Texte intégral
N. Iannetta et L. Bazin N. Iannetta : L. Wauquiez, élu du Puy-en-Velay mais porte-parole du Gouvernement aussi, est notre invité politique ce matin, bonjour !
R.- Bonjour !
N. Iannetta : Hier, N. Sarkozy a, paraît-il, poussé un coup de gueule au Conseil des ministres, ou en tout cas une sévère remise en ordre : arrêtons de parler du MoDem, pas de négociation locale, ni nationale. Est-ce que N. Sarkozy, contrairement aux autres, veut la peau de F. Bayrou ?
R.- Non, je ne pense pas.
N. Iannetta : Vous êtes sûr qu'il ne veut vraiment pas la peau de F. Bayrou ?
R.- Non, mais je pense que par contre, il y a une vraie question, qui est une question politique, qui est posée au MoDem et surtout à F. Bayrou, c'est : est-ce qu'en politique, la godille est un style politique ? C'est-à-dire, est-ce que pour F. Bayrou, on est crédible à dire : un coup, je vais aller par opportunisme pêcher des voix, là, un coup, je vais aller pêcher des voix là.
L. Bazin : Mais il n'a rien dit F. Bayrou, ce sont ses listes, si j'ose dire, dans des situations locales qui se déterminent, non ?
R.- Oui, mais la question c'est quand même celle de F. Bayrou, c'est son parti. Un parti cela a une ligne politique.
L. Bazin : C'est de son parti ou c'est de l'homme, la question ? Le Premier ministre avait l'air de dire ce matin sur les antennes de RTL, et on l'entendra tout à l'heure dans le Zapping : c'est l'homme qui pose problème. L'homme est un peu court, parce que sa seule ambition c'est d'être président de la République.
R.- C'est exactement... ce n'est pas ça, c'est juste que quand je dis "son parti", le problème c'est la ligne politique qui est choisie par F. Bayrou. Après, que localement il y ait des élus qui à Marseille, ou à Colombes, en fonction des différents endroits où ils sont, aient des préférences pour un projet, je trouve ça parfaitement légitime. Mais la seule vraie question qui est posée, c'est celle de F. Bayrou, homme politique national : où va-t-il et quelle est sa colonne vertébrale ? Et on ne peut pas s'empêcher de s'interroger, c'est-à-dire qu'à chaque élection, finalement il n'y a aucun élément qui n'est apporté sur "quelle est la colonne vertébrale des idées de F. Bayrou" ?
N. Iannetta : Mais alors, pourquoi P. Devedjian et F. Fillon lui-même, le lendemain du premier tour, ont demandé et tendu clairement la main au MoDem et à F. Bayrou et à son parti ?
R.- Eh bien, parce qu'ils lui ont proposé tout simplement de faire un choix et de faire un choix qui puisse permettre de faire un choix clair. Après, il n'a pas voulu, c'est-à-dire qu'il a voulu rester dans cette ambiguïté qui est un côté, un peu "un coup je vais là, un coup je vais là", etc. Mais comme je l'ai dit, je ne pense pas que la godille soit un style durable en politique.
L. Bazin : Mais vous confirmez quand même la colère du Président hier matin au Conseil des ministres, L. Wauquiez : « Cela suffit, arrêtez de parler de F. Bayrou, moins on en parle, mieux on se porte », il aurait même dit. Vous allez me dire si c'est vrai : « c'est un sparadrap, si on se le colle, on n'arrivera plus à s'en dépêtrer »
R.- Allusion au capitaine Haddock.
L. Bazin : Vrai ou faux ?
R.- Non, il n'était pas du tout dans une ambiance de colère et ce n'est pas un scoop, cela a toujours été la ligne de N. Sarkozy, qui est de dire : voilà, parlons de nos projets, parlons de ce que l'on veut faire avancer et ne rentrons pas dans les « combinazzione » politiques.
N. Iannetta : Parlons de la faible participation, parce que, pas de participation ça veut dire pas de sanction. Est-ce que franchement cet argument-là tient ?
R.- Non, d'abord la première chose, c'est que faible participation ce n'est pas bon pour la démocratie et ça, je crois qu'il faut toujours se le rappeler. Et s'il y avait un message à faire passer sur cette dernière semaine, je pense et notamment aussi aux électeurs de notre famille politique, c'est : allez voter ! Allez voter, parce que, ce que vous choisissez, c'est quand même la personne qui va gérer votre vie quotidienne pendant six ans. Et qu'il ne faudrait pas que l'abstention d'une semaine se paie par une potion amère pendant six ans. Donc ça, je crois que c'est quand même la chose principale qu'il faut retenir. Après, bon, un des débats qui a eu lieu, cela a été de dire : est-ce qu'il y a eu une volonté de sanctionner le président de la République ? Eh bien, je pense, j'en suis l'incarnation toute simple, je suis porte-parole du Gouvernement, les électeurs m'ont élu dans une ville qui votait S. Royal à 51 % et ils m'ont élu à 56 % au premier tour. S'ils avaient voulu sanctionner le président de la République, je pense qu'ils n'auraient pas voté pour leur porte-parole.
