Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le bilan des huit premiers mois de l'action gouvernementale, la volonté de réformes de N. Sarkozy, le rôle de l'UMP dans la majorité et sur son engagement pour les élections municipales.

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Circonstance : Conseil national de l'UMP à Paris le 12 janvier 2008

Texte intégral

Mes chers amis,
Nous sommes le 12 janvier 2008 !
Cela fait 8 mois que nous avons ensemble porté Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République.
Cela fait 8 mois que je dirige un gouvernement réformiste, soutenu par une majorité réformiste qui ont entrepris un effort de modernisation et d'adaptation sans précédent de notre Pays !
La libération des heures supplémentaires au pays des 35 heures et du mythe du partage du travail.
L'autonomie des Universités !
La réforme des régimes spéciaux de retraite
La fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC pour créer le grand service de l'emploi qui nous aidera à atteindre notre objectif du « plein emploi ».
Le service minimum dans les transports à compter du 1° janvier 2008.
Nous avons aussi instauré des peines planchers pour les récidivistes, réformé la carte judiciaire, durci les conditions du regroupement familial et supprimé les droits de successions pour 95% des français.
La plupart de ces réformes étaient jugées impossible à réaliser il y a encore un an à peine.
Nous avons fait la démonstration que les Français n'ont pas peur des réformes mais qu'ils sont seulement impatients d'en mesurer les effets.
Déjà les résultats se dessinent :
Le chômage est à son niveau le plus bas depuis des décennies à 7,9% de la population active.
La croissance au 3° trimestre a déjoué toutes les prévisions pessimistes des experts.
On est encore loin de nos objectifs mais la démonstration est faite que les heures supplémentaires ne tuent pas l'emploi et que notre politique économique stimule la croissance dans un contexte international difficile.
La négociation en cours des partenaires sociaux sur le contrat de travail illustre l'effectivité du dialogue social dans notre pays et démontre l'évolution des organisations syndicales.
La délinquance à reculé 3,6% en 2007 et de 10% depuis que Nicolas Sarkozy a imposé sa méthode et sa volonté dans ce domaine.
La signature à Lisbonne du traité simplifié a marqué le grand retour de la France en Europe.
Paris est redevenu le point de passage obligé de tous ceux qui portent les débats européens et les grands débats planétaires.
Cette semaine c'est José Luis Zapatero qui était à Paris pour sceller l'alliance sans faille de la France et de l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme mais aussi dans l'exigence d'une politique européenne de l'immigration responsable, c'est-à-dire une politique d'accueil des étrangers dont la France et donc l'Europe a besoin et une politique sans faiblesse de lutte contre l'immigration clandestine. Ai-je besoin de rappeler à nos socialistes français qui est José Luis Zapatero, celui-là même qui avait fait la grande régularisation et qui était à Paris pour sceller une politique commune ?
Jeudi, deux otages des FARC ont été libérés en Colombie, faisant naître un nouvel espoir pour la libération d'Ingrid Betancourt.
C'est une grande nouvelle.
Chacun sait le rôle qui a été celui de la France et de son Président dans l'ouverture d'un dialogue plus confiant et plus efficace dans cette perspective.
Que s'est il passé ?
Qui est responsable de ce renouveau ?
C'est d'abord Nicolas Sarkozy !
C'est d'abord celui qui a conduit notre mouvement politique au premier rang puis à la victoire aux présidentielles et aux législatives.
La conférence de presse qu'il a tenue mardi a, une fois encore, démontré qu'avec lui la politique retrouvait de l'énergie mais aussi du sens.
C'est ainsi, par son passé et sa vocation universelle, notre nation n'est pas tout à fait comme les autres.
Diriger la France c'est, en partie, diriger l'Histoire, et c'est donc donner à la politique la profondeur qu'elle mérite.
Oui, la France a une identité.
Oui, les valeurs guident l'âme des peuples, et je note que ceux qui s'inquiètent de nous voir en parler sont les mêmes qui autrefois succombaient au charme des idéologies.
Les idéologies sont mortes mais les valeurs persistent : voilà ce que nous croyons !
Oui, notre République a besoin de règles.
Oui, il doit exister un art de vivre à la Française.
Oui, le conflit entre l'esprit des lumières et la barbarie se poursuit encore.
Nicolas Sarkozy a parlé de politique de civilisation. Et il a eu raison.
Car faire de la politique, ce n'est pas seulement gérer l'instant présent.
Ce n'est pas ignorer les grandes mutations géographiques, technologiques et éthiques.
Ce n'est pas gouverner les yeux rivés sur les sondages.
