Texte intégral
J.-P. Elkabbach Vous êtes absolument indispensable aujourd'hui pour traiter le problème d'actualités. Est-ce la dynastie Sarkozy qui va s'installer à Neuilly ? Autrement dit, est-ce le fils Jean Sarkozy qui va conduire la liste de Neuilly ?
R.- Non, sûrement pas ! Naturellement, J. Sarkozy a beaucoup de talent. C'est un garçon intelligent, sensible, qui adore la politique, qui a des dispositions. Mais il a 22 ans. Son temps n'est pas venu. Puis en République, les places s'acquièrent par le mérite, par le travail. Pas par l'héritage. Il faut penser au Figaro de Beaumarchais : il ne suffit pas de se donner la peine de naître.
Q.- Est-ce qu'il pourrait ne pas être sur la liste ?
R.- C'est possible, oui. Enfin, sa présence en tous les cas n'est pas un sujet de débat.
Q.- C'est-à-dire que vous essayez de démontrer qu'il n'y a pas de monarchie qui s'exercerait à Neuilly à propos du père et du fils.
R.- Il n'y a aucune monarchie. Un jeune homme a le droit de s'intéresser à la politique même si son père est président de la République. Aucune place ne lui est pour autant dévolue en raison de sa paternité. Mais il se passionne pour la politique, c'est bien son droit. Il a beaucoup de choses a démontrer, comme toute personne à son âge. Et cela ne lui confère aucun privilège.
Q.- Est-ce que Jean obéit à son père Nicolas ?
R.- Jean a beaucoup de respect pour son père, beaucoup d'admiration même pour son père. Je suis convaincu qu'il l'écoute.
Q.- Ce matin, à Neuilly, c'est qui ?
R.- Ce matin - ce sera décidé tout d'abord par la commission d'investitures - mais moi ma proposition c'est que Neuilly ce soit, comme c'est déjà une ville symbole, puisque cela a té la ville du président de la République, ce soit aussi une ville symbole de l'ouverture. Et donc, dans la discussion que nous allons avoir tout à l'heure à la commission d'investitures, moi je proposerai que nous accordions notre investiture à une liste qui rassemble l'ensemble de Neuilly, qui peut encourager tout le monde. Je pense que la liste de Monsieur Fromantin est à retenir.
Q.- Vous avez discutez avec J.-C. Fromantin ?
R.- Oui, j'ai discuté, d'autant plus facilement qu'il est "sarkozyste". Il a toujours soutenu N. Sarkozy, donc c'est pour moi l'essentiel. S'il peut rassembler, c'est une bonne solution.
Q.- Vous voulez dire que ce soir, il n'y aura qu'une seule liste, si cela marche à Neuilly ?
R.- L'UMP soutiendra une liste qui se voudrait une liste large et de rassemblement. Si la commission d'investitures qui se réunie à dix heures et demie en décide. Et puis nous verrons. Mais vous savez, Neuilly est une ville très difficile. Donc, je n'exclus rien à Neuilly.
Q.- Mais la mairie de Neuilly, qui fut le fief et le tremplin de N. Sarkozy, pourrait tomber dans l'escarcelle de quelqu'un qui n'est pas UMP ? Parce que J.-C. Fromentin, il n'est pas UMP.
R.- Non, il n'appartient pas à l'UMP. Mais l'UMP serait très largement représentée sur sa liste dans cette hypothèse, naturellement. Ce qui nous importe c'est le rassemblement, ce n'est pas le sectarisme partisan. Ce que moi je crois important comme secrétaire général du principal parti de la majorité, c'est le soutien à l'action du président de la République.
Q.- Est-ce que vous réglez toutes ces questions de l'UMP, de Neuilly, directement avec le président de la République, qui est loin ? Le tam-tam de la junte parisienne est-ce qu'il lui parvient dans la forêt amazonienne ? Et est-ce qu'il est d'accord ?
