Tribune de M. François Sauvadet, président du groupe parlementaire Le Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, dans "La Tribune" du 30 janvier 2008, sur le rapport de J. Attali sur la libéralisation de la croissance, intitulée "Faire bouger la France".

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Texte intégral

La présentation du rapport Attali a suscité des réactions pour certaines frileuses voire carrément hostiles, tout simplement parce qu'il bouscule les conservatismes. Or, une chose est sûre : l'heure n'est plus à l'immobilisme.
A ceux qui pensent qu'une réforme pour être acceptable ne doit rien changer, je répondrai que la seule question qui doit nous obséder c'est de savoir comment faire évoluer notre organisation et nos pratiques collectives pour que les prochaines années soient celles d'une réelle reconquête économique, d'une cohésion sociale et d'un bien-être collectif.
Notre pays a perdu du terrain. L'écart se creuse de plus en plus avec nos homologues européens et notre déficit extérieur atteint des montants record qui révèlent au grand jour notre incapacité à compenser des coûts élevés par des performances suffisantes en matière d'innovation et de qualité.
La France doit se réveiller ! Elle ne peut plus rester à la traîne des réformes ou alors elle décrochera. Elle doit faire le choix, elle aussi, de la réforme pour retrouver le dynamisme et la confiance qu'elle n'aurait jamais dû perdre, pour retrouver le chemin de la compétitivité et redevenir un modèle en Europe.
Autour de nous, les exemples de pays qui ont entrepris, ces dernières années, des réformes d'envergure ne manquent pas.
Le Royaume-Uni est parvenu à dynamiser son marché du travail, à rénover son système scolaire et à valoriser son industrie financière. Plus près de nous, l'Allemagne elle aussi, a remonté la pente : alors que certains l'enterraient, la voilà revenue au coeur de la compétitivité mondiale. D'autres pays comme le Canada, la Suède ou l'Italie ont mené des réformes ambitieuses pour réformer leur administration et moderniser leur Etat.
Ces pays ont eux aussi connu des problèmes, ni plus, ni moins graves que les nôtres ! Mais ils sont parvenus à les surmonter en faisant des choix politiques forts et assumés.
N'ayons pas peur de sortir des sentiers battus : ce n'est pas en continuant à appliquer les recettes d'hier que l'on modernisera notre pays.
Le rapport Attali a le mérite de soulever des problématiques incontournables : compétitivité des entreprises, réduction du coût du travail, ouverture des professions réglementées, avenir du financement de la protection sociale, diminution de la dépense publique, réorganisation territoriale de notre pays, modernisation de l'enseignement supérieur afin qu'il soit porteur d'innovation et de rayonnement international.
La multiplicité des propositions contenues dans ce rapport révèlent - comme l'avaient déjà soulevé le rapport Camdessus et le rapport Cahuc-Kramarz en 2004 - l'ampleur des défis auxquels est confronté notre pays, mais aussi la multiplicité des solutions qui s'offrent à nous pour y répondre.
Non, il n'y a pas de fatalité ! La France est parfaitement capable, en puisant dans ses propres forces, de renouer avec la trajectoire ascendante qu'elle a quittée.
Retrouver le point de croissance supplémentaire qui manque à notre pays pour prendre le chemin du plein-emploi et protéger son système social est à portée de main si, collectivement, nous nous attachons à mettre en oeuvre un ensemble de mesures audacieuses, énergiques et cohérentes.
Bien entendu, les 316 propositions de ce rapport ne sont pas à prendre en bloc mais il y a là des choix fondamentaux et décisifs pour l'avenir de notre pays qu'il est urgent de faire. C'est là, le sens de notre engagement politique au Nouveau Centre. C'est aussi notre responsabilité envers nos enfants et petits enfants auxquels nous devons assurer un avenir plus sûr et plus serein.
Reste à savoir, désormais, la suite qui sera donnée à ces travaux.
Le Groupe Nouveau Centre souhaite que ce rapport ne reste pas lettre morte. Le Parlement doit s'en saisir. Toutes les mesures proposées dans ce rapport doivent être examinées sans tabou, parce que la réforme est notre seule chance pour l'avenir.
Ne renonçons à aucune solution pertinente au motif qu'il y a des élections, ce serait le meilleur moyen de les perdre. Ne différons pas le débat à une date ultérieure, le moment de la réforme est venu et le temps nous est désormais compté.
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 30 janvier 2008