Texte intégral
B. Toussaint, C. Roux et L. Mercadet C. Roux : Alors que la droite et la gauche se prennent les pieds dans le MoDem et valident la stratégie du soliste Bayrou, le Président fait une sortie a minima sur les municipales avec un lapidaire : je tiendrai compte du scrutin. B. Toussaint : Bonjour R. Karoutchi, je tiendrai compte du scrutin. Le Président n'est donc pas sourd, comme le disait le PS.
R.- Non, mais il n'y a que le PS qui pouvait croire ça. Dès le début, le président de la République a dit : naturellement, quelle que soit l'issue des élections municipales ou cantonales, les réformes se poursuivront. Pourquoi les réformes ? Parce que, qui peut dire "non, on ne va pas moderniser l'économie, non, on ne va pas réformer le système des retraites pour l'équilibrer, non, on ne va pas modifier un certain nombre de choses ?". Les réformes de fond qui ont été votées par les Français en 2007, elles se feront. Pour autant, le président de la République a toujours dit : je suis naturellement, mais tout le temps, pas seulement pour un vote, je suis à l'écoute des Français.
C. Roux : Mais cela veut dire quoi, concrètement : "je tiendrai compte du scrutin" ? Comment cela peut se lire après le second tour. C'est quoi, changer des têtes, des hommes, des femmes, remaniement. C'est une inflexion de la politique, vous venez de nous dire que les grandes réformes seront maintenues, comment on va le voir ça ?
R.- Eh bien, probablement, par exemple, le président de la République se déplace beaucoup, rencontre beaucoup, écoute beaucoup. Donc, il semble bien, par exemple cette impatience sur le pouvoir d'achat, cela veut dire quoi ? Cela veut dire, moi je ne peux pas vous dire d'avance ce qui va se passer dans les semaines qui viennent. Mais cela veut dire que comme il est parfaitement conscient de cette impatience, eh bien, probablement, avec C. Lagarde, avec les ministres concernés, il va voir comment on fait pour essayer de faire en sorte que cette impatience soit satisfaite. Si vous voulez, le fond des choses est simple, le rythme des réformes est absolument nécessaire pour redresser le pays. Le président de la République a été élu pour ça. Pour autant, on peut dire qu'on écoute, qu'on avance, qu'il peut y avoir des inflexions bien sûr, sinon, sinon cela ne veut rien dire. Mais la politique c'est ça aussi, c'est du quotidien.
C. Roux : Vous dites qu'il y aura des inflexions et dans le même temps, on ne change rien. C'est ça qu'on n'arrive pas à comprendre.
R.- Je n'ai pas dit "on change rien", j'ai dit : le rythme des réformes, des réformes indispensables sur lesquelles on a voté en 2007, parce que tout le monde disait "ce pays est en déclin, il faut changer". Eh bien, il faut changer et pour autant, on peut changer en écoutant les gens.
C. Roux : Alors, justement sur le rythme des réformes, vous, vous êtes secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, est-ce que, quoi qu'il se passe dimanche, le rythme restera le même et le calendrier du Parlement, du travail des parlementaires restera le même ?
R.- Alors pour le moment, beaucoup de textes sont d'ores et déjà dans les tuyaux et vont être inscrits à la session de printemps du Parlement. Un grand texte sur la modernisation de l'économie, un texte sur les retraites, un texte issu des négociations sociales sur le contrat de travail, un texte de révision institutionnelle renforçant les pouvoirs du Parlement, il y a beaucoup de textes.
C. Roux : La priorité sera quoi ? Cela pourrait-il changer, en fonction du scrutin, ou pas ?
R.- Non, ce qu'on peut faire, toujours, il ne faut pas croire que le Parlement est statique. Le Parlement peut lui-même, les élus peuvent, par des propositions de loi demander des inflexions, des modifications et le Gouvernement a la capacité, naturellement de mettre en urgence des textes nouveaux. Nous avons un programme parlementaire qui est stabilisé jusqu'à l'été, mais pour autant, on peut, naturellement insérer de nouveaux textes si le Président de la République et le Gouvernement le souhaitent.
B. Toussaint : Alors, revenons aux municipales. On sait depuis hier soir que le MoDem a fait alliance avec l'UMP dans certaines villes, avec le PS dans d'autres villes, avec personne dans une troisième catégorie de villes. Est-ce que... Et avec le PC à Aubagne. B. Toussaint : Est-ce que vous avez compris la stratégie de F. Bayrou pour ce deuxième tour ?
