Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la libération des otages du "Ponant" retenus par des pirates sur les côtes de Somalie, à l'Assemblée nationale le 15 avril 2008.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je me réjouis comme vous de l'issue heureuse de la prise d'otages du "Ponant", puisque, comme vous l'avez rappelé, l'équipage au complet a été libéré et, sain et sauf, est arrivé sur le sol français hier, où ils ont été accueillis par le président de la République.
Dès que nous avons connu cette prise d'otages, un bateau de la Marine nationale a pris en chasse ce bâtiment et a pénétré dans les eaux somaliennes, avec l'accord des autorités somaliennes, au nom du "droit de suite". Une négociation s'est engagée entre l'armateur et les pirates, négociation dans laquelle l'Etat français n'est pas intervenu. Mais pendant que cette négociation avait lieu, nous avons acheminé sur place des moyens d'intervention et nous avons étudié toutes les options : la libération par la force des otages - elle s'est avérée trop dangereuse - ou l'intervention, sitôt les otages libérés pour tenter de récupérer la rançon et les pirates qui avaient perpétré ce forfait. C'est ce qui a été fait puisque des commandos de la Marine nationale et des membres du GIGN, opérant à partir de navires de la Marine nationale, ont intercepté six pirates, une partie de la rançon. Ces pirates sont actuellement sur un bateau français, et nous attendons la confirmation du président Yousouf, des autorités somaliennes, pour les acheminer en France où nous voulons que ces pirates soient jugés.
Je voudrais vous faire remarquer, Mesdames et Messieurs les députés, que c'est la première fois depuis très longtemps qu'une opération militaire est conduite contre un acte de piraterie maritime, et en plus, qu'elle est conduite avec succès.
Il y a eu, en 2007, 263 actes de piraterie maritime répertoriés, dont plus d'une trentaine dans la zone des côtes somaliennes. C'est une situation qui ne peut pas continuer. La France veut que le droit international soit respecté. C'est la raison pour laquelle nous avons pris l'initiative de proposer au Conseil de sécurité deux décisions. D'abord, la possibilité d'"un droit de suite" automatique pour les marines qui auraient reçu l'accord du Conseil de sécurité en cas de flagrance. Et deuxièmement, le développement de patrouilles maritimes dans les zones dangereuses pour assurer la dissuasion. C'est d'ailleurs ce que la France a fait pour protéger les bâtiments du Programme alimentaire mondial, avec succès, pendant plusieurs mois, puisque ces bâtiments qui étaient régulièrement rackettés, n'ont pas été inquiétés, et actuellement sont protégés par la marine hollandaise.
Je pense que la décision qui a été prise par le président de la République, non seulement est une décision heureuse par son issue, mais c'est une décision qui fera date, parce qu'elle marque le début d'une reconquête du droit international dans cette zone.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 17 avril 2008