R.- Le président de la République m'a laissé une très large capacité d'initiative dans la situation complexe, confuse et symbolique de Neuilly. Mais en même temps, naturellement, je lui rends compte de ce que je fais.
Q.- Dimanche - vous disiez tout à l'heure que Neuilly c'est une ville difficile - dimanche, les trois jeunes avec J. Sarkozy, M.-C. Ménard et A. Teullé, les trois putchistes ont publié un communiqué qui a exécuté D. Martinon. N'est-ce pas choquant comme procédé ?
R.- C'est regrettable et surtout c'était inutile ! Mais c'est aussi un mouvement d'humeur. C'était inutile parce que d'abord D. Martinon avait l'intention de se retirer. Car il avait le sentiment que sa campagne ne produisait pas ...
Q.- A qui l'avait-il dit ?
R.- A moi, par exemple. Ensuite, il avait un désaccord profond avec ses colistiers, sur la constitution de sa liste : qui on met ; qui on ne met pas ? Ils étaient en désaccord. Donc, il avait cette intention. Je pense qu'il était inutile de faire ce communiqué.
Q.- Est-ce que cette solution que vous choisissez, c'est pour gagner la mairie de Neuilly ou pour éviter une défaite au Président ?
R.- Non. Ce qui nous importe, c'est de ne pas avoir de division. C'est de rassembler le plus largement possible. De la même manière qu'au Gouvernement le président de la République s'est ouvert à tous les socialistes de bonne volonté, à toute la gauche qui voulait participer au projet présidentiel, à l'échelon local, nous avons fait la même chose : nous avons plus de mille listes sur lesquelles figurent des personnalités venant de la gauche. Plus de mille listes dans mille villes qui répondent à ce critère. Pourquoi ce serait impossible dans la ville du président de la République ? C'est exactement le contraire. Puisque c'est la politique de N. Sarkozy. Et c'est bien que Neuilly en soit le symbole.
Q.- Dans vingt minutes, vous serez à Matignon pour le rendez-vous de la majorité - vous savez, les petits déjeuners du mardi. F. Fillon estil, lui aussi, en accord ? D'abord est-ce qu'il est au courant ? Est-ce qu'il est en accord avec votre solution ?
R.- Bien sûr. D'abord, le Premier ministre est le chef de la majorité et, naturellement, il a été tenu informé de tout cela. Il pense que le principe de rassemblement est un principe qui ne connaît pas d'exception.
Q.- Ce sont les municipales ; vous avez des difficultés dans différentes villes. Si on écoute F. Hollande, il explique avec confiance que le Parti socialiste peut enlever à votre majorité trente villes de plus de 20.000 habitants : Quimper, Rouen, Le Havre, Caen... Il ne site pas Marseille mais il site Toulouse, Strasbourg... Est-ce que vous avez les mêmes pronostics ?
R.- Sûrement pas ! Mais je vais vous dire, d'abord c'est vrai que les sondages ne sont pas bons. Mais on peut en parler.
Q.- On va en parler !
R.- Quant à F. Hollande, c'est plutôt un Tartarin : qu'il cesse donc de se vanter de succès futurs et qu'on le juge donc sur le présent. Il y a dix ans qu'il est premier secrétaire du Parti socialiste. Le Parti socialiste aujourd'hui est à moins de 100.000 adhérents. Nous sommes à 370.000 adhérents à l'UMP. Je ne crois pas que son bilan lui permette de donner beaucoup de leçons et d'être très crédible dans ses vantardises.
Q.- Même quand il laisse entendre que vous perdrez Toulouse !
R.- On verra. Je crois qu'on gagnera Toulouse. Nous avons un très bon candidat.
Q.- Et Marseille ?
R.- Vraiment, J.-C. Gaudin fait une excellente campagne. Et je ne crois pas que son adversaire soit très crédible. Je n'ai pas d'inquiétude pour Marseille.