R.- Je suis obligé de répondre là, ou... ?
L. Mercadet : Ah, c'est mieux !
R.- C'est mieux, non.
B. Toussaint : Comment est-ce que vous l'interprétez alors ?
R.- Il l'a dit lui-même : pas de stratégie globale, chacun se débrouille et j'ai le sentiment, que chacun, localement a fait un peu en fonction de... Monsieur Bennahmias, qui vient de chez les Verts a plutôt passé accord avec la gauche à Marseille. D'autres gens du MoDem qui venaient probablement de courants plus modérés de l'UDF ont passé accord avec la droite, c'est un peu chacun sa vie quoi, voilà.
B. Toussaint : Donc ?
R.- Donc, rien. Je ne vois pas très bien ... Si, je vois bien la stratégie globale : en réalité, Monsieur Bayrou veut un corps d'élus pour les élections présidentielles. Et se soucie peut-être trop peu de la bonne gestion municipale. Ce qui compte quand même, me semble-t-il, là, c'est que dans les 36.000 communes de France, dans les Conseils généraux, nous ayons les meilleurs maires, les meilleurs présidents. Et la stratégie n'est pas de se créer un corps d'élus pour les présidentielles.
C. Roux : F. Bayrou à Pau a refusé le coup de main de l'UMP, l'accord global de l'UMP... Il a dit qu'il ne voulait pas être une carpette ou une lavette.
R.- Ça, c'est assez nouveau. Monsieur Bayrou, qui fut responsable de l'UDF, a passé des accords avec le RPR, a gouverné avec le RPR. Maintenant, si passer des accords avec des gens avec qui on peu gouverner, avec qui on peut gérer des villes... Lorsqu'il était président du Conseil général, il avait des vices présidents RPR et UMP, donc voilà. Je ne veux pas porter de jugement sur Monsieur Bayrou, je pense qu'il est dans une stratégie personnelle, très difficile, très compliquée et n'ayant finalement pas grand-chose à voir avec les municipales.
C. Roux : Mais il y a quand même, malgré tout un débat au sein de l'UMP sur F. Bayrou. On a vu A. Juppé qui a dit qu'il souhaitait la victoire de F. Bayrou à Pau. Pour d'autres, cela a été un petit peu plus violent, enfin la façon de s'exprimer à propos de F. Bayrou. On a eu Devedjian qui nous a dit : « Tuer Bayrou n'est pas le meilleur signal envoyé aux électeurs du MoDem » La question se pose de tuer Bayrou ?
R.- Non, non. D'abord parce que, franchement, je ne vois pas l'intérêt d'ailleurs. Non, sincèrement, moi je ne suis pas électeur à Pau, mais si j'étais électeur à Pau, je voterais Urieta, voilà. Le problème ne se pose pas. Nous soutenons Urieta qui est le maire sortant, qui est un très bon maire, c'est très bien. Socialiste, mais qui a fait une liste de rassemblement et c'est très bien, ça c'est le premier point. Deuxième point, nous nous adressons à tous les électeurs et nous disons aux électeurs du MoDem et nous disons aux responsables du MoDem : mais enfin, nous avons ensemble, du temps où vous vous appeliez UDF pour beaucoup d'entre vous, nous avons géré les villes, nous avons géré les départements. Nous nous sommes opposés aux hausses d'impôts de la gauche, nous avons fait un énorme travail ensemble et aujourd'hui, vous semblez errer de l'un à l'autre. Non, franchement, on peut travailler ensemble. Maintenant, c'est un appel au rassemblement de notre part, c'est une main tendue pour montrer que de notre côté, il n'y a pas d'intolérance, il y a au contraire une volonté de rassembler. Ceux qui refusent la main tendue, c'est leur problème, qu'ils s'enferment dans leur bastion et dans leur bastide.
C. Roux : Alors un mot sur les objectifs de l'UMP pour ce second tour. Est-ce que pour pouvoir dire "on n'a pas perdu ces élections", il faut conserver Marseille ?
R.- Marseille est un symbole pour nous, d'abord, parce qu'on aime tous J.- C. Gaudin, et ensuite parce que c'est quand même la deuxième ville de France par le nombre de ses habitants. Je crois que ce qui va compter pour nous, c'est, comme l'a dit d'ailleurs F. Hollande qui a dit ; c'est un succès pour le PS si le PS gagne plus de 30 villes de plus de 30.000 habitants par rapport à son score de 2001, bon, alors on va voir, où ils en sont. Pour le moment, qu'est-ce qu'on constate sur le premier tour ? Une parfaite résistance, pas de vote sanction, pas de poussée réelle à gauche, il faut attendre le deuxième tour, soyons prudents.
