Texte intégral
T. Steiner.- On aura tout entendu, à droite comme à gauche, depuis quelques jours sur ce scrutin local d'enjeu national. Hier, l'UMP P. Devedjian, qui était à votre place l'invité du 7/10, a tenté une synthèse en direct en disant que les municipales étaient deux tiers locales, un tiers nationales. Est-ce que c'est un dosage qui vous convient ?
R.- Ce n'est pas ce que je ressens du tout. Ce que je ressens, au contraire des affirmations du Parti socialiste et de l'UMP, c'est que ce sont des enjeux locaux. Les électeurs vont choisir un maire pour leur ville, une équipe pour l'entourer, un projet pour son avenir. Et je vous assure, à Pau, je n'exagère rien de ce que je vais vous dire, c'est la réalité la plus stricte...
Q.- Quand c'est F. Bayrou, président du MoDem, ancien candidat à la présidentielle qui fait campagne à Pau, vous pensez que c'est 100 % local ?
R.- Eh bien c'est exactement ce que les électeurs ressentent. J'ai dû rencontrer, en réunions publiques, privées, je ne sais pas, 3 ou 4 000 personnes ces dernières semaines. Je n'ai pas eu une seule question nationale. Non pas qu'ils n'aient pas un avis sur ce qui se passe nationalement. Chacun d'entre eux a son jugement et il est assez souvent inquiet ou sévère. Mais le choix, les questions qu'ils se posent, les interrogations qui sont devant eux, ce sont des questions qui touchent à l'avenir de leur ville. Et c'est une bonne nouvelle. C'est une bonne nouvelle parce que ça veut dire que la démocratie locale s'invente ou se réinvente. Que tous les scrutins ne sont pas décalquables les uns sur les autres. Alors naturellement il y aura des commentaires, naturellement on notera un peu plus, un peu moins, ceux qui vont progresser ou l'emporter. Mais l'enjeu de ce scrutin pour les six années qui viennent, c'est de trouver le meilleur porte-parole, porte-drapeau, projet pour une ville.
Q.- Vous ne jouez donc pas votre avenir politique sur cette élection ?
R.- Non, je ne... enfin, chaque fois qu'il y a une élection, on joue une partie de son avenir, bien sûr. Et chaque fois, on est devant la question que l'on préfère gagner que perdre. Naturellement, je préfère gagner que perdre, mais ça n'est pas la question principale. La question principale, c'est : dans une ville comme Pau, qui a des difficulté et rencontre des problèmes, comment faire pour que ça aille mieux pour l'avenir et quelle est la meilleure manière de la défendre et de la promouvoir.
Q.- Précision réglementaire, puisque vous êtes candidat, et pas tout à fait superflue, d'ailleurs, F. Bayrou : sur les autres listes dans la course municipale à Pau, le maire sortant socialiste Y. Urieta, lâché par son parti, soutenu par l'UMP ; M. Ligner-Cassou, tête de la liste de l'union de la gauche "Cap et Coeur" ; à gauche de la gauche, le candidat É. Chatz conduit la liste "Vraiment à gauche", soutenue par la LCR ; et donc vous-même, F. Bayrou, vous faites aussi dans l'ouverture puisque vous revendiquez parmi les 48 colistiers un tiers de gens issus de gauche, un tiers du centre et un tiers de droite.
R.- Et il y a même des écologistes qui sont très reconnus et très à leur place.
Q.- Et si on en croit les derniers sondages, c'est loin d'être gagné pour vous.
R.- C'est une élection serrée et c'est bien comme ça. Parce que c'est une ville qui naturellement veut avoir jusqu'au bout la maîtrise de son avenir et elle a bien raison.
Q.- On verra bien. En tout cas la mairie de Paul est la seule que le MoDem puisse peindre en orange...
R.- Ah monsieur, ça vous n'en savez absolument rien. Excusez-moi de vous dire qu'il y a un grand nombre d'autres villes, et de villes importantes, dans lesquelles une proposition nouvelle apparaît et quel que soit le niveau de score qu'on puisse atteindre, cela est une bonne nouvelle aussi parce que ça donne aux électeurs un choix nouveau. À Paris, avec M. de Sarnez, et puis dans beaucoup d'autres villes, à Metz, à Aix-en-Provence, à Blois, dans beaucoup d'autres villes de France, dans l'ouest, il y a presque partout des listes nouvelles, avec des personnalités nouvelles, et c'est un choix que les gens vont pouvoir prendre et dont ils vont pouvoir se saisir.
Q.- Vous parliez de M. de Sarnez, à Paris justement ; vous avez annoncé qu'on saurait avant le premier tour où M. de Sarnez veut aller. Le premier tour c'est après-demain.