Ce n'est pas dire « oui » à tout le monde pour tenter de ne déplaire à personne.
Ce renouveau, mes chers amis, il est dû aussi au gouvernement que j'ai l'honneur de diriger.
Je veux rendre hommage au travail de mes ministres, à leur engagement et à leur loyauté envers notre projet politique.
Le petit monde politico médiatique glose sur leur évaluation.
Pourquoi ?
Parce que l'habitude a été prise depuis si longtemps de ne jamais respecter les engagements pris devant les électeurs.
Ce sont les électeurs, disent-ils qui jugeront les ministres.
Et d'ailleurs, depuis 25 ans, ils les ont toujours notés de la même manière : En les renvoyant avec la majorité sortante dans leur foyer !
C'est la première fois qu'une majorité se succède à elle-même !
Pourquoi ?
Parce que les Français espèrent qu'avec Nicolas Sarkozy et la majorité présidentielle, le temps des engagements respectés est enfin venu.
Nicolas Sarkozy a démontré au ministère de l'intérieur qu'une culture de l'évaluation et du résultat permettait de changer ce qui semblait impossible, inéluctable comme la hausse de la délinquance.
Nous introduisons cette culture de l'évaluation et du résultat pour tout le gouvernement.
Les Français ne s'y trompent pas qui s'en réjouissent.
Ce renouveau nous le devons aussi à la majorité parlementaire.
Je veux remercier Jean François Copé et Josselin de Rohan pour leur soutien sans faille.
Je veux remercier tous les parlementaires de l'UMP et du Nouveau Centre qui ont su transformer en lois de la République tous ces engagements de campagne en si peu de temps !
Je lis parfois qu'il y aurait du tirage dans la majorité présidentielle !
Il faut être bien peu rigoureux pour l'affirmer devant le bilan exceptionnel en termes de réformes législatives de la majorité en huit mois.
Enfin, ce renouveau il est rendu possible grâce à vous.
A vous, cadres et militants de l'UMP, qui n'avez cessé de nous encourager, de nous soutenir, de nous stimuler, de nous mettre en garde contre toute tentation de renoncement, de compromis, de recul.
Je veux dire ma gratitude à Patrick Devedjian, à Jean Pierre Raffarin, à Jean-Claude Gaudin et à Pierre Méhaignerie pour avoir su relever le défi d'une direction de l'UMP dont Nicolas Sarkozy a disparu de l'organigramme.
Il faut dire qu'il n'est, fort heureusement, jamais très loin.
Ne vous y trompez pas ! L'UMP est plus nécessaire que jamais !
Sans cette grande force politique populaire, le Président de la République, le gouvernement et la majorité parlementaire ne sauraient trouver le courage et l'énergie d'affronter jour après jour les conservatismes qui s'opposent aux changements promis aux Français, les certitudes de tous les tenants de l'immobilisme et de la pensée unique.
Vous êtes la matrice du changement en même temps que la sentinelle qui nous rappelle à notre devoir.
« L'urgence est partout » a dit le Président de la République.
L'urgence est partout, parce que la France a trop longtemps donné du temps au temps, laissant ainsi le cours de l'Histoire décider pour elle.
Nous sommes dans l'urgence mais cette urgence doit être maîtrisée et placée dans une stratégie de long terme.
Quel est notre horizon ?
Une France du plein emploi et du mérite où les talents ne se brisent pas sur les situations acquises.
Une France dont la croissance interne ne dépend pas exclusivement de l'environnement international.
Une France qui ne vit pas à crédit sur le dos des générations futures.
Une France responsable où les citoyens donnent à la nation autant qu'ils reçoivent d'elle.
Une France dont l'identité est à la fois affermie et ouverte sur l'Europe et le monde.
Pour tout cela, nous n'avons d'autre choix que de tout faire dans un même élan. Et de le faire maintenant.
Pendant 8 mois, nous avons amorcé le changement, préparé le terrain, engagé les négociations, les concertations sans lesquelles il n'y a pas de changement réel.
Avec 2008 nous entrons dans le vif du sujet !
Nous engageons les grandes transformations économiques et sociales dont notre pays a tant besoin.
Avec la réforme du marché de l'emploi, de la formation professionnelle et du contrat de travail, la France rejoindra, dès cet été, le groupe des pays européens qui a misé sur la « flex-sécurité » pour atteindre le plein emploi et rendre à leurs citoyens, confiance en eux-mêmes dans un monde globalisé.
Nous aurons, dans quelques instants, l'occasion d'accueillir Tony Blair qui a su convaincre la gauche britannique de suivre cette voie mais dont la gauche française refuse toujours de reconnaître les mérites.