Q.- Et Paris ? Alors là, B. Delanoë - comme dit le Figaro ce matin à la une - creuse l'écart : 45/30 au premier tour. Et les deux tiers des sondés souhaitent qu'il reste maire de Paris. De mauvais sondages ont valu le départ et ont perdu D. Martinon. La challenger de B. Delanoë ne cesse de chuter. Est-ce que F. de Panafieu va rester dans la course à Paris ?
R.- Bien sûr. D'abord, ce ne sont pas les mauvais sondages qui ont fait partir D. Martinon en dépit des apparences, c'est la mésentente et le fait que la campagne n'a pas vraiment pris corps. Mais les sondages cela monte et cela descend. En ce moment, cela descend pour nous, c'est bien vrai. Mais nous avons l'habitude de cela. Nous avons connu des périodes difficiles. Et dans le fond, l'adversité souvent est notre meilleur ressort.
Q.- Vous êtes des masos, alors ?
R.- Non, on n'est pas des masos.
Q.- Plus on vous fouette, plus vous dites : c'est bon pour nous !
R.- Non, mais nous sommes des gens des temps difficiles. Quand notre pays est dans la difficulté, quand notre majorité a des problèmes, on peut compter sur nos troupes, sur nos adhérents. Parce que ce sont des gens qui sont combatifs. Ce sont des gens qui sont généralement tenus par une forte exigence de l'intérêt publique. Quand on a besoin d'eux, ils ont là !
Q.- Oui mais à la veille de bataille, vous savez vous divisez. Je prends encore Paris en exemple : dans le 8ème arrondissement à Paris, le maire dissident, F. Lebel dont le plus haut fait d'armes est d'avoir marié à l'Elysée le couple présidentiel, veut chasser P. Lellouche. Qui soutenez-vous ? Le dissident ou Lellouche ?
R.- Je soutiens P. Lellouche. D'abord, parce que c'est lui qui a été investi par la commission d'investitures. Ce n'est pas un parachuté, P. Lellouche, puisqu'il est député du 8ème arrondissement déjà depuis longtemps. Bien sûr, F. Lebel est un homme estimable. Mais l'investiture c'est P. Lellouche qui l'a. La confiance de l'UMP, c'est P. Lellouche qui l'a.
Q.- La baisse de popularité du président de la République, - c'est vous qui en avait parlé P. Devedjian - elle continue : moins 10 points ; 39 de satisfaits selon le baromètre Ipsos-Le Point. Le président de la République a perdu 18 points de jugements favorables en trois mois. Pourquoi cette chute, et où et quand elle s'arrêtera, si elle peut s'arrêter ?
R.- Oui, elle s'arrêtera, nécessairement ! Toute chose a une fin, même les mauvaises ! Alors je crois que, bien sûr...
Q.- Il y a encore de la marge pour arriver au fond de la piscine !
R.- Je ne suis pas sûr. Mais d'abord N. Sarkozy a connu dans sa carrière politique des moments bas. Il a toujours su rebondir. Il a beaucoup de talent. En ce moment, la période est difficile. Je suis absolument certain que dans l'avenir et dans un avenir proche il rebondira. Je vais vous dire d'ailleurs : le Gouvernement et le président de la République, il faut le juger à l'aune de son travail. Plus de 50 réformes ont été faites en huit mois. C'est-à-dire que nous sommes en train de changer profondément la France. Parfois, cela a quelques inconvénients dans la vie politicienne. Mais ce qui est important, c'est de lutter pour améliorer la qualité de son pays, c'est ce que fait N. Sarkozy. Et je pense que, rapidement, les Français lui rendront justice.
Q.- Oui, vous dites pour le moment non !
R.- Oui, pour le moment, c'est un mauvais moment. Les sondages ne sont pas bons.
Q.- Pourquoi ?
R.- Je crois qu'il y a la fin de l'état de grâce. Deuxièmement, les réformes ne sont pas toujours faciles et elles créent généralement un peu d'impopularité. Puis troisièmement, il a été ciblé sur sa vie personnelle parce qu'il a voulu à la fois jouer la transparence et la loyauté à l'égard du public ; et qu'en même temps on s'en est servi contre lui.