N. Iannetta : Mais ça, c'est tout le paradoxe de l'UMP et en ce moment du Gouvernement. L. Bazin : Et J.-F. Copé nous disait la même chose lundi d'ailleurs.
N. Iannetta : Vous passez votre temps à dire : ce sont des élections locales. Et en même temps, quand les ministres sont élus dès le premier tour, on dit : la preuve que le Gouvernement n'est pas sanctionné !
R.- Alors je vais être très clair, mon élection était une élection locale, c'est comme ça que je l'ai voulu. Mais de l'autre côté tout le travail et même l'unique travail de la gauche au Puy-en-Velay consistait à dire : faites barrage à Wauquiez et voter contre Sarko.
L. Bazin : C'était peut-être ça l'erreur !
R.- Eh bien je pense que c'était précisément ça l'erreur. Donc le seul message à retenir, c'est juste de dire, voilà, les électeurs n'ont pas voulu envoyer un carton rouge au président de la République, parce qu'il n'y avait pas lieu.
L. Bazin : On est élu, on monte en grade dans le Gouvernement ?
R.- Non, je crois que cela n'a rien à voir.
L. Bazin : Il y aura un remaniement ou pas ?
R.- Eh bien d'abord, c'est un sujet qui est un sujet du président de la République.
L. Bazin : Bien sûr, mais le Premier ministre a dit qu'il ne le souhaitait pas.
R.- Oui, le Premier ministre ce matin indiquait...qu'est-ce qu'il a voulu dire ? Si on veut être crédible, notamment à l'internationale, dans nos rapports avec les autres pays, on ne peut pas être le seul pays au monde à changer tous les six mois les personnes qui s'occupent de Bercy, qui s'occupent des affaires sociales, qui s'occupent du budget, qui s'occupent des ministères...
L. Bazin : Les rumeurs de remaniement qui nous sont venues pendant ces dernières semaines ne sont pas venues de nulle part ? Elles sont venues de l'Elysée, elles sont venues de Matignon...
N. Iannetta : ...En tout cas, donc des ajustements, parce que vous venez de citer des grands ministères qui du coup ne bougeront pas, mais pour le reste, on peut imaginer qu'il y ait des ajustements.
R.- Non, juste la seule chose, je pense, l'esprit ou en tout cas le message qu'a voulu envoyer F. Fillon c'est qu'il faut que l'on se donne de la stabilité là où on a les grands dossiers qui sont les dossiers importants, qui sont les dossiers sur lesquels on a aussi des négociations internationales.
L. Bazin : On peut avoir exprimé ça L. Wauquiez, sans avoir d'abord reçu l'accord du président de la République pour dire une chose pareille. On est dans un couple exécutif qui fonctionne en tandem, ou est-ce qu'il a deux vélos côte à côte là ?
R.- Non, il n'y a évidemment pas deux vélos côte à côte. Il y a un président de la République qui impulse le rythme au peloton et puis, derrière, il y a un Premier ministre qui vérifie que chaque membre du peloton est à sa place. Non, évidemment.
L. Bazin : L'axe cycliste est très intéressant.
R.- C'est vous qui me l'avez tendu... Juste un point quand même, je pense qu'il est quand même très important - et c'est ce que le président de la République a dit - que soient pris en compte les messages qui s'expriment à l'occasion de cette élection. Parce qu'une élection c'est toujours un moment privilégié. Moi je viens de le vivre, c'est-à-dire que les électeurs s'expriment de façon beaucoup plus libre et ils font remonter les choses avec, voilà, il y a moins de retenues, il y a moins de politiquement correct... Les choses sont sur la table. Et je pense que nous, on a des messages qu'il faut entendre à la suite de cette élection...
L. Bazin : Lesquels ?
R.- Ce serait stupide de dire, voilà, il n'y a rien à entendre, aucune leçon à en tirer et c'est le sens de ce qu'a voulu dire le président de la République à Toulon. D'abord, la première chose qui moi, me frappe, c'est que sur le fond des réformes, bien souvent ils sont d'accord, mais ils veulent que les résultats arrivent beaucoup plus vite : le Grenelle de l'environnement, la réforme des heures supplémentaires, la lutte contre les prix abusifs au niveau de la grande consommation. Ça c'est la première chose qui m'a frappé. La deuxième chose, c'est au niveau des petites retraites et notamment du minimum vieillesse. Ils sont perçus un petit peu trop souvent comme étant un discours uniquement à l'intention des actifs et donc on a un rendez-vous à l'intention de ceux qui travaillent. Et donc, on a un rendez-vous essentiel qui est celui de la réforme des retraites et à ce moment-là de mettre plus de justice, notamment au niveau du minimum vieillesse pour les toutes petites retraites. Et puis la troisième chose, parce que ça, moi...
L. Bazin : Donc, plus d'argent encore, si l'on ose dire, encore, du côté des petites retraites, dans cette réforme des retraites, plus de protection ?
R.- Non, cela veut juste dire qu'on a un cri d'alerte qui a été poussé au niveau, notamment du minimum vieillesse et des toutes petites retraites, sur lequel... voilà, il faut qu'on l'entende.