R.- Eh bien elle a dit de la manière la plus claire qu'elle avait une différence très importante avec ses deux concurrents, B. Delanoë d'un côté et F. de Panafieu de l'autre, c'est que chacun des deux revendiquait de gouverner seul et que elle au contraire défendait l'idée qu'à Paris, dans une grande ville comme ça, il fallait un partenariat qui puisse ouvrir au pluralisme...
Q.- Ça nous dit où elle compte aller, ça ?
R.- Ça vous dit clairement où elle veut aller. Ça ne vous dit pas avec qui ce partenariat va être ouvert, parce que comme vous voyez bien, chacun se garde de donner la moindre indication sur ce point. Ce que M. de Sarnez dit, c'est qu'il n'est pas sain pour une ville comme Paris, qui est une grande ville avec des courants d'opinion très importants, que les uns aient tous les pouvoirs et les autres aucun. Il n'est pas sain que ce soit un seul côté, un seul bord, minoritaire en fait, qui rassemble entre ses mains tous les leviers de commande de la ville. Ce qui est sain, c'est qu'on ait la représentation de courants politiques complémentaires qui permettent à la ville de trouver une partie de sa réalité et de sa diversité et de son pluralisme à l'Hôtel de Ville. Il faut que chacun soit représenté dans la gestion de l'avenir de Paris. Et cette proposition qui dit : nous, nous sommes ouverts à l'idée du pluralisme et du partenariat, vous remarquerez que c'est la première fois depuis des décennies qu'elle est faite dans des élections municipales et dans une ville aussi importante que la capitale de la France.
Q.- En tout cas votre ancien ami J.-M. Cavada, aujourd'hui tête de liste UMP dans le 12e arrondissement à Paris, accuse lui le MoDem de virer à gauche. Pour lui, il n'y a pas de doute ?
C'est pathétique.
Q.- S'il y a un accord entre le MoDem à Paris, c'est le nom de P. Meyer, candidat MoDem à la mairie du 5ème qui sera au coeur des discussions ?
R.- D'abord, P. Meyer est quelqu'un de très bien, vous le savez, reconnu. C'est un écrivain, un homme de culture...
Q.- Et de radio.
R.- Et de radio, et il porte un projet original. Mais nous ne sommes pas dans une démarche de marchandage et je n'ai pas envie d'y entrer. Nous sommes dans la proposition, qui est un proposition un peu bouleversante, qui consiste à prendre les futures majorités municipales, non pas comme la victoire des uns qui captent tout ce qui est possible comme pouvoir et l'exclusion des autres qui n'existent plus pendant six ans, mais au contraire la volonté de faire que les équipes soient désormais des équipes ouvertes. Et je suis sûr que c'est une proposition politique juste pour l'avenir des villes.
Q.- De fait ici et là, le MoDem a fait des choix d'alliances à géométrie variable ; ici avec des candidats de droite, là avec des candidats socialistes. L'électeur MoDem va avoir du mal à s'y retrouver dimanche. D'abord existe-t-il, l'électeur MoDem ?
R.- Vous êtes formidable ! Peut-être vous avez vu un sondage qui simulait une élection présidentielle dans le dernier numéro de Marianne...
Q.- S. Royal l'aurait emportée avec 51 %.
R.- Et qui indiquait qu'au premier tour, les rapports de force avaient bougé fort peu, sauf pour nous, pour la candidature que je proposais aux Français et qui était en hausse à près de 20 %. C'est donc dire que ce courant politique existe. Alors naturellement les lois électorales ne sont pas faciles pour lui, naturellement il a du mal dans le monde bipolarisé, si on s'arrête au monde bipolarisé. Mais parmi les électeurs qui vous écoutent, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas envie d'être enfermés dans le choix PS-UMP. Parce qu'il se trouve qu'ils ont vu que l'UMP leur faisait des promesses et qu'elles n'étaient pas respectées et ils pensent, à juste titre, qu'on ne peut pas dire que le Parti socialiste ait renouvelé sa pensée et offert une vision de l'avenir. Ces électeurs-là ont donc besoin qu'on leur propose une démarche politique qui soit un projet de société, une pensée différente. C'est ce que nous faisons et ce que nous allons faire, c'est un enrichissement de la démocratie française, et je vous le dis...
Q.- C'est drôle ! Quand même, je vous parle d'alliance aux municipales, et vous me parlez de sondage sur la présidentielle.