Q.- Est-ce qu'il a intérêt à changer justement, à ne pas mettre en avant la transparence dont E. Balladur dit : "la transparence c'est le cauchemar" ?
R.- Quand il est discret, comme à l'occasion de son mariage, on le lui reproche. Et donc, quand il est transparent, on le lui reproche. Quand il est discret, on le lui reproche. Vous savez, qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
Q.- Et l'affaire du SMS du Nouvel Observateur ? Le président de la République qui porte plainte au pénal contre un journaliste du Nouvel Observateur ? Cela ne s'est pas fait depuis je ne sais quand.
R.- Le président de la République a exactement les mêmes droits que tous autres citoyens. Il n'en a pas plus mais il n'en a pas moins. Et il a parfaitement le droit d'utiliser les ressources de la loi. De toute façon, elles sont sous le contrôle de la justice. Et s'il a raison, la justice lui donnera raison. Et s'il a tort, elle lui donnera tort. Moi je fais confiance.
Q.- Après les municipales, que faudra-t-il changer et avec quelle amplitude : la politique des réformes dont vous parlez, le style présidentiel ou une partie du Gouvernement ?
R.- Moi je pense qu'il faut continuer les réformes. Il faut même accélérer. Parce que notre pays a du retard. Nous avons d'ailleurs un certain nombre de problèmes avec le reste du monde en raison des retards français. Donc, il faut continuer. Les Français plébiscitent la réforme. Et puis, pour le reste, en ce qui concerne le Gouvernement, c'est la responsabilité du président de la République. J'ai assez de problèmes à l'UMP sans m'occuper de cela !
Q.- Mais le Premier ministre il gagne 5 points. Vous allez le voir tout à l'heure. Vous allez probablement le féliciter.
R.- Vous voyez ! Tous les sondages ne sont pas mauvais !
Q.- Oui. Mais là, justement, 52 % de satisfaits, 13 % d'écart ! Au passage, les mêmes qui s'esclaffaient et qui disaient : "est-ce qu'on a besoin d'un Premier ministre et de celui-là ? Fillon est inexistant", aujourd'hui l'encensent. C'est à la fois classique, choquant, mais c'est comme cela. Est-ce qu'il ne va pas y avoir des tensions et des suspicions à la tête de l'Etat entre le Président et le Premier ministre ?
R.- Non, parce que le président de la République et le Premier ministre forment une équipe soudée, une équipe confiante. Et c'est très bien que F. Fillon grimpe dans les sondages au moment où N. Sarkozy a un trou d'air. C'est très bien ! Cela prouve la complémentarité. Et cela prouve la force et la ressource de la majorité. Ceux qui voulaient les opposer en seront pour leurs frais.
Q.- Oui, mais en ce moment, c'est l'addition des poisses !
R.- Mais non. Vous venez de me parler des scores du Premier ministre. Vous voyez cela c'est un bon sondage.
Q.- Est-ce que vous voulez préciser à nouveau... Tout à l'heure, à la commission d'investitures, vous allez proposer que J. C. Fromantin conduise la liste de Neuilly-sur-Seine.
R.- Je vous l'ai dit tout à l'heure, oui.
Q.- Non, pour être plus clair. Parce qu'on retient que vous avez dit que l'UMP allait soutenir une liste de large rassemblement...
R.- Oui, qui serait conduite par Monsieur Fromantin.
Q.- Qu'est-ce que vous avez dit à J.-C. Fromantin pour le convaincre ?
R.- Ecoutez ! Nous en parlerons encore tout à l'heure devant la commission d'investitures, puisqu'il a annoncé qu'il viendrait à 10h30 à l'UMP pour solliciter l'investiture de notre mouvement. Et donc, tout ceci sera clairement exprimé devant la commission d'investitures.
Q.- Cela a été dur tout cela ?