Avec la réforme de notre économie, nous allons regagner les points de compétitivité qui nous manque pour exporter mais aussi pour fournir aux français des biens et des services à meilleurs coûts.
Avec la réforme du dialogue social et celle des règles qui régissent les heures supplémentaires, nous rendrons possible l'adaptation du temps de travail dans les entreprises par accord avec les salariés.
C'en sera, alors fini des 35 heures imposées à tout le monde !
Avec la réforme de nos institutions nous allons reprendre notre place dans le combat pour la défense des libertés et des droits de l'Homme dans lequel, après nous être si longtemps illustrés, nous n'avions cessé de reculer.
La décision de mettre à jour le préambule de notre constitution pour y intégrer des droits nouveaux est historique. Il ne s'agit de rien de moins que de compléter la déclaration des droits de l'Homme de 1789 et le préambule de la constitution de 1946.
Est-ce que ce n'est pas là le signe d'un pays qui a retrouvé confiance en lui-même ?
Avec la réforme de l'Etat et celle des prélèvements obligatoires nous allons réconcilier deux impératifs : l'efficacité économique et la justice sociale.
Nous allons offrir un avenir aux fonctionnaires de notre pays qui ont vu leur condition sociale dégradée par une fuite en avant irresponsable de leurs dirigeants incapables de maîtriser les effectifs et les dépenses publiques.
L'engagement que nous avons pris de revenir à l'équilibre des finances publiques en 2012 est fondamental.
C'est de sa réalisation que dépendent, à long terme, le plein emploi, la croissance et la pérennisation de notre modèle social.
Je ne transigerai pas avec cet engagement.
La faiblesse de notre économie, la peur de l'avenir qui paralyse les capacités d'initiative des français et menace leur cohésion a, aussi, pour cause la dette excessive que nous avons accumulée depuis 30 ans.
Cette dette a réduit comme peau de chagrin nos capacités d'investissements et nous a forcé à accroître sans cesse nos prélèvements obligatoires.
Nous ne pourrons rien construire sur ces sables mouvants.
Ceux qui prétendent le contraire, sont des illusionnistes dont les talents usés ne convainquent plus guère.
Avec le plan pour les quartiers défavorisés nous allons proposer à tous les jeunes un dispositif exigeant de formation qui débouchera sur un emploi.
Avec l'instauration de quotas d'immigration, nous allons enfin nous doter des instruments nécessaires pour permettre à la France de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et suivant quels critères.
Sur ce sujet, je veux vous dire que je ne céderai pas aux leçons de morale de ceux qui, un jour, réclament des papiers pour tout le monde et le lendemain s'étonnent que l'intégration ne marche pas.
Avec la réforme de la participation et de l'intéressement, nous allons tracer une nouvelle voie dans l'association du capital et du travail.
Avec la réforme de l'audiovisuel public, nous allons offrir aux français un outil d'éducation, d'information et de culture digne de la France.
Parce qu'elle ne sera pas soumise aux contraintes commerciales, la télévision publique pourra assumer les responsabilités qui sont les siennes et qui, seules justifient vraiment son existence.
L'annonce de cette réforme a révélé, s'il en était besoin, la vraie nature de l'opposition. Elle n'a pas de convictions mais seulement des ambitions.
Comment pourrait-elle, sinon, combattre ce qu'elle a toujours prôné, ce dont elle a rêvé mais qu'elle n'a jamais eu le courage de faire ? Il y a quelque chose de surréaliste à voir l'alliance de l'extrême gauche, du Parti communiste et du Parti socialistes réclamer le maintien de la compétition publicitaire entre chaînes publiques et chaînes privées qu'ils ont toujours dénoncée.
Il n'y a pas que sur l'audiovisuel public que le parti socialiste est à la dérive !
Son attitude sur la ratification du traité simplifié n'est pas digne.
27 pays européens se sont mis d'accord pour sortir de l'impasse mortelle où l'Europe se trouvait plongée depuis l'échec du traité constitutionnel. La moitié de ces pays sont socialistes. Le contenu du traité est parfaitement compatible avec les engagements pris durant la campagne par la candidate socialiste.
Mais voilà : c'est Nicolas Sarkozy qui a permis cette sortie de crise et que c'est notre gouvernement qui présente ce traité à la ratification du Parlement, alors les socialistes ne participeront pas au vote.
Ils seront absents.
Ils n'ont pas d'opinion.
Ils se défilent.
Ils affichent ainsi leurs petits calculs et leur impuissance !
Mes chers amis, nous, nous serons au rendez vous de l'histoire. Nous serons au rendez vous que les français nous ont fixé en mai et en juin 2007.