L. Bazin : Il faut continuer à répondre donc.
R.- Oui, mais c'est bien prévu, c'est-à-dire que F. Fillon d'ailleurs a fait des déclarations dessus, en disant : voilà, la revalorisation, 1,1 % par rapport à l'inflation qu'on a cette année n'est pas possible. Le président de la République a souhaité qu'il y ait ce rattrapage au niveau des 200 euros. Mais moi, cela m'a vraiment frappé sur le terrain où ils m'ont dit, mais quand on vous a entendu, c'était tout le temps ceux qui travaillent et nous, on a quand même travaillé toute notre vie et qu'estce qu'on devient ? Et la dernière chose, c'est les classes moyennes modestes. Moi je reste convaincu que c'est un des trous noirs dans la société de notre pays aujourd'hui. Alors il y a beaucoup de choses qui ont été enclenchées - c'était une des volontés très fortes du président de la République - sur l'accession à la propriété, sur le financement des études, notamment les Bourses.
L. Bazin : Le fameux rapport Wauquiez, qui n'a pas été suivi dans sa totalité d'ailleurs, c'est le moins que l'on puisse dire.
R.- Si, surtout l'action qui a été enclenchée par V. Pécresse, qui a enclenché un très beau travail, courageux d'ailleurs, sur les bourses.
L. Bazin : Sans doute, mais qui n'a pas été jusqu'au bout des propositions que vous aviez faites, mais bon, ça, c'est un débat qu'on aura plus tard. Sur les classes moyennes pauvres, c'est un point très important, cela a été au coeur de la campagne présidentielle, il y a énormément de dossiers là-dessus et beaucoup de préoccupations émanant de cette classe-là, très compliquée à cerner d'ailleurs. Il y a celle notamment du pouvoir d'achat lié au coût du transport et donc du pétrole, vous me voyez arriver. Le Premier ministre dit ce matin qu'on est dans une situation de "pénurie avancée". Il y va fort ?
R.- Non, il n'y va pas fort, il dit juste la réalité, c'est d'ailleurs je pense, une de ses qualités très appréciées, c'est qu'il dit les choses. Sur les débats municipaux, c'est très clair que c'est une occasion pour poser toutes les réflexions sur les transports en commun. Comment est-ce qu'on organise un fonctionnement des villes qui soit différent ? Et toute cette réflexion-là, c'était intéressant, parce qu'hier, au Conseil des ministres, J.-L. Borloo en a parlé assez longuement. En parlant du secteur des transports, c'est un secteur sur lequel il faut vraiment qu'on avance, et notamment les transports dans la ville.
N. Iannetta : Mais ce que dit F. Fillon ce n'est pas seulement sur les transports, c'est le changement du mode d'énergie.
R.- L'essence à la pompe bien sûr.
N. Iannetta : Pas seulement.
R.- C'est aussi par quoi l'on se chauffe, quel type d'énergie etc.
N. Iannetta : Eh bien, en attendant que ces énergies renouvelables qui ont été actées au Grenelle de l'environnement arrivent, qu'est-ce qu'on fait pour les gens dont les factures explosent ?
R.- C'est bien pour ça qu'aussi, à l'intérieur de la réflexion dans chaque municipalité, moi, par exemple dans mon programme on a proposé de faire des diagnostics par quartier. C'est-à-dire de voir, éco quartier par éco quartier, ce qu'on peut faire pour financer des travaux d'isolation, essayer de mettre en place du financement pour du solaire.
N. Iannetta : Oui, mais ça, c'est du très long terme, L. Wauquiez ; les gens ils paient leurs facture à la fin du mois.
R.- Non, ce n'est pas du très long terme. Parce que si jamais vous aidez tout de suite à faire un travail d'isolation, vous pouvez diminuer votre facture de 15 à 20 %. Si jamais vous aidez tout de suite au développement du chauffage bois, géothermie, solaire, c'est tout de suite que cela peut se mettre en place. L'environnement ce n'est pas pour dans dix ans, cela peut être maintenant et cela peut même être bon pour le portefeuille.
L. Bazin : Sur le pétrole, désolé d'être un peu monomaniaque, ce matin, comme tous les matins d'ailleurs, vous avez remarqué...
R.- Vous circulez à vélo ?
L. Bazin : Non, non je roule aussi en voiture, mais je ne suis pas le seul, visiblement. Quand même, la question qui se pose, quand le Premier ministre dit "on va mettre tout l'argent disponible du côté des carburants alternatifs", autrement dit, il y avait de l'argent disponible donc ? Donc nous ne sommes plus en faillite ?
R.- Ça c'est vraiment un truc qui me fait un peu rire, mais je l'ai entendu de la part de la gauche. Quand le président de la République et le Premier ministre disent : on n'a pas des monceaux d'argent, cela ne veut pas dire... et quand il dit les caisses sont vides...
N. Iannetta : Ah non, il a dit l'Etat est en faillite et N. Sarkozy lui, dit, les caisses sont vides...
R.- Cela ne signifie pas, évidemment qu'on n'a aucune marge de manoeuvre, heureusement. Cela signifie juste que chaque euro doit être géré et mis aux endroits qui sont prioritaires. Eh bien, par exemple, l'énergie : essayer à la fois d'agir sur l'environnement et en même temps préserver le pouvoir d'achat. C'est un exemple de gestion prioritaire du budget. Ce que cela signifie c'est qu'on a un devoir de gérer, vraiment de façon très rigoureuse, chaque euro, parce qu'on n'a pas des monceaux à dépenser inutilement.
