Interview de M. François Bayrou, président du Mouvement démocrate (MoDem), dans l'Eclair des Pyrénées le 18 mars 2008, sur son échec lors de l'élection municipale à Pau.

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Média : L'Eclair des Pyrénées

Texte intégral

Q - Vous avez bien dormi ?
R - Oui je dors toujours bien après. C'est avant que je dors mal. Les résultats sont établis, j'assume et je construis l'avenir.
Q - La pression de ces dernières semaines est-elle retombée ?
R - Elle retombe très vite pour moi. Mon élection était, j'en suis sûr, possible et même dans l'ordre des choses.
Q - Quel est votre état d'esprit au lendemain de la défaite ?
R - Je n'ai ni rancoeur ni haine. Ce qui me rend triste, c'est que les Palois devront assumer pendant au moins six ans, les conséquences d'une situation qu'ils ne méritaient pas. Notre vision était la bonne pour répondre à la stagnation de cette ville, supportée par les jeunes, leurs parents et leurs grands- parents.
Q - Avez-vous reçu des messages de sympathie depuis dimanche ?
R - Oui beaucoup. De la part de gens tristes, de personnes, qui ont voté Yves Urieta et ne savaient pas que cela ferait élire Martine Lignières.
Alain Juppé m'a appelé dimanche soir. Pour moi, il y aura d'autres combats mais pour Pau, c'est bloqué pour six ans.
Q - Avez- vous analysé les résultats dans les quartiers ?
R - Je sais que nous avons perdu plus de cent voix à Ousse- des- bois. Je vais analyser tout ça en détail.
Q - Des nouvelles de vos deux adversaires ?
R - Yves Urieta m'a appelé dimanche soir vers 20 heures parce qu'il a cru que j'étais élu,,, Je l'ai détrompé. Martine Lignières- Cassou m'a laissé un message aujourd'hui.
Q - Quel est votre programme pour ces prochains jours ?
R - Je vais m'occuper de l'avenir et travailler. J'ai devant moi deux années de construction d'une formation politique et de rencontres avec les Français.
Q - Est- ce à dire que vous vous éloignerez de Pau ?
R - J'ai beaucoup aimé retrouver la ville. Je crois que cela s'est vu. J'ai aimé ces rencontres et j'ai l'intention de les poursuivre. Je siégerai au conseil municipal. Je suis décidé à mener une vie faite d'enracinement local et de construction au plan national d'un centre fort. Pau aura un rôle d'inspiration.
Q - Comment sort-on d'une campagne comme celle-ci ?
R - Je suis serein, apaisé. J'étais prêt à donner vraiment toutes mes forces à Pau. Les circonstances font que ce n'est pas le choix majoritaire des citoyens. Si cela avait été un face à- face j'aurai gagné.
Q - Vous vous dites obstiné. Cette obstination est- elle synonyme de solitude ?
R - Elle condamne à accepter quand on ne peut pas faire autrement, une provisoire semi- solitude. Mais je ne suis pas seul. Et l'on ne peut pas se contenter de deux pôles, le PS et l'UMP. Le pays a besoin d'un autre choix.
Q - Vous avez renoncé au conseil général pour respecter le non- cumul des mandats. Le regrettez- vous aujourd'hui ?
R - Non je ne le regrette pas. J'y ai fait vingt-cinq ans de mandat, il ne faut pas regarder en arrière, les pages se tournent.
Q - Cette campagne vous laisse- t- elle des regrets ?
R - Certaines personnes n'ont pas compris le mécanisme de la triangulaire. D'autre part, je déplore l'utilisation faite des sondages parce que vous donner à six points derrière, la veille d'une élection, ça brise un peu le moral. Enfin, je regrette les manoeuvres qui ont empêché mon élection.
Q - Et sur le plan personnel ?
R - Non, pas de regret. J'ai fait tout ce que j'ai pu.
Q - Josy Pouyeto vient de prendre sa carte du MoDem...
R - Beaucoup de mes colistiers me disent « On a vu de la politique propre » et veulent prendre leur carte. Ca me touche.
Propos recueillis par Carole Gamelinsource http://www.mouvementdemocrate.fr, le 19 mars 2008