R.- C'est drôle parce que vous ne vous êtes pas écouté vous-même. Vous me dites : est-ce que l'électeur MoDem existe ? Et moi je vous réponds, excusez-moi de vous le dire, cet électorat-là, qui est un électorat nouveau en effet, il pèse près de 20 % des voix lorsqu'on cherche son existence. Je ne vous dis pas qu'on va faire 20, 30 ou 40 % dans toutes les villes, je vous dis que cette attente nouvelle existe, elle a trouvé un support, elle trouve une réponse, elle va s'imposer dans la vie politique française.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008
R.- Ce n'est pas ce que je ressens du tout. Ce que je ressens, au contraire des affirmations du Parti socialiste et de l'UMP, c'est que ce sont des enjeux locaux. Les électeurs vont choisir un maire pour leur ville, une équipe pour l'entourer, un projet pour son avenir. Et je vous assure, à Pau, je n'exagère rien de ce que je vais vous dire, c'est la réalité la plus stricte...
Q.- Quand c'est F. Bayrou, président du MoDem, ancien candidat à la présidentielle qui fait campagne à Pau, vous pensez que c'est 100 % local ?
R.- Eh bien c'est exactement ce que les électeurs ressentent. J'ai dû rencontrer, en réunions publiques, privées, je ne sais pas, 3 ou 4 000 personnes ces dernières semaines. Je n'ai pas eu une seule question nationale. Non pas qu'ils n'aient pas un avis sur ce qui se passe nationalement. Chacun d'entre eux a son jugement et il est assez souvent inquiet ou sévère. Mais le choix, les questions qu'ils se posent, les interrogations qui sont devant eux, ce sont des questions qui touchent à l'avenir de leur ville. Et c'est une bonne nouvelle. C'est une bonne nouvelle parce que ça veut dire que la démocratie locale s'invente ou se réinvente. Que tous les scrutins ne sont pas décalquables les uns sur les autres. Alors naturellement il y aura des commentaires, naturellement on notera un peu plus, un peu moins, ceux qui vont progresser ou l'emporter. Mais l'enjeu de ce scrutin pour les six années qui viennent, c'est de trouver le meilleur porte-parole, porte-drapeau, projet pour une ville.
Q.- Vous ne jouez donc pas votre avenir politique sur cette élection ?
R.- Non, je ne... enfin, chaque fois qu'il y a une élection, on joue une partie de son avenir, bien sûr. Et chaque fois, on est devant la question que l'on préfère gagner que perdre. Naturellement, je préfère gagner que perdre, mais ça n'est pas la question principale. La question principale, c'est : dans une ville comme Pau, qui a des difficulté et rencontre des problèmes, comment faire pour que ça aille mieux pour l'avenir et quelle est la meilleure manière de la défendre et de la promouvoir.
Q.- Précision réglementaire, puisque vous êtes candidat, et pas tout à fait superflue, d'ailleurs, F. Bayrou : sur les autres listes dans la course municipale à Pau, le maire sortant socialiste Y. Urieta, lâché par son parti, soutenu par l'UMP ; M. Ligner-Cassou, tête de la liste de l'union de la gauche "Cap et Coeur" ; à gauche de la gauche, le candidat É. Chatz conduit la liste "Vraiment à gauche", soutenue par la LCR ; et donc vous-même, F. Bayrou, vous faites aussi dans l'ouverture puisque vous revendiquez parmi les 48 colistiers un tiers de gens issus de gauche, un tiers du centre et un tiers de droite.
R.- Et il y a même des écologistes qui sont très reconnus et très à leur place.
Q.- Et si on en croit les derniers sondages, c'est loin d'être gagné pour vous.
R.- C'est une élection serrée et c'est bien comme ça. Parce que c'est une ville qui naturellement veut avoir jusqu'au bout la maîtrise de son avenir et elle a bien raison.
Q.- On verra bien. En tout cas la mairie de Paul est la seule que le MoDem puisse peindre en orange...
R.- Ah monsieur, ça vous n'en savez absolument rien. Excusez-moi de vous dire qu'il y a un grand nombre d'autres villes, et de villes importantes, dans lesquelles une proposition nouvelle apparaît et quel que soit le niveau de score qu'on puisse atteindre, cela est une bonne nouvelle aussi parce que ça donne aux électeurs un choix nouveau. À Paris, avec M. de Sarnez, et puis dans beaucoup d'autres villes, à Metz, à Aix-en-Provence, à Blois, dans beaucoup d'autres villes de France, dans l'ouest, il y a presque partout des listes nouvelles, avec des personnalités nouvelles, et c'est un choix que les gens vont pouvoir prendre et dont ils vont pouvoir se saisir.
Q.- Vous parliez de M. de Sarnez, à Paris justement ; vous avez annoncé qu'on saurait avant le premier tour où M. de Sarnez veut aller. Le premier tour c'est après-demain.
R.- Eh bien elle a dit de la manière la plus claire qu'elle avait une différence très importante avec ses deux concurrents, B. Delanoë d'un côté et F. de Panafieu de l'autre, c'est que chacun des deux revendiquait de gouverner seul et que elle au contraire défendait l'idée qu'à Paris, dans une grande ville comme ça, il fallait un partenariat qui puisse ouvrir au pluralisme...
