c'est une tendance profonde. Bien sûr qu'il faudra aller dans le domaine de l'administration territoriale, et que le millefeuille français, la commune, l'intercommunalité, le département, la région, l'Etat, l'Europe, il faudra y revenir, et permettez-moi de vous dire là-dessus, je pense qu'il faut aller vers les fusions de ces collectivités parce qu'on ne peut pas, du jour au lendemain, tirer d'un trait de plume l'existence de telle ou telle collectivité, il faut les rapprocher en les fusionnant.
D. Jeambar : ... comme l'Angleterre.
R.- Il faudra le faire.
O. Nahum : Juste une dernière question, parce qu'hier à ce micro, J.-P. Chevènement disait, en parlant du mini traité européen qu'il n'aime pas, comme vous le savez, il disait : regardez, même B. Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, a convoqué les députés UMP pour leur demander ce qu'ils voteraient lors du congrès qui doit entériner ou pas ce mini traité. Alors juste une précision, comme il l'a dit hier, c'est normal qu'on vous entende, monsieur le président de l'Assemblée nationale, nous dire si c'était un fantasme de J.-P. Chevènement ou si c'était effectivement vrai.
R.- Non. Je vois que J.-P. Chevènement a occupé des fonctions où il garde un certain nombre d'amis, qui lui précisent ce que je fais. Je suis très content de voir qu'il surveille mon action. Sur le traité européen, il y a effectivement un certain nombre de parlementaires dont la position n'est pas évidente a priori, parce qu'ils ne se sont pas exprimés. Effectivement, lorsque je les croise, ou lorsque je les vois, ou même parfois parce que je les rencontre et je demande à les rencontrer, je leur demande quelle est leur position, et également m'expliquer pourquoi ils ont cette position, c'est mon rôle en tant que président de l'Assemblée nationale de connaître l'opinion de tous les députés et en particulier de cette frange qui est...
O. Nahum : Mais sans influer sur leur choix ?
R.- Si vous en trouvez un qui vient vous dire que j'ai influé sur son choix, d'abord vous pourrez en parler ici, et puis vous m'en parlerez.
O. Nahum : D'accord, on vous recontactera. Merci d'avoir été avec nous ce matin, B. Accoyer, président de l'Assemblée nationale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 décembre 2007