C. Roux : La victoire est possible, la victoire de l'UMP est possible, c'est ça que vous dites aujourd'hui ?
R.- Je ne parle pas de victoire, non, j'appelle au rassemblement et à la mobilisation. Rendez-vous compte, près de 35 % d'abstention sur l'ensemble du pays et dans les grandes agglomérations. L'Ile-de- France, la plus belle, la plus grande agglomération, 11 millions d'habitants... 44 % d'abstentions, près d'un électeur sur deux en Ile-de- France n'a pas voté. S'ils votent dimanche prochain, ils font la bascule. Ce n'est pas les sondages, ce n'est pas les commentaires qui comptent, c'est le vote des gens et si les gens se mobilisent dimanche prochain, eh bien il faut qu'ils se mobilisent pour choisir le meilleur maire, pour choisir le meilleur conseiller général. Pas pour se dire "on refait le match ou c'est la troisième mi-temps".
C. Roux : Mais justement, c'est curieux, parce qu'on entend tous les ténors de l'UMP depuis dimanche nous dire : au fond, on n'a pas perdu. Est-ce que c'est le meilleur moyen de mobiliser son camp ?
R.- Non ce n'est pas le sujet, c'est un constat. Si on avait dit : ah, qu'est-ce qui s'est passé, on s'est pris une gamelle, pourquoi, où, qu'est-ce qui s'est passé ? On a gagné, sur les villes de plus de 30.000, deux villes ; on en a perdu huit. Pour le moment, on a un solde négatif de six. Mais par rapport à 2001, on en avait gagné trente-cinq. Donc on [était] un peu riche de villes, si je puis dire. Non, on a constaté un rééquilibrage, le premier dimanche et on sait bien que les effets peuvent être démultipliés d'un côté ou de l'autre, le second dimanche. Parce que l'entre-deux tours est toujours très lourd de mobilisation, d'un côté ou de l'autre. Et nous appelons nos électeurs à dire, attention, vous n'êtes pas là pour faire exploser l'impôt avec la gauche. Vous n'êtes pas là pour que l'investissement disparaisse, vous n'êtes pas là pour que les villes soient mal gérées sous prétexte d'accords politiques bizarres, faites en sorte de choisir le meilleur !
C. Roux : Justement, on en a parlé il y a quelques minutes, la poussée de gauche au niveau local, les régionales, les cantonales si cela se confirme dimanche, est-ce que c'est une cohabitation permanente, comme l'a dit F. Hollande, qui est en train de se mettre en place ? Ne vous énervez pas...
R.- Cela n'existe pas ça, ça, cela n'existe pas, il n'y a pas de cohabitation entre les collectivités locales et l'Etat. On est en France, en République et nous sommes dans une République une et indivisible. Il n'y a pas d'un côté des fiefs avec des barons et d'un autre côté un suzerain, ça cela n'existe pas !
B. Toussaint : Mais la gauche est nettement majoritaire dans les régions, dans les départements et peut-être dans les villes ?
R.- Eh bien peut-être, mais on gère avec les pouvoirs de chacun au niveau de chacun. Il n'y a pas de contrepouvoir face à la République, il n'y a pas de contrepouvoir face au Gouvernement, il y a un Etat et un seul Etat en France. Et ça, autant, moi je suis, chacun le sait très attaché à la région Ile-de-France, autant ça m'exaspère quand j'entends dire : on va se battre, on va s'opposer au Gouvernement, on est en contre voix, ce n'est pas vrai et cela n'existe pas. C'est une négation de la République.
B. Toussaint : C'est vous qui le dites, quand vous parlez de hausses d'impôts locaux et de voilà... il y a des pouvoirs dans les collectivités locales alors ?
R.- Oui, dans la gestion locale... mais je ne veux pas que l'on parle de cohabitation. On parle de cohabitation si au niveau national, vous avez un Gouvernement de gauche, un Président de droite ou un Président de gauche, un Gouvernement de droite, ça c'est le niveau national et là c'est la République. Mais ce n'est pas la République quand des barons ou des fiefs se disent : je fais en sorte d'être un contrepouvoir, ça cela n'existe pas.