L. Bazin : Il y aura de l'argent pour les énergies alternatives et pour les petites retraites, mais tout ça sera géré en bon père de famille ?
R.- Je n'ai pas dit les petites retraites, j'ai parlé du minimum vieillesse.
L. Bazin : Restez avec nous, si vous le voulez bien, le Zapping...
[Extrait déclaration de F. Fillon (RTL)]
L. Bazin : Chantal Zébir, en l'occurrence, a saisi le président du tribunal à Dijon, la balle est dans le camp de la justice. La garde des sceaux, R. Dati, était sur France Inter, un point de droit et puis une opinion. R. Dati : « Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale, donc qui l'aidera à mourir. Ce n'est pas notre droit, nous sommes fondés, aussi bien notre droit mais aussi la Cour européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie, et donc la justice statuera. Je crois que le délibéré va être rendu le 17 mars prochain. A titre personnel, je ne suis pas forcément, moi je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales »
N. Iannetta : L. Wauquiez, on se souvient de N. Sarkozy pendant la campagne électorale et de son trouble par rapport à cette question, c'est extrêmement compliqué ?
R.- Oui, parce que cela renvoie à quelque chose qui est plus qu'intime et d'ailleurs le président de la République, quand il en avait parlé, cela avait troublé car ce sont des sujets auxquels la politique... on n'est pas habitué.
L. Bazin : Il avait mis la mort, sinon au coeur au moins en avant dans un certain nombre de ses discours, le 14 janvier notamment.
R.- Oui, et puis là, dans ce cas, ce qui est encore plus dur, c'est que ce n'est pas quelqu'un qui est en fin de vie. Ce n'est pas quelqu'un dont on pourrait dire : voilà, il faut lui permettre de partir.
N. Iannetta : Mais c'est quelqu'un qui est condamné.
R.- Mais c'est quelqu'un qui est condamné et qui souffre,
L. Bazin : Qui est condamné à souffrir pour l'instant.
R.- Qui est condamné à souffrir, sans qu'à un moment, la fin d'un cycle de vie arrive. Voilà, je pense que c'est sans doute des moments où on touche à la fois aux frontières du politique sur ce qu'est la vie et la mort.
L. Bazin : Il faut entamer une réflexion là-dessus à nouveau, il faut remettre le travail sur le métier, enfin... ?
R.- Je ne crois pas, parce que je pense que dans ce domaine là...
L. Bazin : Pas de Commission parlementaire, pas de mission de réflexion, quelque chose comme ça ?
R.- Non, je pense qu'il n'y aurait rien de pire, dans ce domaine-là, alors qu'on a adopté une loi, il n'y a pas très longtemps, de donner l'impression à nouveau que l'on repart dans une espèce d'agitation législative. Mais après, je conçois bien tout ce que cela a en terme de réponse vide pour la personne elle-même qui souffre.
N. Iannetta : Bon, alors beaucoup plus terre à terre. Le scrutin de dimanche. E. Guigou a trouvé un slogan pour voter dimanche, cela fait une action deux en un, on l'écoute, elle était l'invitée de nos confrères de Canal ce matin.
[Extrait déclaration d'E. Guigou] - puis [de F. Fillon (RTL)]
L. Bazin : « Qu'est-ce qu'il mijote ? » c'est la une du Point ; qu'est-ce qu'il mijote le Président derrière cette belle vitre élyséenne, le portable collé à l'oreille ? Qu'est-ce que vous nous préparez ?
R.- Je pense que voilà, il faudra d'abord tenir, enfin essayer d'avoir sur ces élections d'abord des bons maires. Parce que je crois, comme le Premier ministre l'a rappelé, il ne faut pas tout confondre dans la démocratie. Et ce qui me gêne quand j'entends E. Guigou, c'est que j'ai l'impression que la seule chose qui l'intéresse c'est le deuxième effet « kiss cool » et pas le premier. Or je pense que ce qui est beaucoup plus important pour nos concitoyens, c'est qui va gérer pendant six ans ? Et cela m'a frappé pendant toute cette semaine, je n'ai jamais entendu un ténor du Parti socialiste parler d'un bon bilan de l'un de leurs élus. Or ils en ont, Ayrault il a été élu, parce qu'il a un bon bilan.
L. Bazin : J.-M. Ayrault en a parlé, il était sur notre antenne mardi. N. Iannetta : B. Delanoë en a parlé !
R.- J. Dray, quand on entendait Moscovici, quand entendait F. Hollande, jamais on ne mettait en avant de bons bilans. Moi je pense, A. Juppé a été élu sur son bon bilan, Collomb a sans doute été élu aussi sur son bon bilan dans une ville plutôt à droite.
L. Bazin : C'est une bonne nouvelle sans doute pour la démocratie d'apprendre qu'à nouveau on peut être élu sur un bilan. L. Jospin sera content de l'apprendre. Merci d'avoir été avec nous ce matin, L. Wauquiez, et bonne journée du côté du Puy-en-Velay, puisque vous avez promis d'y passer trois jours par semaine.
