Interview de M. Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, à RTL le 7 février 2008, sur les conséquences sociales des propositions émises par le rapport de J. Attali et sur les débats au sein de l'UMP.

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Texte intégral

VINCENT PARIZOT : Alors ce rapport Attali qui fait décidemment beaucoup de bruit et qui en a fait beaucoup dans la rue hier soir notamment dans le secteur de la porte Maillot. Qu'est ce qu'on en fait ? On le garde ? On l'applique ? On le déshabille peu à peu comme on en a l'impression aujourd'hui ?
Patrick DEVEDJIAN : Non il y a 314 propositions, vous êtes au courant ! Ensuite, on est dans une démocratie ,c'est-à-dire que c'est le Parlement malgré tout qui vote les lois et les réformes. Ce qu'a dit Monsieur Attali est très intéressant, c'est un sujet de réflexion sur beaucoup de sujets mais, malgré tout, parfois d'ailleurs, il fixe un objectif sans pour autant fixer les moyens ; donc on ne peut pas suivre aveuglément comme ça, et puis dire : « Monsieur Attali a parlé, silence dans les rangs ! ».
VINCENT PARIZOT : Oui mais c'était presque le préalable, vous vous souvenez de ce qu'il avait dit ?
Patrick DEVEDJIAN : Oui
VINCENT PARIZOT : En gros, « c'est à prendre ou à laisser ».
Patrick DEVEDJIAN : Oui mais ensuite il est revenu là-dessus parce que ce n'était pas très raisonnable. Il a fait 314 propositions, c'était une grande richesse et d'ailleurs il est fort intéressant le rapport Attali. Moi je ne méprise pas du tout le rapport Attali mais simplement sa mise en oeuvre nécessite des choix, de la concertation avec les professions. On ne dit pas aux gens d'un seul coup « on va complètement bouleverser votre statut parce que Monsieur Attali a dit qu'il fallait le faire »
VINCENT PARIZOT : Est ce que ces choix sont ceux des parlementaires UMP ? Et question subsidiaire, était-il judicieux de sortir ce rapport avant les municipales ?
Patrick DEVEDJIAN : Oui c'est toujours judicieux de donner des informations et des sujets de réflexion à l'opinion avant même qu'elle n'ait à s'exprimer au cours d'un vote. Mais ce que je vois par exemple sur la question des taxis, moi j'ai reçu les deux fédérations de taxi, d'artisans taxi, hier à l'UMP. C'était très intéressant d'ailleurs ce qu'ils disaient. Et j'écoutais ce que disait tout à l'heure Serge July. D'abord, les taxis n'ont pas tous le même le point de vue. Les taxis parisiens ont une problématique, les taxis de la grande banlieue en ont encore une autre et les taxis de province en ont encore une 3ème. Donc il faut se garder des solutions toutes faites.
VINCENT PARIZOT : On a vu tout à l'heure, on a plutôt entendu les représentants des buralistes sortir plutôt satisfaits de l'Elysée parce que Nicolas Sarkozy leur a promis l'ouverture des négociations. Il y a cette affaire des taxis, les pharmaciens qui avaient obtenu avant même qu'on en parle l'abandon de la dérèglementation qui était prônée dans le rapport Attali, on se souvient également les pêcheurs qui ont obtenus des mesures de Nicolas Sarkozy. Le poids des lobbys se fait, on le voit bien, on le perçoit bien en ce moment.
Patrick DEVEDJIAN : Mais vous savez ça a toujours existé, et c'est surtout l'indice du fonctionnement normal d'une démocratie.
VINCENT PARIZOT : C'est sain pour vous ?
Patrick DEVEDJIAN : Oui bien sûr mais en même temps, le Parlement doit... Moi je trouve, et j'ai toujours trouvé normal comme parlementaire d'écouter les lobbys, de savoir ce qu'ils disent, les parlementaires sont là pour ça et puis ensuite ils prennent leur décision au nom de l'intérêt général.
Ce que vous appelez les lobbys ce sont simplement les professions qui ont quand même une vision de leur métier qui n'est pas négligeable, souvent d'ailleurs plus fine que ne peuvent l'avoir les observateurs extérieurs et on a toujours intérêt à les écouter.
VINCENT PARIZOT : Le sentiment que ça donne c'est que ceux qui ont les moyens, la puissance de se faire entendre, soit en descendant dans la rue, soit en agissant directement sur les lieux de pouvoir, ceux-là obtiennent satisfaction et les autres sont les « laissés pour compte. »
Patrick DEVEDJIAN : Oui vous parlez des chauffeurs de trains ! Mais vous voyez, ce qu'on pourrait appeler le « lobby » des chauffeurs de RER, des conducteurs de RER ou de métro, n'a pas empêché la réforme des régimes spéciaux . Vous voyez donc que, malgré ça, le pouvoir politique peut prendre ses responsabilités.
VINCENT PARIZOT : Et dernière question Patrick Devedjian, les parlementaires UMP en ce moment ... ont le moral ?
Patrick DEVEDJIAN : Oui, ils ont le moral. D'abord ils sont confrontés à une échéance dans cinq semaines, celle des élections... Mais vous savez je vais vous dire...
VINCENT PARIZOT : Non mais vous savez ce qu'on dit ?
Patrick DEVEDJIAN : Je lis les journaux ...
VINCENT PARIZOT : Et ce qu'on lit...
Patrick DEVEDJIAN : ... et j'écoute RTL, mais ...je vais vous dire, les parlementaires de l'UMP, le groupe UMP quand il s'exprime à l'Assemblée Nationale c'est un peu comme sur RTL, on entend tout et son contraire, il y a des choses contradictoires, il y a des débats...
VINCENT PARIZOT : C'est ça la diversité en même temps
Patrick DEVEDJIAN : C'est un lieu de vie... et les parlementaires s'expriment librement, ils débattent entre eux, alors on peut extraire telle ou telle phase de mécontentement de l'un ou l'autre. Mais simplement c'est le fait d'une vie politique qui s'exprime.
VINCENT PARIZOT : C'est ce qui s'appelle « vivre ensemble »
Patrick DEVEDJIAN : Oui
VINCENT PARIZOT : Merci Patrick Devedjian.Source http://www.u-m-p.org, le 11 février 2008