R.- Oui bien sûr, mais la politique c'est difficile. Le bien public ne se fait pas facilement. Et cela engage fortement la vie de chacun.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2008
R.- Non, sûrement pas ! Naturellement, J. Sarkozy a beaucoup de talent. C'est un garçon intelligent, sensible, qui adore la politique, qui a des dispositions. Mais il a 22 ans. Son temps n'est pas venu. Puis en République, les places s'acquièrent par le mérite, par le travail. Pas par l'héritage. Il faut penser au Figaro de Beaumarchais : il ne suffit pas de se donner la peine de naître.
Q.- Est-ce qu'il pourrait ne pas être sur la liste ?
R.- C'est possible, oui. Enfin, sa présence en tous les cas n'est pas un sujet de débat.
Q.- C'est-à-dire que vous essayez de démontrer qu'il n'y a pas de monarchie qui s'exercerait à Neuilly à propos du père et du fils.
R.- Il n'y a aucune monarchie. Un jeune homme a le droit de s'intéresser à la politique même si son père est président de la République. Aucune place ne lui est pour autant dévolue en raison de sa paternité. Mais il se passionne pour la politique, c'est bien son droit. Il a beaucoup de choses a démontrer, comme toute personne à son âge. Et cela ne lui confère aucun privilège.
Q.- Est-ce que Jean obéit à son père Nicolas ?
R.- Jean a beaucoup de respect pour son père, beaucoup d'admiration même pour son père. Je suis convaincu qu'il l'écoute.
Q.- Ce matin, à Neuilly, c'est qui ?
R.- Ce matin - ce sera décidé tout d'abord par la commission d'investitures - mais moi ma proposition c'est que Neuilly ce soit, comme c'est déjà une ville symbole, puisque cela a té la ville du président de la République, ce soit aussi une ville symbole de l'ouverture. Et donc, dans la discussion que nous allons avoir tout à l'heure à la commission d'investitures, moi je proposerai que nous accordions notre investiture à une liste qui rassemble l'ensemble de Neuilly, qui peut encourager tout le monde. Je pense que la liste de Monsieur Fromantin est à retenir.
Q.- Vous avez discutez avec J.-C. Fromantin ?
R.- Oui, j'ai discuté, d'autant plus facilement qu'il est "sarkozyste". Il a toujours soutenu N. Sarkozy, donc c'est pour moi l'essentiel. S'il peut rassembler, c'est une bonne solution.
Q.- Vous voulez dire que ce soir, il n'y aura qu'une seule liste, si cela marche à Neuilly ?
R.- L'UMP soutiendra une liste qui se voudrait une liste large et de rassemblement. Si la commission d'investitures qui se réunie à dix heures et demie en décide. Et puis nous verrons. Mais vous savez, Neuilly est une ville très difficile. Donc, je n'exclus rien à Neuilly.
Q.- Mais la mairie de Neuilly, qui fut le fief et le tremplin de N. Sarkozy, pourrait tomber dans l'escarcelle de quelqu'un qui n'est pas UMP ? Parce que J.-C. Fromentin, il n'est pas UMP.
R.- Non, il n'appartient pas à l'UMP. Mais l'UMP serait très largement représentée sur sa liste dans cette hypothèse, naturellement. Ce qui nous importe c'est le rassemblement, ce n'est pas le sectarisme partisan. Ce que moi je crois important comme secrétaire général du principal parti de la majorité, c'est le soutien à l'action du président de la République.
Q.- Est-ce que vous réglez toutes ces questions de l'UMP, de Neuilly, directement avec le président de la République, qui est loin ? Le tam-tam de la junte parisienne est-ce qu'il lui parvient dans la forêt amazonienne ? Et est-ce qu'il est d'accord ?
R.- Le président de la République m'a laissé une très large capacité d'initiative dans la situation complexe, confuse et symbolique de Neuilly. Mais en même temps, naturellement, je lui rends compte de ce que je fais.