R.- Ah plus ! Quatre !
L. Bazin : Très bien, cela monte, à demain !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 13 mars 2008
R.- Bonjour !
N. Iannetta : Hier, N. Sarkozy a, paraît-il, poussé un coup de gueule au Conseil des ministres, ou en tout cas une sévère remise en ordre : arrêtons de parler du MoDem, pas de négociation locale, ni nationale. Est-ce que N. Sarkozy, contrairement aux autres, veut la peau de F. Bayrou ?
R.- Non, je ne pense pas.
N. Iannetta : Vous êtes sûr qu'il ne veut vraiment pas la peau de F. Bayrou ?
R.- Non, mais je pense que par contre, il y a une vraie question, qui est une question politique, qui est posée au MoDem et surtout à F. Bayrou, c'est : est-ce qu'en politique, la godille est un style politique ? C'est-à-dire, est-ce que pour F. Bayrou, on est crédible à dire : un coup, je vais aller par opportunisme pêcher des voix, là, un coup, je vais aller pêcher des voix là.
L. Bazin : Mais il n'a rien dit F. Bayrou, ce sont ses listes, si j'ose dire, dans des situations locales qui se déterminent, non ?
R.- Oui, mais la question c'est quand même celle de F. Bayrou, c'est son parti. Un parti cela a une ligne politique.
L. Bazin : C'est de son parti ou c'est de l'homme, la question ? Le Premier ministre avait l'air de dire ce matin sur les antennes de RTL, et on l'entendra tout à l'heure dans le Zapping : c'est l'homme qui pose problème. L'homme est un peu court, parce que sa seule ambition c'est d'être président de la République.
R.- C'est exactement... ce n'est pas ça, c'est juste que quand je dis "son parti", le problème c'est la ligne politique qui est choisie par F. Bayrou. Après, que localement il y ait des élus qui à Marseille, ou à Colombes, en fonction des différents endroits où ils sont, aient des préférences pour un projet, je trouve ça parfaitement légitime. Mais la seule vraie question qui est posée, c'est celle de F. Bayrou, homme politique national : où va-t-il et quelle est sa colonne vertébrale ? Et on ne peut pas s'empêcher de s'interroger, c'est-à-dire qu'à chaque élection, finalement il n'y a aucun élément qui n'est apporté sur "quelle est la colonne vertébrale des idées de F. Bayrou" ?
N. Iannetta : Mais alors, pourquoi P. Devedjian et F. Fillon lui-même, le lendemain du premier tour, ont demandé et tendu clairement la main au MoDem et à F. Bayrou et à son parti ?
R.- Eh bien, parce qu'ils lui ont proposé tout simplement de faire un choix et de faire un choix qui puisse permettre de faire un choix clair. Après, il n'a pas voulu, c'est-à-dire qu'il a voulu rester dans cette ambiguïté qui est un côté, un peu "un coup je vais là, un coup je vais là", etc. Mais comme je l'ai dit, je ne pense pas que la godille soit un style durable en politique.
L. Bazin : Mais vous confirmez quand même la colère du Président hier matin au Conseil des ministres, L. Wauquiez : « Cela suffit, arrêtez de parler de F. Bayrou, moins on en parle, mieux on se porte », il aurait même dit. Vous allez me dire si c'est vrai : « c'est un sparadrap, si on se le colle, on n'arrivera plus à s'en dépêtrer »
R.- Allusion au capitaine Haddock.
L. Bazin : Vrai ou faux ?
R.- Non, il n'était pas du tout dans une ambiance de colère et ce n'est pas un scoop, cela a toujours été la ligne de N. Sarkozy, qui est de dire : voilà, parlons de nos projets, parlons de ce que l'on veut faire avancer et ne rentrons pas dans les « combinazzione » politiques.
N. Iannetta : Parlons de la faible participation, parce que, pas de participation ça veut dire pas de sanction. Est-ce que franchement cet argument-là tient ?
R.- Non, d'abord la première chose, c'est que faible participation ce n'est pas bon pour la démocratie et ça, je crois qu'il faut toujours se le rappeler. Et s'il y avait un message à faire passer sur cette dernière semaine, je pense et notamment aussi aux électeurs de notre famille politique, c'est : allez voter ! Allez voter, parce que, ce que vous choisissez, c'est quand même la personne qui va gérer votre vie quotidienne pendant six ans. Et qu'il ne faudrait pas que l'abstention d'une semaine se paie par une potion amère pendant six ans. Donc ça, je crois que c'est quand même la chose principale qu'il faut retenir. Après, bon, un des débats qui a eu lieu, cela a été de dire : est-ce qu'il y a eu une volonté de sanctionner le président de la République ? Eh bien, je pense, j'en suis l'incarnation toute simple, je suis porte-parole du Gouvernement, les électeurs m'ont élu dans une ville qui votait S. Royal à 51 % et ils m'ont élu à 56 % au premier tour. S'ils avaient voulu sanctionner le président de la République, je pense qu'ils n'auraient pas voté pour leur porte-parole.
N. Iannetta : Mais ça, c'est tout le paradoxe de l'UMP et en ce moment du Gouvernement. L. Bazin : Et J.-F. Copé nous disait la même chose lundi d'ailleurs.