B. Toussaint : La question de Léon. L. Mercadet : On va reparler de pouvoir d'achat. On a vu ces derniers jours, dans le Sud de la France, une caissière de supermarché comparaître devant sa Direction pour avoir volé du jambon et du fromage râpé, pour avoir quelque chose à manger et nourrir son gosse. Alors qu'est-ce qu'on fait devant un cas comme ça : on vire cette caissière de supermarché, on la vire pour faire respecter la loi, sans état d'âme ou on augmente les bas salaires pour faire respecter, tout simplement, eh bien disons la dignité humaine ?
R.- Je ne connais pas le cas précis, dont je ne vais pas juger sur elle, mais de manière globale, d'une manière globale, on augmente et on trouve des solutions.
L. Mercadet : D'accord, donc, vous demandez à la Direction des supermarchés d'augmenter leur personnel ?
R.- Franchement, que chacun comprenne bien : que ce soit le Président N. Sarkozy, que ce soit ce Gouvernement, la droite a du coeur, même si la droite gagne sur la raison mais elle a du coeur.
B. Toussaint : Vous n'avez pas le monopole du coeur, Monsieur Mercadet. L. Mercadet : Non, c'est bien dit... B. Toussaint : Absolument, le J'aime, j'aime pas.
R.- Ah, il y a du monde que je n'aime pas, mais il y a du monde que j'aime aussi, on va voir...
C. Roux : J'aime, j'aime pas le job de secrétaire général de l'UMP ?
R.- La question ne se pose pas...
B. Toussaint : Mais si la question se pose partout dans la presse... Ah ! vous ne lisez pas la presse ?
R.- Mais si, je lis la presse, mais la question se pose s'il n'y avait pas de secrétaire général, il y a un très bon secrétaire général, qui s'appelle P. Devedjian, le job est occupé. C'est comme si vous disiez : j'aime, j'aime pas le secrétariat d'Etat. Je dirais mais c'est le mien... mais bon, vous êtes gentille.
C. Roux : Mais sinon, il vous intéressait ? Il ne vous appartient pas, vous savez ça ?
R.- Ça c'est vrai, mais c'est le Président qui décide, mais s'il veut bien me le laisser, un petit appel.
B. Toussaint : J'aime, j'aime pas un ministre maire d'une grande ville, est-ce qu'il peut y avoir cumul ?
R.- Le président de la République avait dit : on peut être candidat et maire et membre du Gouvernement. Donc a priori il n'y a pas de problème de principe. Maintenant, je pense que cela sera à l'adaptation de chacun, j'ai vu que R. Estrosi disait...
B. Toussaint : Voilà, il va renoncer au Gouvernement.
R.- Eh oui, parce que je reconnais que Nice est une très grosse ville, ce n'est pas juste à côté du Gouvernement.
B. Toussaint : C'est la cinquième ville de France !
R.- Donc c'est un peu compliqué, il a pris un engagement que je respecte, il n'y a pas de règle en la matière.
C. Roux : Et vous souhaitez qu'il y en ait une ou pas, c'est à l'appréciation de chacun ?
R.- Je pense que chacun voit bien, enfin, chacun comprend bien que maire de Nice, quand c'est votre premier mandat, en étant relativement loin de Paris, vous pouvez vous dire : "il faut que je m'y consacre pleinement". Si vous êtes maire d'une commune de 20.000 habitants ou de 30.000 habitants, même si cela demande, beaucoup, beaucoup de travail, mais, chacun voit, en fonction du boulot qui est nécessaire.
B. Toussaint : Il n'y a pas de règle, mais X. Darcos s'il est battu à Périgueux, cela ne pose pas de problème pour qu'il reste ministre de l'Education nationale ?
R.- Non, mais c'est un excellent ministre de l'Education, et qu'il soit ou non battu à Périgueux, il reste un excellent ministre de l'Education. Donc, est-ce qu'on va se dispenser au niveau national d'un homme de qualité ?
C. Roux : C'est ce qui s'est passé avec A. Juppé.
R.- Non, c'est A. Juppé qui a dit "moi, voilà", et puis qui, maintenant d'ailleurs vous le voyez bien, joue la carte locale. [Il] dit lui-même : j'ai été réélu à Bordeaux, mais je ne souhaite pas revenir au niveau national, c'est un choix personnel à un moment.
B. Toussaint : Alors je vous invite à regarder, vous, R. Karoutchi, vous Caroline et Léon, vous qui nous regardez, surtout je vous invite à regarder ce soir à 18H30 sur Canal+, le débat entre B. Delanoë et F. de Panafieu. Grand débat consacré à Paris.