Nous serons aux rendez vous de l'année qui commence.
Je nous invite, mes chers amis, à aller à leur devant avec assurance et franchise.
Avec franchise, car il ne faut pas biaiser avec la vérité : il n'y aura pas de progrès sans grands changements structurels, ni sans efforts.
Notre volontarisme, notre confiance dans l'avenir ne nous empêchent pas d'être lucides. Nous voyons bien qu'il y a des vents contraires qui se lèvent :
La croissance américaine s'essouffle et la crise des subprimes commence à faire sentir ses effets. Outre-atlantique certains parlent ouvertement de risque de récession.
Le prix des matières premières, et notamment du pétrole, est et restera à un niveau élevé.
Les tensions géopolitiques sur le continent indien et africain obscurcissent les perspectives d'une croissance mondiale dont le sort semble, plus que jamais, entre les mains de la Chine.
Non seulement cette réalité ne nous décourage pas mais elle commande d'accélérer le rythme des réformes et de nous retrousser les manches.
Le durcissement de notre environnement économique est porteur de difficultés mais il est aussi porteur d'opportunités. Le freinage de la conjoncture ne justifie ni pause, ni repli, mais au contraire un approfondissement des réformes.
La conjoncture nous défie, mais nous ne tremblons pas.
Mes chers amis,
A l'occasion de sa conférence de presse, le Président de la République a fixé le cap.
Faute d'arguments, l'opposition a parlé d'un « grand show », habituée qu'elle est à nous servir des plats froids.
Faute de projet, elle a pris le parti d'exister dans la critique systématique plutôt que de se distinguer par des contre-propositions.
La France, bien malheureusement, continue de vivre avec l'un des partis socialistes les plus conservateurs d'Europe.
Divisé et sans projet, c'est ce même parti qui au mois de mars va tenter de faire croire aux Français qu'il incarne au niveau local un bain de jouvence et de modernité...
Avec vous, je ne laisserai pas cette duperie s'installer sans réagir !
Je serai à vos côtés pour mener la bataille des municipales.
J'y serai, avec le gouvernement, non pas pour détourner ce scrutin de son évidente dimension locale, mais pour rappeler que ce qui se fait pour la France n'est pas dissociable de ce qui peut se faire dans nos communes.
Chaque ville est un cas à part, mais chacun de nos candidats peut utilement s'appuyer sur les politiques que nous menons et qui feront la prospérité, la qualité et la sécurité de nos villes.
Il y a l'emploi où l'opposition n'a toujours a proposer que la réduction du temps de travail.
Il y a l'environnement où nous sommes les artisans d'une mutation écologique que la gauche n'a jamais eu le courage d'engager.
Il y a la sécurité sur laquelle je n'ai pas la cruauté de rappeler le bilan de l'opposition.
Et puis, il y a l'ouverture politique.
Cette ouverture que le gouvernement incarne avec force et modernité, et que l'UMP a eue la volonté de démultiplier au niveau local en ouvrant ses listes à plus de 1000 candidats différents.
Il y a huit mois, certains doutaient, ici même, de l'opportunité de cette ouverture voulue par Nicolas Sarkozy.
Certes, il est toujours plus difficile de s'ouvrir aux différences que de se refermer sur ses certitudes. Mais voilà, l'ouverture, que nous incarnons, est plébiscitée par nos concitoyens et elle est en train de donner un souffle d'air frais à la politique française.
Eh bien l'ouverture, c'est vous !
Et la fermeture, c'est l'opposition !
Les faits sont là : pendant que les socialistes se déchirent, nous sommes rassemblés - UMP, Nouveau Centre, Gauche Moderne, Progressistes, Mouvement pour la France - et tandis que l'opposition se recroqueville sur le plan idéologique, nous nous ouvrons sur le plan politique.
Voilà ce qui nous distingue de nos concurrents, et ce n'est pas parce que les enjeux sont locaux qu'il n'existe pas une réalité nationale.
Mes amis,
Dans quelques instants, vous entendrez le Président de la République.
Il vous parlera de la France.
Et il vous rappellera le serment pris devant les Français : « dire ce que nous allons faire et faire ce que nous avons dit ! ».
Avec lui, nous irons au bout de nos engagements.
Rien ne me fera dévier de nos objectifs.
J'avancerai pas à pas, vous sachant à mes côtés.
Nous cheminerons ainsi ensemble, avec la certitude de servir les intérêts de notre pays.
Et alors, la France que nous aimons et que nous voulons sera notre récompense.
source http://www.u-m-p.org, le 14 janvier 2008