N. Iannetta : Vous passez votre temps à dire : ce sont des élections locales. Et en même temps, quand les ministres sont élus dès le premier tour, on dit : la preuve que le Gouvernement n'est pas sanctionné !
R.- Alors je vais être très clair, mon élection était une élection locale, c'est comme ça que je l'ai voulu. Mais de l'autre côté tout le travail et même l'unique travail de la gauche au Puy-en-Velay consistait à dire : faites barrage à Wauquiez et voter contre Sarko.
L. Bazin : C'était peut-être ça l'erreur !
R.- Eh bien je pense que c'était précisément ça l'erreur. Donc le seul message à retenir, c'est juste de dire, voilà, les électeurs n'ont pas voulu envoyer un carton rouge au président de la République, parce qu'il n'y avait pas lieu.
L. Bazin : On est élu, on monte en grade dans le Gouvernement ?
R.- Non, je crois que cela n'a rien à voir.
L. Bazin : Il y aura un remaniement ou pas ?
R.- Eh bien d'abord, c'est un sujet qui est un sujet du président de la République.
L. Bazin : Bien sûr, mais le Premier ministre a dit qu'il ne le souhaitait pas.
R.- Oui, le Premier ministre ce matin indiquait...qu'est-ce qu'il a voulu dire ? Si on veut être crédible, notamment à l'internationale, dans nos rapports avec les autres pays, on ne peut pas être le seul pays au monde à changer tous les six mois les personnes qui s'occupent de Bercy, qui s'occupent des affaires sociales, qui s'occupent du budget, qui s'occupent des ministères...
L. Bazin : Les rumeurs de remaniement qui nous sont venues pendant ces dernières semaines ne sont pas venues de nulle part ? Elles sont venues de l'Elysée, elles sont venues de Matignon...
N. Iannetta : ...En tout cas, donc des ajustements, parce que vous venez de citer des grands ministères qui du coup ne bougeront pas, mais pour le reste, on peut imaginer qu'il y ait des ajustements.
R.- Non, juste la seule chose, je pense, l'esprit ou en tout cas le message qu'a voulu envoyer F. Fillon c'est qu'il faut que l'on se donne de la stabilité là où on a les grands dossiers qui sont les dossiers importants, qui sont les dossiers sur lesquels on a aussi des négociations internationales.
L. Bazin : On peut avoir exprimé ça L. Wauquiez, sans avoir d'abord reçu l'accord du président de la République pour dire une chose pareille. On est dans un couple exécutif qui fonctionne en tandem, ou est-ce qu'il a deux vélos côte à côte là ?
R.- Non, il n'y a évidemment pas deux vélos côte à côte. Il y a un président de la République qui impulse le rythme au peloton et puis, derrière, il y a un Premier ministre qui vérifie que chaque membre du peloton est à sa place. Non, évidemment.
L. Bazin : L'axe cycliste est très intéressant.
R.- C'est vous qui me l'avez tendu... Juste un point quand même, je pense qu'il est quand même très important - et c'est ce que le président de la République a dit - que soient pris en compte les messages qui s'expriment à l'occasion de cette élection. Parce qu'une élection c'est toujours un moment privilégié. Moi je viens de le vivre, c'est-à-dire que les électeurs s'expriment de façon beaucoup plus libre et ils font remonter les choses avec, voilà, il y a moins de retenues, il y a moins de politiquement correct... Les choses sont sur la table. Et je pense que nous, on a des messages qu'il faut entendre à la suite de cette élection...
L. Bazin : Lesquels ?
R.- Ce serait stupide de dire, voilà, il n'y a rien à entendre, aucune leçon à en tirer et c'est le sens de ce qu'a voulu dire le président de la République à Toulon. D'abord, la première chose qui moi, me frappe, c'est que sur le fond des réformes, bien souvent ils sont d'accord, mais ils veulent que les résultats arrivent beaucoup plus vite : le Grenelle de l'environnement, la réforme des heures supplémentaires, la lutte contre les prix abusifs au niveau de la grande consommation. Ça c'est la première chose qui m'a frappé. La deuxième chose, c'est au niveau des petites retraites et notamment du minimum vieillesse. Ils sont perçus un petit peu trop souvent comme étant un discours uniquement à l'intention des actifs et donc on a un rendez-vous à l'intention de ceux qui travaillent. Et donc, on a un rendez-vous essentiel qui est celui de la réforme des retraites et à ce moment-là de mettre plus de justice, notamment au niveau du minimum vieillesse pour les toutes petites retraites. Et puis la troisième chose, parce que ça, moi...
L. Bazin : Donc, plus d'argent encore, si l'on ose dire, encore, du côté des petites retraites, dans cette réforme des retraites, plus de protection ?
R.- Non, cela veut juste dire qu'on a un cri d'alerte qui a été poussé au niveau, notamment du minimum vieillesse et des toutes petites retraites, sur lequel... voilà, il faut qu'on l'entende.