R.- Enfin un débat.
B. Toussaint : Un débat entre les deux finalistes de cette municipale dans la capitale. Merci, à bientôt.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2008
R.- Non, mais il n'y a que le PS qui pouvait croire ça. Dès le début, le président de la République a dit : naturellement, quelle que soit l'issue des élections municipales ou cantonales, les réformes se poursuivront. Pourquoi les réformes ? Parce que, qui peut dire "non, on ne va pas moderniser l'économie, non, on ne va pas réformer le système des retraites pour l'équilibrer, non, on ne va pas modifier un certain nombre de choses ?". Les réformes de fond qui ont été votées par les Français en 2007, elles se feront. Pour autant, le président de la République a toujours dit : je suis naturellement, mais tout le temps, pas seulement pour un vote, je suis à l'écoute des Français.
C. Roux : Mais cela veut dire quoi, concrètement : "je tiendrai compte du scrutin" ? Comment cela peut se lire après le second tour. C'est quoi, changer des têtes, des hommes, des femmes, remaniement. C'est une inflexion de la politique, vous venez de nous dire que les grandes réformes seront maintenues, comment on va le voir ça ?
R.- Eh bien, probablement, par exemple, le président de la République se déplace beaucoup, rencontre beaucoup, écoute beaucoup. Donc, il semble bien, par exemple cette impatience sur le pouvoir d'achat, cela veut dire quoi ? Cela veut dire, moi je ne peux pas vous dire d'avance ce qui va se passer dans les semaines qui viennent. Mais cela veut dire que comme il est parfaitement conscient de cette impatience, eh bien, probablement, avec C. Lagarde, avec les ministres concernés, il va voir comment on fait pour essayer de faire en sorte que cette impatience soit satisfaite. Si vous voulez, le fond des choses est simple, le rythme des réformes est absolument nécessaire pour redresser le pays. Le président de la République a été élu pour ça. Pour autant, on peut dire qu'on écoute, qu'on avance, qu'il peut y avoir des inflexions bien sûr, sinon, sinon cela ne veut rien dire. Mais la politique c'est ça aussi, c'est du quotidien.
C. Roux : Vous dites qu'il y aura des inflexions et dans le même temps, on ne change rien. C'est ça qu'on n'arrive pas à comprendre.
R.- Je n'ai pas dit "on change rien", j'ai dit : le rythme des réformes, des réformes indispensables sur lesquelles on a voté en 2007, parce que tout le monde disait "ce pays est en déclin, il faut changer". Eh bien, il faut changer et pour autant, on peut changer en écoutant les gens.
C. Roux : Alors, justement sur le rythme des réformes, vous, vous êtes secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, est-ce que, quoi qu'il se passe dimanche, le rythme restera le même et le calendrier du Parlement, du travail des parlementaires restera le même ?
R.- Alors pour le moment, beaucoup de textes sont d'ores et déjà dans les tuyaux et vont être inscrits à la session de printemps du Parlement. Un grand texte sur la modernisation de l'économie, un texte sur les retraites, un texte issu des négociations sociales sur le contrat de travail, un texte de révision institutionnelle renforçant les pouvoirs du Parlement, il y a beaucoup de textes.
C. Roux : La priorité sera quoi ? Cela pourrait-il changer, en fonction du scrutin, ou pas ?
R.- Non, ce qu'on peut faire, toujours, il ne faut pas croire que le Parlement est statique. Le Parlement peut lui-même, les élus peuvent, par des propositions de loi demander des inflexions, des modifications et le Gouvernement a la capacité, naturellement de mettre en urgence des textes nouveaux. Nous avons un programme parlementaire qui est stabilisé jusqu'à l'été, mais pour autant, on peut, naturellement insérer de nouveaux textes si le Président de la République et le Gouvernement le souhaitent.
B. Toussaint : Alors, revenons aux municipales. On sait depuis hier soir que le MoDem a fait alliance avec l'UMP dans certaines villes, avec le PS dans d'autres villes, avec personne dans une troisième catégorie de villes. Est-ce que... Et avec le PC à Aubagne. B. Toussaint : Est-ce que vous avez compris la stratégie de F. Bayrou pour ce deuxième tour ?
R.- Je suis obligé de répondre là, ou... ?
L. Mercadet : Ah, c'est mieux !
R.- C'est mieux, non.