Q.- Dimanche - vous disiez tout à l'heure que Neuilly c'est une ville difficile - dimanche, les trois jeunes avec J. Sarkozy, M.-C. Ménard et A. Teullé, les trois putchistes ont publié un communiqué qui a exécuté D. Martinon. N'est-ce pas choquant comme procédé ?
R.- C'est regrettable et surtout c'était inutile ! Mais c'est aussi un mouvement d'humeur. C'était inutile parce que d'abord D. Martinon avait l'intention de se retirer. Car il avait le sentiment que sa campagne ne produisait pas ...
Q.- A qui l'avait-il dit ?
R.- A moi, par exemple. Ensuite, il avait un désaccord profond avec ses colistiers, sur la constitution de sa liste : qui on met ; qui on ne met pas ? Ils étaient en désaccord. Donc, il avait cette intention. Je pense qu'il était inutile de faire ce communiqué.
Q.- Est-ce que cette solution que vous choisissez, c'est pour gagner la mairie de Neuilly ou pour éviter une défaite au Président ?
R.- Non. Ce qui nous importe, c'est de ne pas avoir de division. C'est de rassembler le plus largement possible. De la même manière qu'au Gouvernement le président de la République s'est ouvert à tous les socialistes de bonne volonté, à toute la gauche qui voulait participer au projet présidentiel, à l'échelon local, nous avons fait la même chose : nous avons plus de mille listes sur lesquelles figurent des personnalités venant de la gauche. Plus de mille listes dans mille villes qui répondent à ce critère. Pourquoi ce serait impossible dans la ville du président de la République ? C'est exactement le contraire. Puisque c'est la politique de N. Sarkozy. Et c'est bien que Neuilly en soit le symbole.
Q.- Dans vingt minutes, vous serez à Matignon pour le rendez-vous de la majorité - vous savez, les petits déjeuners du mardi. F. Fillon estil, lui aussi, en accord ? D'abord est-ce qu'il est au courant ? Est-ce qu'il est en accord avec votre solution ?
R.- Bien sûr. D'abord, le Premier ministre est le chef de la majorité et, naturellement, il a été tenu informé de tout cela. Il pense que le principe de rassemblement est un principe qui ne connaît pas d'exception.
Q.- Ce sont les municipales ; vous avez des difficultés dans différentes villes. Si on écoute F. Hollande, il explique avec confiance que le Parti socialiste peut enlever à votre majorité trente villes de plus de 20.000 habitants : Quimper, Rouen, Le Havre, Caen... Il ne site pas Marseille mais il site Toulouse, Strasbourg... Est-ce que vous avez les mêmes pronostics ?
R.- Sûrement pas ! Mais je vais vous dire, d'abord c'est vrai que les sondages ne sont pas bons. Mais on peut en parler.
Q.- On va en parler !
R.- Quant à F. Hollande, c'est plutôt un Tartarin : qu'il cesse donc de se vanter de succès futurs et qu'on le juge donc sur le présent. Il y a dix ans qu'il est premier secrétaire du Parti socialiste. Le Parti socialiste aujourd'hui est à moins de 100.000 adhérents. Nous sommes à 370.000 adhérents à l'UMP. Je ne crois pas que son bilan lui permette de donner beaucoup de leçons et d'être très crédible dans ses vantardises.
Q.- Même quand il laisse entendre que vous perdrez Toulouse !
R.- On verra. Je crois qu'on gagnera Toulouse. Nous avons un très bon candidat.
Q.- Et Marseille ?
R.- Vraiment, J.-C. Gaudin fait une excellente campagne. Et je ne crois pas que son adversaire soit très crédible. Je n'ai pas d'inquiétude pour Marseille.
Q.- Et Paris ? Alors là, B. Delanoë - comme dit le Figaro ce matin à la une - creuse l'écart : 45/30 au premier tour. Et les deux tiers des sondés souhaitent qu'il reste maire de Paris. De mauvais sondages ont valu le départ et ont perdu D. Martinon. La challenger de B. Delanoë ne cesse de chuter. Est-ce que F. de Panafieu va rester dans la course à Paris ?
