Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la croissance et sur la politique économique du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 26 mars 2008.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur Hollande,
Je me permets de vous dire, avec toute l'humilité qui sied quand on répond au premier secrétaire du Parti socialiste que votre analyse est erronée. Et qu'en tout cas, elle est contredite par toutes les prévisions des institutions économiques françaises et internationales.
Qu'est-ce que nous disent le FMI, l'OCDE, l'Insee ? Ils nous disent que la crise américaine a des conséquences sur l'Europe, mais que ces conséquences seront moindres sur la croissance de la France que sur la croissance des autres pays de la zone euro. Ils nous disent que l'impact de cette crise sera de l'ordre de 0,3 sur la croissance française, de 0,4 sur la croissance allemande, de 0,7 sur la croissance italienne, et en moyenne de 0,4 sur la croissance des pays de la zone euro. Et pourquoi est-ce que la France ferait mieux que les autres pays européens face à cette situation ? Les mêmes institutions nous le disent, parce que le marché du travail en France est plus dynamique, et parce que la demande intérieure est plus soutenue. Le marché du travail, 7,5 % de taux de chômage, avec une baisse qui va se poursuivre au cours de l'année 2008 ; la demande intérieure, elle est plus forte dans notre pays, et en particulier, on le voit, avec les chiffres de la consommation du mois de février dernier.
Pourquoi est-ce que la consommation est soutenue, pourquoi est-ce que la demande intérieure se tient ? Parce que nous avons pris des mesures pour la soutenir avec ce que vous appelez "le paquet fiscal", au mois de juillet dernier. Nous avons, en effet, en supprimant les charges et la fiscalité sur les heures supplémentaires, augmenté le pouvoir d'achat des Français qui font des heures supplémentaires dans 60 % des entreprises. Nous avons, avec les mesures qui ont été prises sur l'ISF, permis d'injecter déjà plus d'1 milliard d'euros supplémentaire d'investissements dans les PME. Nous avons avec les mesures de crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt des prêts immobiliers, contrecarré un retournement du marché immobilier auquel on assiste dans tous les autres pays européens. La vérité, monsieur Hollande, c'est que nous avons réinjecté 9 milliards d'euros dans l'économie française et que ce sont ces 9 milliards d'euros qui font aujourd'hui la différence avec la croissance dans les autres pays européens.
Alors oui, nous allons continuer cette politique. Oui, nous allons continuer à augmenter la compétitivité des entreprises françaises grâce, en particulier à la réforme du droit du travail et à la loi de modernisation de l'économie. Oui, nous allons continuer à soutenir la demande intérieure avec les mesures fiscales qui ont été votées. Oui, nous allons geler les dépenses publiques. C'est vrai, monsieur Hollande, et vous avez raison de le souligner, que nous aurons un déficit 2007 un peu plus important que celui qui avait été prévu, et un déficit 2008 sans doute plus important que celui que nous avons prévu. Mais ce sera le cas pour tous les autres pays européens, et sans doute plus pour ceux qui auront une croissance moindre. Mais en tout cas, on est loin de la situation du budget 2001, qui avait été préparé sur une croissance de 3,3 % alors qu'elle n'a été finalement que de 1,9 %.
Est-ce que nous avons une alternative ? Est-ce que les propositions que fait le Parti socialiste permettraient un redressement plus rapide de la situation de l'économie française ? Il suffit, mesdames et messieurs les députés, de consulter le programme présidentiel du Parti socialiste. Qu'est-ce qu'il propose ? 80 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, sans réforme de l'Etat, sans réorganisation en termes d'emplois publics, et sans réforme des régimes spéciaux. Il prévoit la généralisation des 35 heures aux PME ; c'est tout à fait ce dont nous avons besoin aujourd'hui, quand on voit le manque de compétitivité des PME françaises par rapport aux PME allemandes. Et il prévoit surtout la réhabilitation de l'impôt, comme vous aimez tellement le dire, et l'augmentation de la CSG, auxquels monsieur Hollande a ajouté dans une interview au Figaro, au mois de novembre dernier, la création d'un nouvel impôt, "la CSG retraite".
Eh bien, mesdames et messieurs les députés, je pense que les Français ont eu raison de refuser cette politique, parce que cette politique, elle aurait eu raison de la croissance française !Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 mars 2008