L. Bazin : Il faut continuer à répondre donc.
R.- Oui, mais c'est bien prévu, c'est-à-dire que F. Fillon d'ailleurs a fait des déclarations dessus, en disant : voilà, la revalorisation, 1,1 % par rapport à l'inflation qu'on a cette année n'est pas possible. Le président de la République a souhaité qu'il y ait ce rattrapage au niveau des 200 euros. Mais moi, cela m'a vraiment frappé sur le terrain où ils m'ont dit, mais quand on vous a entendu, c'était tout le temps ceux qui travaillent et nous, on a quand même travaillé toute notre vie et qu'estce qu'on devient ? Et la dernière chose, c'est les classes moyennes modestes. Moi je reste convaincu que c'est un des trous noirs dans la société de notre pays aujourd'hui. Alors il y a beaucoup de choses qui ont été enclenchées - c'était une des volontés très fortes du président de la République - sur l'accession à la propriété, sur le financement des études, notamment les Bourses.
L. Bazin : Le fameux rapport Wauquiez, qui n'a pas été suivi dans sa totalité d'ailleurs, c'est le moins que l'on puisse dire.
R.- Si, surtout l'action qui a été enclenchée par V. Pécresse, qui a enclenché un très beau travail, courageux d'ailleurs, sur les bourses.
L. Bazin : Sans doute, mais qui n'a pas été jusqu'au bout des propositions que vous aviez faites, mais bon, ça, c'est un débat qu'on aura plus tard. Sur les classes moyennes pauvres, c'est un point très important, cela a été au coeur de la campagne présidentielle, il y a énormément de dossiers là-dessus et beaucoup de préoccupations émanant de cette classe-là, très compliquée à cerner d'ailleurs. Il y a celle notamment du pouvoir d'achat lié au coût du transport et donc du pétrole, vous me voyez arriver. Le Premier ministre dit ce matin qu'on est dans une situation de "pénurie avancée". Il y va fort ?
R.- Non, il n'y va pas fort, il dit juste la réalité, c'est d'ailleurs je pense, une de ses qualités très appréciées, c'est qu'il dit les choses. Sur les débats municipaux, c'est très clair que c'est une occasion pour poser toutes les réflexions sur les transports en commun. Comment est-ce qu'on organise un fonctionnement des villes qui soit différent ? Et toute cette réflexion-là, c'était intéressant, parce qu'hier, au Conseil des ministres, J.-L. Borloo en a parlé assez longuement. En parlant du secteur des transports, c'est un secteur sur lequel il faut vraiment qu'on avance, et notamment les transports dans la ville.
N. Iannetta : Mais ce que dit F. Fillon ce n'est pas seulement sur les transports, c'est le changement du mode d'énergie.
R.- L'essence à la pompe bien sûr.
N. Iannetta : Pas seulement.
R.- C'est aussi par quoi l'on se chauffe, quel type d'énergie etc.
N. Iannetta : Eh bien, en attendant que ces énergies renouvelables qui ont été actées au Grenelle de l'environnement arrivent, qu'est-ce qu'on fait pour les gens dont les factures explosent ?
R.- C'est bien pour ça qu'aussi, à l'intérieur de la réflexion dans chaque municipalité, moi, par exemple dans mon programme on a proposé de faire des diagnostics par quartier. C'est-à-dire de voir, éco quartier par éco quartier, ce qu'on peut faire pour financer des travaux d'isolation, essayer de mettre en place du financement pour du solaire.
N. Iannetta : Oui, mais ça, c'est du très long terme, L. Wauquiez ; les gens ils paient leurs facture à la fin du mois.
R.- Non, ce n'est pas du très long terme. Parce que si jamais vous aidez tout de suite à faire un travail d'isolation, vous pouvez diminuer votre facture de 15 à 20 %. Si jamais vous aidez tout de suite au développement du chauffage bois, géothermie, solaire, c'est tout de suite que cela peut se mettre en place. L'environnement ce n'est pas pour dans dix ans, cela peut être maintenant et cela peut même être bon pour le portefeuille.
L. Bazin : Sur le pétrole, désolé d'être un peu monomaniaque, ce matin, comme tous les matins d'ailleurs, vous avez remarqué...
R.- Vous circulez à vélo ?
L. Bazin : Non, non je roule aussi en voiture, mais je ne suis pas le seul, visiblement. Quand même, la question qui se pose, quand le Premier ministre dit "on va mettre tout l'argent disponible du côté des carburants alternatifs", autrement dit, il y avait de l'argent disponible donc ? Donc nous ne sommes plus en faillite ?
R.- Ça c'est vraiment un truc qui me fait un peu rire, mais je l'ai entendu de la part de la gauche. Quand le président de la République et le Premier ministre disent : on n'a pas des monceaux d'argent, cela ne veut pas dire... et quand il dit les caisses sont vides...
N. Iannetta : Ah non, il a dit l'Etat est en faillite et N. Sarkozy lui, dit, les caisses sont vides...
R.- Cela ne signifie pas, évidemment qu'on n'a aucune marge de manoeuvre, heureusement. Cela signifie juste que chaque euro doit être géré et mis aux endroits qui sont prioritaires. Eh bien, par exemple, l'énergie : essayer à la fois d'agir sur l'environnement et en même temps préserver le pouvoir d'achat. C'est un exemple de gestion prioritaire du budget. Ce que cela signifie c'est qu'on a un devoir de gérer, vraiment de façon très rigoureuse, chaque euro, parce qu'on n'a pas des monceaux à dépenser inutilement.