Q.- Ça nous dit où elle compte aller, ça ?
R.- Ça vous dit clairement où elle veut aller. Ça ne vous dit pas avec qui ce partenariat va être ouvert, parce que comme vous voyez bien, chacun se garde de donner la moindre indication sur ce point. Ce que M. de Sarnez dit, c'est qu'il n'est pas sain pour une ville comme Paris, qui est une grande ville avec des courants d'opinion très importants, que les uns aient tous les pouvoirs et les autres aucun. Il n'est pas sain que ce soit un seul côté, un seul bord, minoritaire en fait, qui rassemble entre ses mains tous les leviers de commande de la ville. Ce qui est sain, c'est qu'on ait la représentation de courants politiques complémentaires qui permettent à la ville de trouver une partie de sa réalité et de sa diversité et de son pluralisme à l'Hôtel de Ville. Il faut que chacun soit représenté dans la gestion de l'avenir de Paris. Et cette proposition qui dit : nous, nous sommes ouverts à l'idée du pluralisme et du partenariat, vous remarquerez que c'est la première fois depuis des décennies qu'elle est faite dans des élections municipales et dans une ville aussi importante que la capitale de la France.
Q.- En tout cas votre ancien ami J.-M. Cavada, aujourd'hui tête de liste UMP dans le 12e arrondissement à Paris, accuse lui le MoDem de virer à gauche. Pour lui, il n'y a pas de doute ?
C'est pathétique.
Q.- S'il y a un accord entre le MoDem à Paris, c'est le nom de P. Meyer, candidat MoDem à la mairie du 5ème qui sera au coeur des discussions ?
R.- D'abord, P. Meyer est quelqu'un de très bien, vous le savez, reconnu. C'est un écrivain, un homme de culture...
Q.- Et de radio.
R.- Et de radio, et il porte un projet original. Mais nous ne sommes pas dans une démarche de marchandage et je n'ai pas envie d'y entrer. Nous sommes dans la proposition, qui est un proposition un peu bouleversante, qui consiste à prendre les futures majorités municipales, non pas comme la victoire des uns qui captent tout ce qui est possible comme pouvoir et l'exclusion des autres qui n'existent plus pendant six ans, mais au contraire la volonté de faire que les équipes soient désormais des équipes ouvertes. Et je suis sûr que c'est une proposition politique juste pour l'avenir des villes.
Q.- De fait ici et là, le MoDem a fait des choix d'alliances à géométrie variable ; ici avec des candidats de droite, là avec des candidats socialistes. L'électeur MoDem va avoir du mal à s'y retrouver dimanche. D'abord existe-t-il, l'électeur MoDem ?
R.- Vous êtes formidable ! Peut-être vous avez vu un sondage qui simulait une élection présidentielle dans le dernier numéro de Marianne...
Q.- S. Royal l'aurait emportée avec 51 %.
R.- Et qui indiquait qu'au premier tour, les rapports de force avaient bougé fort peu, sauf pour nous, pour la candidature que je proposais aux Français et qui était en hausse à près de 20 %. C'est donc dire que ce courant politique existe. Alors naturellement les lois électorales ne sont pas faciles pour lui, naturellement il a du mal dans le monde bipolarisé, si on s'arrête au monde bipolarisé. Mais parmi les électeurs qui vous écoutent, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas envie d'être enfermés dans le choix PS-UMP. Parce qu'il se trouve qu'ils ont vu que l'UMP leur faisait des promesses et qu'elles n'étaient pas respectées et ils pensent, à juste titre, qu'on ne peut pas dire que le Parti socialiste ait renouvelé sa pensée et offert une vision de l'avenir. Ces électeurs-là ont donc besoin qu'on leur propose une démarche politique qui soit un projet de société, une pensée différente. C'est ce que nous faisons et ce que nous allons faire, c'est un enrichissement de la démocratie française, et je vous le dis...
Q.- C'est drôle ! Quand même, je vous parle d'alliance aux municipales, et vous me parlez de sondage sur la présidentielle.
R.- C'est drôle parce que vous ne vous êtes pas écouté vous-même. Vous me dites : est-ce que l'électeur MoDem existe ? Et moi je vous réponds, excusez-moi de vous le dire, cet électorat-là, qui est un électorat nouveau en effet, il pèse près de 20 % des voix lorsqu'on cherche son existence. Je ne vous dis pas qu'on va faire 20, 30 ou 40 % dans toutes les villes, je vous dis que cette attente nouvelle existe, elle a trouvé un support, elle trouve une réponse, elle va s'imposer dans la vie politique française.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008