B. Toussaint : Comment est-ce que vous l'interprétez alors ?
R.- Il l'a dit lui-même : pas de stratégie globale, chacun se débrouille et j'ai le sentiment, que chacun, localement a fait un peu en fonction de... Monsieur Bennahmias, qui vient de chez les Verts a plutôt passé accord avec la gauche à Marseille. D'autres gens du MoDem qui venaient probablement de courants plus modérés de l'UDF ont passé accord avec la droite, c'est un peu chacun sa vie quoi, voilà.
B. Toussaint : Donc ?
R.- Donc, rien. Je ne vois pas très bien ... Si, je vois bien la stratégie globale : en réalité, Monsieur Bayrou veut un corps d'élus pour les élections présidentielles. Et se soucie peut-être trop peu de la bonne gestion municipale. Ce qui compte quand même, me semble-t-il, là, c'est que dans les 36.000 communes de France, dans les Conseils généraux, nous ayons les meilleurs maires, les meilleurs présidents. Et la stratégie n'est pas de se créer un corps d'élus pour les présidentielles.
C. Roux : F. Bayrou à Pau a refusé le coup de main de l'UMP, l'accord global de l'UMP... Il a dit qu'il ne voulait pas être une carpette ou une lavette.
R.- Ça, c'est assez nouveau. Monsieur Bayrou, qui fut responsable de l'UDF, a passé des accords avec le RPR, a gouverné avec le RPR. Maintenant, si passer des accords avec des gens avec qui on peu gouverner, avec qui on peut gérer des villes... Lorsqu'il était président du Conseil général, il avait des vices présidents RPR et UMP, donc voilà. Je ne veux pas porter de jugement sur Monsieur Bayrou, je pense qu'il est dans une stratégie personnelle, très difficile, très compliquée et n'ayant finalement pas grand-chose à voir avec les municipales.
C. Roux : Mais il y a quand même, malgré tout un débat au sein de l'UMP sur F. Bayrou. On a vu A. Juppé qui a dit qu'il souhaitait la victoire de F. Bayrou à Pau. Pour d'autres, cela a été un petit peu plus violent, enfin la façon de s'exprimer à propos de F. Bayrou. On a eu Devedjian qui nous a dit : « Tuer Bayrou n'est pas le meilleur signal envoyé aux électeurs du MoDem » La question se pose de tuer Bayrou ?
R.- Non, non. D'abord parce que, franchement, je ne vois pas l'intérêt d'ailleurs. Non, sincèrement, moi je ne suis pas électeur à Pau, mais si j'étais électeur à Pau, je voterais Urieta, voilà. Le problème ne se pose pas. Nous soutenons Urieta qui est le maire sortant, qui est un très bon maire, c'est très bien. Socialiste, mais qui a fait une liste de rassemblement et c'est très bien, ça c'est le premier point. Deuxième point, nous nous adressons à tous les électeurs et nous disons aux électeurs du MoDem et nous disons aux responsables du MoDem : mais enfin, nous avons ensemble, du temps où vous vous appeliez UDF pour beaucoup d'entre vous, nous avons géré les villes, nous avons géré les départements. Nous nous sommes opposés aux hausses d'impôts de la gauche, nous avons fait un énorme travail ensemble et aujourd'hui, vous semblez errer de l'un à l'autre. Non, franchement, on peut travailler ensemble. Maintenant, c'est un appel au rassemblement de notre part, c'est une main tendue pour montrer que de notre côté, il n'y a pas d'intolérance, il y a au contraire une volonté de rassembler. Ceux qui refusent la main tendue, c'est leur problème, qu'ils s'enferment dans leur bastion et dans leur bastide.
C. Roux : Alors un mot sur les objectifs de l'UMP pour ce second tour. Est-ce que pour pouvoir dire "on n'a pas perdu ces élections", il faut conserver Marseille ?
R.- Marseille est un symbole pour nous, d'abord, parce qu'on aime tous J.- C. Gaudin, et ensuite parce que c'est quand même la deuxième ville de France par le nombre de ses habitants. Je crois que ce qui va compter pour nous, c'est, comme l'a dit d'ailleurs F. Hollande qui a dit ; c'est un succès pour le PS si le PS gagne plus de 30 villes de plus de 30.000 habitants par rapport à son score de 2001, bon, alors on va voir, où ils en sont. Pour le moment, qu'est-ce qu'on constate sur le premier tour ? Une parfaite résistance, pas de vote sanction, pas de poussée réelle à gauche, il faut attendre le deuxième tour, soyons prudents.