L. Bazin : Il y aura de l'argent pour les énergies alternatives et pour les petites retraites, mais tout ça sera géré en bon père de famille ?
R.- Je n'ai pas dit les petites retraites, j'ai parlé du minimum vieillesse.
L. Bazin : Restez avec nous, si vous le voulez bien, le Zapping...
[Extrait déclaration de F. Fillon (RTL)]
L. Bazin : Chantal Zébir, en l'occurrence, a saisi le président du tribunal à Dijon, la balle est dans le camp de la justice. La garde des sceaux, R. Dati, était sur France Inter, un point de droit et puis une opinion. R. Dati : « Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale, donc qui l'aidera à mourir. Ce n'est pas notre droit, nous sommes fondés, aussi bien notre droit mais aussi la Cour européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie, et donc la justice statuera. Je crois que le délibéré va être rendu le 17 mars prochain. A titre personnel, je ne suis pas forcément, moi je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales »
N. Iannetta : L. Wauquiez, on se souvient de N. Sarkozy pendant la campagne électorale et de son trouble par rapport à cette question, c'est extrêmement compliqué ?
R.- Oui, parce que cela renvoie à quelque chose qui est plus qu'intime et d'ailleurs le président de la République, quand il en avait parlé, cela avait troublé car ce sont des sujets auxquels la politique... on n'est pas habitué.
L. Bazin : Il avait mis la mort, sinon au coeur au moins en avant dans un certain nombre de ses discours, le 14 janvier notamment.
R.- Oui, et puis là, dans ce cas, ce qui est encore plus dur, c'est que ce n'est pas quelqu'un qui est en fin de vie. Ce n'est pas quelqu'un dont on pourrait dire : voilà, il faut lui permettre de partir.
N. Iannetta : Mais c'est quelqu'un qui est condamné.
R.- Mais c'est quelqu'un qui est condamné et qui souffre,
L. Bazin : Qui est condamné à souffrir pour l'instant.
R.- Qui est condamné à souffrir, sans qu'à un moment, la fin d'un cycle de vie arrive. Voilà, je pense que c'est sans doute des moments où on touche à la fois aux frontières du politique sur ce qu'est la vie et la mort.
L. Bazin : Il faut entamer une réflexion là-dessus à nouveau, il faut remettre le travail sur le métier, enfin... ?
R.- Je ne crois pas, parce que je pense que dans ce domaine là...
L. Bazin : Pas de Commission parlementaire, pas de mission de réflexion, quelque chose comme ça ?
R.- Non, je pense qu'il n'y aurait rien de pire, dans ce domaine-là, alors qu'on a adopté une loi, il n'y a pas très longtemps, de donner l'impression à nouveau que l'on repart dans une espèce d'agitation législative. Mais après, je conçois bien tout ce que cela a en terme de réponse vide pour la personne elle-même qui souffre.
N. Iannetta : Bon, alors beaucoup plus terre à terre. Le scrutin de dimanche. E. Guigou a trouvé un slogan pour voter dimanche, cela fait une action deux en un, on l'écoute, elle était l'invitée de nos confrères de Canal ce matin.
[Extrait déclaration d'E. Guigou] - puis [de F. Fillon (RTL)]
L. Bazin : « Qu'est-ce qu'il mijote ? » c'est la une du Point ; qu'est-ce qu'il mijote le Président derrière cette belle vitre élyséenne, le portable collé à l'oreille ? Qu'est-ce que vous nous préparez ?
R.- Je pense que voilà, il faudra d'abord tenir, enfin essayer d'avoir sur ces élections d'abord des bons maires. Parce que je crois, comme le Premier ministre l'a rappelé, il ne faut pas tout confondre dans la démocratie. Et ce qui me gêne quand j'entends E. Guigou, c'est que j'ai l'impression que la seule chose qui l'intéresse c'est le deuxième effet « kiss cool » et pas le premier. Or je pense que ce qui est beaucoup plus important pour nos concitoyens, c'est qui va gérer pendant six ans ? Et cela m'a frappé pendant toute cette semaine, je n'ai jamais entendu un ténor du Parti socialiste parler d'un bon bilan de l'un de leurs élus. Or ils en ont, Ayrault il a été élu, parce qu'il a un bon bilan.
L. Bazin : J.-M. Ayrault en a parlé, il était sur notre antenne mardi. N. Iannetta : B. Delanoë en a parlé !
R.- J. Dray, quand on entendait Moscovici, quand entendait F. Hollande, jamais on ne mettait en avant de bons bilans. Moi je pense, A. Juppé a été élu sur son bon bilan, Collomb a sans doute été élu aussi sur son bon bilan dans une ville plutôt à droite.
L. Bazin : C'est une bonne nouvelle sans doute pour la démocratie d'apprendre qu'à nouveau on peut être élu sur un bilan. L. Jospin sera content de l'apprendre. Merci d'avoir été avec nous ce matin, L. Wauquiez, et bonne journée du côté du Puy-en-Velay, puisque vous avez promis d'y passer trois jours par semaine.
R.- Ah plus ! Quatre !
L. Bazin : Très bien, cela monte, à demain !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 13 mars 2008