R.- Bien sûr. D'abord, ce ne sont pas les mauvais sondages qui ont fait partir D. Martinon en dépit des apparences, c'est la mésentente et le fait que la campagne n'a pas vraiment pris corps. Mais les sondages cela monte et cela descend. En ce moment, cela descend pour nous, c'est bien vrai. Mais nous avons l'habitude de cela. Nous avons connu des périodes difficiles. Et dans le fond, l'adversité souvent est notre meilleur ressort.
Q.- Vous êtes des masos, alors ?
R.- Non, on n'est pas des masos.
Q.- Plus on vous fouette, plus vous dites : c'est bon pour nous !
R.- Non, mais nous sommes des gens des temps difficiles. Quand notre pays est dans la difficulté, quand notre majorité a des problèmes, on peut compter sur nos troupes, sur nos adhérents. Parce que ce sont des gens qui sont combatifs. Ce sont des gens qui sont généralement tenus par une forte exigence de l'intérêt publique. Quand on a besoin d'eux, ils ont là !
Q.- Oui mais à la veille de bataille, vous savez vous divisez. Je prends encore Paris en exemple : dans le 8ème arrondissement à Paris, le maire dissident, F. Lebel dont le plus haut fait d'armes est d'avoir marié à l'Elysée le couple présidentiel, veut chasser P. Lellouche. Qui soutenez-vous ? Le dissident ou Lellouche ?
R.- Je soutiens P. Lellouche. D'abord, parce que c'est lui qui a été investi par la commission d'investitures. Ce n'est pas un parachuté, P. Lellouche, puisqu'il est député du 8ème arrondissement déjà depuis longtemps. Bien sûr, F. Lebel est un homme estimable. Mais l'investiture c'est P. Lellouche qui l'a. La confiance de l'UMP, c'est P. Lellouche qui l'a.
Q.- La baisse de popularité du président de la République, - c'est vous qui en avait parlé P. Devedjian - elle continue : moins 10 points ; 39 de satisfaits selon le baromètre Ipsos-Le Point. Le président de la République a perdu 18 points de jugements favorables en trois mois. Pourquoi cette chute, et où et quand elle s'arrêtera, si elle peut s'arrêter ?
R.- Oui, elle s'arrêtera, nécessairement ! Toute chose a une fin, même les mauvaises ! Alors je crois que, bien sûr...
Q.- Il y a encore de la marge pour arriver au fond de la piscine !
R.- Je ne suis pas sûr. Mais d'abord N. Sarkozy a connu dans sa carrière politique des moments bas. Il a toujours su rebondir. Il a beaucoup de talent. En ce moment, la période est difficile. Je suis absolument certain que dans l'avenir et dans un avenir proche il rebondira. Je vais vous dire d'ailleurs : le Gouvernement et le président de la République, il faut le juger à l'aune de son travail. Plus de 50 réformes ont été faites en huit mois. C'est-à-dire que nous sommes en train de changer profondément la France. Parfois, cela a quelques inconvénients dans la vie politicienne. Mais ce qui est important, c'est de lutter pour améliorer la qualité de son pays, c'est ce que fait N. Sarkozy. Et je pense que, rapidement, les Français lui rendront justice.
Q.- Oui, vous dites pour le moment non !
R.- Oui, pour le moment, c'est un mauvais moment. Les sondages ne sont pas bons.
Q.- Pourquoi ?
R.- Je crois qu'il y a la fin de l'état de grâce. Deuxièmement, les réformes ne sont pas toujours faciles et elles créent généralement un peu d'impopularité. Puis troisièmement, il a été ciblé sur sa vie personnelle parce qu'il a voulu à la fois jouer la transparence et la loyauté à l'égard du public ; et qu'en même temps on s'en est servi contre lui.