C. Roux : La victoire est possible, la victoire de l'UMP est possible, c'est ça que vous dites aujourd'hui ?
R.- Je ne parle pas de victoire, non, j'appelle au rassemblement et à la mobilisation. Rendez-vous compte, près de 35 % d'abstention sur l'ensemble du pays et dans les grandes agglomérations. L'Ile-de- France, la plus belle, la plus grande agglomération, 11 millions d'habitants... 44 % d'abstentions, près d'un électeur sur deux en Ile-de- France n'a pas voté. S'ils votent dimanche prochain, ils font la bascule. Ce n'est pas les sondages, ce n'est pas les commentaires qui comptent, c'est le vote des gens et si les gens se mobilisent dimanche prochain, eh bien il faut qu'ils se mobilisent pour choisir le meilleur maire, pour choisir le meilleur conseiller général. Pas pour se dire "on refait le match ou c'est la troisième mi-temps".
C. Roux : Mais justement, c'est curieux, parce qu'on entend tous les ténors de l'UMP depuis dimanche nous dire : au fond, on n'a pas perdu. Est-ce que c'est le meilleur moyen de mobiliser son camp ?
R.- Non ce n'est pas le sujet, c'est un constat. Si on avait dit : ah, qu'est-ce qui s'est passé, on s'est pris une gamelle, pourquoi, où, qu'est-ce qui s'est passé ? On a gagné, sur les villes de plus de 30.000, deux villes ; on en a perdu huit. Pour le moment, on a un solde négatif de six. Mais par rapport à 2001, on en avait gagné trente-cinq. Donc on [était] un peu riche de villes, si je puis dire. Non, on a constaté un rééquilibrage, le premier dimanche et on sait bien que les effets peuvent être démultipliés d'un côté ou de l'autre, le second dimanche. Parce que l'entre-deux tours est toujours très lourd de mobilisation, d'un côté ou de l'autre. Et nous appelons nos électeurs à dire, attention, vous n'êtes pas là pour faire exploser l'impôt avec la gauche. Vous n'êtes pas là pour que l'investissement disparaisse, vous n'êtes pas là pour que les villes soient mal gérées sous prétexte d'accords politiques bizarres, faites en sorte de choisir le meilleur !
C. Roux : Justement, on en a parlé il y a quelques minutes, la poussée de gauche au niveau local, les régionales, les cantonales si cela se confirme dimanche, est-ce que c'est une cohabitation permanente, comme l'a dit F. Hollande, qui est en train de se mettre en place ? Ne vous énervez pas...
R.- Cela n'existe pas ça, ça, cela n'existe pas, il n'y a pas de cohabitation entre les collectivités locales et l'Etat. On est en France, en République et nous sommes dans une République une et indivisible. Il n'y a pas d'un côté des fiefs avec des barons et d'un autre côté un suzerain, ça cela n'existe pas !
B. Toussaint : Mais la gauche est nettement majoritaire dans les régions, dans les départements et peut-être dans les villes ?
R.- Eh bien peut-être, mais on gère avec les pouvoirs de chacun au niveau de chacun. Il n'y a pas de contrepouvoir face à la République, il n'y a pas de contrepouvoir face au Gouvernement, il y a un Etat et un seul Etat en France. Et ça, autant, moi je suis, chacun le sait très attaché à la région Ile-de-France, autant ça m'exaspère quand j'entends dire : on va se battre, on va s'opposer au Gouvernement, on est en contre voix, ce n'est pas vrai et cela n'existe pas. C'est une négation de la République.
B. Toussaint : C'est vous qui le dites, quand vous parlez de hausses d'impôts locaux et de voilà... il y a des pouvoirs dans les collectivités locales alors ?
R.- Oui, dans la gestion locale... mais je ne veux pas que l'on parle de cohabitation. On parle de cohabitation si au niveau national, vous avez un Gouvernement de gauche, un Président de droite ou un Président de gauche, un Gouvernement de droite, ça c'est le niveau national et là c'est la République. Mais ce n'est pas la République quand des barons ou des fiefs se disent : je fais en sorte d'être un contrepouvoir, ça cela n'existe pas.
B. Toussaint : La question de Léon. L. Mercadet : On va reparler de pouvoir d'achat. On a vu ces derniers jours, dans le Sud de la France, une caissière de supermarché comparaître devant sa Direction pour avoir volé du jambon et du fromage râpé, pour avoir quelque chose à manger et nourrir son gosse. Alors qu'est-ce qu'on fait devant un cas comme ça : on vire cette caissière de supermarché, on la vire pour faire respecter la loi, sans état d'âme ou on augmente les bas salaires pour faire respecter, tout simplement, eh bien disons la dignité humaine ?
R.- Je ne connais pas le cas précis, dont je ne vais pas juger sur elle, mais de manière globale, d'une manière globale, on augmente et on trouve des solutions.
L. Mercadet : D'accord, donc, vous demandez à la Direction des supermarchés d'augmenter leur personnel ?
R.- Franchement, que chacun comprenne bien : que ce soit le Président N. Sarkozy, que ce soit ce Gouvernement, la droite a du coeur, même si la droite gagne sur la raison mais elle a du coeur.
B. Toussaint : Vous n'avez pas le monopole du coeur, Monsieur Mercadet. L. Mercadet : Non, c'est bien dit... B. Toussaint : Absolument, le J'aime, j'aime pas.
R.- Ah, il y a du monde que je n'aime pas, mais il y a du monde que j'aime aussi, on va voir...
C. Roux : J'aime, j'aime pas le job de secrétaire général de l'UMP ?
R.- La question ne se pose pas...
B. Toussaint : Mais si la question se pose partout dans la presse... Ah ! vous ne lisez pas la presse ?
R.- Mais si, je lis la presse, mais la question se pose s'il n'y avait pas de secrétaire général, il y a un très bon secrétaire général, qui s'appelle P. Devedjian, le job est occupé. C'est comme si vous disiez : j'aime, j'aime pas le secrétariat d'Etat. Je dirais mais c'est le mien... mais bon, vous êtes gentille.
C. Roux : Mais sinon, il vous intéressait ? Il ne vous appartient pas, vous savez ça ?
R.- Ça c'est vrai, mais c'est le Président qui décide, mais s'il veut bien me le laisser, un petit appel.
B. Toussaint : J'aime, j'aime pas un ministre maire d'une grande ville, est-ce qu'il peut y avoir cumul ?
R.- Le président de la République avait dit : on peut être candidat et maire et membre du Gouvernement. Donc a priori il n'y a pas de problème de principe. Maintenant, je pense que cela sera à l'adaptation de chacun, j'ai vu que R. Estrosi disait...
B. Toussaint : Voilà, il va renoncer au Gouvernement.
R.- Eh oui, parce que je reconnais que Nice est une très grosse ville, ce n'est pas juste à côté du Gouvernement.
B. Toussaint : C'est la cinquième ville de France !
R.- Donc c'est un peu compliqué, il a pris un engagement que je respecte, il n'y a pas de règle en la matière.
C. Roux : Et vous souhaitez qu'il y en ait une ou pas, c'est à l'appréciation de chacun ?
R.- Je pense que chacun voit bien, enfin, chacun comprend bien que maire de Nice, quand c'est votre premier mandat, en étant relativement loin de Paris, vous pouvez vous dire : "il faut que je m'y consacre pleinement". Si vous êtes maire d'une commune de 20.000 habitants ou de 30.000 habitants, même si cela demande, beaucoup, beaucoup de travail, mais, chacun voit, en fonction du boulot qui est nécessaire.
B. Toussaint : Il n'y a pas de règle, mais X. Darcos s'il est battu à Périgueux, cela ne pose pas de problème pour qu'il reste ministre de l'Education nationale ?
R.- Non, mais c'est un excellent ministre de l'Education, et qu'il soit ou non battu à Périgueux, il reste un excellent ministre de l'Education. Donc, est-ce qu'on va se dispenser au niveau national d'un homme de qualité ?
C. Roux : C'est ce qui s'est passé avec A. Juppé.
R.- Non, c'est A. Juppé qui a dit "moi, voilà", et puis qui, maintenant d'ailleurs vous le voyez bien, joue la carte locale. [Il] dit lui-même : j'ai été réélu à Bordeaux, mais je ne souhaite pas revenir au niveau national, c'est un choix personnel à un moment.
B. Toussaint : Alors je vous invite à regarder, vous, R. Karoutchi, vous Caroline et Léon, vous qui nous regardez, surtout je vous invite à regarder ce soir à 18H30 sur Canal+, le débat entre B. Delanoë et F. de Panafieu. Grand débat consacré à Paris.
R.- Enfin un débat.
B. Toussaint : Un débat entre les deux finalistes de cette municipale dans la capitale. Merci, à bientôt.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2008