Q.- Est-ce qu'il a intérêt à changer justement, à ne pas mettre en avant la transparence dont E. Balladur dit : "la transparence c'est le cauchemar" ?
R.- Quand il est discret, comme à l'occasion de son mariage, on le lui reproche. Et donc, quand il est transparent, on le lui reproche. Quand il est discret, on le lui reproche. Vous savez, qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
Q.- Et l'affaire du SMS du Nouvel Observateur ? Le président de la République qui porte plainte au pénal contre un journaliste du Nouvel Observateur ? Cela ne s'est pas fait depuis je ne sais quand.
R.- Le président de la République a exactement les mêmes droits que tous autres citoyens. Il n'en a pas plus mais il n'en a pas moins. Et il a parfaitement le droit d'utiliser les ressources de la loi. De toute façon, elles sont sous le contrôle de la justice. Et s'il a raison, la justice lui donnera raison. Et s'il a tort, elle lui donnera tort. Moi je fais confiance.
Q.- Après les municipales, que faudra-t-il changer et avec quelle amplitude : la politique des réformes dont vous parlez, le style présidentiel ou une partie du Gouvernement ?
R.- Moi je pense qu'il faut continuer les réformes. Il faut même accélérer. Parce que notre pays a du retard. Nous avons d'ailleurs un certain nombre de problèmes avec le reste du monde en raison des retards français. Donc, il faut continuer. Les Français plébiscitent la réforme. Et puis, pour le reste, en ce qui concerne le Gouvernement, c'est la responsabilité du président de la République. J'ai assez de problèmes à l'UMP sans m'occuper de cela !
Q.- Mais le Premier ministre il gagne 5 points. Vous allez le voir tout à l'heure. Vous allez probablement le féliciter.
R.- Vous voyez ! Tous les sondages ne sont pas mauvais !
Q.- Oui. Mais là, justement, 52 % de satisfaits, 13 % d'écart ! Au passage, les mêmes qui s'esclaffaient et qui disaient : "est-ce qu'on a besoin d'un Premier ministre et de celui-là ? Fillon est inexistant", aujourd'hui l'encensent. C'est à la fois classique, choquant, mais c'est comme cela. Est-ce qu'il ne va pas y avoir des tensions et des suspicions à la tête de l'Etat entre le Président et le Premier ministre ?
R.- Non, parce que le président de la République et le Premier ministre forment une équipe soudée, une équipe confiante. Et c'est très bien que F. Fillon grimpe dans les sondages au moment où N. Sarkozy a un trou d'air. C'est très bien ! Cela prouve la complémentarité. Et cela prouve la force et la ressource de la majorité. Ceux qui voulaient les opposer en seront pour leurs frais.
Q.- Oui, mais en ce moment, c'est l'addition des poisses !
R.- Mais non. Vous venez de me parler des scores du Premier ministre. Vous voyez cela c'est un bon sondage.
Q.- Est-ce que vous voulez préciser à nouveau... Tout à l'heure, à la commission d'investitures, vous allez proposer que J. C. Fromantin conduise la liste de Neuilly-sur-Seine.
R.- Je vous l'ai dit tout à l'heure, oui.
Q.- Non, pour être plus clair. Parce qu'on retient que vous avez dit que l'UMP allait soutenir une liste de large rassemblement...
R.- Oui, qui serait conduite par Monsieur Fromantin.
Q.- Qu'est-ce que vous avez dit à J.-C. Fromantin pour le convaincre ?
R.- Ecoutez ! Nous en parlerons encore tout à l'heure devant la commission d'investitures, puisqu'il a annoncé qu'il viendrait à 10h30 à l'UMP pour solliciter l'investiture de notre mouvement. Et donc, tout ceci sera clairement exprimé devant la commission d'investitures.
Q.- Cela a été dur tout cela ?
R.- Oui bien sûr, mais la politique c'est difficile. Le bien public ne se fait pas facilement. Et cela engage fortement la vie de chacun.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2008